Here comes the Sun ~ ft Soleil - end

« Avec ta tête, c’est sûr qu’ils ne vont pas te reconnaître. »

Je levai la tête vers la minette que je venais de rencontrer. Sa tentative d’humeur m’allait droit au cœur. Je ne me sentais pas mieux, mais pourtant, ça avait adouci ma peine. Elle me donna un petit coup de museau puis de langue. C’était réellement réconfortant. Ça me rappelait quand maman essayait de calmer nos cauchemars la nuit, elle nous léchait la tête.

« Il n’y a qu’une seule façon de savoir si tes petits t’ont oubliée ou pas, c’est de vérifier. Mais avant, tu ferais mieux de faire un brin de toilette, tu seras plus présentable. Ne bouge pas de là, je reviens. »

Et la petite solitaire s’en alla. Les oreilles droites, mais le regard épuisé et affamé, je fixais l’endroit où elle était partie. Etrangement, je ne voulais pas qu’elle parte, elle m’avait tant aidé ! Juste sa présence m’avait apporté du réconfort. Je ne voulais plus être toute seule dans ce monde. Je voulais retrouver cette vie de groupe. Mais pas sans mes petits. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire, mais une chose et sûre, je retrouve mes bébés et ensuite on trouve un groupe. Le clan du Tonnerre serait l’idéal mais… La violence et la guerre me faisait peur. Je n’avais connu que des guerres injustes. Et puis maintenant Etoile de Cendre devait m’en vouloir. Il avait été mon mentor et me voir disparaitre comme ça… Surtout que l’odeur des bipèdes devait être partout ce jour là dans la forêt, il penserait que j’avais trahis le clan. Non, je ne pouvais pas revenir. Je me demandais d’ailleurs ce qu’il s’était passé dans le clan depuis. Comment allait Graine de Tournesol, le papa de mes petits, ou mes frères et sœurs, si Etoile de Cendre était toujours le chef, bon après il était jeune, il n’y avait pas de raison qu’il soit destitué. Et Secret du Firmament. C’était mon amie depuis la pouponnière après tout ! Enfin, je la considérais en tant que telle, je l’appréciais beaucoup. Enfin bref, trêve de pensée, je suivais le conseil de Soleil, et j’entamais une grande toilette. Habituellement, mon pelage était beau et doux, là, il était emmêlé et sale de partout. Puis, la solitaire revient, un corbeau à la gueule. Elle le posa devant moi. Le fumet de l’oiseau me donnait l’eau à la bouche. Il semblait vraiment appétissant. Mon vrai repas depuis des lunes et des lunes ?

« Mange. Tu vas avoir besoin de force pour aller jusqu’en ville. »

Je ne me fis pas prier. J’arrachais les plumes de la bête et avala des bons morceaux en les savourant le plus possible. C’était si bon ! Terminé les boules marrons puantes.

« Merci beaucoup Soleil, je te serais éternellement reconnaissante. Tu m’as sauvé la vie. »

Après ce bon repas, je me sentais vraiment mieux. Et je remarquais mieux la féline. Elle semblait sacrément amochée. Qui avait donc osé faire du mal à cette petite minette ? Elle était pourtant si altruiste. Elle aurait pu me laisser mourir et continuer son chemin, au lieu de cela elle m’aide.

« Dis-moi… Qui t’as fais tout ça Soleil ? Tu me sembles amochée de partout et pourtant, tu dégages une grande force. Si tu veux en parler je serais ton oreille. »

« Ne t’inquiète pas pour moi, j’ai l’habitude d’être malmenée par la vie. »

Le pauvre petit ange… Je ne pouvais imaginer seulement une chose de ce qu’elle a pu vivre. Je voulais la réconforter comme si elle était un chaton qui avait vu la mort de sa mère. Depuis que j’ai eu des petits… Je crois que mon instinct me pousse encore plus à vouloir aider les autres. J’aurais seulement tendance à les traiter comme des chatons… Si ça se trouve, elle n’était pas plus âgée que moi ! Mais malgré sa jeunesse, elle a dû en voir de toutes les couleurs…

« Je crois que tu as raison… Moi aussi, j’ai besoin de parler à quelqu’un…

- Je t’écoute petit Soleil. »

