THE PROPHETIES BEGIN
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Thème X - Terres Inondées
 
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 the kids aren't alright, prio toucan - end

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Cri des Albatros
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MessageSujet: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty13.11.16 16:58

sex changes, the dresden dolls

Son entrevue avec Toucan avait révolutionné sa vie. Elle ne s'était pas calmée. Elle savait désormais qu'elle pouvait librement exprimer sa rage, sa colère, sa violence. Sa famille avait remarqué depuis peu qu'elle devenait de plus en plus cynique. Coeur Vaillant, paniquée, tentait de la ramener dans le droit chemin à force de réprimandes. Nuage d'Albatros s'en fichait. Toucan lui avait promit la lune, elle attendait d'en être la reine. Bientôt, elle serait chef de ce Clan. Bientôt, elle allait avoir du pouvoir. Bientôt, elle allait pouvoir se venger. Bientôt, elle ne serait plus la pauvre petite albinos inutile. Toucan lui avait dit qu'elle était plus que ça, elle, la laide. Elle se sentait prête pour son ascension et c'était comme habitée par sa propre détermination qu'elle se préparait à avoir des opposants politiques. Si sa mère ne la comprenait pas, elle l'ignorerait. Si sa tante se mettait en travers de son chemin, elle allait rechigner. Elle tenait à Coeur Fleuri. Par chance, la dernière avait toujours remarqué son attirance pour l'ultra-violence et l'acceptait. C'était cette tolérance que la petite albinos appréciait chez sa tante. Soyez pouilleux, laids et affreux, elle vous aimera. Elle semblait être à la fois un être de moquerie et un être d'amour. C'était ce qu'elle aimait chez Coeur Fleuri.
Certainement parce que c'était qu'elle aurait été être.

Le cœur soudainement serré, elle regarda le soleil. Elle avait donné rendez vous à Toucan ce jour là. Les falaises allaient les abriter, et c'était pour la sensation de danger qu'elle avait choisi cette destination. L'idée de se battre à des mètres d'altitude la transcendait. C'était dangereux, c'était mortel. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Ses griffes crissaient sur le sol. Nuage d'Alcidé n'aimait pas se battre. Les apprentis disaient qu'elle leur faisait mal. Seule sa sœur voulait se battre avec elle pour vider ses pulsions de violence. Etoile Fauve avait prit sa retraite. Elle se sentait abandonnée par son mentor, et cette sensation la mettait mal à l'aise. Rafale de Sable, future Etoile de Sable, allait le remplacer. Elle allait devenir son mentor. Elle gardait sa place d'apprentie privilégiée, et la prétentieuse qu'elle était voyait la nouvelle d'un très bon œil.

Son esprit divaguait sur son mentor spirituel tandis qu'elle gravissait la pente qui menait aux falaises. Toucan n'avait pas peur des coups. Elle pouvait se déchaîner sur lui, il grimaçait sans hurler. C'était admirable. Le cœur léger, elle sentait ses pattes se détacher du sol, guidées par son sentiment d’allégresse. Au sommet, entre deux grandes pierres, il l'attendait. Elle était attendue par quelqu'un. Il était planté ici, au centre d'une clairière bordée d'arbres. Elle avait l'ombre nécessaire pour se battre. Elle pouvait user de ses techniques venteuses. Nuage d'Albatros analysa la situation. Il fallait qu'elle le percute suffisamment fort pour qu'il soit expulsé dans les taillées. Ils étaient à quelques mètres. Il fallait qu'elle court de toutes ses forces. Elle allait être facilement épuisée et allait devoir s'exposer un peu au soleil. Néanmoins, cette exposition allait durer que quelques secondes si elle en croyait ses analyses.
Son albinisme lui avait apprit la préparation. Elle n'avait pas l'habitude d'y réfléchir. Pour se battre, elle était prête à faire des plans militaires. Elle voulait infliger un maximum de dégâts, être la plus rapide.

Elle voulait surtout impressionner son mentor spirituel.

Le cœur battant, elle tournait autour du chat gris. Ses pattes faisaient attention à chaque action. Elle était habituée aux plaines, elle savait se faire silencieuse. Avec ses quatre lunes d'entraînement, elle savait pertinemment qu'elle n'aurait pas le dessus sur Toucan. Il était plus fort physiquement qu'elle. Rafale de Sable semblait vouloir lui faire un entraînement martial. C'était une joie pour la gamine débordante d'énergie. Bientôt, elle allait pouvoir se battre équitablement avec Toucan. Ce jour là, elle voulait lire l'admiration dans les yeux du solitaire. Après l'humiliation qu'elle avait vécue, elle voulait l'humilier également. Elle voulait lui prouver qu'elle lui était supérieure. Il n'était qu'un galet.
Coup de départ mental, elle se levait. Coup de sang corporel, elle bandait ses muscles. Il fallait courir. Coup de sifflet de nulle part, elle s'élançait, fendait l'air comme un éclair blanc dans la clairière. Pattes en avant, elle percuta de plein de fouet le solitaire. Elle fut déçue par ses pensées, trop bruyantes pour laisser place au cri de surprise du chat gris. Ils tombèrent ensemble au sol, roulant vers les taillées. Comme lui avait apprit Etoile Fauve, Nuage d'Albatros stoppa leur course quand elle fut au dessus de Toucan, plaquant une patte sur son ventre et posant une patte arrière sur l'intérieur de sa cuisse, griffes sorties. Un sourire mauvais se peignait sur son visage. Son cœur battait, tic tac. Ses yeux étaient animés d'une joie démesurée. Elle était heureuse. Elle vivait.

