ChantillyΔ Petite
Messages : 75 Date d'inscription : 20/07/2018
Carte d'identité Âge: 33 Lunes (février 2020) Description du personnage: Mentor/apprenti: Graine de Tournesol | Sujet: Un nouveau départ - solo 07.03.20 22:52 | |
| Lune 62 Chantilly, alias Cri du Coeur
Image par TopLe matin vient de se lever. Pour une fois le soleil est là, il ferait même presque chaud pour la saison. Et pourtant je reste enfermée, à l'intérieur de la Tanière des Guerriers. Je pourrais bien sûr sortir aller chasser un peu, ce qui ne serait pas un mal en cette saison... Mais à quoi bon? Pourquoi est-ce que chaque matin je me lève pour partir en patrouille, en chasse? À quoi donc ça sert? J'aurais beau faire des prouesses, devenir la meilleure Guerrière du Clan, éblouir mes camarades, être reconnue pour ce que je suis, indifféremment de mon sang, indifféremment de mon absence de voix, à quoi bon? La seule personne que je voulais éblouir, dont je voulais voir la fierté éclaircir son regard, dont je voulais entendre sa voix miauler un compliment, elle n'est plus là. Certains m'ont dit qu'il n'était pas un bon père, mais peu importe ce qu'ils disent, je ne veux pas les écouter. Je fais comme si je ne les entendais pas et je leur tourne le dos. C'est de mon papa qu'on parle. Il a toujours été là pour moi, toujours, jusqu'à la fin. Il était là quand mon frère a disparu sans laisser de trace, sans jamais qu'on ne sache ce qu'il était advenu de lui, me laissant le coeur en sang de cette perte, de la disparition de mon jumeau, de ma moitié. Il était là quand Maman est devenue une de leur foutue Étoile. D'accord, c'est les gentils, et tout et tout, mais pourquoi avaient-ils donc besoin de ma douce et précieuse Maman? Pourquoi aussi tôt? Je sais bien que c'est le cycle de la vie, que tout le monde doit partir un jour, mais aussi tôt, c'est juste trop triste. Il était là pour me guider dans l'apprentissage. Dur et exigeant, c'est parce qu'il était lui que je suis devenue ce que je suis. Quand on me félicite pour mon talent de chasseuse, c'est à lui que j'adresse un remerciement et en fait pour toute chose que je peux faire de bien. C'est parce qu'il était là, peut-être pas aussi attentionné que j'en rêvais, mais présent malgré tout. Est-ce que lui aussi il a été appelé chez les Étoiles? A-t-il retrouvé Maman? Est-ce que, comme dans les histoires, il est là haut et veille sur nous, sur moi? La seule chose que j'espère en tout cas, c'est que si vraiment ça existe et que Papa les a rejoint, c'est que c'est un endroit merveilleux, agréable, où l'on ne sent pas le froid ou la faim. Un endroit de rêve.
On vient me déranger, me secouer. Oui, je sais, ce n'est pas bien qu'une Guerrière flemmarde autant dans la Tanière. Oui, je devrais déjà être en train de faire quelque chose pour le Clan pour l'aider. Alors pour qu'on me laisse tranquille je me lève, je hoche la tête et je sors. Ça fait longtemps que je n'ai pas essayé de communiquer avec quelqu'un, mais pourtant ça ne me dérange pas tant que ça. Je traverse le camp et entre dans la forêt. Dans le silence de la Saison des Neiges je hume l'air frais qui me sors de ma transe et avance. Pelage quasiment blanc sur la neige de la même couleur, je suis presque invisible. J'avance doucement et m'enfonce dans les bois. Je suis pourtant ni concentrée, ni motivée. C'est un automatisme. Je continue, je