Je ne pouvais m’empêcher de vouloir la pouponner. Je m’approchais d’elle doucement pendant qu’elle se couchait. Et elle commença son terrible récit. Elle me parle de Tache d’If, sa maman biologique. C’était à cause d’elle que j’avais perdu la mienne… Je haïssais l’ancienne meneuse de tout mon cœur. Maman était aux étoiles par sa faute… Mais ce n’était pas tout, en plus de s’excuser des tords de sa mère, alors que Soleil n’était responsable de rien, elle m’apprit que l’ex-meneuse les avait abandonnés. Comment une mère pouvait laisser ses enfants à quelqu’un d’autre ? Je n’en finissais pas de la détester, et le mot n’était pas fort… Une maman était la pour raconter des légendes, tenir au chaud ses petits, les aimer, les élever, les faire grandir de la meilleure manière possible. Et elle n’avait fait que parler du clan. J’espère que sa nourrice, sa réelle maman finalement, avait été à la hauteur. Qu’elle avait donné à cette petite une vraie idée de l’amour maternel. Puis elle évoqua Guêpe Sauvage. Je n’avais jamais entendu le récit de la vie de la guerrière lorsqu’elle fût enlevée par le clan du Vent. J’ouvrai la bouche avec horreur en entendant cela. Je ne pouvais pas en vouloir à Soleil… Elle a été forcée, comme moi, lorsque j’ai dû me battre pendant une guerre injuste. Je n’étais encore qu’un chaton lorsque j’ai connu ces deux guerres. J’en frissonne encore rien que d’y penser. A ma première, j’ai fuis comme un chaton pour me réfugier dans les pattes de ma mère. Autant j’avais l’esprit de protection, mais sans justification, lorsque je trouve la bataille injuste... Je ne peux pas me battre. Je faisais tous les efforts du monde pour ne pas revoir ma Maman tomber au sol. C’était trop dur.

La minette continue en me parlant de sa place dans le clan. Elle aussi se sentait étrange ? Lorsque ma mère était là, je n’avais pas ce problème. J’aurais eu le courage d’une lionne si ma sœur était toujours en vie. Mais je n’étais qu’un petit chaton effrayé par les griffes et les crocs. Oh l’idée de guerre dans les clans ne m’inspirait guère. Je la comprenais, plus que quiconque il semblerait. Je lui donnais un coup de langue sur la tête pour l’encourager. Je sentais qu’elle avait encore énormément de chose à me dire. Ce que je ne savais pas, c’était que le pire était à venir.

Elle me parle d’un amour secret, une petite du clan de l’Ombre, Nuage de Violette. Oh ces histoires, avec la pensée des clans ne pouvait que mal finir. La suite de son histoire continua à m’horrifier. Elle me parle d’Etoile Maudite et me le montre en monstre. La première fois que j’avais vu le meneur, il m’avait impressionné. Il semblait fort et sage, mais petit à petit, il semblait avoir perdu l’esprit. Pendant les assemblées, je voyais son regard s’assombrir, et toute la lumière de ses yeux disparaitre pour ne laisser place qu’au néant. Et avec le récit de Soleil, elle me confirma la démence du meneur. Je n’aurais jamais pensé cela d’un félin qui avait dégagé tant de sagesse. Au final, il avait été plus mauvais que les autres. Il avait fait perdre de l’éclat à ce petit soleil. Il n’avait fait qu’exposer sa rage. Il avait sombré et avait provoqué la chute de la minette. J’espérais que le meneur soit mort. Je n’osais à peine imager toutes les horreurs qu’il a dû commettre. S’il était en vie, jamais je le laisserais approcher Soleil. Jamais. Et elle termine de me raconter la trahison de ses proches. Je n’avais pas de mot pour l’aider. Je m’approchais d’elle pour frotter ma tête contre elle. Je voulais lui apporter un peu de réconfort.

« Tu es la minette la plus forte que j’ai pu rencontrer. N’écoute plus ceux qui t’ont fait du mal. Ils ne valent rien. C’est eux les bons à rien. Etoile Maudite n’était qu’un vieux fou, et ses paroles n’ont plus de sens. Ses mots ne veulent rien dire. De toute ma vie, tu es le félin le plus altruiste que j’ai rencontré. Le plus doux. Tu m’as aidé alors que tu aurais pu me laisser là. Personne de mon clan n’aurait fait ça. Regarde réellement ceux qui sont présent pour toi, les autres n’écoute pas leur paroles, parce qu’ils ne seront jamais aussi riche que toi. Il n’y a que les langues de serpents de réellement malade. Les cœurs purs, tel que le tien, sont ceux qui ont le plus de valeur. Tu t’appelles Soleil, alors continue de rayonner, parce que toi, au moins, tu ne traiteras pas les tiens comme de la vermine. Prends confiance et crois-moi, tu es loin de ce que ce matou à pu te dire. Je le sens ton cœur, et je sais qu’il est bon. »