« Je t'ai manqué ? » fit - elle en haussant un sourcil.

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty14.11.16 23:03

crimson & clover
Joan Jett and the Blackhearts


La mauvaise saison grignotait insidieusement les feuilles sanglantes des arbres. Le soleil était fourbe en ce jour, jaune comme un œuf, plein comme une pomme mais froid comme une lame. Toucan essayait tant bien que mal de réchauffer sa pelisse sous les rayons timides tandis qu’il marchait jusqu’au lieu du rendez-vous. Les Falaises. Drôle d’idée de la gamine. Un lieu dangereux, pour une rencontre avec un chat qui ne méritait pas la confiance aveugle et diablement enfantine de la petite.

Enfin, après tout, leur contrat avait été rédigé dans un vieux Moulin poussiéreux, entre des planches pourries, rongées par les vers. Écrit dans l’urgence, signé de son sang, scellé de vomissures. Elle était prévenue. Toucan n’aurait pas souhaité mieux pour son mariage. Évidemment, non pas qu’il veuille s’enterrer vivant avec un autre chat, et non pas qu’il ait des vues sur l’albinos – il frissonna au souvenir de son museau écarlate, de ses yeux rougeoyant – mais l’esthétisme du mariage l’avait toujours intrigué. Il n’était pas de ces chats bornés qui rejettent l’inconnu, l’étrange, avec des cris de dégoût : il était curieux, et l’engagement sonnait à ses petites oreilles grises comme un charme araméen. Ne prenons même pas le peine de préciser que le concept même d’amour lui écorchait l’esprit ; il n’y croyait pas. La passion, éphémère et brûlante, le sexe, instinctif et primal, le sang, chaud et épais : voilà ce en quoi il croyait. On était bien loin des cérémonies à l’Église.

Les pensées trottaient dans sa tête, et ses pattes anthracites s’agitaient sur les graviers ocres. Il gravissait les Falaises, un deux, toujours plus haut. Se rapprocher du soleil, Icare de pacotille, et y brûler l’albinos. Il esquissa une grimace de joie qui lui tordit les babines. Cela l’amusait. Nuage d’Albatros l’avait sans doute pris au sérieux, dans toute sa dimension dramatique et tentatrice. Pire, elle suivait ses mots à la lettre. Il devait l’emmener au dessus des gens, voilà qu’ils allaient se battre avec les nuages. L’enthousiasme des enfants, une bien belle foutaise.

Deux grandes pierres dressées sur une surface plane. Ça ferait l’affaire. Quand il les dépassa, il sentit les monolithes l’accueillirent. C’était une sensation étrange, fugace, et pendant un moment il se sentit désorienté. Son cœur manqua un battement, deux, trois. Il reprit son souffle. Les pierres l’avaient accepté. Il apprécia dans sa chair, dans ses os, ce sentiment de plénitude. Oui, il y avait peut-être bien quelque chose qui le dépassait. Quelque chose de plus grand, de plus vaste.

Sans doute de plus beau.

Soudain, il fut arraché à ses méditations métaphysiques. Un corps lui tombait dessus – encore. Ça le fit rouler au sol, puis l’immobilisa sur le dos, le ventre découvert et maintenu au sol par une pression du pied. Sur sa cuisse gauches, des griffes joyeuses. Au dessus de son visage, un regard écarlate, un faciès de craie, une excitation visible. Le come back du Delirium Tremens.

« Je t'ai manqué ? »


Il souffla du nez, creusa le ventre, pour que la pression s’atténue. Beau parleur, il plongea ses yeux mornes dans les lunes de sang de la petite, tentant vainement d’y insuffler un peu de chaleur. Une moue travaillée sur le visage, une voix grave au murmure suave, il était fin prêt.

« Pas du tout. J’espérais que tu ne viennes pas. T’as pas compris que je me foutais de toi et de ta gueule enfarinée ? Va donc, Notre Dame des erreurs, saute des Falaises. »


On y était, la pression avait quasiment disparue. Elle devait être décontenancée. Toucan espéra qu’il pleurerait, il attendait le moment où le sang remplacerait les larmes et viderait ses pupilles de toute couleur, qu’elles soient enfin aussi délavées que son corps. Elle pleurerait sans doute après le coup qu’il allait lui infliger. Un rire lui déchira la gorge, ses yeux se révulsèrent. Il était aussi hideux qu’elle. Se moquant des griffes sur sa cuisse gauche, il déplia soudainement la droite dans le ventre de l’albinos. Il fut projetée dans le ciel, petite fusée blafarde.

Les yeux clos, il respirait l’air assaini du sol rocailleux. Il s’imbibait de minéral, il devenait jeune pousse. Bruit mat de corps. Contorsionniste, il se remit sur ses quatre pattes, grimaça un peu quand il remarqua la moiteur du sang sur son membre postérieur. Elle avait du le griffer lors de son envolée. Qu’importe.

