Perdue en ville - Isil et Pelote - abandon

Ce matin était un matin comme tous les autres. J'avais eu soif, donc j'avais miaulé, à l'entrée de la pièce humide où l'eau coulait à volonté quand mes bipèdes l'activait, dès que j'avais senti des mouvements. Mouvements étaient égaux à "ils sont réveillés" et donc ils pouvaient s'occuper de moi. Je sautais alors sur le promontoire tout froid, où l'eau coulait pour les pattes des bipèdes - l'évier - et attendis qu'ils m'ouvrent. Ils avaient fini par prendre l'habitude. C'était très agréable de boire l'eau coulant à flots, toute fraîche. Alors, certes, j'avais une gamelle d'eau. Mais mes moustaches touchaient les rebords, donc ce n'était pas très agréable. Et puis, elle était moins bonne - c'est qu'il devenait capricieux ce domestique! - Le seul incovénient était que je voyais mal le filet d'eau. Donc je galérais un ptit moment avant de le trouver... donc j'avais mis au point une technique imparable : je donnais des légers coups de patte pour le trouver, et je la léchai pour boire l'eau qui s'y était déposée. Je pouvais ainsi réduire mon champ d'action, et finir par le trouver sans trop mouiller mon museau.

Un ptit repas, et hope, me voilà sorti. Il commençait à faire chaud, même si on partait tôt le matin. C'était tout à fait agréable, ces doux rayons qui réchauffait ma pelisse noire. Pour un peu, j'en ronronnerais. Je me mis à trotinner, sans véritable but pour ma journée. Tout ce que je voulais, c'était encore et toujours de nouvelles rencontres. J'étais tellement... heureux. Heureux après cette vie d'enfers. De maltraitance. De...

Je m'arrêtai net. Une odeur de peur m'attrapa à la gorge, et la serra d'une façon telle que j'en perdis le souffle. Mes oreilles se couchèrent, et je m'aplatis. Je ne voulais pas de problème. Et, pas si loin de chez moi, je vis cette chatte, allongée au sol. Prudemment, je m'approchais et la reniflais. Elle semblait avoir perdu connaissance. Je remarquais que ses coussinets saignaient. A force d'avoir trop marché? Trop couru? Trop fui?

J'avais l'impression de me revoir, des lunes plus tôt. J'approchais ma truffe de son corps qui semblait presque inanimé, et c'est l'odeur du sang qui tordit mes boyaux. Vite, il me fallait agir.

Impérativement.


J'étais parti tôt aujourd'hui... Mes bipèdes n'étaient peut être pas partis!

Je filais en direction de chez moi. Et miaulais à tut-tête. Encore et encore, à l'entrée de ma maison. Ils râlèrent au début, puis finirent par comprendre que je voulais qu'ils me suivent. En effet, je miaulais, puis j'avançais un peu, me retournais vers eux, et miaulais encore.

Nous revinrent au chevet de la petite, étendue.

Ma bipède femelle eut un hoquet d'horreur, et se pencha aussitôt vers elle.


Et puis, tout s’enchaîna sans que je n'ai grand chose à faire. Elle prit son drôle d'engin qui faisait du bruit, et dans lequel elle parlait. Elle utilisa sa fourrure qui bouge -son tee-shirt- pour saisir le corps de la femelle et le mettre dedans. Et l'emporter, probablement chez le soigneur-humain.


Je restais au pas de la porte. Je voulais vraiment être là lorsqu'elle reviendrait. Mes bipèdes savaient faire des soins, alors ils pouvaient très bien l'amener à la maison!

~~ La journée passe, Isil reste toute la journée en soins intensifs chez le vétérinaire. Le soir venu, les humains de Pelote retourne la chercher, et l'amène chez eux, pour qu'elle ait un environnement plus tranquille où reprendre ses forces. Ils placardent d'ailleurs les rues pour annoncer qu'ils ont trouvé cette chatte et font des démarches pour retrouver son propriétaire. Isil est dans une pièce au calme, là où pelote reprenait ses forces. Douillette, loin de la chambre de l'enfant, il y fait bon. ~~

J'étais allongé, en train de faire ma toilette à ses côtés. Peut-être que je dormirais proche d'elle par ailleurs... Je voulais être là, pour lui expliquer que tout irait bien maintenant... Que j'étais son ami... Je voulais être son perce-neige...

Spoiler:

Spoiler:

Un gémissement me sortit de ma torpeur en un sursaut un peu vif. Mince, je m'étais endormi et j'avais loupé son réveil. La femelle tremblait non, même suait de peur. Cette peur puait à tel point qu'elle me donnait envie de vomir, saisissant mes tripes et les tordant. Même l'odeur forte de la crème ne cachait pas une telle effluve. Quelle tristesse..

