Tu fais quoi là ? [Feat Nuage Mordant] - abandon

Plus les jours passaient et plus je m'ennuyais. La pouponnière était presque vide depuis que les quatre rejetons d’Étoile Déchirée sont devenus apprentis. Seul Nuage de Poulpe ne me manquait pas, lui, il puait les fleurs pas fraîches !

Puis... ils ont de la chance eux, ils peuvent apprendre à chasser et à se battre. Maintenant, moi je n'ai plus personne à la pouponnière pour élaborer des plans machiavéliques, c'est nul.

Tiens, mon regard se dirigeait vers le tas de gibier où se trouvait ma copine, Nuage Mordant. Je me dirigeais gaiement vers elle, j'espérais qu'elle m'apprenne une attaque ou deux histoire de me divertir. En plus, elle semblait finir son repas alors on allait pouvoir commencer tout de suite !

— Salut toi, t'as passé une bonne matinée ? Dis...

Nuage Mordant venait tout juste de se resservir. Sous les yeux ébahis de Petite Myrtille, elle entama son deuxième poisson. Une grosse carpe en plus !

— Attends, mais tu fais quoi là ?

Ce n'est pas possible d'avoir un comportement pareil ? Elle n'a pas le droit de priver les autres apprentis, ce n'est pas possible ! Les autres aussi ont besoin de force pour apprendre à se battre, ce n'est pas juste. Ce n'est pas parce que sa mère est cheffe qu'elle doit se croire tout permis, non là vraiment, c'est trop.

Je lui prenais le poisson sous son nez - sans pression - pour aller le reposer sur le tas de gibier. Bon, il avait un croc ou deux de moins, mais c'était toujours ça de pris... J'entends déjà ses grands bruits de pas nonchalants derrière moi...

Le programme de la matinée, ça avait été le combat. Beaucoup de combats. Elle avait encore beaucoup à apprendre et était bien loin d’égaler le niveau de Gueule de Glouton, le mentor qu’elle admirait tant. Mais elle travaillait dur pour y arriver, à n’en point douter. Aussi, quand la fin de l’entraînement avait sonné, la novice avait été rassurée. En plus, elle avait l’estomac dans les coussinets. Elle avait hâte de pouvoir manger.

De retour au camp, elle avait demandé la permission pour manger parce qu’elle avait terriblement faim. Son ventre avait gargouillé au même moment, pour la rendre bien plus convaincante. Après avoir obtenue gain de cause, Nuage Mordant alla choisir une truite sur le tas de gibier et s’installa seule pour manger. Sa fratrie devrait encore être à l’entraînement, alors, elle serait seule pour manger.

Son poisson fini, la novice se léchait les pattes, pour récupérer toutes les miettes de poisson. Mais quand même, elle avait encore un peu faim. Un peu déconfite, elle releva la tête pour regarder autour d’elle. Personne ne la regardait. Elle regarda en direction de son mentor, il venait de s’installer avec un poisson pour manger. Probablement son deuxième. Encouragée, la femelle se leva et vive comme une anguille s’approcha du tas de gibier. Elle prit une grosse carpe qui visiblement n’attendait qu’elle et partie se rassoir. Ni vue, ni connue.

— Attends, mais tu fais quoi là ?

Petite Myrtille l’avait vue, elle. Et la chatonne lui prit son poisson, sous l’œil offusqué de la chatte bleue, et repartie avec. D’abord interdite par tant d’audace, l’apprentie finit cependant par se lever. Si son mentor avait le droit de manger deux poissons, alors, elle aussi, non ? En plus, il avait dit qu’elle avait bien travaillé, ce matin.

La démarche lourde, Nuage Mordant suivit Petite Myrtille, une grimace agacée sur le visage.

- Rends. Moi. Mon. Poisson.

La novice se mit à courir jusqu’à dépasser Petite Myrtille et lui barrer la route.

- Tout de suite. Tu fais rien de tes journées, tu sais pas ce que c’est que d’avoir faim.

Il y avait visiblement une chose plus sacrée que la crasse pour Morsure : la nourriture. La novice habituellement si enjouée n’appréciait pas de se faire piquer son repas par un chaton. Elle avait le regard noir.

