Terreurs nocturnes | Ft. Coeur Brisé - end

Terreurs nocturnes
Feat. ◊ Cœur Brisé

Ses yeux s'ouvrirent avec terreur alors qu'un cri muet refusa de sortir de sa gorge. Son souffle agité semblait avoir bien du mal à retrouver un rythme plus tranquille. Au moins tout autant que son coeur qui battait avec force dans sa cage thoracique. Son sursaut violent avait agité le sommeil de Sourire de Lièvre qui était couchée tout contre elle. C'était son tour de lui tenir compagnie cette nuit. En voyant le rythme tranquille et apaisé de la respiration endormie de sa sœur de lait, cela l'aida à se calmer à son tour. Inspirer. Expirer. Prenant modèle sur la rêveuse. Ses yeux retrouvèrent un éclat légèrement plus serein. Pour autant, toute volonté de chercher de nouveau le sommeil l'avait totalement abandonnée.

Elle se dégagea ainsi tout en douceur de sa couche de mousse, se redressant en position assise, couvant un regard attendri pour Sourire de Lièvre encore profondément endormie. Elle ne sera probablement jamais assez reconnaissantes envers ses trois soeurs pour cette décision prise en secret dès la première nuit ayant suivit leur baptême de guerrière. Un dernier coup d'oeil sur la jeune guerrière, et voilà Nuage d'Ambre qui s'éloigne en toute discrétion de son nid. Un soupir franchit la barrière de ses babines alors qu'elle frissonne encore en revoyant les images si réaliste de son terrible rêve. Elle croit encore pouvoir sentir se refermer sur elle les crocs du renard. Celui là même qui l'avait attaqué aux Rochers, sauf que cette fois-ci, il ne s'était pas contenté de la blesser superficiellement, mais c'était bien sur sa gorge que sa mâchoire monstrueuse claquait alors qu'au moment où elle quittait la terre pour les étoiles, elle se réveillait.

Ce rêve n'était pas le premier qu'elle faisait. A vrai dire, elle en faisait même bien souvent. Trop souvent. Mais ils s'étaient fait encore plus présent maintenant que ses soeurs étaient guerrières. Que l'accident et son retard avaient pris plus de place, plus de force. Que tout semblait encore plus réel. Comme un rappel constant de son incompétence. La clairière de nuit avait ce quelque chose de fascinant. Silencieuse, vide, calme. Loin de l'agitation qui fourmillait lorsque le soleil était haut dans le ciel. La patrouille nocturne était probablement déjà partie, la novice ne savait pas vraiment où elle en était. Peut être rentreraient-ils bientôt, ou bien était-il parti il y a peu de temps ? Tout est tellement plus compliqué la nuit.. Le temps semble plus insaisissable encore qu'en pleine journée.

Ayant pourtant choisie de quitter le confort de sa couchette et la présence réconfortante de Sourire, la femelle charcoal se sentie soudain oppressée par cette solitude. Les ombres semblaient l'entourer, l'engloutir alors que l'angoisse prenait une nouvelle fois possession de son cœur, le serrant douloureusement. Son souffle redevint rapide et douloureux alors qu'elle avait l'impression de suffoquer.

Tout est plus compliqué la nuit. Le temps. La noirceur. La solitude. Les doutes. Et l'angoisse. La panique. La peur. Plus de masque joyeux. Plus de sourires. Plus de rires.

Terreurs nocturnes.

Le silence, le calme, et plus que tout, le firmament au dessus de sa tête, juste là, entre les feuilles éparses des branches sur lesquels il aimait à se jucher. C'est là haut qu'il était le mieux, au plus près de cette chimère fantasme qu'il avait dans le cœur, dans le crane, et dont le sang coulait dans ses veines. Le sommeil ? Brisé n'avait jamais été un gros dormeur où plutôt, il était doué pour s'autoriser de petit repos çà et là, se juchant dans les hauteurs, ses pattes arrières pendant alors dans le vide tendis qu'il fermait les yeux quelques temps, plongeant dans un sommeil suffisamment réparateur pour ensuite paraître ne pas avoir besoin de réellement dormir autant que les autres. Et cette nuit, il était assis au centre du camp, à observer la voute, à imaginer feue sa mère qui l'observait, lui et le reste de sa fratrie, lui et tout ce clan qu'elle avait chérie de son vivant. Cette famille géante et tellement dysfonctionnelle. Avait elle réellement aimer chaque membre du clan comme un de ses propres enfants ? Comme un membre proche, un frère, où ... Il fini par bouger, il avait besoin de se soulager ...

