Oiseau blessé, Moineau blasé | ft Foudre - end

OISEAU BLESSE, MOINEAU BLASE - Lune 12 - Age 72 L.


J'attendais pour un rendez-vous, un rendez-vous avec Coup de Foudre. Cela d'habitude, était excitant, me remplissait d'impatience, pensant à tout ce qu'on allait roucouler et comment on allait se toucher, se rapprocher. Cependant, cette fois-ci, j'étais là limite à contre cœur. Je n'étais pas rancunier, je laissais beaucoup de choses couler. Mais quand des paroles qui pourraient te faire expulser de ton clan surgissaient, c'était douloureux, une surprise qui te retournait l'estomac. Il y avait une différence entre les rumeurs avec lesquelles tu pouvais jouer, et une vérité qui tournait tous les regards sur toi.

De base déjà, mon inclusion dans le clan était bancale. Certes, j'y étais né, j'y avais toujours vécu, et j'étais même lieutenant dorénavant -le plus irréprochable qui soit, qui pourrait en douter-. Mais j'avais eu que peu d'amis, me délaissant dès que je dépassais trop les limites, dès qu'ils comprenaient que j'aimais les mâles plus que les femelles, et là, le mâle était étranger, à la tête d'un autre clan, et l'ombre de la Trahison me suivait sur les traits de mes lèvres. Je devenais peu à peu un étranger parmi tous ces chats que je connaissais depuis des saisons et des saisons.

Un étranger, qui attendait un étranger, un étranger qui l'avait rendu étranger.

Pourquoi je l'attendais encore.

Et limite.

Pourquoi je ne devenais pas totalement un étranger.

Même si ma raison et la dévotion que je m'efforçais de donner à mon clan me criaient de partir et d'abandonner, mon cul restait là. Une petite flamme au fond de moi devait espérer une autre vie, un autre futur, que celui dans lequel je me laissais lentement mettre en cage.

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Tu devineras jamais. En fait je pensais t'apporter un pigeon, mais il m'a chié dessus. Alors, je sais chasser normalement, j'ai plus d'une fois stoppé un écureuil en fuite, mais tu sais pas la meilleure. C'est plutôt dégagé, à la Lande, non, dis-moi t'as jeté un oeil au ciel? Non parce-qu'il s'est assombri un peu plus tôt dans la journée - c'est ça, un peu après l'aube - et mate-ça, un éclair est tombé! Et pas n'importe où, il est tombé sur moi! J'ai touuut le corps en bordel et tout me fait mal alors c'est pour ça que j'ai pas réussi à chasser autre chose que... Cette souris.

Cette souris, qu'il tenait par la queue, balottait d'un bord à l'autre devant sa bouche, au rythme de chaque révision du petit discours d'excuses qu'il se chantait dans la tête. Désolé d'être en retard à notre rendez-vous, désolé d'avoir rien pu te chasser, désolé d'avoir gâché ta vie au Clan juste parce-que le soleil a cuit la cervelle de tout tes petits camarades, désolé que tes petits camarades rejettent tout ce qui est plaisant, désolé que leur seule façon d'y remédier c'est de rabattre tout leur mal-être sur les autres Clans.

L'avantage, c'est que le Chemin du Tonnerre était long - que son corps avait tout l'espace de passer par toutes les gammes de la frustration avant d'arriver à destination. Le désavantage, c'est que le Chemin du Tonerre était long - la douleur et l'élancement dans ses membres le fit plus d'une fois hésiter à rebrousser chemin plutôt que rejoindre son amant. Il n'était même pas certain que ça en vaille le coup. Il n'était même pas certain d'être lui-même un bon coup, mais...

Mais quoiqu'il en pensait dans l'immédiat, il valait mieux, à long terme, pour lui de respecter son engagement. Et puis quoi qu'il soit inconfortable et furieux et que chaque pas lui fasse ressentir la moindre de ses articulations? C'était juste pour aujourd'hui - un jour parmis tant d'autres. Moineau Cendré n'était pas un chat de "juste aujourd'hui", "juste pour la nuit", "on se voit à l'Assemblée" - c'était un ami, un oiseau rare qu'Étoile Foudroy-- que Coup de Foudre n'avait pas envie de laisser filer.