manque une proie ou deux, je m'en veux un instant à chaque fois, avant d'abandonner et de continuer. Mes pas me mène à un endroit familier, non loin des deux pattes. J'ai une pensée pour mon parrain et une bouffée d'affection me saisit. Je ne peux pas le voir très souvent, et certainement pas aussi régulièrement que je le voudrait, mais ça ne m'empêche pas de l'aimer. Aussi profondément que mes parents, il est de ma famille, le dernier félin rescapé. J'aimerais être plus souvent à ses côtés. Et là, l'idée me traverse. Après tout, pourquoi pas? Qu'est-ce qui me retient encore au Clan du Tonnerre. J'y suis arrivée parce que Papa et Maman nous ont amenés Charbon et moi avec eux lors de leur retour. J'y suis restée parce que Papa était encore là. Mais maintenant? Je pourrais m'en aller et les rumeurs arriveraient rapidement. Oh! Cri du Coeur? Ah mais oui c'est cette sang-mêlé à moitié domestique, celle qui est retournée chez les bipèdes, le sang ne ment jamais après tout! Ils diront ce qu'ils voudront, je m'en fiche. Puis un pelage tigré et des yeux dorés traversent mon esprit et j'hésite. Et lui? Il est sûrement mon seul ami, je l'ai que trop délaissé ces derniers temps, mais mon affection pour lui pèse son poids dans la balance qui me pousse à tout abandonner. Puis je secoue la tête. Si l'on peut, on pourrait toujours continuer à se voir, si lui le veut. Et lui a encore sa famille dans le Clan, il a des liens, du soutien, une vraie place. Moi je ne me sens plus chez moi là-bas. Mais je dois le prévenir, je dois lui dire. Même si ce sera le seul auquel j'avouerai mon départ. Il a le droit de savoir, il est après tout l'un des seuls qui s'ennuie à toujours essayé de me comprendre, de déchiffrer mes signes, et ce depuis que je suis arrivée. Certes il garde une certaine distance, mais il est le seul que je considère comme encore proche de moi et que j'aime.
Je fais demi tour rapidement, marchant à un rythme soutenu que l'on ne m'avait pas vu faire depuis des lunes. Sur mon passage, les proies fuient, je ne cherche ni à les chasser ni à m'en approcher. Je me fiche du gachis que j'ai, mon objectif c'est Bec Croisé, le seul, l'unique. Faites qu'il soit au Camp, sinon je devrais encore repousser mon départ. Je ne partirai pas sans lui dire au revoir, sans le voir une dernière fois en tant que camarade. Non. J'arrive au Camp, les pattes vides. Celle qui m'avait envoyé en chasse m'attrape à la gorge dès mon arrivée. Oui oui je sais, ce n'est pas digne d'une Guerrière du Tonnerre de ne rien ramener à cette Saison si délicate, mais ne t'inquiète pas, je ne serais pas Guerrière encore longtemps. Je ne l'écoute même plus et je fouille le camp des yeux à sa recherche. Là! Il est là! Sans prêter attention à l'indignation de mon interlocutrice, je fonce vers le matou de mes pensées. Sous le petit rayon de soleil qui tomber sur le camp, il semble briller sous mes yeux. Mon coeur rate un battement. Oui, il est et a toujours été mon premier amour. Je n'ai jamais essayé de le lui dire, car après tout, malgré toutes les lunes, notre première discussion est toujours ancrée dans ma mémoire. Et je ne suis toujours pas certaine de ne pas être contagieuse, alors je n'essaie pas de le toucher, j'attire juste son attention. Je m'excuse intérieurement de le déranger ainsi, mais je ne peux et ne veux pas attendre plus longtemps.