« Bien sur que tu m’as manqué chaton, j’ai besoin de toi pour me rappeler qu’il existe plus laid que moi. Allez, viens. On a du travail. Considère ce qui vient de se passer comme ta première leçon : la surprise, oui, bien joué, mais la vrai arme, ce n’est pas des crocs qui déchiquettent des tendres et fines chaires sans préavis, non. La surprise, c’est le langage. »

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty15.11.16 13:12

source, fever the ghost
« Pas du tout. J’espérais que tu ne viennes pas. T’as pas compris que je me foutais de toi et de ta gueule enfarinée ? Va donc, Notre Dame des erreurs, saute des Falaises. »

Le sourire enthousiasmé de la gamine disparut d'un coup. Il y a quelques lunes, elle se serait peut – être mise à pleurer. A quelques lunes de son baptême de guerrière, elle était devenue suffisamment vieille pour apprendre que pleurer devant un agresseur, c'était lui donner raison. Néanmoins, elle ne pouvait cacher son sourire triste, sa mine défaite et ses oreilles qui commencèrent peu à peu à tomber. Perdue, son souffle se coupa quand elle se prit un immense coup de patte dans le ventre. Fragile et frêle, elle vola sur quelques mètres en hurlant. La chute fut dure, elle mangeait la poussière à grandes cuillerées. Sa surprise et ses réflexes lui avaient permis de griffer sa cuisse intérieure, et c'était avec une certaine délectation qu'elle regardait sa grimace. Qu'il hurle, ce clown triste. Avec un sourire mauvais, elle le fixait, espérant qu'il grimace encore et encore. Elle voulait voir sa réussite de manière matérielle. Son enthousiasme s'était muté en haine, et son premier ascenseur émotionnel lui donnait la nausée. Si elle avait su, jamais elle ne serait venue. Elle eut envie de fuir des Falaises, pour laisser son honneur sauf. Elle ne supporterait pas une seconde humiliation. Elle avait l'obsession des images, celle qu'avait Coeur Vaillant. Si il voulait l'humilier, eh bien elle se battrait. Qu'il la tue sur place, l'idée de mourir noyée dans son sang ne la dérangeait pas.

« Bien sur que tu m’as manqué chaton, j’ai besoin de toi pour me rappeler qu’il existe plus laid que moi. Allez, viens. On a du travail. Considère ce qui vient de se passer comme ta première leçon : la surprise, oui, bien joué, mais la vrai arme, ce n’est pas des crocs qui déchiquettent des tendres et fines chaires sans préavis, non. La surprise, c’est le langage. »

Ses oreilles se dressèrent sur son crâne. Etait – ce un coup monté ? Il se moquait d'elle ? Elle serra les dents. Cette nouvelle la rassurait, elle n'était pas remplaçable, elle demeurait son élève à lui. Son cœur, soigné au baume nommé confiance, recommençait à prendre ses fonctions, peu à peu. Haletante à cause de la douleur, elle hésitait à faire la morte. Aurait – il une quelconque culpabilité face à sa mort ? Ou la laisserait – il mourir sans préavis ? Elle ne le cernait pas, et c'était beaucoup d'agacement qu'elle était dans la même position depuis quelques minutes. Elle était paillasson forestier.
Elle rit soudainement, d'un rire rauque de bête blessé. Si Nuage d'Albatros frappait fort et avait une endurance au combat exemplaire, elle avait cependant un grand point faible : sa défense. Elle avait mal joué, elle devait toujours misé sur sa petite taille et son agilité pour ne pas se faire toucher. La position qu'elle avait choisie était suicidaire pour elle. Un coup dans l'estomac, et la gamine vacillait au sol comme une poupée de chiffon. Les mots de l'autre sonnaient pourtant hypocrites à ses oreilles. Comment pouvait – il donner de telles leçons alors qu'il avait preuve d'une violence inouïe la première fois qu'ils s'étaient vus ? C'était insensé.

« C'est vrai que la première fois, t'étais bien porté sur le langage dans le moulin et que t'as rentré les griffes. »

C'était ici aussi le cri du cœur d'une apprentie effrayée. La première intervention de Toucan l'avait blessé, quoiqu'elle en dise. Bien qu'elle paraissait insensible, Nuage d'Albatros avait cette sensibilité qui la tourmentait, ne faisant qu'augmenter son agressivité et sa violence d'années en années. Elle finit même par admettre qu'elle appréciait être blessée. Elle tirait sa force d'ici. Elle était une centrale nucléaire, transformant le mal en bien.

Le ventre en miettes, elle se leva. Rafale de Sable aurait eu honte d'elle. Elle lui avait apprit à être un peu plus déterminée. Nuage d'Albatros s'était appris à être plus déterminée. Difficilement, elle s'approchait de Toucan pour s'écrouler à ses pattes, respirant difficilement. Une patte sur son ventre, elle s'allongeait devant lui en gémissant.

« Regarde ce que tu as fais ! T'es un putain de malade, t'as failli me tuer ! T'es qu'un sale solitaire, une pourriture, une ... »

Elle s'interrompt. Elle savait que ce dernier n'allait pas laisser la provocation sans réponse. Toucan semblait avoir cet égo des apatrides. Il était contre tout cliché sur les solitaires. Elle espérait que les provocations allaient geler son cerveau, pour qu'il ait un temps de réaction. La surprise, c'est le langage. Elle n'avait pas conscience que son intervention était une imitation pâle de Toucan, mais elle était certaine d'avoir répliquer de manière convenable. Continuant son laïus, elle attendit qu'il commençait à prendre la parole. Se relevant soudainement en toussant, elle planta ses griffes dans son cou, ramenant sa patte vers son poitrail. Elle rit soudainement et commença à se lever rapidement pour s'écarter. Tremblante, elle fit deux bonds arrière, haletant et sur ses gardes. Elle offrit un sourire provocateur à Toucan.