C'est un mouvement qui arrêta le félin alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la clairière, là, tapis entre les fougères, il observa la novice qui quittait son antre, la suivant du regard, pupilles grises passant inaperçu tant qu'un éclat de lune ne viendrait les rencontrer. Il se figea, prédateur observant sa proie. Puis il avança doucement un avant, sans un bruit, quittant sa cache pour avancer, son ventre frôlant à peine l'herbe en dessous. Et d'un bond, il fut devant elle, aussi discret sans nul doute qu'une avalanche de roche à présent.

- Alors comme ça on ne dors pas ?

Mais il ronronnait, enfin, cela cessa bien vite cependant alors que son expression joyeuse se muait en celle d'un chaton venant de commettre une énorme bêtise ...

Terreurs nocturnes
Feat. ◊ Cœur Brisé

Enfermée dans ce tourbillon de mauvaises ondes, elle semblait totalement absente. Les images encore trop fraiches de son récent cauchemar tourmentant encore son esprit traumatisé, elle s'était parfaitement enfermée dans une sphère où plus rien d'autres qu'elle et ses peurs n'existaient. Si bien que l'arrivée inattendue et brusque d'une autre personne l'en arracha avec force, la faisant sursauter brusquement et d'un bond, elle s'était éloignée et recroquevillée sur elle-même, sa fourrure charcoal hérissée et ses yeux luisant de peur.

Il lui fallait une poignée de longues secondes avant de réaliser que ce n'était pas l'un des monstres de ces rêves agités mais seulement un guerrier du clan. Et plus que cela, c'était Coeur Brisé qui, avec sa délicatesse naturelle l'avait approché en déboulant de nulle part et en ronronnant. Pour autant, il avait rapidement eut l'air de comprendre la situation puisque ses ronrons s'étaient tus et que son air joyeux habituel avait comme fondu. « Toi non plus. » Avait d'abord lâché Nuage d'Ambre, sur la défensive. Le coeur battant encore trop fort à ses tempes.

Finalement, elle avait soupiré. Sa respiration qui s'était accélérée après la frayeur que lui avait causée l'arrivée de son oncle, se superposant malgré lui à l'image d'un monstre de feu, s'était enfin légèrement apaisée alors qu'elle se rendait compte qu'il n'y avait en réalité aucun danger. Alors elle avait avoué piteusement, plus doucement, moins agressive également, ce qui rongeait ses pensées et ses nuits. « Je fais des cauchemars... »

Terreurs nocturnes.

Elle n'allait pas bien, s'était évident, non seulement à son bond - quoi que logique vu comme il lui était arriver devant - mais surtout à son expression. Et puis sa voix, son intonation, oui, même les quelques mots lui paraissait comme, une réprimande ? Plus qu'une simple constatation, ça s'était sur. Alors il était rester là, les oreilles sur le crâne, sa queue revenant contre son flanc, presque sous son ventre, replié sur lui-même mais le regard plus triste que peureux. Et puis, Ambre avait poussé un soupir, l'autorisant à redresser légèrement les oreilles, à ce que ses moustaches plongent toutes vers l'avant, vers elle, à réduire à nouveaux ses pupilles en fente - autant que l'obscurité le lui permettait - pour l'observer avec curiosité. Et quand elle lâcha finalement le pourquoi du "je ne dors pas", il se redressa tout à fait.

- Oooohhhhh ...