Paradoxalement, cet oiseau rare, il voulait le revoir, mais surtout, il voulait le voir voler. Il ne pouvait pas se contenter de lui briser l'aile et de l'enterrer et le déterrer à loisir, il devait en prendre soin. Il le vit, au loin, dans un dégagé à la limite entre l'herbe haute, les buissons d'ajonc et la dépression qui débouchait sur la terre noire. Coup de Foudre leva une oreille: sur l'autre voie, un monstre passa son chemin avec son grognement caractéristique en laissant derrière l'odeur âcre de son musc, arrachant un haut-le-coeur à son corps qui lui fit presque échapper sa souris.

Non - concentre-toi. En temps normal, il n'aurait pas prit la peine de s'annoncer. Il aurait sauté quelques étapes de politesse en se fichant le nez dans le poil rebiquant du tabby gris, ou en le traquant dans les herbes avant de lui bondir dessus (un classique, et il adorait l'entendre rire) mais aujourd'hui, il se dit qu'il valait mieux faire preuve d'une rare considération.

Il s'éclaircit la gorge:

— Eeeh beau gosse, il l'apostropha à juste distance, cette toute petite pente en dépression le forçant à lever le menton afin de regarder le coureur. Tu savais qu'il y avait un intrus sur tes terres?

Le coeur n'y était pas, mais il fallait bien briser la glace.

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Il n'était pas compliqué de voir la silhouette de Coup de Foudre se détacher du Chemin du Tonnerre, observant tout facilement en amont depuis mon poste de surveillance. Le fait qu'il se montra sans surprise montrait bien l'ambiance spéciale de ces retrouvailles, peut-être plus sérieuse. Ce n'était absolument pas notre genre, mais l'effort de sérieux était appréciable. Il se rendait bien compte que tout n'allait pas bien, qu'il y avait une personne derrière cette image de "beau gosse", comme il venait de m'appeler. Jamais insensible à un compliment physique, il m'arracha quand même l'ombre d'un sourire, faisant remonter mes babines tranchées.

Il avait une souris, cadeau pour mieux faire passer les derniers maux ? Ca pourrait aller. Comme je l'avais dit, je n'étais pas un grand rancunier. Si derrière, il y avait de la sincérité et que le chat était désolé, je pouvais pardonner. Je me levai et fis deux pas vers le bengal, pour accueillir sa venue.

" Un intrus ? Ca va, tu restes gentil, je pense qu'il y a encore plus d'intrus sur nos terres. " miaulais-je dans un haussement d'épaules.

Je regardais le charcoal, fronçant lentement mes yeux. Il y avait un je-ne-sais-quoi qui me paraissait différent. Rien de flagrant pour que ça parait évident, mais quand même présent pour me mettre le doute.

" En parlant d'intrus, môssieur, en êtes-vous un ? J'attends Coup de Foudre et ses excuses moi, êtes-vous sûr d'être ce chat ? "

C'était dit sur le ton de la plaisanterie bien sûr. Quelqu'un d'autre serait resté froid et direct s'il était blessé par un autre, mais j'étais le clown du clan. Les blagues et le cynisme, c'était mon quotidien. Puis c'était plus agréable que de râler.

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L'obtention d'un sourire, c'était bon signe, d'habitude. Mais l'obtention d'un sourire de Moineau Cendré?

Le tabby gris se leva depuis son poste à la frontière, acceptant de s'approcher de quelques pas. Coup de Foudre fit de même, montant les coussinets sur la pente sans risquer de le rejoindre en haut. Ses pattes arrières se trouvaient au pied de la dépression en étirant bien les vertèbres de son dos juste pour maintenir la position.

— Un intrus ? Moineau Cendré joua le jeu avec lui. Ca va, tu restes gentil, je pense qu'il y a encore plus d'intrus sur nos terres.

Oh mais ça puait l'estime de soi, ici, songea Coup de Fondre en trahissant son rôle d'un plissement du nez. Moineau Cendré fronça ses sourcils et le bengal battit aussitôt l'air d'une oreille. C'est qu'il ne semblait pas le reluquer pour se rincer l'oeil, en ce moment.

— En parlant d'intrus, môssieur, en êtes-vous un ? J'attends Coup de Foudre et ses excuses moi, êtes-vous sûr d'être ce chat ?
— Qu'est-ce qu'il me tire par la queue...! ricana le bengal en fermant ses yeux et en secouant sa tête, ainsi que la souris.