« Fais pas ta mauvaise tête. Si j'ai reçu une leçon de toi, c'est bien ça : vous êtes moins cons que vous en avez l'air. »

Griffes sorties, elle serrait les dents. Prête à en découdre avec son estomac fragilisé, elle soufflait bruyamment. Elle savait que le prochain coup du genre allait la prendre à terre. Elle espérait que Toucan allait vouloir s'amuser un peu, et ne pas l'assommer tout de suite.
C'était son mentor après tout. Son alter ego gris. Faites qu'il ait ce goût du combat, de la poussière, de la violence.

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty15.11.16 22:45

fatiguante
Louise Attaque


L’air s'était quelque peu rafraîchi, comme s’il suivait l’évolution mentale de la jeune albinos. Les paroles de Toucan avaient dû lui glacer le cœur, lui mouiller les yeux, lui passer les nerfs au chalumeau. La griffure qu’il avait à la cuisse avait cessé de saigner, elle était bénigne. Son corps ne pleurerait plus aujourd’hui, croix de bois, croix de fer.

Tandis qu’il s’époussetait, la petite mimait un coma profond, une étreinte glaciale avec la douce Morphée. Sans doute la seule qu’il connaîtrait de sa vie, qu’il imaginait fulgurante et violente, comme une pluie de météores. Ses petites oreilles remuèrent. Elle allait bien. Tant mieux. Sans doute. Toucan ne se sentait pas vraiment empathique avec Nuage d’Albatros, il ne la considérait pas vraiment comme un être vivant.

Elle resterait son Delirium Tremens ad vitam æternam.

Comme pour lui donner raison, un rire d’outre tombe s’éleva de la carcasse tremblotante du chaton. Le fantôme approchait à petits pas saccadés, une patte sur le ventre, comme pour empêcher des viscères invisibles de se répandre sur le sol. Enfin, elle était encore en un seul morceau. Elle devrait apprendre à encaisser les coups. D’expérience, il savait qu’elle devrait avaler du plomb pour coaguler ses humeurs, comme lui quand il avait quitté son foyer.

« C'est vrai que la première fois, t'étais bien porté sur le langage dans le moulin et que t'as rentré les griffes. »

Oh, pas que sur le langage, gamine
. Il refoula ses mots trop vifs pour son pelage trop blanc. La pauvre, il n’allait pas salir son innocence. Pas maintenant. Un sourire en coin, il attendait la suite. Sa petite apprentie avait le regard brûlant tandis qu’elle se relevait péniblement, après sa proskynèse inopinée, brinquebalant sur ses pattes trop fines. Il faut dire qu’elle avait l’air plus petite et maigrelette qu’un chaton normale, plus fuselé, comme taillée dans la bise.


« Regarde ce que tu as fais ! T'es un putain de malade, t'as failli me tuer ! T'es qu'un sale solitaire, une pourriture, une ... »


Oh. Non. Quelle déception. On repartait comme en quarante, elle allait dérouler les mêmes inepties que dans le Moulin. Il se préparait pour un torrent d’injures, elle allait l’agonir, c’était le couplet des chiffonniers, la complainte des aigries. Continue petite, continue, tu vas réveiller la bête. Or, il voudrait mieux pour toi que Faust-fils ne se réveille pas. Il remâchait son murmure de petits os, de cristaux crissant, de tessons et de globules rouges. Plongé dans la noirceur de son regard, il occulta Nuage d’Albatros ; elle n’existait plus pour lui, elle faisait parti du royaume des Ombres, bon spectre qu’elle était.

Puis ce fut un éclair de douleur pure, un shoot de souffrance. Un tas d’asticot grouillait dans son poitrail, et rampait perfidement jusqu’à sa gueule ouverte sur un râle, ils dévoraient ses chairs, se gorgeaient de ses fluides. Son corps pleurait à verse. Croix de bois, croix de fer, il ne ferait plus de serments avec l’albinos aux alentours.

Pire que le feu des griffes d’Alby dans ses tissus délicats, les éclats de rire de l’autre le blessaient. Ils ricochaient sur lui comme autant de balles, criblant son pauvre corps. Son squelette grisâtre pulsait. C’était une mélodie macabre qui l’animait, une danse funèbre à laquelle répondait l’hilarité d’Alby.


« Fais pas ta mauvaise tête. Si j'ai reçu une leçon de toi, c'est bien ça : vous êtes moins cons que vous en avez l'air. »


Elle lui envoyait de son ironie mordante à la figure, pantelante, à quelques pas de lui. Les griffes luisantes et le souffle court, elle le fixait. Il ne parvenait pas à lire dans son regard : était-elle encore affaiblie, et donc désireuse de se venger ? Ou bien amusée, plongée dans une spirale d’ultraviolence jouissive ? Sans doute un savant mélange des deux, ces deux élans étaient miscibles.

Il cracha sa morgue.
Il allait s’amuser, elle était à sa mesure.

Inspirer, exhaler, penser, recommencer. Le terrain était désavantageux pour lui, il ne le connaissait pas. Même si les pierres lui donnaient leur force séculaire, il était potentiellement en danger. D’autre part, le chaton était frêle, à peine une petite feuille prise dans le vent, un coup de patte la déchirerait en deux. D’ici là, elle était menaçante, avec son rire hystérique et ses prunelles rougeoyantes.

La poussière lui paraissait être une bonne alternative. Elle était toujours à deux pas de lui. Inspirer, exhaler, se préparer. Il tomba dans la poussière, se roula, puis, boule de gravats, il effectua une deuxième roulade et s’immobilisa plaqué au sol, sur le ventre. Il pouvait sentir l’odeur de Nuage d’Albatros, ses petits poumons qui se soulevaient à toute allure. Il se releva, cognant sa gueule avec le haut de son crâne. Simultanément, il effectua un chassé de sa patte antérieure gauche. Elle allait lui tomber dessus, sur son pelage souillé.