Il souffla, se releva et s'avança vers elle, la dominant un instant, avant de tendre son cou pour lui lécher les oreilles, le haut du crâne, tout doucement, s'enroulant autour d'elle tel un mur protecteur. Sa queue s'enroulant à l'opposer, lui bloquant d'une certaine façon toute possible fuite d'un côté où de l'autre mais la protégeant tout autant de la nuit, de l'air frais et qui sait, des cauchemars aussi ? Il continua ainsi ses coups de langues rassurant - du moins il espérait qu'ils l'étaient - avant de murmurer de la façon la plus douce dont il pouvait être capable.

- Et ... Tu te sens d'en parler ?

Il ne la forçait pas, il n'en avait aucunement l'intention, à la place, il venait de reprendre doucement la toilette de sa nièce, et si elle souhaitait s'isoler avec lui pour en parler, il savait déjà où il la guiderait. Mais pour l'heure, Cœur Brisé affichait ce visage que peu lui connaissait. Celui du sérieux, accordant toute son attention à Nuage d'Ambre. Il guettait la moindre de ses réactions prêt à s'écarter d'elle où au contraire, de coller plus encore à son poil. Et en cet instant, un regard extérieur aurait pu le voir sans mal, que la novice avait tout pouvoir sur le matou, lequel était déterminé à la protéger.

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Feat. ◊ Cœur Brisé

Nuage d'Ambre avait pu suivre l'évolution de l'attitude de son oncle. Ses oreilles plaquées contre son crâne, cet air digne d'un bambin qui aurait fait une bêtise... Peut-être était-ce ce visage si coupable qui l'avait aidé à reprendre pied avec la réalité. Qui lui avait fait voir que ce n'était pas ce monstre qui hantait ses nuits. Mais bien un être bienveillant. Il n'y était pour rien. Il n'avait pas mérité la froideur et l'agressivité de son ton. Et la culpabilité n'avait pas tardé à faire son apparition, enserrant son coeur dans un étau douloureux.

Alors elle avait soufflé la raison de son insomnie. Comme une enfant honteuse qui se réveille à cause d'un mauvais rêve. Mais... n'était-ce pas une façon de résumer parfaitement la situation après tout ? Ces rêves semblaient toujours si réels, à tel point qu'elle avait l'impression de retrouver cette même terreur, cette même douleur qui l'avaient transpercée ce triste jour. Des réveils brutaux qui la laissait toujours pantelante, ayant du mal à sortir de ces illusions monstrueuses. Nuit après nuit, elle se faisait dévorer par son propre esprit.

La réaction de Cœur Brisé ne s'était pas faite attendre. S'avançant vers elle, la surplombant de toute sa hauteur, il l'avait finalement enserré dans une forte étreinte dans laquelle, d'abord tendue, l'apprentie charcoal ne tarda pas à se laisser fondre, enroulant à son tour sa queue autour du guerrier en un geste prouvant son besoin de ce contact. Prouvant à quel point elle ne voulait plus être seule, qu'elle ne voulait pas qu'il la laisse. Des coups de langues rassurants pleuvaient sur elle. Il ne se stoppa que pour lui poser une simple question. Et intérieurement, elle le remercia pour cette dernière. Il lui laissait le choix. Avec douceur et compréhension, il lui indiquait qu'elle pouvait ou choisir de rester silencieuse ou bien lui livrer ce qu'il lui pesait.

En quelques mots, il lui prêtait une oreille attentive ou bien simplement une présence réconfortante. Nuage d'Ambre soupira doucement, fermant ses yeux ambrés comme pour couper sa présence dans la réalité. Honteuse ? Elle l'était probablement. Mais finalement, comme à une enfant qui se sentait invisible dès lors que son regard ne pouvait plus rien observer, elle consentit à prononcer quelques mots de plus : « Je le revois toujours tu sais.. Ce jour là. L'accident. » Elle sent ses yeux dangereusement s'humidifier, alors elle fait une pause, la respiration devenue tremblante. « Et le renard. » Sa voix s'était douloureusement brisée à la mention du monstre qui la hantait tant.

Et elle avait l'affreuse impression de le revoir encore et encore. Toujours quelque part. Son odeur fétide. Sa couleur flamboyante. Ses crocs qui se refermaient sur elle. Le danger et la peur. Le sang. Les cris. La terrible sensation de se retrouver dans un face à face avec sa propre mort.