Heureusement il n'arrivait ni sans plan, ni la gueule vide. Il pila sur les sédiments et l'herbe courte de la frontière, et s'assied sur son arrière-train. L'avantage avec le chemin du Tonnerre, c'est qu'il était long - il avait eu beaucoup de temps pour se répéter les mots qu'il utiliserait pour s'excuser. La tournure qu'il ferait prendre à son idée, les réactions possibles de Moineau Cendré...

Au final, la solution la plus optimale était, simultanément, la plus difficile. Mais après un éclair dans le dos et une fiente sur le nez dites-moi donc ce qu'il lui restait de sa dignité?

Coup de Foudre s'emplit d'une grande bouffée d'air et aplatit ses oreilles de chaque côté de sa tête. Puis, après avoir roulé ses épaules (aïe) il hissa ses avant-mains pour coller ses coussinets ensemble.

— ...Je!  Suis!  Dé-So-lé! Chaque syllabe était découpée par un large mouvement des pattes. Le vent porta le miaulement de sa comptine dans le grand dégagé. Je! Me Suis! É- Ner-Vé!

Je! Voulais! Me Ven-Ger!

Quel! Idiot! Ce! Coup! D'Foudre!

Quel! Idiot!

En inclinant sa tête sur le côté pour dégager son cou et accentuer sa coupable innocence:

— ...Par-Donne-Le?

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Je suivais des yeux le Bengal qui fit les derniers pas pour diminuer la distance entre nous. Puis, je suivis la souris qui fut déposée sur le sol, avant de suivre l'ascension du torse de mon interlocuteur, déjà plus grand que moi de base, et dont les pattes jointes et tendues vers le ciel accentuait encore plus cette différence. Je le regardais avec mes sourcils interrogateurs, bien surpris de ce qu'il me préparait. Et au premier coup de pattes donné vers le bas, je sursautai bien droit sur mes pattes, le poil hérissé. Oh, ce n'était pas de la peur, ou par méfiance que le charcoal puisse me faire le moindre mal après sa première "trahison". Non, purement et simplement de la surprise. Après tout, qui aurait cru le grand Coup de Foudre s'adonner à une telle démonstration d'excuses ? Voir, qui aurait cru entendre Coup de Foudre s'excuser sans entendre un petit air de "mais le suis-je vraiment ?" au creux de sa voix ? Le spectacle me fit rapidement fondre. Comment en vouloir à quelqu'un qui faisait le détour jusqu'à ta frontière pour envoyer sa dignité au marais ? Le sourire revint une nouvelle fois sur mes babines. Décidément, c'était un sacré coup de foudre.

" Le pardonner ? Hmm.. " fis-je, un doigt de ma patte tapant sur la touffe de mon menton pour mimer une réflexion compliquée.

" Ma foi, s'il a envoyé un tel messager, si plein de motivation et.. d'investissement dans son rôle.. je pense pouvoir lui accorder mon pardon. "

Je me rapprochai un peu plus, poussant le grand désolée dans le haut des flancs pour le déstabiliser et le faire tomber. J'en profitai pour le regarder de bas au haut, de haut en bas.

" Oh, et il a du goût ce Coup de Foudre, pour m'envoyer un beau gosse pareil. C'est quoi ton nom, joli garçon ? Si jamais je t'emmène faire un tour, est-ce que ton client me le pardonnera ?~"

Les jeux de rôles étaient plus marrant que de chercher la petite bête ou d'attendre trois tirades qui m'expliquait à quel point il était misérable de m'avoir fait du mal indirectement. Et puis, de ma vie déjà bien remplie, je ne pense pas que quelqu'un m'ait déjà assez considéré pour s'excuser aussi fort... Donc clairement, oui, c'était déjà pardonné. Il faudrait être fou pour rejeter un des seuls chats qui avait de l'estime pour vous.

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Bien qu'arracher un sourire à Moineau Cendré lui confirmait sa victoire, il maintint sa position, malgré les raideurs dans son dos et ses pattes. Son joli petit minois cachait ses dents qui s'étaient serrées et sa respiration qui n'était plus naturelle, mais calculée, comptant les battements nécessaires dans un coin de sa tête.

— Le pardonner ? Hmm... la balle était à Moineau Cendré. La lui renverrait-il?

— Ma foi, s'il a envoyé un tel messager, si plein de motivation et.. d'investissement dans son rôle.. je pense pouvoir lui accorder mon pardon.