« Deuxième leçon. Ne néglige cependant pas la ruse et la violence. Le sang est éloquent. »

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty17.11.16 22:04

death is a girl, mini mansions

La gamine jubilait. Ses yeux brillaient d'une lueur amusée. Son ventre la gênait encore, mais la vue de sa victoire venait de la remplir d'enthousiasme. Elle venait de produire du chaos en barre, elle venait de provoquer une bagarre. C'était le plus important. Son ventre n'existait plus. Son corps était immatériel. Elle pouvait encaisser la haine du monde, elle reviendrait avec sa motivation. L'idée d'impressionner l'autre comptait plus à ses yeux. Les yeux écarquillés et un sourire dévoilant l'intégralité de ses crocs au visage, elle attendait la réaction de l'autre. Contre toute attente, Toucan agissait étrangement. Elle perdait doucement son sourire, incompréhensive. Qu'est – ce qu'il branlait au juste ? Il voulait faire le beau, à se rouler dans la poussière ? La poussière était sale. Elle haïssait avoir quelque chose de sale sur elle. Cette simple pensée choquait la superficielle qu'elle était. Il roulait vers elle, acrobate sans mérite. Elle fronçait les sourcils. Toucan était un électron libre, désobéissant aux lois imposées par l'esprit de la gamine. Elle n'avait vu une technique pareille, et elle était étonnée. Nuage d'Albatros haussa les épaules, se perdant dans ses pensées. Après tout, elle n'avait pas fini son entraînement. Elle n'avait pas de soucis à se faire. D'ici quelques jours, Rafale de Sable allait lui apprendre de telles techniques. Pour le moment, elle ne comprenait son utilité, et elle sentait l'hilarité la prendre.

Pas de chance, Toucan avait prévu son coup. Il surgit sous son menton, lui filant un uppercut bien senti avec sa tête. Elle gémit sous la douleur, effrayée à l'idée de s'être coupée la langue en deux. Ses pattes désobéissaient à la gravité, la faisant percuter le corps de Toucan. Elle priait les dieux qu'il se soit mis là, en bon coussin vivant. Elle grogna quand la poussière envahit sa bouche, son nez, son corps. L'albinos se mit à tousser compulsivement, ne pouvant se concentrer sur sa cible. Bon sang, ils étaient formés à la poussière, dans son Clan. Elle eut peur d'avoir des lacunes. Etait – elle mauvaise ? Elle qui se pensait déesse sur son nuage de privilèges.

« Deuxième leçon. Ne néglige cependant pas la ruse et la violence. Le sang est éloquent. »

Elle soupira. Toucan semblait prendre son travail de mentor à cœur. S'il continuait, elle allait peiner à différencier le visage de Rafale de Sable et du solitaire. Quel dommage, eux qui étaient si différents. Son cerveau fonctionnait à toute allure. Il fallait trouver une technique, quelque chose, pour rester dans le combat et impressionner l'autre. Le coup de l'autre l'avait quelque peu sonné, mais ce shot d'ultraviolence avait rempli son cœur d'adrénaline. Ses nerfs se tendaient, jouaient entre eux, grinçaient. Son cœur battait à la chamade. Ses sens étaient en éveil. Elle était prête. Elle voguait dans son esprit, se persuadant que la douleur n'était que psychologique. Elle jeta un regard à droite, un regard à gauche. Elle trouva la solution. Elle était sur Toucan. Très bien. Rafale de Sable avait l'habitude de vouloir s'adapter à sa petite taille pour l'utiliser à son avantage. Se mettre sur le ventre était une mauvaise idée, fragile comme elle était. Il fallait trouver un endroit, où elle pouvait avoir l'avantage sans se faire toucher. L'endroit était tout trouvé.
Le dos de Toucan. Oh. Surprise. Il était à portée.

Usant de son agilité génétique, elle planta ses griffes dans les épaules de Toucan et se hissa sur son dos. C'était une technique qu'elle usait principalement en entraînement. En cas de combat contre un chat légèrement plus grand, il fallait toujours l'utiliser. Son seul danger était la roulade de l'autre. Le précédent coup de Toucan lui avait prouvé que le dernier était une véritable toupie et qu'il n'hésiterait pas à se salir s'il le devait. Ses griffes sorties, elle déchiquetait le flanc de Toucan.
Elle rit. Elle était heureuse.

« Merci Toucan ! Merci d'exister ! » lança-t-elle avec une voix tremblante d'excitation.

Le sang était éloquent, en effet. Néanmoins, le picotement d'un saignement était désagréable au possible. La poussière dans une plaie était invivable. Manque de chance, la gamine avait mangé la poussière de l'autre, et présumait qu'il lui restait de la poussière sur la peau. L'idée d'imaginer les deux matières se mixer en cocktail de douleur l'enchantait. Elle allait lui plaire. Il allait la trouver intéressante, sa plus formidable apprentie. Elle allait devenir son poulain, le surpasser. Elle allait devenir la dominatrice du tandem. Elle allait être chef.
Assurée sur ses pattes arrières pour s'expulser au cas d'une roulade, elle planta ses crocs dans l'oreille de l'autre, laissant son flanc tranquille. Elle fut tentée de lui griffer les joues, les paupières comme elle avait l'habitude. Rafale de Sable disait que c'était déshonorable. Elle trouvait cette technique efficace. Ayant un minimum d'empathie pour le caillou, elle décidait de lui martyriser ses oreilles un petit peu, avant de sauter de son dos. Prenant son appui sur ses épaules, ses os sous ses pattes, elle sentait les mouvements de l'autre. C'était jouissif. Avec un sourire fasciné et un regard vif, Nuage d'Albatros sauta du dos de l'autre. Ses pattes étant un peu endolories par le dernier coup de l'autre, sa chute fut laborieuse. Elle sentait une de ses épaules dériver à l'atterrissage, lui arrachant un gémissement de douleur.

