Par une nuit orageuse ft. Bouquet de Muguet et Griffe Blanche - abandon

L'air est pesant aujourd'hui, au Camp du Clan de l'Ombre. Il semble faire chaud; pourtant ce n'est pas la chaleur qui cloue certains matous à leur litière mais plutôt une atmosphère électrique.

Un orage se prépare.

Mais ça, Petit Croc l'ignore. Il ne se soucie pas encore du bruit effrayant de la foudre qui s'abat ça et là; il ne sait rien des éclairs, si ce n'est que l'un deux a calciné un arbre, non-loin du Camp. C'est celui que Nuage Épineux lui a montré.

Insouciant, il a joué toute la matinée jusqu'à la moitié de l'après-midi avec son frère. Sans s'arrêter. Et courir, piailler, sauter, crier… ça demande une sacrée dose d'énergie, même pour un chaton aussi vivace que Petit Croc ! L'excitation a des limites. Alors, épuisé, il se love dans la litière de sa fratrie dans la pouponnière et s'endort.

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A son réveil, le soleil s'est couché. A côté de lui, Petit Canin et Petit Ivoire dorment à poings fermés. Il lui suffit de lever la tête pour apercevoir l'ombre de sa mère, endormie, au fond du nid. Quelle déception. Il se sent pourtant bien en forme pour jouer, maintenant !

Une moue déçue collée à sa gueule, Petit Croc ose quitter la pouponnière pour jeter un coup d'œil sur le Camp endormi. La lune illumine les lieux et très vite, le chaton s'accorde une petite balade. Il passe à côté de la tanière du guérisseur, occupé par sa cousine. Puis devant la tanière des guerriers, où ronfle son père. Enfin, il fait un détour par le nid des apprentis mais trouve Nuage Épineux endormi.

Personne pour jouer avec lui, à cette heure-ci. Pourtant, Petit Croc aurait bien voulu explorer un petit bout du territoire avec son cousin, cette nuit… Penaud, le fils de Crocs de Ronce s'assoit un instant devant le novice bicolore, les oreilles tombantes dans l'espoir qu'il se réveille. Mais trop impatient pour s'y attarder, il finit par faire demi-tour et revenir sur la Place Aiguille. Là, il s'amuse à courir partout un petit moment avant de trouver son nouveau jeu ennuyant à souhait.

Bon.

Puisqu'il n'y a rien à faire ici, puisque Nuage Épineux ne peut pas l'emmener en exploration… Petit Croc a décidé qu'il irait tout seul chercher ses aventures. Excité à l'idée de se faire remarquer en revenant au petit matin, un gros crapaud en gueule, Petit Croc ne peut se retenir de piétiner.

Sans plus de réflexion, le petit mâle noir déguerpit du Camp, traversant la barrière de ronce non sans perdre quelques touffes de son duvet foncé. Mais personne ne le remarquera derrière la tanière des novices, pas vrai ?

Une fois sorti du labyrinthe épineux, Petit Croc s'accorde un grand sourire face à l'étendue qui s'offre à lui; partout, des flaques, des touffes d'herbe fraîche, de grands pins et toutes ces odeurs… Trop cool !

Il s'élance immédiatement dans l'inconnu; son cœur palpite d'excitation et de peur mais Petit Croc n'en prend pas vraiment compte. Le plus important, c'est de s'amuser !

Sa nuit commence par divers plongeons plus ou moins élaborés dans la multitude de flaques qui arborent le territoire de son Clan : tantôt tête la première, et parfois même sur les fesses, Petit Croc piaille et joue naïvement, se couvrant de boue, d'herbe arrachée et de mousse avec un enthousiasme plus que perceptible. Sans s'en rendre compte, le chaton au duvet sale s'éloigne progressivement du Camp sans prendre soin de marquer son chemin.

Il s'amuse, il s'amuse jusqu'à ce que la lune se voile d'épais nuages noirs. Dépourvu de sa vue, même Petit Croc sent la peur lui titiller l'échine. Et quand le ciel gronde une première fois, il libère un couinement plaintif et se vautre dans une flaque de vase.
Crispé, au beau milieu d'il-ne-sait-où, sans savoir ce qui l'entoure et avec le monde qui lui grogne dessus… Petit Croc commence à trembler en silence. Une nouvelle fois, ça tonne au dessus de lui. Couinement effrayé, larmes qui lui montent aux yeux, le pauvre petit ne sait qu'articuler un timide : « Ma… Ma--man?! »

Un éclair fend le ciel, accompagné d'un tremblement bruyant.

« Maman !! »

Petit Croc déguerpit, profitant de cette seconde de lumière pour prendre quelques repères. Mais il n'a pas encore fait deux mètres que soudain une pluie torrentielle s'abat sur lui, délavant son duvet de la chaude boue qui le protégeait. Il continue de galoper, toutes griffes sorties. Glacé par la peur et l'eau froide qui s'infiltre bientôt jusque sa peau, il lâche à présent de nombreux gémissements plaintifs entre ses sanglots.

« Mamaaaaaan... »

Courir, la queue entre les pattes. Ses yeux de chaton cherchent désespérément un coin reconnaissable entre les coups de tonnerre qui éclairent sa route. Quand l'un deux tonne tout près de lui, il hurle, transperçant la nuit de son cri aigu : « AAAAH!!! PAPA?! »

Bientôt, les éclairs se calment mais Petit Croc court toujours. Ses pattes.
Ses pattes n'obéissent plus, son corps affolé fuit un ennemi invisible dans le noir complet et le gamin trébuche une, deux, trois, quatre fois. Il se relève toujours aussitôt sans même prendre compte de son état, d'éventuelles blessures.