Je l'observe un instant et quand je suis sure que j'ai toute son attention je commence. D'abord je me pointe, puis agite la patte comme un au revoir, avant de marcher, en surplace bien sûr et finalement je me mets sur mes deux pattes arrières et fais un pas. Je m'arrête, le regarde un instant, puis je me pointe à nouveau, je le pointe lui puis je pose ma patte sur mon coeur. Enfin, je fais glisser une de mes griffes, doucement, le long de ma joue, le long d'une de mes larmes noires. Et en fait, une larme coule vraiment. Je suis triste de le quitter, je l'aime beaucoup, mais je pars. J'hésite un instant avant de nous pointer tous les deux et de montrer mes yeux. Peut-être comprendra-t-il? J'espère. Moi j'essaierai de le revoir c'est sûr, s'il le veut bien, bien entendu. Je force un contact et pose ma tête contre son poitrail. Pas longtemps, juste un instant. Je m'éloigne ensuite. Sa présence, son odeur rassurante, lui tout entier va me manquer. Je fais deux pas en arrière, sans le lâcher du regard. J'agite la patte et puis je me retourne, direction la sortie du camp. Quelques larmes viennent se perdre. Quand ma patte franchit le seuil du Camp, je me retourne et fixe encore cet endroit où j'ai passé toute mon enfance, où j'ai grandit, où je suis devenue Apprentie, puis Guerrière. C'est cet endroit qui a vu mes pleurs, mes rires, tout de moi. Mais bientôt ce ne sera qu'un souvenir. J'y laisse une partie de moi-même, mais c'est bien fini. Pas de regret, j'ai fait mon adieu à la seule personne qui en valait la peine à mes yeux. Je trottine, guillerette. Je me rappelle des histoires, méprisantes, qui racontaient qu'il n'y avait qu'à miauler un peu devant les Tanières des Bipèdes pour devenir une domestique grasse et lâche. Je me souviens des quolibets que je recevais qui disaient qu'une petite chatte comme moi n'auraient pas de difficultés à en devenir une, et que d'ailleurs je n'avais qu'à faire ça et arrêter de polluer le Clan de mon sang impur. Et bien ils seront contents. Aujourd'hui je suis exactement leur conseil, même si c'est avec beaucoup de lunes de retard.
Enfin, me voilà arrivée. Il faut que je trouve un nid qui n'appartient pas déjà à un chat. Un qui n'ait pas de chien non plus. Je marche doucement. Ici, déjà un chat. Ici? Argh!! Un chien! Non non et non! Je continue comme ça un moment, j'essaye une ou deux fois sans succès avant d'arriver devant une Tanière qui me semble pas mal. Pas d'odeur récente d'un autre animal, du moins ni chat ni chien. Je vais essayer. Tenter ma chance encore une fois. J'aperçois un bipède non loin. Ma première réaction est de me cacher, puis, en m'insultant mentalement, je tente un pas hésitant vers l'être sur deux pattes. Il me voit et s'approche. Je prends sur moi pour ne pas me hérisser, mais il vient vers moi doucement, calmement. Il s'accroupit et semble attendre un peu, la main tendue. Timidement je m'avance. Une fois près de sa main, il la pose sur moi et je me cripse. Mais non, il ne fait que la balader sur mon dos et ma foi ce n'est pas si désagréable. Je dirais même que j'apprécie le contact. Un ronronnement m'échappe, suivit d'un autre et ça ne s'arrête plus. J'en suis même à demander ce contact. C'est chaleureux et agréable, j'aime ça. Le bipède murmure des mots qui m'échappent, mais bon, ce n'est pas important. On reste ainsi un moment et quand il se relève et s'éloigne je le suis. Je me frotte à ses jambes et il s'arrête. Un autre bipède sort et semble communiquer avec celui contre qui je suis. Ils parlent longtemps entre eux et le deuxième bipède approche. Il tend sa main avant de me caresser aussi. Hmm lui il sent bon. Je lèche ses doigts au goût de viande et un son étrange sort de sa bouche et me fait sursauter. Je le regarde, un peu inquiète mais il n'a pas l'air fâché. Il me regarde et puis communique de nouveau à celui de son espèce. Ils continuent encore puis se lève. Je les suis et ils ouvrent la porte de leur étrange Tanière. Le premier entre et le deuxième le suit. Ai-je encore échoué? Peut-être pas. Je vois le deuxième m'observer, porte encore ouverte. Je m'avance, hésitante, je le regarde, encore un pas, regard de nouveau, je pose une patte dans leur Tanière et les observe, ils ne semblent pas en colère alors je me permets d'entrer. Oui, ce sera ici, là sera ma nouvelle demeure. Je les entends encore parler, mais ils me regardent. Ils continuent et je comprends alors que oui, ils me gardent avec eux. Et ce qu'ils essaient de dire aussi régulièrement ça doit être mon nom. C'est vrai que les bipèdes donnent des noms comme ça, sans se demander si on en a déjà. Ce n'est pas grave, peu importe comment ils m'appellent. Au fond de moi, je serais toujours Cri du Coeur, ce nom que m'a donné Maman, celui qui a grandit avec moi et qui est devenu complet grâce à Papa. Pour eux, je serais, si j'ai bien compris leur dialecte, Chantilly, une nouvelle Domestique.
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thanks Miss
- Cri version Tess:
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