[HALLOWEEN] Pumpkin recon squad - Abandon

Cela n'enchantait pas Etoile Feulante de ralentir ses responsabilités avec deux apprentis nommés (presque) de la veille mais la plupart de ses guerriers avaient déjà été convoqués dans diverses patrouilles, chassaient ou se retrouvaient occupés d'une façon ou d'une autre. Alors le voilà bien embêté, obligé à se tourner vers les bleus.

Accroupis dans l'entrée de l'antre des apprentis, large corps obstruant les maigres rayons matinaux, il appela.

" Salamandre. Crocs. Patrouille. "

Lorsqu'il s'extirpa du boyau végétal et fit demi-tour pour se remettre en route vers l'entrée du camp il fut accueillit par la silhouette d'Orage d'Or qui avait accepté de les accompagner aujourd'hui.

De toute façon la tâche ne devrait pas être gargantuesque, qu'un simple contrôle routinier le long des frontières. Ils traverseraient le marais, croiseraient le cèdre calciné, ne s'attarderaient pas en passant par les passiflores et enfin longeraient le chemin du tonnerre. Sur le retour peut-être jetteraient-ils un coup d'œil au charnier, histoire de.

Il se demandait si le cadavre de Feuille de Houx y pourrissait encore.

Les aspirants ne tardèrent pas à pointer le bout de leur nez, le bâtard maine coon s'était assis, longue queue duveteuse entourant ses grosses pattes. Déjà, voulait-il s'assurer que quelque chose était clair et net, comme il le faisait souvent lorsqu'il devait se coltiner des gosses dans ses tâches journalières.

" L'ouvrez pas sauf si c'nécessaire, on parle avec la queue. "

Une bonne leçon, tiens, ce langage des signes propre au clan de l'Ombre devait bien leur être appris tôt ou tard. C'était une chance qu'il soit né dans la tribu qui se voulait discrète, il avait une excuse implacable pour forcer les autres à fermer leur grande gueule.

Un regard fut lancé à Orage, si les mômes ne savaient pas comment faire, c'était son taff de leur apprendre.

Plus son problème.

Pumpkin Recon Squad

- Salamandre, révei-!

La silhouette fantomatique de Crapaud se retrouva éclata dans un écran de fumée quand la silhouette imposante d’Étoile Feulante vint aborder le terrier des apprentis.

- Salamandre. Crocs. Patrouille. commença-t-il.

Et sa simple voix suffit à tirer Salamandre de sa torpeur et le poster au garde à vous tel un jouet à ressorts. Le corps répondant à l'appel mais la tête à la traine, le chaton bredouilla petit : - Euh, o-oui, oui. Tout de suite, chef ! groggy. Ses pattes avancèrent alors sans même qu'il ne s'en rendre compte et tel un chat revenu d'outre-tombe, l'apprenti se mit à suivre Étoile Feulante en dehors de son nid. Il fallut un petit temps de latence pour le jeune chat ne rattrape la cadence de son ainé et son cerveau s'éveilla juste assez pour que la silhouette translucide de Crapaud ne revienne à ses cotés. Ce dernier observa son frère avec une moue à la fois désolé et amusée.

- (...)-toi. Je voulais dire, réveille-toi.

- Merci, Salamandre leva ses yeux vert pomme au ciel. - Qu'est-ce que je ferais sans toi.

- Un plaisir! Le fantôme issue de son imagination dansa autour de lui jusqu'à qu'il ne rejoigne la queue du mastodonte. - A ton avis, qu'est-ce qu'on va faire aujourd'hui ?

- Tu l'as entendu, il a dit Patrouill-.

- L'ouvrez pas, Salamandre se tut dans un gasp! des plus navré, aspirant ses lèvres à l'intérieur de sa bouche jusqu'à qu'elles ne disparaissent. (...) sauf si c'nécessaire, on parle avec la queue. Le jeune hocha vigoureusement la tête, les yeux exorbités alors qu'à ses cotés, la tête dans ses épaules, Crapaud s'évanouit dans un pouf! L'avait-t-il entendu ? Pas bon, pas bon! La dernière chose qu'il voulait était bien que le chef incontesté de sa tribu ne le prenne pour un fou !

Nuage de Salamandre examina la posture et le menton de l'autre chat. A défaut de pouvoir le regarder droit dans les yeux, le chaton tremblant pouvait encore essayer de deviner qui accusait-t-il de son regard acéré alors qu'il lançait son ordre. Son courroux tomba sur Orage et bien qu'il tenta de le dissimuler, Salamandre ne put retenir un soupir de soulagement.

C'est comme il l'a rêvé. Se réveiller chaque matin en se demandant où son mentor gentil va l'emmener. Vivre des aventures, sortir du Camp, rencontrer d'autres chats et être un super-méga apprenti-zespion... Trop bien quoi!