Terreurs nocturnes.

Cœur Brisé ne bougerait pas, pas tant que Nuage d'Ambre l'enserrait en retour. Pas tant que sa famille avait besoin de lui. Et quand bien même Ambre n'aurait pas eu du sang de son paternel à lui, il aurait été là. Car être là pour ceux qui en avaient besoin était non pas un droit mais un devoir. Les chatons étaient sacrés et n'importe quel chat de n'importe quel clan se devaient de protéger ces boules d'innocence. Certes, Ambre n'était plus un chaton. Mais Brisé avaient compris qu'un chaton ne reste pas chaton alors pourquoi, devenu grand, ne devait on plus protéger ceux qui en avaient besoin ? Les clans étaient ils réellement une frontière à l'entraide qui apparaissait dès qu'on avaient six foutus lunes ? Les règles, les lois, il avait appris à s'en défaire, au contraire de sa sœur, Arc-en-Ciel qui respectait ce foutu code, lui n'en entendait que ce qu'il voulait en entendre. Peut-être le fait d'avoir perdus sa mère alors qu'il n'avait que quelques jours, pas même l'ombre d'un souvenir d'elle l'avait il effectivement marqué au fer rouge. Oui, sans doute son esprit chimérant cette Secret du Firmament douce, aimante, parfaite, défenseuse de tous par son rôle de guérisseuse ... Oui, tout ça avait fait ce qu'il était aujourd'hui. Un être qui refusait de s'éloigner de ceux qui avaient besoin d'aide, et s'il se blessait dans la manœuvre ? Il encaissait. Sa propre douleur n'était rien, au contraire, il l'accueillait si s'était pour protéger les autres, même si les autres étaient ceux qui le détruisait. Il en était responsable, oui, pour Coeur Brisé, sa venu au monde, son décès à elle, abrupte, tout ça était finalement sa faute. Il voulait porter le poids du monde, parce que cette douleur sourde qui ne le quittait jamais, s'était ce qui le faisait se sentir vivant. Ce qui le rapprochait d'Elle. Alors il continua ses coups de langue sur le corps de Nuage d'Ambre, pour être son bouclier à elle tant qu'elle en avait le besoin.

Et les mots, voilà qui lui fit dresser attentivement l'oreille. Parce qu'en écoutant Ambre, il s'imaginait ce que sa mère aurait pu ressentir si elle était revenue en vie ce jour là. Firmament aurait elle vu les chiens nuits après nuit ? Et même de là haut, les voyait elle encore ? Il ne savait d'Elle et de ce jour là que ce qu'on avait bien voulu lui dire certes, mais certains ne s'étaient pas gêner pour décrire le corps de sa défunte mère tel qu'ils s'en rappelaient une fois ... Il lécha tendrement la tête d'Ambre. Je crois que ... C'est normal ... Lui n'avait jamais vécu de drame dont il puisse se souvenir, le sien, il était gravé dans son cœur, mais seul son imagination lui donnait forme. Mais ça n'en faisait pas moins mal et s'il était incapable de ressentir vraiment ce que sa nièce devait, elle, affrontée, il n'en était pas moins là, à miauler doucement dans la nuit. Je crois bien que, tu vivras toujours avec. Comme je vivrais toujours avec l'absence de ma mère ... Et tu sais quoi, ça ne t'empêchera pas d'avancer. Parce que tu n'es pas seule. Non, elle ne le serait jamais. Mais avait il quelque chose à ajouter à ça ? Il souffla doucement avant de miauler de nouveau.

- J'ai grandi dans son absence, et dans les reproches qu'on a pu faire. J'ai grandi en sachant que quelques part, ma naissance était la raison de sa mort. A Secret du Firmament. Mais j'ai grandi quand même et ... Ce qui me faisait mal, ce qui me faisait peur, je crois bien que ... C'est devenu ma force.

