You've always been my right hand man. - Abandon

La cheffe n'avait jamais mieux portée son nom que le soir ou elle avait rejoint les cieux pour danser parmi ses étoiles, du moins s'il ont se tenait aux croyances qui affirmaient l'existence d'une vie après la mort.

La nouvelle n'avait pas été un choque pour le lieutenant, la jolie chatte crème s'était fait bien des ennemis aux cours de ces dernières lunes qui avaient été rythmés par des conflits fraternels sanglants. On avait retrouvé son corps froid, les yeux écarquillés et la mousse aux lèvres. On hypotisait sur le poison, la colique fulgurante ou mille autres raisons plus ou moins (surtout moins) naturelles.

Feulement ne le prenait tout de même pas de bonne augure. Il ne souhaitait pas endosser le rôle de second, encore moins celui de chef. Il n'était pas fait pour la politique et sa loyauté n'avait d'yeux que pour Esprit Soucieux, le vieux matou qu'il s'attelait justement à rejoindre pour exprimer ses doutes.

Les chuchotements s'étaient fait entendre au travers du camp, on s'impatientait d'entendre le nouveau guide s'exprimer sur la situation, choisir son nouveau bras droit. Avec Dents de Sabre hors de l'équation le 'sauvage' (comme on aimait l'appeler) ne savait absolument pas vers qui se tourner si ce n'était lui : le matou balafré qui s'endeuillait au creux de la tanière des anciens, cette silhouette qu'il connaissait par cœur et don la seule apparition apaisait l'âme de la brute.

S'accroupissant dans la voute de racines noueuses qui formait l'entrée des appartements des vétérans, il l'appela.

" Papa. J'peux te parler ? "

Les phrases lui étaient rares, et la plupart étaient dirigés vers l'ancien guérisseur.

L'émeraude du regard du guérisseur se plongeât dans l'ambre de celui de son fils, lorsque d'une voix familière le matou gris articula:

" Tu peux toujours me parler fils, je suis là pour toi. "

Toujours, oui, il le savait. Son père l'avait toujours écouté, vide du jugement auquel ses camarades de clan l'avaient soumis. Aujourd'hui, ironiquement, il n'avait plus à prouver son droit de vivre mais il se trouvait à leur tête. Cela n'avait toujours aucun foutre sens à ses yeux.

" Comment tu te sens ? Comment vont les petites ? "

La question le surpris. Les petites ? Il ne les considérait plus comme tel et à vraie dire ne s'y intéressaient plus vraiment. Elles allaient bien, supposait-il, puisqu'il les avait croisés aujourd'hui.

" Euh, "

Hésita le charcoal en accompagnant son mot d'un léger froncement de ses arcades sourcilières.

" Bien j'crois. "

Il jeta un regard par-dessus son épaule, pivotant sur ses grandes échasses pour se tourner vers l'entrée de la tanière bien qu'il ne fini jamais son geste.

" Viens. "

La parole sonnait comme un ordre mais ne l'était pas. Son corps s'engouffra dans la voute de ronce. Il voulait se retrouver seul avec le vieux chat, à l’extérieur, peu-être. Loin des oreilles curieuses et des regards indiscrets.

" Quelque chose qui te préoccupe ? "

Leurs front se rencontrèrent dans un geste tendre que le grand mâle n'aurait rendu à personne d'autre qu'à son père.

" Je serai là. Pour ton nouveau baptême. Et jusqu'à la fin. "

Finissant le geste Feulement poussa contre la joue de l'ancien, longue queue sombre caressant le flanc de l'homme de foi. Il continua de le guider au-delà des remparts de ronces qui encerclaient leur demeure de boue et de pins.

Étouffés par la distance on pouvait entendre les murmures de la tribu, au-dessus d'eux les corbeaux jouaient à sauter de branches en branches, comme s'ils se moquaient du deuil des félins coincés au pied des arbres.

" Toi ça va ? "

Demanda t-il d'abord en couvrant l'enveloppe charnelle du vieux chat de sa propre fourrure. Il le savait très famille malgré sa relation houleuse avec sa sœur, la tête pleine de principes et de croyances. Comment vivait-il la nouvelle ? Le lieutenant n'était certes pas très empathique mais il lui était redevable. Il voulait être là pour son précepteur comme il avait été là pour lui tout au cours de sa vie et jusqu'à la fin.

Sans qu'il n'y pense sa langue vient s'aplatir entre les deux oreilles de l'ancien guérisseur, entreprenant de nettoyer sa pelisse au fil de leur conversation lourde d'importance. La chaleur de leurs deux corps lui en faisait presque oublier ses questions, 'chez lui' était là où se trouvait son père.