Guidé par la soif ? || PV. Étoile du Corbeau. - abandon

Le soleil nimbait le Camp du Clan du Tonnerre d'une lumière agréable. Aux quatre coins de la clairière, des félins s'amassaient et discutaient bruyamment. En ces périodes de fortes chaleurs, c'était l'occupation première des matous du Clan du Tonnerre. La cérémonie du partage s'allongeait comme les jours à la belle saison. Fleur Cendrée profitait d'un moment tranquille, sereine, reposée, en compagnie de quelques Guerriers de son Clan. Bien évidemment, elle était le centre d'attention de ces derniers et elle se plaisait à les faire tourner en bourrique. Elle souriait à l'un, puis faisait un clin d'œil à l'autre, de quoi attiser la jalousie de certains. Le tout dans une ambiance bon enfant. Elle venait de finir sa proie, et elle n'eut pas besoin de dire quoi que ce soit qu'on lui proposa de débarrasser les os de sa proie, elle accepta gracieusement. Sourde à tous les compliments des Guerriers, elle commença une rapide toilette, histoire d'enlever les restes de ses moustaches et de remettre en ordre son pelage légèrement ébouriffé par la matinée qu'elle avait passée à chasser dans la forêt. Comme à son habitude, elle avait été capable de ramener un nombre plutôt important de proie. Lorsqu'elle eut fini de se refaire une beauté et sans prévenir aucun des Guerriers qui tentaient vainement d'attirer son attention pour se prouver qu'elle s'intéressait plus à l'un qu'à l'autre, elle se leva et partit. Lorsqu'elle eut laissé le groupe de Guerriers en plan, sûrement abasourdi, elle se retourna pour leur lancer un sourire charmeur. Puis elle quitta le Camp sans ménagement, sans se soucier de quiconque.

Elle retrouva avec plaisir le sol meuble et boisée des sous-bois. Elle sentit une source d'énergie affluer dans son corps. Ce lieu lui procurait toujours cette délicate sensation de se sentir mieux. Presque inconsciente, elle se mit à sourire et elle commença par trottiner pour détendre un peu ses muscles raides de ce moment passé à ne rien faire. La Chasseuse se lança ensuite à pleine vitesse, miroitant entre les arbres, sentant la sensation de liberté s'accumuler en elle, plus elle allait vite. Elle finit par ralentir et finalement s'arrêter, à bout de souffle. Elle repris pendant quelques précieuses secondes son souffle avant de retrouver une certaine vigueur. Puis, attirée par une délicate odeur, elle grimpa au premier arbre qu'elle vit, non sans éveiller la plupart de ses sens. Son sens le plus précieux se mit en route et elle oublia un moment celle qu'elle était pour pratiquer son activité favorite : la chasse. Elle commença par traquer olfactivement l'animal, puis elle dévia plusieurs fois, dû faire plusieurs détours pour rattraper l'animal qui filait de branche en branche, parfois dans des endroits inaccessibles, même pour un chat du Tonnerre. Au détour d'une branche, elle perdue la trace de l'animal. Déçue, elle pesta contre elle et descendit nonchalamment de l'arbre dans lequel elle était perchée. Elle se laissa choir un moment au sol avant de tenter d'identifier le lieu dans lequel elle se trouvait. Elle finit par reconnaître les rivages qui s'étiraient au loin, entre les troncs. Elle s'y avança et le soleil inonda de nouveau son pelage cendre, le faisait scintiller. Elle n'aimait pas spécialement cette sensation, mais la soif la poussait à sortir du couvert des arbres. Doucement, mais sûrement, elle se rapprocha de la rivière, se pencha au-dessus de l'eau claire et déposa de délicat coup de langue.