Il n'avait jamais osé mettre ces mots sur ce ressenti là. Lui qui était toujours dans la démesure émotionnelle, voilà seulement que pour une fois, il disait simplement ce qu'il en était. Il cessait de se cacher derrière un sourire, du bruit, pour avouer simplement que l'absence de celle qui lui avait donner vie, donner son nom, était en dedans un feu qui le consumait, le brisait, et pourtant, le maintenait en un tout.

Terreurs nocturnes
Feat. ◊ Cœur Brisé

Fortement serré contre son oncle, Nuage d'Ambre avait l'impression qu'elle pourrait y rester durant des heures. La famille avait toujours eut une place importante pour elle. Peut-être était-ce parce que ses soeurs et elle avaient toujours formées qu'une seule entité. La famille avait cette place importante que rien ne pourrait jamais remplacer. Ni les guerres, ni le code, ni les lois ne pourraient changer cela. Parce qu'elle pourrait toujours compter sur eux. Et cette nuit douloureuse en était comme une preuve ultime.

Les signes d'affections, le ton doux de Coeur Brisé avaient cette force qui permettait d'apaiser ses craintes. De faire s'envoler les mauvais esprits qui hantaient ses nuits, qui hantaient sa vie. Ainsi fondue, enlacée dans cette étreinte ferme et douce à la fois, le monstre de feu se faisait moins ardent. Parce que le guerrier comprenait. Et plus que tout, il était là. Et il ne lui mentait pas. Il ne lui disait pas que cela passerait. Que ce n'était rien. Et peut-être était-ce là ce que la novice avait besoin d'entendre. Que ce n'était pas rien justement.

Alors que le mâle reprenait, évoquant ses propres douleurs, Nuage d'Ambre l'écoutait, silencieuse, attentive. Ce n'était pas la même chose, pas les mêmes blessures, et pourtant, elles avaient en commun ce fait de ne pas être totalement visible. Qu'importait que leur coeur souffrent et saignent, leur corps étaient intactes et ne présentaient plus aucune blessures ouvertes. « C'est injuste... » S'échappant de ses lèvres, son souffle semblait contenir cette plainte et cette tristesse qui lui serrait le coeur. Le monde était injuste. La vie était injuste. Le code était injuste. Coeur Brisé était le fruit d'un amour. Qui avait le droit de juger ce dernier ? Visiblement, tout le monde. Les étoiles comme les clans. En quoi aimer était un si grand crime ? Et pourtant, tant d'histoires, tant de fautes, tant d'horreurs comme pourraient le qualifier bien des chats de la forêt avaient lieu en ce simple nom d'Amour.

Et Nuage d'Ambre trouvait cela injuste. L'amour ne devrait pas être puni. Pas plus que la culpabilité ne devait être porté par le fruit de ce dernier. La femelle charcoal soupira doucement. « Tu crois vraiment que ca me rendra plus forte... ? Je veux dire.. les renards. » Elle laissa son regard ambré se perdre dans le vide du camp sombre. « J'ai l'impression qu'ils peuvent être partout... A chaque coin d'ombre, derrière chaque arbre. Qu'à tout moment ils pourraient revenir et.... terminer ce qu'ils ont commencé. » A mesure qu'elle se confessait, sa voix avait doucement baissé pour venir se finir dans un murmure douloureux. Chaque sortie lui faisait peur. Elle sursautait au moindre bruit... Comment cela pourrait réellement devenir sa force...?

Terreurs nocturnes.

La plainte de sa nièce lui fit doucement soupirer en retour. A qui le dit tu, aurait il pu lui répondre. Mais à quoi bon ? Voilà des mots qui n'aurait rien changer alors à la place, il préféra enfoncer un instant son museau dans la fourrure en réponse, y puisant lui-même un peu de réconfort face à cette réflexion qu'il se faisait depuis longtemps lui aussi. Oui, il était injuste de vivre sans sa mère, injuste qu'on lui reproche à lui ce que ses parents avaient faits. Injuste aussi que certains de leur camarade meurent si jeunes et injuste que ... Des injustices, il y en avait tellement qu'il préférait fermer les yeux pour tenter de se concentrer sur le reste. Parce que s'il cherchait en lui-même, alors le monde sombrait et ne valait plus la peine. Oui, s'il y regardait bien, sans se voiler la face, alors il perdait patte. Or sa famille, son clan avait besoin de lui. Et quelque part, en agissant parfois bêtement, spontanément en laissant ses joies, ses frustrations éclater sur le moment et bien, il se sentait alors entier. Et puis, ça l'empêchait de penser.