Son rôle... Moineau Cendré couvrit le reste de la distance qui les séparait. Lorsqu'il fut assez près, il posa doucement sa patte dans les flancs vulnérables du bengal avant d'exercer une légère pression dessus. Même si sa position lui assurait déjà le déséquilibre, Coup de Foudre se laissa glisser sans résistance sur le dos. Il ne prit ni la peine de coussiner sa chute, ni de masquer son grommellement de douleur, ni de ramasser la souris qu'il avait lâchée. Et comme Moineau Cendré n'avait plus besoin de la petite pente pour le surplomber, il ne rata pas l'opportunité de le reluquer:

— Oh, et il a du goût ce Coup de Foudre, pour m'envoyer un beau gosse pareil.

Coup de Foudre ne rata pas l'opportunité d'accentuer le compliment d'un très gras ronron.

C'est quoi ton nom, joli garçon ? Si jamais je t'emmène faire un tour, est-ce que ton client me le pardonnera ?~
— Foudroyante, il répondit. Et avec les yeux fermés, cette mine de rien, faisant fi du cliché: Étoile  Foudroyante.

Moineau Cendré était assez près: Coup de Foudre sortit les griffes de leurs fourreaux, noua les muscles de son dos et se souleva à demi pour l'étreindre dans une prise de catch et le tracter dans l'herbe avec lui. Il lui vola un coup de langue sur la marque à sa babine, bien entendu, mais sa véritable cible était son oreille:

— Colère est dans le coin? Il vrombrit dedans. Je ne veux pas de ses sales oreilles dans nos mots doux.

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Le grand charcoal avait accepté la loi de la gravité et s'était laissé tomber sur le dos. Le contact avec le sol lui pris un grommellement. " On se fait vieux ? " plaisantais-je, au vu que nous avions presque le même nombre de lunes. Puis il me dit une nouvelle fois son nom. Enfin, je m'attendis à ce qu'il me dise un Coup de Foudre, ou alors un nom tout fait et moqueur, genre un Fesse d'Ecureuil, que sais-je... mais Etoile Foudroyante ? J'allais ouvrir ma bouche, demandant si c'était une vraie blague ou une vraie vérité, cependant je me fis emporté par dix griffes dans le dos, m'attirant contre le sol et contre lui avant tout. Contre Etoile Foudroyante. Il me gratifia d'une lèche de long de mes babines abîmées, m'arrachant un frisson.

Dans un murmure, il demanda si Colère de Feu était dans le coin. Je soufflais du museau et pris une pose distinguée, tête relevée, torse bombé, patte en l'air et repliée de manière classe.

" Aucune chance qu'il soit là. J'ai tout géré~ J'ai envoyé les patrouilles loin d'ici quand je savais que t'allais ramener tes jolies fesses sur nos terres. Ils ne savent pas accueillir le copain officiel de leur lieutenant de la bonne façon. "

Je lui donnai un coup de langue sur la truffe avant de totalement m'écraser contre lui. D'accord, on me râlait dessus pour avoir des aventures avec ce Bengal, mais pour profiter de cette douce chaleur, ça en valait la peine, un peu. Puis, ce n'était pas comme si on risquait de leur ramener des bâtards, vu que leur "sang pur" était si précieux, et que personne ne voulait accepter mon idée d'amener de meilleurs gènes pour le clan. Bref, mon rendez-vous d'excuses, avec l'Etoile du Tonnerre.

" Du coup, c'est vrai de vrai, je couche vraiment avec le meneur du Tonnerre ? "

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Moineau Cendré se défit de son étreinte le temps de se relever et de replier une patte, donnant au bengal une vue en contre-plongée d'un grand et digne guerrier sous le soleil de la Lande.

— Aucune chance qu'il soit là. J'ai tout géré~ J'ai envoyé les patrouilles loin d'ici quand je savais que t'allais ramener tes jolies fesses sur nos terres. Ils ne savent pas accueillir le copain officiel de leur lieutenant de la bonne façon.
Le bengal plissa ses paupières, ne pouvant s'empêcher de montrer les dents.
— Quel honneur. Je ne suis plus ton jouet à mâcher? ♡

Ça lui changeait de d'habitude, il se dit avec la plaisanterie, mais la plaisanterie tomba en prenant soudain conscience de comment Moineau Cendré venait de l'appeler. Ses yeux s'arrondirent - un coup de langue sur le nez le tira de sa tête et lui arracha un gloussement mais pas assez pour tenter de se débattre contre l'envahissant lieutenant qui reprit position contre lui. Il rentra les griffes, poussant un soupir, reposant sa joue dans l'herbe courte de la frontière en s'oubliant dans leur chaleur mutuelle et l'engourdissement de son propre ronron.