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Fleur Cendrée sentit l'eau couler dans sa gorge et se délecta de ce moment avec satisfaction. L’eau fraîche de la Rivière étancha sa soif. Dans son élan, elle ne s'était même pas rendu compte que la Rivière ait bien désenflée depuis un moment. La Saison des Feuilles Vertes ne devaient pas être bonne pour tout le monde, pensa-t-elle avec un sourire caché dans ses pensées en pensant au Clan de la Rivière qui se servait de l'eau comme source de nourriture puisqu'il y pêchait du poisson. Un de ces animaux passa d'ailleurs sous le nez de la Guerrière qui finissait de boire. Elle releva la tête, fit frétiller ses longues moustaches blanches pour faire descendre les quelques gouttes qui s'y étaient hissés. La jeune Guerrière ne tarda pas à remarquer la présence d'un félin sur la rive opposée. Elle discerna nettement son odeur, celle du Clan de la Rivière. Elle ne mit guère longtemps à le détailler et à la reconnaître. Étoile du Corbeau, le Chef du Clan de la Rivière. Respectueuse, même s'il ne s'agissait pas de son propre Chef, elle le salua avec un léger sourire cérémonial plaqué sur le visage. Elle n'était ni enchanté, ni en colère de le voir. D'ailleurs, tant qu'il restait de son côté, elle pouvait bien s'en fichtre complètement.

« Fleur Cendrée, fille du noble Pelage de Jonc. Et chasseresse sous le règne d'Étoile du Lion... Enchanté. »

Si on lui avait dit qu’un jour, un Chef connaîtrait jusqu’au nom de son père, elle lui aurait rit à la figure. Fleur Cendrée fut bien étonnée qu'il connaisse son nom et bien plus encore qu'il eut la connaissance du nom de son père. Non pas que ce soit un secret, mais elle serait incapable de redonner le nom d'un parent de tel ou tel félin n'appartenant pas à son Clan. Était-ce là l'expression d'une mémoire puissante ou d'un simple fait du hasard ? Toujours est-il que la Guerrière fut ravie de rencontrer un félin aussi poli. Cela faisait des lunes qu'elle n'en avait pas vu. Les derniers qu'elle avait rencontrés était soit de vulgaires vagabonds ou bien encore des félins du Clan de l'Ombre peut enclin au respect et à tout ce qui s'y approche de près ou de loin. Dans sa tête, les souvenirs de tous ces félins et en particulier d’Œil du Serpentaire et de Nuage de Vipère trottèrent. Elle ne put s’empêcher d’exprimer une certaine colère et une indignation en repensant au comportement de ces deux-là… Malgré tout, le sourire sur les lèvres de la Guerrière cendrée s'élargit un peu et elle ne le quitta pas des yeux pendant qu'il continua.

« Etoile du Corbeau, mais tu le sais sûrement déjà. Je t'ai vu aux Assemblées... Toi... Et on... Compagnon ? Rouge-Gorge ? »

La Chasseuse ne pu s'empêcher de sourire davantage, tout en restant correct. Elle ne souhaitait pas s’attirer les foudres de ce grand Guerrier qui ferait certainement qu’une bouchée d’elle. Elle n’était pas la plus douée dans le combat, même si elle se défendait, et puis, le matou avait neufs vies, contre une pour la jeune Guerrière. Et puis, ce n’était tout simplement pas dans sa nature de se moquer ouvertement des autres. Elle savait effectivement que se tenait devant elle le Chef du Clan de la Rivière et connaissait son nom. Respectueuse de ce rang et mine de rien de ses adversaires, elle réprima une crise de rire et se contenta de sourire davantage, espérant ne pas vexer le Chef rival. Alors qu'elle était encore appuyée sur le rivage, juste au-dessus de l'eau, la Guerrière se redressa, recula de quelques pas, s'assit avec une douceur qui lui était propre et enroula harmonieusement sa queue autour de ses pattes. Elle n'avait pas prévu de rester-là plus longtemps, mais son côté poli l'obligeait à rester jusqu'à que son échange avec le Chef voisin ne se termine. Elle se mit à penser à ces Assemblées où elle avait pu aller aux Quatre Chênes avec son frère. C’est vrai qu’elle était proche de ce dernier, mais pas non plus au point de passer tout son temps avec lui. Elle partageait son temps entre sa famille et son jeu avec les mâles de tous horizons. Choisissant un à un ses mots, elle articula d'une voix mi-amusée, mi-respectueuse.