C'est la première fois de sa vie que Petit Croc n'arrive pas à voir autre chose. C'est la première fois que Petit Croc sait qu'il a peur.

Il s'essouffle. La pluie -qui n'a pas cessé- l'asphyxie un peu, l'aveugle davantage. Bientôt, la lune réapparaît par intermittence et le guide jusqu'à un tunnel. Petit Croc s'y abrite, tremblant sous l'effort. Mais s'arrêtant après sa course folle, le chaton est traversé par une vague de froid qui l'effraie.

Je vais mourir?!

Le répit est de courte durée quand d'un coup, un dernier éclair le surprend à l'extérieur de son tunnel, du côté des marécages qu'il vient de traverser du haut de ses quatre lunes. Dans un dernier piaillement terrifié, Petit Croc bondit de l'autre côté du tunnel et continue sa course folle sans réfléchir.

Mais dans le vent froid, la pluie et la nuit, Petit Croc finit par s'effondrer.

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Petit corps inerte mais encore chaud; au petit matin c'est le soleil qui vient éclairer le spectacle.

Trempé jusqu'aux os, Petit Croc est affalé sur son flanc droit. Ses pattes souffrent de quelques coupures superficielles mais on distingue encore le mouvement rythmé de ses côtes; il respire.

HRP:

PAR UNE NUIT ORAGEUSE - LUNE 74 - AGE 40 L.


Patrouille de l'aube. Personne n'aimait ça, mais au moins, la saison des feuilles nouvelles avait la décence de nous donner une superbe vue des fleurs sous la rosée. Donc une raison pour moi d'y participer, outre le fait de me faire pardonner de ma disparition qui remonte il y a deux lunes. Disons que cette fois, je n'étais pas partie dans le camp d'un ennemi et je m'étais absentée pour une "bonne raison". Officieusement, j'avais tenté de pister Graine de Lavande et Sangsue Cendrée qui avaient disparu. Officiellement, je les avais aidé à disparaitre un peu en amont du clan du Vent. Deux lunes déjà, que ma fille était partie.. Mais la savoir avec Coeu- Mimosa, juste Mimosa, et Violette, soignait la blessure qui s'était créée en voyant la seule fille qui était à mes côtés partir.

Etoile Déchirée avait toujours eu un peu de mal avec ma présence, ne supportant pas que son feu père m'aime comme une fille. Puis elle n'aimait pas que je vienne un peu de l'Ombre, que j'aies un peu trainé au Tonnerre, que je disparaisse encore... Comment s'assurer que je resterai en cas d'attaque, pour protéger ceux qui était de ma véritable famille ? Mais bon, je revenais, et j'étais la fille de Nuage de Taupe, apprentie qui était partie pour mieux défendre son clan, donc elle se dit que ça devait être dans les gènes. La chef devait mieux me voir depuis peu, car je fus assignée à la même patrouille que sa soeur jumelle mais si différente : Griffe Blanche. La guerrière était très grande et très douce, et de ce qu'on avait échangé, je l'aimais beaucoup. Une fois qu'elle m'ait rejoint hors du camp, je fis un signe de tête pour la laisser ouvrir la voie.

" Etoile Déchirée nous a demandé de jeter un oeil près du pont. L'orage a été violent hier et il se pourrait que dans la panique, des bêtes aient franchi le pont. "

Même si la fille prodige de Pluie Battante n'était pas la plus douce, j'aimais bien sa façon avoir repris le clan et de prioriser notre protection. En plus, elle était aussi mère, j'avais déjà eu affaire à ses quatre boules de poils, dire qu'ils allaient devenir apprentis sous peu ! Autant qu'ils puissent commencer leur apprentissage sans danger. Donc ce fut avec l'oeil ouvert que je suivais Griffe Blanche jusqu'au pont. Rien à signaler, jusqu'à...

Une boule noire, la taille d'un demi-chat, trempée et immobile. Mon sang ne fit qu'un tour. L'image de Petite Aile qui, des lunes auparavant, aurait pu être cette boule noire trempée et blessée je...

D'un coup je bondis et m'élança vers cet inconnu. Ombre, Tonnerre, Vent, autre, peu importe, c'était un petit qui avait du passer la pire nuit de sa vie, vu qu'on l'aurait repéré le soir avant s'il avait déjà été là. En tout cas, c'était bien un chat. Sa fourrure entièrement noire n'en laissait pas le doute : pas roux comme un renardeau, ni blanc et noir comme un bébé blaireau. Un chaton, perdu. Je collai délicatement ma truffe contre son épaule. Les côtes se levaient et son cœur battait. Les Etoiles soient louées ! Rapidement, je lui donnai de grands coups de langue pour le réchauffer. Puis je prévins ma collègue de ma découverte.

" Griffe Blanche, c'est un chaton ! Le pauvre petit… Il doit être mort d'inquiétude sans ses parents. "

Je repris mes coups de langue, un goût, une odeur étrangement familière titillent mes papilles..


Le clan de l'Ombre ?

Bouquet de Muguet
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