Pomme de Rainette et Pomme d’Api || Cœur Brisé

Lorsqu’elle le vit courir à toute allure droit devant lui, sans se soucier de la présence de l’apprentie, laissant derrière lui une fumée noire puante qui la fit tousser, Nuage de Grenouille su qu’elle venait de voir un monstre pour la première fois de sa vie. Elle fut d’abord sonnée, puis agacée par l’odeur âcre qui avait rempli ses poumons, mais très vite tout cela laissa place à l’excitation. Tonton avait raison ! Elle venait d’en voir un au pelage rouge, mais quelques minutes plus tard, c’est un monstre plus petit et plus rond de couleur bleu ciel qu’elle vit passer dans l’autre sens. Bien sûr, elle espérait que depuis le temps, il avait réussi à retrouver son chemin et à rejoindre ses enfants mais si elle le revoyait, elle lui raconterait tout !

Après s’être assurée qu’aucun monstre n’était sur le point de surgir sur le chemin du tonnerre, elle le traversa en courant plus vite qu’elle n’avait jamais couru. La sensation du goudron sous ses pattes la fit frissonner : rien à voir avec le sol moelleux de son Clan ! Ses griffes avaient raclé contre la matière noire dans un crissement bruyant, et la route était si chaude que ses pattes en avait volé la chaleur.
Devant elle se trouvait désormais la forêt. Elle était dense, comme celle de son Clan, mais les arbres étaient différents. Ce n’était plus des pins, mais des chênes, des érables, des hêtres, des châtaigniers… le sol n’était pas le même nom plus. Ce n’était pas un lit d’aiguilles tendres mais de feuilles brunes, oranges et rouges qui craquaient lorsque l’on marchait dessus. Nuage de Grenouille s’amusa à sauter dedans, rigola du bruit qu’elles provoquaient, sans s’inquiéter le moins du monde du fameux renard des rumeurs ou même des monstres qui continuaient de rugir sur le chemin du tonnerre à quelques longueurs de queue de là.

Elle longea la bordure de la forêt : l’apprentie savait que la frontière se trouvait là. On ne pouvait pas vraiment la louper. Elle observa le sol où se trouvait cette frontière imaginaire, fragile, et posa une patte de l’autre côté. Rien ne se passa. Elle attendit au cas ou, puis posa une seconde, une troisième, puis une quatrième. Elle réalisa qu’elle se trouvait désormais entièrement sur un territoire dit « ennemi », et se mit à sourire en réponse à son cœur qui tambourinait dans sa poitrine et à la pointe d’adrénaline qui lui pétillait dans les pattes.

Au dessus d’elle, elle entendit du bruit. Il y avait bien évidemment le vent qui faisait danser les branches, mais Nuage de Grenouille espérait qu’il y avait aussi un écureuil. Elle n’en avait jamais vu, mais on lui avait raconté que leur pelage avait la couleur du feu et du soleil couchant. Elle chercha, chercha encore et tomba nez à nez avec deux prunelles bleues qui appartenaient à tout, sauf à un écureuil : c’était un autre chat. Elle n’avait jamais vu de félin perché aussi haut dans les arbres — à sa place, elle aurait le vertige, et n’aurait pas osé redescendre.

— Salut ! T’as pas vu un écureuil ? lui demanda-t-elle tout simplement.

Elle voulait vraiment en voir un.

Pomme de Rainette et Pomme d’Api

Le couvert des branches, le vent qui là haut ébouriffe le poil, test parfois dangereusement votre équilibre, votre capacité à choisir la bonne branche au bon moment, à effectuer le saut en évaluant la distance, la solidité de ce qui va recevoir votre corps, et l'adrénaline que provoque la simple pensée du "et si". Cœur Brisé se mettait en danger tout seul, souvent, sans que nul ne le sache, jouant les acrobate, là haut ... Il le savait, un jour peut-être, ce serait la chute ... Et même si la sensation de prendre des risques étaient grisante, un œil averti aurait pu néanmoins voir que le jeune chat ne s'aventurait pas dans les arbres les jours où le temps étaient des plus mauvais, qu'il emprunter toujours les mêmes chemin là haut, qu'il avait tester les branches en partant du tronc arbres par arbres. Oui, si quelqu'un avait espionner le matou, il aurait sus que dans la tête de ce dernier se dressait une carte du territoire composé des arbres exploitable et des autres ...