Et puisque sa vie est maintenant d'aller de surprises en surprises, aujourd'hui ce n'est pas Zbouinbouin qui le tire de son sommeil mais la voix rauque de Feulement. Enfin, Étoile Feulante.

« Salamandre. Crocs. » Ses yeux ambres s'ouvrent brusquement à son nom, comme s'il était déjà réveillé. « Patrouille.
- OUAIS!! » qu'il rugit alors, réveillant sans remord le reste de la tanière.

L'idée de partir en trou-trouille* est déjà excitante à souhait; mais alors partir avec Étoile Feulante !! Bondissant hors de son nid, Nuage de Crocs envoie quelques brins de mousse sur ses camarades de tanière (qui regrettent sans doute de la partager avec un tel énergumène) sans même s'en rendre compte. Dynamique, vif et remonté à bloc par la perspective d'une nouvelle péripétie, le chaton noir s'extirpe de son terrier et se lance derrière son chef avec un enthousiasme palpable.

Il le rattrape plus loin, alors que le mâle charcoal rejoint le guerrier qui complète la patrouille du jour : Gros-Rage-Dort!!
Arrivant à hauteur des deux adultes, l'apprenti de Queue de Babouin leur dévoile son plus beau sourire. Comme il est content de partager sa prochaine aventure avec son oncle et son héro de toujours!!

Bientôt, c'est Nuage de Salamandre qui s'ajoute et reçoit à son tour l'accueil chaleureux du mâle sombre. Il aurait préféré passer du temps avec Nuage de Grenouille, mais son frère fera l'affaire ! Il le connaît depuis la pouponnière et ne prête même plus attention à ses bizarreries. Si Nuage de Salamandre a l'air de parler tout seul, Nuage de Crocs s'en fiche; c'est le frère de sa super-copine!!

« L'ouvrez pas sauf si c'nécessaire, » auquel le matou au poil hirsute hoche la tête frénétiquement. « on parle avec la queue.
- Okay!! » qu'il aboie pour acquiescer, sa queue en panache s'invitant à côté de sa face et remuant au rythme de celle-ci.

Animé par sa soif d'aventure, le gamin regarde alors sa propre queue d'un air suspicieux avant de lui intimer : « T'as compris?? Shhh!! » puis, coulant un regard complice à ses compagnons de trou-trouille, il pouffe un peu. « Ha-ha! »

Ça promet.

L'un jappait comme un roquet, l'autre marmonnait des secrets à l'air, à croire qu'Étoile Feulante avait attaché au bout de sa laisse les deux pires cas sociaux que la tanière des apprentis abritait entre ses épines. Il fatiguait d'avance, yeux montant aux cieux à l'excès de paroles que le petit mâle noir venait vomir à ses oreilles. L'azur se voilait de brume et de gris, sombres nuages venant voiler son bleu. Il ne pleuvait pas encore mais des fils d'argents venaient déjà déposer des perles sur le bout de son nez, de la bruine légère qui (il espérait) attendrait peu-être leur retour avant de se transformer en averse.

" Suivez et grouillez-vous... "

C'est qu'Orage d'Or lui ôtait les mots de la bouche, tant mieux, ça lui permettait d'économiser sa salive. Ses grosses pattes s'aplatirent contre la peau lisse de la terre boueuse qui pavait le chemin vers l'entrée du camp. Il s'y engouffra sans hâte, approchant son ventre du sol afin d'y serpenter sans laisser dans son passage la moitié de sa pelage accroché aux griffes végétales qui l'entouraient.

Dehors le crissement mouillé des aiguilles accueillit l'arrivée du groupe dans la grande pinède de leur territoire. Presque machinalement, puisqu'il connaissait ses terres comme ses dix griffes, le grand matou guida les siens au travers de la forêt. Tout autour d'eux les troncs s'étendaient jusqu'à disparaitre dans l'amas noir de leurs feuillages, labyrinthe d'écorce et de ronces.

Ci-et-là l'ancien chuchoteur s'accordait une halte, pour marquer une branche ou pour renifler les champignons de toutes formes qui pullulaient en ces temps automnaux. Il n'accordait que de rare regards au reste de son escouade, assumant que le guerrier tigré était bien assez capable pour surveiller les novices.

Alors c'était quelques longueurs de queue plus loin du trio qu'il avançait, alerte au monde autour de lui plutôt qu'au comportement de ses camarades. La terre se faisait de plus en plus meuble laissant place aux marécages bien silencieux à l'approche des temps froids, plus sec aussi, mais le gèle n'était pas assez prononcé pour empêcher leurs pattes de s'enfoncer dans la boue.

Elle était glaçante mais l'épaisse pelisse du balafré l'empêchait d'en souffrir.

La silhouette sombre du cèdre calciné croisa leur chemin, remplacé une poignée de minutes plus tard par le doux parfums des passiflores. Bientôt atteindraient-ils le chemin du tonnerre qu'ils devraient longer avant de rebrousser chemin.