Elle se tourna vers son mentor spirituel, la queue battante dans l'air, tremblante d'excitation. Elle était devenue une pile électrique, une centrale nucléaire, une bombe à retardement. Elle riait à ne plus s'arrêter, heureuse comme un enfant. Elle espérait de tout cœur lui convenir, être à sa hauteur. Les muscles bandés, sa rapidité du Vent était prête à esquiver si besoin.

« Tu t'amuses ? »

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty20.11.16 20:02

flagpole sitta
Harvey Danger

Les épaules écorchées, les flancs désolées et pleurant, il grimaçait, son souffle sifflant sinuait, serpentin, entre ses lèvres, dans un son strident. Déjà, la poussière rentrait dans ses plaies, assombrissant son sang. Bientôt, le liquide poisseux et chaud qui s’écoulait de son petit corps prendrait la couleur de son pelage minéral. Elle était trop fermement accrochée pour glisser s’il se débattait – de plus, ses plaies risquaient de s’agrandir. Il se força à rester relativement immobile, banda ses muscles, espérant qu’ils deviennent plus difficiles à transpercer.

« Merci Toucan ! Merci d'exister ! »

Sa petite voix geignarde lui vrillait les tympans. Elle parlait trop aigu, sa joie ricochait en petits éclats pointus. Puis ses petits crocs vinrent compléter le travail, et lui tordre les oreilles. Il restait immobile. Au moins, elle avait laissé ses tranquilles, ce qui lui permettait de réfléchir à la situation. Faisant abstraction du crissement des dents contre ses cartilages délicats, il analysa la situation. Il était habitué à procéder de la sorte : la douleur n’en était pas moins vive, mais il avait pris le pli, à force de vivre dans des poubelles, l’estomac creux et le poil terne. Devait-il se rouler dans la poussière pour échapper à l’emprise de la jeune albinos ? Devait-il souffrir plus que de raison en ce jour alors que les pierres lui avaient manifesté tant d’amour ? Serait-il un martyr stoïque buvant la coupe jusqu’à la lie, ou bien un beau diable, écumant de rage ? En définitive, toutes ces questions se fondaient en une seule : à quelle point la gamine allait-elle morfler ?

Puis ce fut la délivrance : appuyant sur ses épaules, elle quitta son dos. L’oiseau avait pris son envol. Mais comme tout bon albatros, elle ne fut gracieuse que quelques instants, avant de toucher le sol dans un bruit mat. Elle n’était que vaguement belle au dessus des gens, mais trop matérielle pour se détacher d’eux ; condamnée à exister parmi ses semblables, étouffant ses rêves de grandeur, elle lui ressemblait. Il écrase la poussée de tendresse qui lui serra le cœur comme elle avait enfoncé ses omoplates. L’autre s’était relevée.

« Tu t'amuses ? »

Non je souffre tu me déchires putain arrête avec tes crocs laisse mes petites oreilles putain de monstre tu me fais peur avec tes yeux avec ton rire perçant avec tes pattes trop blanches ta peau trop fines tes mots trop durs ton regard malsain albinos albatros

Oui

Non et toi non plus tu vas vite déchanter je vais te faire saigner te rompre les chairs te casser les os boire ta moelle épinière jouer avec ton crâne t’arracher les griffes lécher tes orbites broyer ton cœur sec et pâle tu vas avoir mal mal mal mal

Oui

Non et tu vas regretter ce que tu fais tu ne vas plus jamais venir me voir tu ne vas plus jamais pouvoir car je vais

« Oui. »

Un grand sourire lui barrait le visage. Sans laisser à la gamine le loisir de lui répondre, il fonça sur elle. Il hurlait à s’en déchirer les cordes vocales, certains que le bruit la surprendrait : après tout, elle n’était pas habituée à l’entendre beaucoup, il était plutôt mutique lors des affrontements ; le sang parlait tellement mieux. Il feinta à gauche, envoyant de la poussière dans cette direction, et cessa subitement ses cris. Arrivé devant elle, il se ramassa, et bondit. Devenu à son tour oiseau, il ré-atterrit sur la queue de la petite, qu’il saisit directement dans sa gueule et mordit violemment. Ils étaient dos à dos. Prenant appui sur ses pattes antérieures, il propulsa ses pattes postérieures sur le dos d l’apprentie, afin de s’asseoir sur son dos, au niveau de ses hanches. Il verrouilla sa position en rejoignant ses deux pattes sous le ventre d’Alby, et en crochetant sa petite fourrure immaculée à l’aide de ses griffes. Si elle bougeait trop, des choses regrettables arriveraient à la peau si tendre de son ventre. Il remâche puis relâcha sa queue, pleine de bave mêlée de poussière. Il prit une impulsion sur le sol avec les pattes antérieures, et, à la force des abdominaux, se retrouva à la verticale sur la croupe de la petite. Cette position ne dura pas, et, petit acrobate, il écrasa son dos sur le tronc et le garrot de son adversaire. Il était sur elle, les pattes postérieures fichées dans le ventre chaud et grouillant, le ventre offert au soleil. Son mouvement, étreinte paradoxale, finit par amener sa gueule au niveau du cou de son apprentie. Il voyait le ciel filtrant dans l’entaille qu’elle avait dans l’oreille, un manque dans le réseau fin des ses capillaires.