— Du coup, c'est vrai de vrai, je couche vraiment avec le meneur du Tonnerre ?
— Hneh, seulement en titre, il grommella dans la fourrure de son amant. Tu aurais du voir la gueule que m'a tiré le Clan, ce matin.

Le confort lui délia la langue.

— J'ai proposé une réforme, un éclair m'est tombé dessus, et quand je suis revenu tout le monde me hurlait de leur trouver un lieutenant. Ya que Bec - et Ciel, à la limite - qui ont été foutus de me demander si ça allait.

L'agacement lui fit retrousser une babine.

— Coeur de Puma a eu le culot de dire que je me dédouanais de mes responsabilités, mais c'est lui qui m'a reproché de leur imposer mes décisions! Et leur rendre du pouvoir et leur permettre de choisir, ça lui plaît pas non plus!

Hah!

Quel meneur! J'aurais du rester mort.

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Je rigolais quand il se nomma jouet à mâcher, comme les branches qu'on donnait aux chatons pour qu'ils fassent leurs dents. Je lui roucoulais malicieusement : " Oh ça ne m'empêchera pas de te mâchouiller de temps à autres ! " Mais contentons-nous de se coucher l'un contre l'autre pour le moment. Nos entrevues étaient rares dernièrement, si rare que.. une surprise que je préparais à du prendre l'eau. Mais côté surprise, la vie de mon amant en était bien remplie. Il commença à me conter qu'il était chef que depuis ce matin. Vent du Nord avait du le croiser aux Hautes Pierres du coup, ce qui expliquerait qu'elle était plus bougonne que d'habitude ce début de journée. Puis, il expliqua qu'il s'était fait foudroyer pour avoir proposé une réforme. Je me tendis et levai la tête vers lui. F..figurativement il voulait dire ? Mais il parla bien d'un éclair qui lui tomba dessus, et non du grondement de son clan. Mes yeux devinrent deux lunes rondes. Que- c'était possible ça ? Je lui léchai le cou, comme pour vérifier qu'il était bien là. Et en effet, je discernais l'odeur d'un autre mâle, sans doute Bec Croisé, un de ses fils, dont il parlait actuellement et qui l'avait aidé après l'éclair, et puis plus loin : un goût de cramé, contre la peau. Des poils carbonisés. Je ne dis rien. Sa fourrure était importante pour lui, pourquoi l'embêter en précisant qu'il y avait encore des poils morts.

D'autres choses l'embêtaient plus que ça, Coeur de Puma, vétéran du Tonnerre que je connaissais de vue. A sa tête et sa silhouette, sa couleur de pelage aussi, je pourrais le qualifier de "Colère de Feu du Clan du Tonnerre". On le torturait entre "tu dois obliger des trucs" et "bordel tu nous obliges trop de trucs !". Je soupirai et me laissais glisser dans l'herbe, me de-serrant du corps d'Etoile Foudroyante. Je fixais le ciel, perdu dans mes réflexions sur mon propre clan. Je soufflai des narines.


" Et quel lieutenant. Autant ils veulent que je dégage, autant ils veulent que je redore mon blason et celui du Vent. Comme si je n'en faisais pas assez pour eux. "

Je posai ma queue sur la sienne.

" Après, aucun éclair ne m'a frappé quand j'ai proposé qu'on organise des mariages inter-claniques pour renforcer notre sang. Enfin, si, plein techniquement ! Tout ceux dans les yeux des autres Venteux qui me pensait fou. "

Je gromellais

" Y a de quoi devenir fou de ramasser leurs corps morts, faible de par notre sang, et que personne ne veut me prendre au sérieux quand je veux nous débarrasser de cette santé fragile qui nous colle aux pattes. "

Un instant de silence. Une pensée folle et frivole.

"... On se fait vraiment du mal pour nos clans respectifs hein, et ils nous le rendent si bien. Parfois je me demande pourquoi je ne me suis pas encore échappé. "

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