« Salutations Étoile du Corbeau. Je suis ravie que tu connaisses mon nom et celui de mon père. Seulement, Rouge-Gorge est loin, même très loin, d'être mon Compagnon, il s'agit en fait de mon frère. »

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Fleur Cendrée tentait de percevoir les sentiments que ressentait le Chef rival. Pour ce faire, elle le fixait, tout simplement. Elle tentait de lire dans ses yeux d'un bien sombre bleu. Elle tenta un instant avant d'abandonner. Elle n'était pas faite pour lire les expressions des personnes. Du moins, pas les expressions qu'elle recherchait en lui. Alors, oui, elle était capable comme presque n'importe quel félin de lire la peur dans le regard, la désinvolture ou bien encore l'impatience ou tout simplement le sadisme de certains, mais la chasseuse cendrée était bien incapable d'aller plus loin que ces élémentaires. Le lourd sourire que la femelle portait diminua d'intensité à mesure que le matou en face restait plus ou moins stoïque, seul un mouvement d'oreilles que la femelle ne comprit pas émana de ce félin au poil sombre.

« Oh, désolé. C'est vrai, vous vous ressembliez beaucoup. Mais je n'ai pas fait le rapprochement familial, vu vos pelages quelques peu... Divergents. »

Devant son absence d'expression, Fleur Cendrée douta de la sincérité de ses mots. Elle ne pouvait donner sa confiance aussi facilement à un félin à qui elle parlait pour la première fois, et ce même s'il s'agissait d'un haut-placé, d'un meneur de Clan. Il restait un meneur adverse, plus communément un adversaire. Que faire ? Continuer de discuter ou partir ? Cette discussion pouvait tourner bien comme elle pouvait tourner court. Comme savoir ? Dans le bénéfice du doute, la femelle grise laissa sa chance au matou noir. Elle prit ses excuses pour sincères, jusqu'à preuve du contraire, bien qu'elle se fichait royalement de l'illusion qu'il avait faite. D'ailleurs, on pourrait l'accorder à n'importe quel félin mâle de son Clan qu'elle n'en aurait que faire. Elle préférait rire des bêtises que de s'offusquer. Ce n'était pas son genre de prendre la mouche sur des choses aussi futiles que celles-ci. Alors qu'elle allait ouvrir la gueule pour lui signifier que ce n'était pas grave, elle remarqua du mouvement du côté de l'autre rive où se trouvait le meneur. Il fit plusieurs fois le tour d'une même pierre et balaya cette dernière de sa queue. Elle ne comprit pas l'action du meneur, ce qui la laissa un moment sur le cul et ce qui eut pour cause le devancement dans la discussion du meneur.

« Le Clan du Tonnerre vient puiser son eau dans cette maigre rivière ? Vos anciens doivent être las de venir jusqu'ici, d'autant que j’en ai vu aucun... J'espère que la sécheresse n’aura pas causé quelques torts à votre tribu. »

Comme avec chacun des félins ne faisant pas parti de son Clan, Fleur Cendrée tenta d’analyser chacune des informations, chacun des mots, peut-être se méfiait-elle de quelque chose. Elle préférait faire attention lorsqu’il ne s’agissait pas de son Clan. Elle ne voulait causer du tort à personne et en premier lieu pas à son Clan. Non, elle lui avait juré fidélité et protection, elle ne devait compromettre sa survie, ni même en altéré qu’une seconde la vie. À ce titre, elle s’efforçait de chasser du mieux qu’elle le pouvait pour pouvoir nourrir et contenter tout le monde. Prise d’un doute concernant les motivations du meneur, elle continua à parler d’une voix franche et sans émotion, adoptant ainsi son manque évident de communication de ses intentions.

« Ce n'est pas bien grave, j'avoue que cette allusion de mon frère et moi, relativement compagnon et compagne m'a fait sourire. Il ne faut pas s'en faire pour les Anciens du Clan du Tonnerre, ils se portent comme un charme, pas besoin pour eux de faire tant de chemin. J’espère qu’il en est de même au Clan de la Rivière. Vous ne manquez de rien en ce moment ? J’ai croisé Cœur de Neiges, il y a quelques jours, elle cherchait je ne sais plus trop quoi, j’espère qu’elle en a trouvé assez. »

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