Il était heureux, heureux de sentir les rayons chauds sur son ventre, heureux de sentir le dos de l’autre dans son dos, heureux de la sensation de pesanteur qu’il lui infligeait, heureux de sentir son sang à lui rejoindre sa fourrure à elle, heureux de se battre. Il s’arracha à la contemplation de son oreille et mordit dans son cou : pas pour la tuer, bien sur, mais pour s’accrocher fermement. Enfin, dans cette position incongrue, il sût quoi faire pour lui montrer qui dominait l’échange. Il n’allait pas se faire battre par cette gamine, non, il n’avait même pas encore fait couler son sang ; cela ne saurait tarder. De sa patte antérieure droite, qui pendait alors contre celle d’Alby, il tâta l’épaule de la petite, pour trouver un endroit tendre. Puis il resserra sa prise sur le cou de la gamine, qu’elle ne puisse plus se concentrer sur autre chose que sur ses dents si près de sa trachée. Et là, il lui porta un coup. Un seul et unique coup. Pas un coup pour griffer, non, un coup pour percer. Les doigts comme soudés, les griffes sorties, il ouvrit l’épaule de Nuage d’Albatros. Il sentit le début de sa patte s’enfoncer dans les tissus gorgés de sang de l’albinos, recueillant la chaleur de l’intérieur de son petit corps défaillant.

Il sentit son épaule céder, et se détacha d’elle. Il retira ses crocs de son cou et ses griffes de son ventre, et roula de son dos, du côté droit, celui qu’il avait percé. Elle ne pourrait pas utiliser son épaule avant bien quelques minutes, voire quelques heures.

Il ne la plaignait pas, il exultait.

"Tu diras que tu t’es mangé un caillou pointu."

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty29.11.16 19:05

amen, enigma
La voix de Toucan brisa le silence. Un oui sorti de nulle part franchit ses lèvres pour s'éclater à terre. Un sourire s'étira sur celles d'Albatros en guise d'écho. Il s'amusait. Elle était utile. Elle était remplie de joie, malgré ses blessures. La faiblesse commençait à la gagner. Elle grimaçait et elle savait qu'un seul coup lui serait fatal. Néanmoins, Toucan était amoché, et ce jeu semblait avoir trop duré pour lui. Il allait faire en sorte de finir victorieux. Plongée dans ses pensées, elle entendit Toucan foncer droit sur elle. Avec un sourire mauvais, elle s'apprêta à lui griffer les yeux pour l'aveugler. Elle tendit la patte et crocheta le vide. Une mine défaite s'afficha sur son visage. Ses yeux regardèrent le vent. Elle comprit qu'elle était finie. De la poussière agressa son visage et elle se mit à toussoter en fermant les yeux. Moment d'incompréhension, une douleur fulgurante la traversa de part en part. Sa queue, devenue excroissance de souffrance, la fit hurler. Elle se prépara à se retourner sur elle même, griffes sorties pour griffer la joue de son agresseur. Une force s'exerça derrière elle. Elle s'affaissa. Un poids s'écroula sur elle, aplatissant son corps au sol. Elle poussa un cri de douleur et tomba au sol. Elle savait qu'elle était finie. Ses membres ne voulaient plus bouger. Ses yeux étaient fermés pour éviter tout effort inutile. Elle crachotait. Son visage était devenu une grimace.

Ses pupilles se dilatèrent d'avantage quand elle sentit la patte de l'autre sur son épaule. Elle fut tentée de gémir, de l'implorer. Elle avait suffisamment prit, elle serait sage. Elle serait un ange, l'appellerait papa ou maître s'il le voulait. Les griffes de l'autre la transpercèrent, lui arrachant un hurlement de douleur. Elle retenait ses larmes, se jugeant trop grande pour pleurer maintenant. Il se retira, finissant son œuvre en lui roulant dessus.

Elle était achevée, finie. Elle ne pouvait plus rien faire et elle voulut insulter ses dieux d'être aussi faible. Elle savait frapper rapidement et efficacement, mais sa résistance était son talon d'Achille. Toucan devait l'avoir très bien comprit. Elle prit une grande inspiration, tentant de tenir le coup pour quelques instants. Elle avait envie de l'insulter, de le maudire de l'avoir mise dans un tel état. Néanmoins, elle tirait de cet affrontement une certaine satisfaction. Elle s'était battue, avait senti son cerveau tourner à son maximum. Elle avait poussé ses muscles à leur limite. Son but avait été d'impressionner son mentor. Elle demeurait dans un doute permanent. Elle, Nuage d'Albatros, avait – t – elle à prouver sa valeur à Toucan ? Allait – il la juger digne de devenir une déesse sylvestre ? Elle grimaça, silencieuse dans sa douleur. Les seuls bruits qui s'échappaient dans l'air demeuraient sa douleur, exprimée dans des gémissements.