Mais ça, s'était son truc à lui, il ne le partageait avec personne, imitant Foudre, sans cesse percher mais sans partager pour autant vraiment cela. Et si Brisé aimait tant les arbres, c'est parce que là haut, il était en sécurité. Là haut, nul chien pour le mettre en pièce ... Car ce qui définissait le minet, s'était Elle, Firmament. Tout ce qu'il pouvait grapiller de connaissance sur elle, il avait été le chercher, jusqu'au plus macabre, jusqu'à ce qu'on ne lui épargne aucun détail. Il était encore chaton quand on lui avait feuler l'état de Firmament ce jour là et il avait tout garder pour lui. Se construisant autour d'une mère imaginaire ... Tentant peut-être de se rapprocher d'elle aussi ... Jusqu'à ce que son attention soit détourner ...

La proie était au sol, et il fini par s'abattre sur elle, après avoir descendu de branches en branches, lui tombant dessus tel un rapace. Clairement, on n'apprécierait pas forcément sa méthode, ais parfois le résultat était là, os broyés certes mais proie chaude quand même. Et rapidement enterrer pour permettre à Brisé de regrimper. Il venait d'ailleurs de passer d'un arbre à un arbre quand son attention porta au loin, sur la bande noire du malodorant chemin du tonnerre, lequel venait d'être troublée par une vive fourrure brune. Se balandant de branches en branches, le regard allant vers le sol, il chercha le propriétaire de la dite fourrure. un lapin perdue ? Ca arrivait parfois ... Même si les lapins étaient vif et dur à attraper ... Pourtant le regard qui se plongea dans le sien n'avait rien de celui d'un rongeur et le miaulement lui fit pencher la tête, les oreilles pointé autant en avant que possible, tout comme ses moustaches tendis qu'il s'esclaffait.

- Pas vraiment, j'ai vue une jolie créature en revanche.

Et sitôt ses mots dits, il descendit de quelques branches, sans toutefois redescendre vraiment, faisant voler ça et là quelques copeau de bois. Il était encore assez haut quand il décida e s'arrêter, s'allongeant sur la branche épaisse et laissant pendre la moitié de son corps pour questionner la femelle qui visiblement, était sa fourrure brune "perdue".

- C'est pas plutôt les grenouilles votre truc chez vous ? Je serai curieux d'en voir une moi. L'innocente question ponctué d'un large sourire.

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Brisé ne put se retenir de glousser en voyant l'étrangère chercher de qui où de quoi il pouvait bien parler, pour autant voulait il la mettre sur la voie ? En aucun cas, pas encore. il préférait l'observer de là haut où indéniablement il avait l'avantage de pouvoir la détailler - tout en se la jouant "t'a vu tu peux pas m'atteindre sans que je te voie venir". Mais qu'avait il a craindre ? A priori rien, et il n'était pas le genre à voir le mal uniquement parce que son vis à vis venait d'un autre clan. il laissait ça à sa chère sœur Ciel, laquelle excellait littéralement dans l'art de n'aimer personne où presque. Un comportement qui au fil des lunes le poussait d'ailleurs à prendre de la distance avec Ciel dans le seul but de ne pas lui faire du mal, où de s'en faire à lui ... Il pouvait ne pas être d'accord, elle restait sa sœur et si un jour elle avait besoin de lui, il serait là.

- Hum ? Oh ! Ohohoh marché conclu !

Il se redressa de sur sa branche, avisa le sol et d'un bond quitta la hauteur pour atterrir, un grand atterrissage a la Brisé, digne de n'importe quel cascadeur un peu déjanter. Car si ses avants touchèrent le sol souplement, amortissant son élan, son arrière train dérapa un peu sur le tapis de feuille morte et il se retrouva a glisser légèrement, finissant bon gré mal gré plus où moins assis. On a vu plus classe, c'est sur, toujours est il qu'il n'avait subis aucun dommage et que non, ça ne le dérangeait pas de guider "une ennemi" aux travers de la forêt à la recherche d'un écureuil. Pourquoi cela aurait il du puisqu'il y gagner là une visite future à la recherche d'une grenouille non ? Encore fallait il qu'il tienne sa part du marché c'est pourquoi il se retourna, s'approcha de la jeune chatte et fronça légèrement le museau.

- autant moi je m'en moque, mais certains de mon clan seront pas de cette avis, masquons ton odeur, en plus on pourra approcher plus facilement du coin à écureuil.

Et quoi de mieux que de ronronner, laissant un mince souffle d'air entre eux, ajoutant un clin d'œil a sa tirade avant de gratter la terre riche en humus de ses arrières, projetant feuilles, terres et insectes - au mieux - afin de former une sorte de trou plus où moins boueux et suffisamment odorant pour au moins que sa nouvelle amie - car s'était une amie non ? Puisque ni l'un ni l'autre ne se cherchait bagarre - puisse s'y rouler et passer inaperçu. C'est que, il était un guerrier quand même donc pas si stupide, pas vrai ?