Finalement, Ambre le questionna et il ferma les yeux, à la recherche en lui-même de la réponse. Illusion où force réel ? Un instant, il n'était plus aussi sur de lui, et puis, déjà elle miaulait de plus belle et il rouvrit les yeux pour l'observer, souriant tristement.

- Je peux pas te promettre que plus jamais tu en verras tu sais mais ... Mais le clan vit ici depuis bien longtemps, parfois il y a une attaque oui. Pour autant, faute à pas de chance, s'était toi. Mais c'est comme ... Et bien comme les chats qui vont sur le chemin du tonnerre et survivent aux monstres où ... Ah il se serait bien coller la patte sur la face. Il se sentait crétin, au lieu de ça, il baissa la tête, sachant pertinemment qu'il ne trouvait pas les mots qu'il aurait voulu.

- Ca sera pas facile tu sais. C'est jamais facile, mais tu n'es pas seule. Et tu sais quoi, chaque fois que ça n'ira pas, il suffira que tu me fasses signes et je serai là pour te montrer que tout vas bien. Tu me crois ?

S'était tout ce qu'il pouvait faire. Essayer de la rassurer. Parce que comme lui-même avait choisi que croire, comme lui-même s'était fait son image de Firmament, aussi parfaite fut elle en rapport de la complexité d'un individu réel, de ce qu'elle était vraiment, version biaisé que lui avait, et bien Ambre finirait par se reprendre, croire en elle-même non ? Il ajouta doucement, fort de ce qu'il pensait en cet instant.

- Une fois un ancien m'a dit qu'on oubliait jamais un camarade perdu, bha je crois que là c'est un peu pareil. Ca sera toujours là mais, comme pour un camarade perdu, à force, ça fait moins mal. Le souvenir reste mais on avance malgré tout. Et en cet instant, il songea à Rossignol. Il y aurait bien eu des choses qu'il aurait voulu partagée avec son amie mais voilà, elle n'était plus là et même si pendant longtemps, il avait scruter un nid vide, il s'était rappeler la chatte par sa dispute avec Ciel, par l'espèce de sagesse qu'il voyait en elle. Et bien maintenant, elle n'était plus là qu'en arrière plan. Il vivait elle non. A ça il n'y pouvait plus rien alors de temps en temps, il se souvenait juste de la chatte, vaguement, et puis, il partait chasser, partager un repas où, n'importe quoi. Il s'occupait. Déborder d'énergie où en donner l'illusion, s'était mieux que de faire comme certains, à faire la tête, à rester prostrée non ?

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Feat. ◊ Cœur Brisé

Le simple soupir de Coeur Brisé était à lui tout seul chargé de sens. Effectivement c'était injuste. Le monde entier était empli d'injustice. Les choses ne changeraient pas maintenant. C'était certainement quelque chose avec lequel il fallait apprendre à vivre. Pourtant, Nuage d'Ambre avait l'impression de ne s'en rendre compte que maintenant. Peut-être s'était-elle trop enfermée dans cette attitude trop enfantine et fermée à la réalité du monde ? Etait-ce pour cela que cela lui faisait l'impression d'être frappée en plein dans la face ? Parce que sa petite carapace d'ignorance avait finalement volée en éclat ? Alors elle soupira doucement elle aussi, battant vivement des paupières pour chasser les amas de larmes qui venaient s'agglutiner au coin de ses yeux. Elle avait soudain l'impression que la moitié du clan du Tonnerre était loin d'être aussi heureux que les matous le peuplant pouvait le laisser supposer. Peut-être était-ce parce que Coup de Foudre donnait aux autres clans cette vision d'un clan détaché et prospère. L'image du clan se voulait simple et sans crainte. Leur meneur n'avait même pas encore fait son voyage pour être baptisé comme chef à part entière. Le clan ne voulait pas écraser les autres par une attitude de force mais il montrait tout de même qu'ils n'étaient pas faibles. Pourtant... Pourtant des chats semblaient tellement briser en son sein... Coeur Brisé, Louve des Bois, Coeur de Puma... et elle aussi.