« Tu diras que tu t’es mangé un caillou pointu. »

Nous, joueurs, voyons une référence au surnom « caillou » de Toucan. Nuage d'Albatros, n'ayant de tête que pour la guerre et les manigances, y vit une ineptie. Comment pouvait – elle se faire aussi mal en se prenant un caillou pointu ? Elle ne pouvait pas grimper aux arbres, donc ne pouvait pas s'empaler dessus. Elle baissa ses oreilles en soufflant. Elle était dans de beaux draps. Coeur Fleuri allait lui demander milles choses, comment elle s'était faite ça. « Je me suis mangée un caillou pointu ». Bien sûr. Sa tante n'était pas stupide. C'était bien là son plus grand défaut. Si Nuage d'Albatros voulait inventer une histoire, elle serait la première à lui lancer une dose de réalité en pleine gueule. C'était incroyablement frustrant pour notre presque adulte. Elle voulait être comme elle. Elle voulait être un étrange mélange entre Coeur Fleuri et Toucan. Elle était dualité.

« Bien sûr... »

Elle soupira, refusant de laisser leur échange sur une telle note. C'était ridicule. Bonjour, nous nous sommes battus. Son corps a fusionné avec mon sang, et mon sang a pénétré ton corps. Nous allons partir sans un regard, sans se parler. Je te servirais sur un magnifique plateau d'or un ramassis de conneries puériles pour chaton, auquel seuls les connards croiront. Et ce avec toute l'affection du monde. Incapable de bouger, elle espérait faire vibrer la corde sensible de Toucan. Prions pour que le matou ait une corde sensible, désormais.

« Toucan, je peux plus bouger … Tu m'aides ? »

Elle tenta de se relever, mais son épaule la fit trop souffrir. Elle se mangea la poussière, toussant de plus belle. Ses yeux, irrités, se mirent à pleurer, formant des traînées de poussière sur le coin de ses yeux. Tremblante, elle était carpette au sol, paillasson à égo à ses heures perdues.

« Tu me dois bien ça, en tant que mentor spirituel. » Elle marqua une pause. « J'ai passé un bon moment. Merci. » Les mots écorchaient sa bouche. Elle en était étrangement satisfaite.

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MessageSujet: Re: the kids aren't alright, prio toucan - end   the kids aren't alright, prio toucan - end Empty05.12.16 20:10


Il soufflait, fatigué. Il sentait son sang pulser à ses oreilles, gonfler ses veines et réchauffer ses pattes endolories. Il goutait son sang dans sa bouche, il s’était mordu l’intérieur de la joue dans la lutte. Il voyait son sang sur le pelage plus si immaculé de Nuage d’Albatros, il s’attendait presque à le voir s’échapper de sa robe en filaments de fumée serpentant, pour revenir ramper dans sa bouche noire et onirique. Mais les traînées écarlates ne bougèrent pas, l’air n’était occupé que par les petits gémissement de la gamine. Elle devait avoir mal. Il l’espérait, il n’était pas là pour enfiler des perles : son collier était celui du guerrier viking, l’ornement d’un dieu martial, et non une simple décoration.

« Toucan, je peux plus bouger … Tu m'aides ? »


Il soupira. Elle voulait qu’il la secoure, qu’il soit son chevalier ganté de blanc, qu’il porte haut son oriflamme, qu’il affute ses armes, dore son blason et pourfende la bête. Manque de chance, Toucan était la bête, pas le preux.

Et lui n’avait pas eu d’aide.
Au simple nom de son jeune âge – et encore, elle n’était plus un chaton – elle pouvait mendier sa pitié, pensait-elle. Il n’en était pas si sur. Elle avait signé pour de la violence, elle devait s’attendre à de la peine, à une douleur intestine, à des torrents de larmes, à l’odeur âcre de l’hémoglobine, à son goût métallique, à saigner des salamandres et pleurer des cotillons et baver et vomir et avoir mal et avoir mal et avoir mal

« Tu me dois bien ça, en tant que mentor spirituel. J'ai passé un bon moment. Merci. »


Il était perplexe, ses petites oreilles grises se dressèrent, s’abaissèrent et se dressèrent de nouveau. Il n’était pas arrêté sur le choix de l’état d’esprit à adopter. D’une part, elle avait apprécié le combat, et le remerciait pour cela – ce qui sonnait particulièrement étrange pour Toucan, il n’avait pas l’habitude d’être loué – mais de l’autre elle continuait à racoler sa pitié. Son mentor spirituel. Le titre était un mot tordu, un coléoptère, un peu dégoutant, un peu fascinant. Il aimait bien ce mot, il lui collait à la peau. Pervers et mentor, il était glorieux vêtu de son habit de boue.

« Tu mendies ma pitié ? Je m’attendais à plus de panache de ta part, à plus de morale. Je pensais que tu agoniserais en silence, priant dans une dernière ferveur tes ancêtres d’achever tes souffrances. » Le vent souffla dans sa fourrure, les rochers se penchèrent sur lui. Il sourit, dévoila ses dents teintées de pourpre. « Je déconne, tu fais bien. Supplie pour ta vie, prostitue toi pour de la nourriture. L’honneur ne sert à rien quand tu es mort. »

Il la contourna, contempla son œuvre. Il lui avait réellement perforé l’épaule, il comprenait bien qu’elle ne puisse pas se lever. Comme pour l’encourager, il la lécha entre les oreilles, maintenant sa répulsion à l’écart. Lazare, lève toi et marche. Il passa sa patte avant droite sous son épaule blessée, et la souleva. Le sang gicla. Elle était debout. Il l'aida ensuite à se traîner à l'ombre, où elle put se reposer, avec moult râles, avant de repartir vers sa patrie.


What's next dans la vie de Touk et Aby : une mystérieuse sortie d'apprentissage hors de la forêt, stay tunned.

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