Je venais tout juste de déposer ce gros poisson là où était sa place que la grande féline bleue se tenait déjà devant moi, très en colère. Son regard était noir de rage, la nourriture devait être la chose la plus sacrée pour elle mais... ce n'était pas une raison pour priver quelqu'un.

— Rends. Moi. Mon. Poisson. Tout de suite. Tu fais rien de tes journées, tu sais pas ce que c’est que d’avoir faim.

Bon ok, je passe la plupart de mon temps dans la pouponnière tandis que tous les apprentis apprennent à chasser et à se battre. Mais ce n'est pas de ma faute si je n'ai pas encore assez de lunes, si ? Moi je voudrais bien y aller dès maintenant ! D'ailleurs, c'est bientôt mon baptême et ça fait super longtemps que je me nourris de proie moi aussi !

— Peut être que je ressens moins la faim que toi, c'est vrai, mais n'empêche qu'en te resservant, tu prives un autre apprenti qui s'est entraîné aussi durement que toi !

Je suis moins dans la provocation qu'habituellement parce que Morsure est mon amie, j'essaye de la raisonner du mieux que je le puisse mais ça n'a pas l'air gagné. C'est vrai que je me prends souvent pour une cheffe mais en lui retirer son poisson ne m'avait pas procurer se plaisir - même si ça aurait pu être le cas. J'étais juste prise d'un sentiment d'injustice que je ne tolérais pas.

— Comment ca se fait que tu te permettes ce genre de chose ? Ton mentor ne t'a pas expliqué qu'on ne devait pas manger plus que ce dont on avait vraiment besoin ?

Mon apprentissage n'avait pas commencé mais cela ne veut pas dire que je ne sais pas me servir de mes yeux. Tous les chats, absolument tous, ne se servent qu'une seule fois. Il y avait une bonne raison à tout ça non ?

Les arguments qu’avançaient Myrtille étaient tout à fait louable, Morsure le savait bien. Elle le ressentait bien aussi. Mais, parce qu’il y en avait un, la novice bleu avait réponse à beaucoup de chose. Elle n’avait pas une tête aussi bien faite que ses frères ou sa sœur, mais elle compensait par son imagination à toute épreuve.

- C’est pas comme si on était en période de famine. Je me ressert parce qu’on peut se permettre ! Et tu saura que Glouglou, c’est le premier à se resservir ! C’est même lui qui m’a dit que j’ai le droit ! Alors redonne-moi mon poisson ! Sinon, tu vas prendre la raclée de ta vie !

La novice se montrait rarement aussi menaçante envers ses camarades ou ses amis, mais, elle trouvait vraiment que la chatonne avait été trop loin dans ses gestes. Gonflant le poil, Nuage Mordant montra les crocs. Mais comme la petite semblait camper sur ses positions, la femelle bleue la poussant d’un grand coup d’épaule pour s’approcher du tas de gibier et reprendre sa grosse carpe. Carpe qu’elle essaya de ramener dans son coin tranquille de manger.

Je ne le savais pas encore, mais je devais faire une rectification dans mes propos. Je me disais bien que tous les chats ne se nourrissaient que d'une seule proie... à l'exception de Gueule de Glouton et de Nuage Mordant, c'est ce qu'elle ne manquait pas de me faire savoir en tout cas :

— C’est pas comme si on était en période de famine. Je me ressert parce qu’on peut se permettre ! Et tu saura que Glouglou, c’est le premier à se resservir ! C’est même lui qui m’a dit que j’ai le droit ! Alors redonne-moi mon poisson ! Sinon, tu vas prendre la raclée de ta vie !

Parce que le vieux lieutenant galeux se servait deux fois, son apprentie - et fille de meneuse - pouvait le faire aussi ? Comme s'ils étaient supérieurs aux autres, tiens. Je ne sais pas ce qu’Étoile Déchirée penserait de tout ça, peut être valait-il mieux que je lui en touche un mot ou deux en tant que bonne-chatonne-guerrière-alpha.