Je lui fis un sourire bienveillant. Je tâchai de garder mes distances pour qu'elle puisse se détendre, comme Perce Neige l'avait fait avec moi. Surtout, première règle, respecter son espace vital.

Deuxième règle, rassurer. Je m'allongeais alors, en face d'elle, et la couvais d'un regard doux. Je miaulais calmement, d'une voix chaude, qui se voulait réconfortante.

"Tu es en sécurité ici... Personne ne viendra te faire de mal chez moi."

La détermination brillait au fond de mes prunelles. Non, jamais personne n'entrerait dans mon havre de paix dans le but de le corrompre par la violence.

"Je m'appelle Pelote. Je t'ai trouvé dans la rue, tu étais dans un sale état. Mes bipèdes t'ont amenée chez le véto, qui a pu leur donner des conseils pour te soigner. Ne t'inquiète surtout pas, ils s'y connaissent bien mes bipèdes. J'étais dans le même état que toi quand ils m'ont récupéré..."

Je lui souris gentiment, et proposai, d'une voix douce:

"Tu as faim? Soif? Je peux t'apporter mes croquettes ... et te rapprocher la gamelle d'eau attends, elle est un peu loin. Surtout, ne te lève pas, et repose toi..."

Sans attendre sa réponse, je me redressais (lentement, j'évitais à tout prix les mouvements brusques pour ne pas l'effrayer) et me dirigeais lentmeent vers la gamelle d'eau fraîche, que je rapprochais de son coussin, pour qu'elle n'ait qu'à tendre le cou pour borie.

Dès que j'eus fini de pousser sa gamelle, je me retirai, sans perdre de temps sans être brusque non plus. Je comprenais tellement sa position. Moi-même, si l'on m'avait proposé de l'aide avant ma rencontre avec Perce Neige, j'aurais été extrêmement méfiant. Et apeuré. Toutefois, dans mon ancien monde, tout le monde était méchant, point. J'étais loin d'imaginer ce que la rescapée pouvait ressentir lorsque l'on trahi sa confiance, de si nombreuses fois. Ce sentiment de ne plus jamais pouvoir se sentir en sécurité. Jamais.

Et moi j'étais là, avec mes bonnes intentions. Un peu maladroit toujours, mais je l'espérais avec une aura bienveillante. Et elle restait figée, à me fixer, sans bouger. Elle devait avoir soif pourtant.

- Me..Merci…

Un très léger ronronnement fit vibrer ma gorge, comme pour signifier un "de rien".Je l'observais s'approcher avec crainte. (Sans toutefois comprendre que je pourrais tout à fait la laisser tranquille ou arrêter de la fixer, que c'était pas forcément la MEILLEURE idée au monde. Mais bon, on était pas toujours très délicat.)

- M..Moi s'est I…Isil.

J'hochai la tête avec un doux sourire, et répondis d'une voix douce:

"Moi c'est Pelote. Enchanté Isil!"

Un nouveau ronronnement accompagna mon exclamation. Puis, je me demandai (enfin) s'il valait mieux que je laisse ma nouvelle amie tranquille, se reposer, ou que je lui parle un peu. Et si je lui racontais que je la comprenais, peut être se sentirait-elle mieux?

"Je..." puis, je ne sus par quel bout prendre ce que je voulais dire. Je ne voulais que la rassurer, lui expliquer qu'elle pouvait se détendre. Mais ce n'était pas simple de le retranscrire par des paroles.

"Quand j'étais petit, je m'appelais Déchet. C'était ma génitrice qui m'avait appelé ainsi. Je servais de défouloir à ceux que l'on m'avait appris à considérer comme forts... Alors qu'ils n'étaient que des brutes. Et moi, je ne savais qu'une chose à cette époque: ma place là bas, comme faible."

Je soupirai.

"Je sais que c'est dur. Physiquement, mentalement. Mais sache que je suis là pour toi maintenant. "

Je reposais mes pupilles sur Isil. C'était un charmant nom.

"C'est joli Isil. " Je souriais.

"Je sais que tu ne vas pas me faire confiance d'un coup. T'es même pas obligée, quand tu iras mieux, si tu préfères partir tu partiras. Tu es libre. "

J'allais pour continuer, quand une question me vint à l'esprit.

"Tu vis chez des bipèdes toi aussi, ou tu es solitaire? Ou d'un clan ou tribu?"

Je penchais la tête sur le côté, curieux. Mais me repris assez vite.

"Pardon, tu n'as peut être pas forcément envie de faire la conversation. Tu dois être exténuée..."

Et je me préparais à partir un peu plus loin, pour qu'elle se repose, et que l'on reprenne plus tard... Sauf si elle se décidait à parler, auquel cas, je resterais.

retaaaard: