L'heure des nouvelles - Petite Tempête - abandon

Petite Tempête n'était pas ceux qui se sentent ettoufé parmis ses nombreux adelphes. A dire vrai, il avait apprit très tôt à se mettre en retrait pour leur permettre, à eux, d'exister pleinement. Il ne se rendait pas compte de la frustration que pouvait générer un pareil comportement, pour lui-même, et ne s'en souciait pas. Pas plus qu'il ne savait à quel point cela l'avait rendu calme, observateur.

Pourtant, l'observation ne faisait pas de lui un être plus tolérant ou compréhensif. Aucune insulte envers son intelligence, cependant, il était du genre dogmatique, à croire aveuglément les règles. L'utilité de l'individu pour la masse avant le reste. C'était comme ça qu'il avait put vivre sans souffrance cet effacement.

Aussi, c'est dans ce rôle de grand-frère donneur de leçon qu'il s'était lui-même octroyé qu'il suivit Petit Souffle en le voyant quitter la pouponnière. Il savait que son frère n'avait rien à se reprocher et n'était pas le genre à faire des bêtises - Bécasse conserverait toujours la palme - mais il voulait en être certain.
Et puis, avec toute l'agitation du camp, il ne passait pas tant de temps que cela avec son petit frère.

« Wouah ! » Fit son frère, arrivant devant.
Dans son dos, à quelques pas raisonnables, Petite Tempête se fit discret. Il l'observa, au début sans un mot, et se risqua à lever les yeux devant lui. Les apprentis dormait - Nuage de Bourgeon avec eux. Ils étaient à peine plus grand, ne ressemblaient pas tout à fait à des adultes et pourtant, ils n'étaient plus des chatons. C'était étrange, vertigineux, d'imaginer devenir un jour un Nuage, venir dormir ici, exécuter diverses missions.

Voyant son frère s'approcher, il cessa le fil de sa pensée et bondit gauchement à ses côtés. Il lui donna un coup d'épaule maladroit et se glissa devant lui, se redressant de toute sa hauteur. Il était certainement l'un des plus grands de sa portée, ayant tiré parti des gènes de sang-mêlé de sa mère.
Il posa sur lui un oeil calme, mais sévère, jouant le rôle du surveillant.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Demanda-t-il à demie voix, les oreilles et l'encolure droite. « Tu vas les réveiller. Tu aurais dû attendre la journée pour venir. »

Le regard de Tempête ne lâcha pas une seule seconde le corps de son frère. Ce dernier se laissa glisser sur le sol, allongé.

« Je ne voulais pas les déranger quand ils sont dans le feu de l’action. Là, je ne dérange pas. Je ne suis pas Petite Bécasse, j’observe sans un bruit et quand j’aurai terminé, je m’éloigne. » Il se lécha le poitrail dans un geste que Petit Tempête trouva bien nonchalant. Sa queue s'agita de gauche à droit dans un léger tressautement, trahissant son agacement : il n'aimait pas qu'on le contredise.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ? » Lâcha-t-il. Celui qui s'était auto-proclamé ainé de la fratrie fronça légèrement les sourcils dans un air brusqué. Ce qu'il faisait ici ? La question lui semblait criante de stupidité tant la réponse était évidente. Cependant, il puisa dans sa grande patience pour ne pas faire preuve du même agacement envers Petit Souffle qu'il ne se permettait de le faire envers Bécasse.

« Je te suivais. » Clama-t-il sans une once de honte. Après tout, c'était bien normal ? « Je me soucie de ce que toi, et puis les autres, vous faites. On ne sait jamais, des fois qu'une bêtise soit en préparation. Accidentelle ou pas. »

Il ne manquait pas de confiance envers ses adelphes, à dire vrai, seulement... Il craignait de devenir un problème pour le clan. Il ne voulait pas que l'insouciance finisse par l'être, ni même que quoi que ce soit dans les rouages complexes de l'œuvre d'Etoile de Foudre ne soit compromises.

Et il conserva un air sévère.

(c) Firamary

Petite Tempête osa un haussement de sourcil lorsqu'il vit son frère tourner autours de lui comme un félin en chasse. Bien sûr, oui, il comprenait le concept de jeu, mais pour lui, cela n'avait d'intérêt que s'il s'agissait d'un entraînement. Son esprit maladroit avait besoin d'une raison productive à tout ce qu'il faisait.

« Tu sais, les bêtises ne viennent pas de moi puis … » C'était vrai, Tempête ne pouvait le nier. Souffle était de loin l'un de ses frères les plus sages. Mais il savait, oui, que l'on pouvait parfois faire des bêtises sans le vouloir. C'était maman qui lui avait dit, alors...

... Il poussa un piaulement surprit alors qu'il se retrouva au sol, sur le dos.

« Arrête avec ton air sérieux ! C’est nul ! » Tempête garda un instant les yeux écarquillés avant de les froncer subitement. Nul, hein ? Il fallait bien que quelqu'un se charge de l'être, nul et sérieux, parce qu'à ce train, ils allaient tous finir par n'être que des moitié de chasseurs et des guerriers, n'en parlons pas !
La colère monta en lui, vive et brutale, et comme s'il savait à quel point elle n'était pas justifiée, il ne s'autorisa qu'un froncement de sourcil inquisiteur, les plissant un peu plus.

« C'est ma tête d'habitude, en fait ! Et puis, là, tu vas en faire une de bêtise !... » Il laissa un instant planer le suspense. Parlait-il du bruit, des apprentis qu'ils pouvaient éveillés ? Du risque de se blesser en chahutant ?
Oh non. Il pensait à bien pire.

Il donna un puissant coup de patte dans le ventre de son frère, lui labourant l'estomac avec toute la maladresse d'un chaton pour le faire dégager de sur lui. Dès que ce fut fait, il se glissa sur le flanc, essoufflé, il prit le temps d'inspirer et il se leva sur ses quatre pattes.
Petit Souffle eut alors le privilège de voir un évènement rare : un sourire, léger, à peine un rictus, une ombre, apparu sur les babines du petit chaton tellement froid d'ordinaire.

« Celle d'affronter un adversaire vraiment trop fort pour toi, en fait ! »

« Tu souris ! » S'esclaffa Souffle. Il disait ça comme si cela n'arrivait jamais ! C'en était presque vexant pour Petite Tempête qui tâcha de se remémorer en son for toutes les fois où il avait sourit. Finalement, il en vint à la conclusion que s'il parvenait à s'en souvenir précisément, c'était peut-être qu'il ne souriait pas tant que cela.

Petit Souffle entreprit de tourner autours de lui, véritable prédateur en chasse. Tempête le laissa faire sans bouger, tout le corps tendu. Il le suivit du regard sans bouger, méfiant et attentif. Il ne parvient pas à savoir où le petit gris compte le frapper, son regard ne lui donne aucune indication.

Finalement, ce dernier s'élance vers ses pattes arrières.

« A l’attaaaaaaaque ! »

Petite Tempête ne pouvait pas reculer ni avancer, sa seule solution était de bondir en espérant retomber plus ou moins adroitement. Alors, il s'y employa par réflexe, le dos rond et le poil gonflé, mais il ne sauta pas assez haut et chuta lourdement sur son frère dans un couinement.

Il ne s'arrêta pourtant pas et commença à chahuter, se débattant pour reprendre l'avantage. Et puis, il était particulièrement gauche, Tempête, ses pattes trop longues pour lui, il les maitrisait mal. Et puis, il finit par entendre le souffle agacé d'un apprenti, certainement un chat dont le bruit commençait à arracher au sommeil.

Alors Petite Tempête se figea, le cœur battant. Il s'arrêta, écarquilla les yeux et perdit son sourire. Il resta un instant ainsi, comme une proie prit sur le fait. Avait-il faillit commettre une bêtise ? Avait-il réellement manquer de nuire au sommeil si précieux de ses camarades de clan ?

Il posa sur Petit Souffle un regard sévère.

« Voilà, c'est ce dont je parlais, en fait ! On va les réveiller à cause de toi. » Et il se redressa, le jugeant de toute sa hauteur.

« Pardon. »

Il venait de le gifler.

« Je ne comprends pas. »

Il venait de le gifler. Il avait osé, sérieusement, poser la patte sur lui, son grand frère, son protecteur, celui qui avait littéralement céder sa place à la loterie de l'attention de ses parents ? Il venait de le gifler, et pour quoi, au juste ? Pour rien. Pour rien !

Pour

Rien.

Tempête en était tout abasourdi. Il n'avait pas eut mal, bien évidemment, mais c'était vexant et, d'un seul coup, tout son poil épais s'était gonflé. Il n'avait pas ce pelage long qu'avez tous ses frères et sœurs, mais le sien était dense et lui donnait l'apparence d'une véritable boule de poil lorsqu'il le gonflait.
Son regard était vibrant de colère, sa queue, longue queue, fouettait l'air violemment de gauche à droite. Il était sur la défensive.

Lui non plus, il ne comprenait pas. Et les fausses larmes de son frère, sa complainte, il s'en foutait. Il n'avait qu'à savoir, tout simplement.

« Pourquoi... Pourquoi.Tu.As.Fait.Ca ? » Demanda-t-il, hachant chacun de ses mots comme s'ils étaient des blocs de pierre carrés qui sortaient de sa bouche par éructions. « Pourquoi tu m'as frappé, hein ? Pourquoi t'as fait ça, en fait ? » Cette fois-ci, son ton était rapide et aiguë. Il sentait bien qu'au fond, il avait envie de hurler. Il voulait enfoncer ses griffes dans son visage et toute la frustration, toute la rage brûlait dans chaque fibre de son corps.
Il se sentait comme une braise, le feu brûlait sous l'écorce sans pour autant s'exprimer pleinement.

« T'as pas le droit ! T'as pas le droit, du tout ! Je vais le dire à maman, d'abord, et puis en suite, je veux que tu m'explique. Parce que t'as pas le droit. J'ai rien fait de mal ! Sans moi, tu aurais fait une bêtise ! Et t'es nul, d'abord ! si tu me frappe, c'est que t'es nul ! » Et il parlait de plus en plus vite, sans même s'en rendre compte, comme une piètre imitation de Bécasse.