Elle se comporte comme une apprentie ingrate, elle n'avait pas plus de droits que moi même si elle était un poil plus âgée. Nuage Mordant gonflait son poil, ce qui hérissait le mien en retour, je n'allais pas changer de position, ça c'est sûr. Elle devait l'avoir compris puisqu'elle me bouscula violemment pour récupérer son deuxième repas avant de s'installer sans scrupules un peu plus loin. Je l'a suivais furieusement, pas question qu'elle s'en tire comme ça.

— Ce n'est pas une question de famine mais d'habitude. Si Gueule de Glouton mange deux fois, c'est parce qu'il est bête et je ne suis pas sûre que ta mère accepterait tout ça. D'ailleurs, pourquoi elle ne se sert pas deux fois, elle, à ton avis ?

Je crachais mes mots en la toisant du regard avant de reprendre :

— Donc maintenant tu me rends ce poisson.

Sans lui laisser le temps de protester, je lui arrache le poisson des crocs - une nouvelle et dernière fois - pour l'apporter là où il doit rester.

— Et n'essaye pas de le récupérer, parce que tu n'en as pas besoin !

Je me tenais sur mes gardes parce que je savais qu'elle n'allait pas accepter la situation et digérer tranquillement dans soin coin comme elle devrait le faire normalement.

L’argumentaire semblait ramer. Nuage Mordant ne comptait pas revenir sur sa décision, et Petite Myrtille non plus. L’apprentie se gratta l’oreille devant les arguments de la petite femelle et bailla d’ennuie. Rien de convaincant. La petite ne côtoyait pas le lieutenant, elle pouvait donc pas connaître son génie. Quant à sa mère :

- Peut-être que si une petite vipère arrêtait de piquer le repas des autres, ma Maman pourrait manger plus et gagner encore plus en muscle. Rends-moi ce poisson. Dernier avertissement.

La femelle tacheté de bleu l’ignora et repris encore une fois son poisson. C’était une fois de trop. Les babines retroussées, le pelage hérissé, la femelle bleue bondit sur sa camarade, toute griffe dehors. Elle lui sauta sur le dos, de tout son poids

- Ne touche plus à mon poisson ou tu seras le premier chat volant !

Lui écrasant la face contre terre, Morsure appuyait de tout son poids sur le chaton. Elle était pas joviale du tout, en cet instant. Bien loin de la Morsure enjouée habituelle. La nourriture, et surtout la sienne, c’était sacré.

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'Attaque - Clan' :

Nuage Mordant lui miaulait d'un air mauvais :

— Peut-être que si une petite vipère arrêtait de piquer le repas des autres, ma Maman pourrait manger plus et gagner encore plus en muscle. Rends-moi ce poisson. Dernier avertissement.

— Tu plaisantes j'espère ?

J'essayais de reprendre mes esprits : Nuage Mordant ne pouvait pas penser ce qu'elle venait de dire, c'était pas possible. Elle est sûrement aussi fière que moi et ne veut tout simplement pas admettre son erreur, je ne vois pas d'autres possibilités...

— Celle de nous deux qui pique le repas des autres, ce n'est pas moi. Tu peux appeler ta maman si tu veux, je suis sûre qu'elle sera d'accord avec moi de toute façon !

Comment faire entendre raison à la fille de la cheffe ? Quant à moi, chatonne guerrière, je respecterai toujours le Code du Guerrier et s'il le faut, je le ferai respecter aux autres !

— Ne touche plus à mon poisson ou tu seras le premier chat volant !

La grosse bleue me sauta dessus, si bien que j'en lâchais un hoquet de surprise. Elle essayait de m'écraser en s'appuyant sur moi de tout son poids et par réflexe, je l'éjectais avec mes pattes arrières.

Maintenant que j'étais presque apprentie, je faisais à peu près la même taille qu'elle alors c'était un peu plus simple de lui faire face que lorsque nous étions chatonnes. Je me redressais aussitôt, observant le poisson à terre, à mes côtés avant de la toiser du regard pour lui miauler :

— Qu'est ce que tu dirais d'un poisson volant, à la place ?

J'envoyais le poisson voler jusqu'au tas de gibier. A ce moment là j'étais étonnée d'avoir réussi un si bon coup : une punchline accompagnée d'une action extraordinaire. On pouvait voir la silhouette du poisson dans les prunelles de Nuage Mordant, la pauvre...

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'Parade - Clan' :