Pomme de Rainette et Pomme d’Api

A voir la Grenouille s'y rouler, il eut presque envie d'en faire de même mais, ça aurait été étrange non ? Et puis, il n'eut pas besoin de s'approcher pour en recevoir une généreuse portion, ce qui le fit reculer d'instinct puis rire à son tour. Pas vraiment le temps de répondre à sa jeune "amie" toute nouvelle que déjà elle était prête à prendre les devants, ce qui n'était pas tout à fait pour lui déplaire ... Il la rejoignit en quelques petits bond à son tour.

- Ahah ! Alors ne vas pas toute seule n'importe où dans ce cas.

Et lui de la dépasser, non sans la bousculer légèrement au passage, à charge de revanche comme on dit ... Et de s'enfoncer en trottinant dans la forêt en direction de la meilleure zone à écureuil qu'il connaissait même si sa signifiait se rapprocher de la frontière avec la ville... Il ne ralentis que lorsque ses pattes se posèrent sur un tapis de feuille et de coque de noisette pour certaine ouverte, grignoter et, se tendant entièrement, bandant ses muscles, il miaula pour sa nouvelle amie.

- On y est, je sais pas si on va en trouver un alors garde l'œil ouvert.

Il lui fallait un coup de pouce du destin, il le savait mais dame chance répondrait elle à sa prière silencieuse ? Un grattement plus loin sur le tapis d'humus en décomposition lui fit naturellement adopter la position du chasseur de la forêt de feuillus. Ventre à terre, ses pattes se posant précautionneusement l'une après l'autre sur le parterre humide, il se coula et bondis bien avant de voir la proie, pour atterrir en plein au dessus et d'un coup de croc achever une souris qui n'avait rien demander à personne. Pas un écureuil donc. Mais sa proie en gueule, il se tourna vers la Grenouille qui n'avait pas du en perdre une miette.

- Chai pas vraichant che qu'on cherche ... Mais Tant Chie.

Il irradiait pourtant de joie, c'est que Brisé et la capture des proies en tant normal s'était pas vraiment son truc alors réussir une prise, ça le mettait toujours en joie ...

La forêt du Clan du Tonnerre était tellement différente de la pinède du Clan de l’Ombre. Le lit d’aiguilles de pin qui recouvrait tout son territoire était ici remplacé par un vaste tapis de feuilles mortes, qui craquaient sous ses pattes. Les branches des arbres étaient plus hautes, leur territoire était plus lumineux, plus aéré. Il ne sentait pas la sève comme c’était le cas chez elle, et cette odeur douce qui se répandait partout les jours de chaleur lui manquait. C’était si proche de chez elle, et malgré tout si dépaysant.

Nuage de Grenouille s’émerveillait devant la moindre nouveauté. Une espèce de fougère qu’elle n’avait jamais vu avant, le chant nouveau d’un oiseau inconnu, la forme rigolote et tellement plus variée des feuilles, comparée à ses aiguilles de pins qui étaient toutes les mêmes.
Le guerrier du Clan du Tonnerre captura un rongeur, mais ce n’était pas un écureuil. En fait, l’apprentie était même très familière avec cette proie.
— Chai pas vraichant che qu'on cherche ... Mais Tant Chie.
Elle se mit à rire.
— J’allais dire qu’il était sacrément bizarre, ton écureuil !

Nuage de Grenouille écrasa le sol de feuilles sous ses pattes, pour s’habituer à ce nouvel environnement. Elle se sentait comme un poisson hors de l’eau, c’était tellement étrange.
— Laisse moi essayer, lança-t-elle à voix basse à son nouveau camarade.
Sans plus attendre, elle prit la position du chasseur, avançant à pas feutrés, plus lentement que d’habitude pour éviter de faire le moindre bruit qui pourrait surprendre une proie (de préférence, un écureuil).
Lançant un coup d’œil rapide sous ses pattes, elle remarqua que son pelage se fondait encore plus dans le décor ici que chez elle. Comme si ce territoire avait été faite pour elle, ou, inversement, qu’elle avait été faite pour ce territoire. Il s’écoula peut-être cinq ou dix minutes, pendant lesquelles elle cherchait, traquait, s’habituait à ce nouveau lieu. Et, tout à coup, elle vit un éclair couleur rouge-feu filer droit devant. Il s’immobilisa très vite, dressé sur ses pattes arrière, ses grandes oreilles coiffées d’un plumeau dressées hautes sur sa tête. Nuage de Grenouille se mit à compter dans sa tête. À chaque chiffre, elle faisait un pas de plus.
Un.
Deux.
…
Trois.
D’un bond rapide et précis, elle se retrouva au dessus de sa proie, et d’un geste net, elle lui brisa la nuque d’un coup de crocs.

— Je l’ai eu ! s’écria-t-elle victorieuse. Au fait, c’est quoi ?

Ils avaient bien des choses, sur son territoire, mais pas de proie de ce genre.