Coccinelle, où est-tu? - ft. Nuage de Poulpe - abandon

La truffe au vent, la tête levée vers le soleil pour profiter au maximum des rayons un minimum chaleureux - fallait pas déconner, on était à la saison des feuilles tombantes. Je commençais à reprendre un peu espoir, disons que Nuage de Poulpe n'y était pas pour rien. Mon premier échec avec ma première apprentie, la mort d'Etoile d'Or, et celle de bon nombre d'entre nous... c'était compliqué, mais il fallait avance. J'étais un optimiste de nature après tout ! Ouais...

Enfin, aujourd'hui, nouvel entrainement pour Nuage de Poulpe. Il connaissait à présent le territoire dans les grande lignes, je lui avais fais faire plusieurs fois le tour déjà pour lui expliquer chaque recoin et ce qu'il renferme. Aujourd'hui, objectif récolte. Bon, par contre, j'aimais beaucoup mon apprenti, mais je crois que lui préférais dormir. Alors, comme de nombreux matin, j'allais en direction de la tanière des jeunes pour aller le réveiller. Bon, ça va, je n'étais pas un monstre, il pouvait dormir un peu plus que de coutume. En principe, il devrait me rejoindre de lui même. Je passais ma tête à l'entrée et du bout de la patte, je poussais le chaton.

"Pouuuuuulpe, debouuuut, c'est l'heuuuuure"

Je prenais une voix chantonnante pour ne pas le brusquer. Qu'est-ce que j'étais une bonne âme quand même.

"Rejoins-moi près de la rivière, entrainement aux plantes et hors du camp ce matin !"

J'espérais pour lui qu'il avait entendu ce que je lui avais dis. Ce serait dommage sinon. Enfin, je sortis du camp, me dirigeant vers le point de rendez-vous. L'eau qui coulaient me donnait juste envie de plonger dedans pour nager. C'était un instant tellement plaisant ! J'avais hâte d'apprendre à Poulpe à nager. Lors de mon entrainement de guerrier, c'était la partie que j'avais adoré, sauf lorsqu'on m'a expliqué comment nager rapidement pour rejoindre l'ennemi. J'aimais nager pour le plaisir de nager, j'aimais affronter le courant pour m'épuiser, j'aimais cette adrénaline, c'était une très bonne méthode pour se sentir vivre. Et j'aimais vivre. J'avais peur un jour d'aller trop loin, mais ça arrivera. Un jour je vivrais ma vie plus intensément que les autres jours, mais je la perdrais ensuite. Enfn, trève de pensée de vie, et concentrons-nous sur le présent, où je devais enseigner comment sauver des vies à un jeune chaton, qui un jours, prendra ma place.

J'entendais la petite voix de mon apprenti qui m'appelait au loin. Heureusement, pas de chasse, vu comment il avait parlé. Alors, de ma plus belle voix, je chantais au matou :

"Je suis lààààààààààààà"

Toujours en chanson, toujours dans la bonne humeur. Aaaaah les bon matins, l'énergie ambrasait mon corps entier, je ne demandais qu'à bouger, me dandiner au rythme de la nature. Des frissons passaient de ma queue à mes pattes tant cette journée s'annonçait belle et dansante. Je laissai Nuage de Poulpe me rejoindre au bord de la rivière. Petit cours, petite récolte, petit rangement de la récolte, et le petit serait tranquille après pour sa journée.

"Alors ! Nuage de Poulpe, à ton avis, pourquoi j'ai déplacé notre cours près de la rivière ce matin ?"

J'étais assis mais je ne tenais pas en place. Trop, beaucoup trop d'énergie. Et si je piquais une tête dans la rivière pour le mettre en situation ? Héhé... Un petit sourire malicieux se dessinait sur mon visage. Vent du Nord m'aurait probablement donné un coup de patte. Quand j'avais ce regard avec elle lors de ces cours... Je sortais une blague ou je faisais l'imbécile. En même temps, cet air ronchon à longueur de journée me donne juste envie de lui faire une petite rayure à ses babines. Par rayure j'entends un sourire, évidement. Je suis guérisseur, pas guerrier.

HRP:

"Huuuuum. La rivière c'est pour nager, les poissons ou encore les cailloux qui roulent ? Alors je ne sais pas vraiment ce que l'on fait ici chef !"


J'ai bien envie de faire ronron devant un gros poisson, mais l'heure n'était pas à la chasse, non, c'était l'heure de faire comme nos petites proies à écailles. La malice faisant partie intégrante de mon être, je m'imaginais lui dire "C'est ça la leçon !" et le pousser à l'eau. Saule. Calme-toi, il ne sait pas nager. Héhé... Je suis bête quand même. Alors en me tenant bien droit, et en roulant les épaules pour avoir une posture convenable, je redressai le menton et fermai les yeux.


"Hé bien mon cher apprenti, Nuage de Poulpe, près d'une rivière, nous apprenons à nager."


Et soudain, en baissant la tête pour le regarder droit dans les yeux, avec une lueur presque maléfique, je lui dis de mon plus beau sourire fourbe.


"Es-tu prêt à nager Nuage de Poulpe?"


Et sans plus attendre, je me jetais à l'eau en veillant à éclabousser l'apprenti. Non, je n'étais pas dingue au point de le pousser, par contre, l'arroser ce n'était pas interdit. Après avoir remonté la tête au-dessus de l'eau - l'idée n'était pas de se noyer non plus - je me mis à nager tranquillement contre le courant pour montrer à Nuage de Poulpe - Poulpy c'est plus court et mignon, vous en pensez quoi? Ici, le courant n'était pas fort du tout, et en plus de cela, si je le voulais, je touchais le sol.


"Regarde ce que je fais. Nager, c'est la raison d'être de notre nation ! Bon, j'abuse, ok. En-tout-cas, c'est ce qui nous est propre au clan de la rivière, et tous doivent apprendre à nager et à se mouiller les pattes. Tu verras, c'est facile et super agréable, surtout en temps de grosses chaleurs."


Je sortis finalement de l'eau. En toute évidence, je secouai mon poil trempé à côté de l'apprenti. Hé oh, j'ai le droit de faire ça, pas de jugement, je vous vois. Et puis ça l'habitue à l'eau. Comment mêler l'utile à l'agréable ? Hé, malin la bête.


"Alors, tu as vu ce que je faisais ? Tu pourrais m'expliquer ?"