La minette posa sa tête contre mon épaule pour avoir du réconfort. Elle pouvait pleurer sur mon épaule, ce n’était pas un problème. Je fermais les yeux et profitait de cette étreinte qui me faisait tant de bien. Mon cœur était calme, je ne sentais plus ces fêlures. Je ne sentais plus les blessures qu’ils avaient subit. Je ne sentais plus rien. Je ne sentais que le calme. Mon idée ne change pas, je resterais toujours horriblement triste, je savais que je ressentais mon cœur brisé, je savais que plus je le sentais battre, plus je sentais les épines s’enfoncer, plus je le sentais se déchirer. Je crois que j’ai menti en fait. Je le ressentais toujours. C’était seulement l’espace d’un instant. Un instant de répit. Il ne cesserait jamais de me faire mal tant que je ne retrouverais pas mes petits. Je ne voulais plus le sentir battre et je voulais que mes rêves soient noirs. Tant que je n’aurais pas mes bébés avec moi… Je crois que jamais mon cœur ne cessera de me faire souffrir.

« Merci. Grâce à toi, je viens de retrouver le courage d’aller au bout de mes projets. Non pas que je doute de mes convictions, mais je n’étais plus très sûre de la marche à suivre, disons. Merci de m’avoir écoutée et pardonne-moi de m’être plainte. »

A ces mots, la femelle se mit sur ses pattes et se secoua. Elle semblait revigorée. La pauvre enfant… J’espérais toujours faire quitter la peine de ce doux visage. Je ne voulais pas que l’éclat du soleil brillant dans ses yeux ne s’éteigne. Je ne voulais pas qu’elle devienne une étoile mourante. Et tant que je verrais cette lumière dans son regard, mon cœur battra toujours. Tant que je verrais la lumière dans son regard, mon cœur me fera moins mal.

« Bon, Curieuse Pénombre, tu es prête ? »

Je la regardais d’un air si doux. Je hochai la tête et tentait de me lever en douceur. Mes pattes qui m’avaient trainé jusque là acceptait enfin de tenir. Le repas que m’avait apporté Soleil m’avait redonné de l’énergie. Mon cœur était rempli d’épines, et pourtant je retrouvais la force de chercher mes bébés. J’avançais en douceur en direction de la minette.

« Je suis prête Soleil. »

Je lui lançais un sourire doux, je voulais mes petits, et elle voulait m’aider mais au fond… J’aimerais que mon cœur s’arrête pour ne plus ressentir ses aiguilles. Mais j’allais faire des efforts… Je devais apprendre à savourer le battement de mon cœur qui faisait tremblait ma poitrine. Et j’allais le faire si le soleil dans ses yeux ne cesse de m’illuminer.

« Je te propose de longer le Chemin du Tonnerre, ce sera, je pense, plus court qu’en traversant les Clan du Vent et du Tonnerre. Puis bon, les Sentinelles veillent et on m’a fait comprendre que si je reposais les pattes dans la Lande, ça finirait mal pour moi, donc si on pouvait éviter les ennuis… »

Bien sûr mon petit Soleil. Je venais de la rencontrer et pourtant je me sentais déjà lié à la minette qui avait essayé de me remonter le moral. Je hochai la tête pour montrer que j’étais d’accord avec ses propos. Quelque part, j’avais peur de retrouver la maison des horreurs. Là je me suis battue pour pouvoir m’évader, mais au final, j’avais fini par demander de mourir. Si je n’avais pas été si petite, si je ressemblais à mes très lointains ancêtres sauvages, les deux bipèdes seraient déjà morts depuis longtemps. Je les haïssais, je ne voulais voir que leur tombe, leur nid en ruine, et leur vie détruite. Mon corps n’était que haine pour ces animaux sans cœur, sans âme. Mais je voulais retrouver mes petits, alors si c’était le seul moyen pour les récupérer je le ferais.

Avec Soleil on commence à prendre le chemin pour aller vers la ville. J’en avais des frissons quand je pensais que quelques heures avant je m’étais trainée ici.