Elle resta silencieuse lorsque le guerrier repris la parole, elle grimaça à l'image du Chemin du Tonnerre. Tous n'étaient pas des chanceux qui pouvaient en revenir. Nuage de Rossignol l'avait bien montré.. Coeur Brisé se stoppa dans sa phrase, se rendant probablement compte que son exemple était bancal. Mais Nuage d'Ambre ne fit pas de remarque. Elle le laissa reprendre et poursuivre. Elle hocha doucement du chef, peut-être que c'était là ce dont elle avait le plus besoin d'entendre. Un rappel, encore une fois. Elle n'était pas seule. Quelque part elle le savait pourtant. Elle était toujours collée par au moins l'une de ses soeurs. Ces dernières allant même jusqu'à se relayer pour passer la nuit avec elle. Elle songea brièvement à Sourire de Lièvre qu'elle avait abandonnée dans la tanière des novices. Coeur Brisé était là également. Sa famille était là, l'entourait et l'aimait. Pourtant, par moment elle avait l'angoissante sensation d'être seule entourée par la pénombre.

Elle n'y tint finalement plus et quelques petites perles vinrent rouler sur ses joues dans quelques pleurs silencieux. Elle enfouit son museau dans la pelisse du guerrier dans laquelle elle murmura quelques mots qui furent presque étouffés par son contact poussé avec le matou. « Merci Coeur Brisé. » Quelques petits mots seulement. Pourtant, elle les pensaient avec une sincérité et une reconnaissance sans faille. La pénombre dans laquelle elle se sentait prisonnière avait trouvé une petite lueur. Une veilleuse qui calmait sa nuit agitée.

Terreurs nocturnes.

Ce moment n'était que pour eux, un moment de silence, de peine, de peurs partagés et de réconfort. Aussi, surtout même. Brisé ne voulait pas mentir à Ambre. Car oui, il ne pouvait lui certifier qu'elle oublierait le renard, comment le pourrait il quand lui-même ne pouvait se défaire de sa mère alors qu'il ne l'avait connu que quelques jours. Trop peu pour en avoir le moindre souvenir, pas même celle de son parfum. Il détestait aussi celà, ne pouvoir affirmer à Ambre que tout irait bien car au final, quel prise avait il sur la vie ? Aucune. Il se contenta donc de caresser le flanc de la chatte de sa queue lorsque cette dernière vint à pleurer contre son poil. Car s'était tout ce qu'il pouvait faire.

- C'est important la famille ... Faut la protéger ...

Il miaula peut-être un peu pour lui-même au final, pour se promettre de ne jamais tourner dos aux siens, qu'importe les évènements. Il n'avait pas de prise sur ça non plus qu'à cela ne tienne ! Il s'en créerait des prises et s'accrocherait. De la même façon qu'un chat désespérer s'accroche au tronc d'arbre qui l'éloigne de chiens affamés. Il ferma pourtant les yeux, songeant à cette chatte qui elle n'avait pas eu d'arbre ce jour fatidique. Cette chatte qui tout en voulant veiller sur sa famille avait tout perdu. Il poussa un long soupir, suivant des yeux une volute de brume entre deux fougères, plus loin. Puis, doucement, il courba l'échine pour s'allonger en entrainant Ambre. Qu'il dorme là s'il le fallait, l'un contre l'autre. Lièvre, Loutre où Serre, peut importe laquelle se trouvait dans la tanière des apprenties, car il n'ignorait pas que ses nièces ne laissait pas Ambre seule et pour ça, il ne les en aimaient que plus mais oui, au final, peut importait laquelle, elle comprendrait.