« J’espère que lorsque tu seras réunie avec tes petits, votre avenir sera aussi beau que cette vue !

- Je dois avouer que je ne sais pas où on ira. Mais tant qu’ils sont avec moi ça ira, je les protègerais aussi férocement qu’une lionne, plus personne ne pourra me les prendre. Je ne pense pas retourner chez moi au Tonnerre, rien ne sera plus pareil. »

Oh non… Malheureusement, je ne devais plus être la bienvenue et puis, je ne pouvais permettre de risquer la vie de mes petits. Au clan, ils ne connaitraient que la violence et la guerre… Je ne voulais pas qu’ils soient aussi traumatisés que moi. A un moment, lorsque nous devions traverser un chemin du tonnerre, Soleil m’arrêta. Je sentais que son odeur état différente. Je me rapprochais d’elle pour coller mon flanc au sien pour la rassurer. Elle m’avait aidé, c’était mon tour. J’allais l’aider à traverser.

« T’inquiète pas, je suis là, traverse à mon signal. »

Je regardais de droite à gauche, écoutant le moindre son. Rien. Silence.

« Go ! »

Je restais à côté d’elle pendant la traversée. Mais pas de monstre en vue, rien. Tout était calme, alors pas de risque.

« Voilà, tout va bien regarde ! »

Je lui donnais un sourire doux pour la rassurer au maximum. Alors que nous continuions de marcher, plus très loin se trouvait le nid qui m’avait gardé prisonnière. Mon cœur battait fort de peur, mon angoisse et ma colère montait énormément à la vue de cet endroit.

« C’était ici. C’était eux. »

« Si tu sais pas où aller, je compte créer une troupe de chat sans aucun lien avec des mœurs claniques. Peut-être que vous pourriez vous installer avec nous ? »

C’était ces mots que j’avais entendu avant de traverser. Je n’avais pas pris le temps de répondre tant j’étais concentrée pour traverser le chemin du tonnerre et tant la colère était montée à la vue de ce nid des horreurs. Je réfléchissais à ses mots à présent. Ce pourrait être une bonne solution pour vivre correctement par la suite ? C’était un espoir pour que mes petits soient mieux protégés ? La sécurité d’un clan sans ses lois ? Oh petit Soleil c’était bien la meilleure nouvelle du jour.

« Commençons à chercher par là alors. Comment s’appellent tes petits ? Et à quoi ils ressemblent ? Ce sera probablement plus simple pour les retrouver. »

Petit Flocon, mon doux petit chaton aux couleurs clairs, et Petit Désert au pelage de ma Maman. C’était mes deux petits chatons, mes deux petits amours qui faisaient battre mon cœur. Leur disparition n’avait ajouté que des épines qui me le piquaient. J’étais prête à tout pour les revoir, pour les prendre contre moi et ne plus les lâcher, leur enlever toute cette odeur de bipèdes pour qu’ils portent la mienne. Celle de notre petite famille. Oh et si Graine de Tournesol était là… Il pourrait m’aider, et peut-être… Qu’il aurait accepté de reconnaitre ses petits ? J’espère qu’il va bien dans le clan du Tonnerre. J’espère un jour le revoir, et avoir l’opportunité de lui présenter ses chatons.

« J’ai mon Petit Flocon, un mâle, qui était tout blanc à la naissance, mais il avait des petits tâches rousses clair sur son pelage, oh un magnifique petit chaton ! Elles ont dû foncer un peu plus à présent. Et Petit Désert, une petite femelle aussi belle que ma Maman, je l’ai appelé comme ça parce qu’elle lui ressemble beaucoup. Elle a le poil aussi long que le mien et une couleur chocolat, roux et blanc. »

Je ronronnais au souvenir de mes deux petits. On allait de nouveau être heureux en famille. Oh d’ailleurs.

« J’ai réfléchis à ta proposition d’ailleurs. C’est avec plaisir que j’accepte. Vivre toute seule dehors… ça me ferait peur pour la sécurité de mes chatons, et même pour moi, j’ai pris l’habitude de vivre en communauté mine de rien. Et même si les miens ne m’accepterait pas vers eux je pense, bhé leur chaleur me manque. Je crois que j’ai besoin de vivre avec d’autres félins. Alors je viendrais avec plaisir lorsque ton groupe sera formé. »