A l'aide !

Quel entrainement lamentable... Aujourd'hui Nuage de Nacre était très déçue de sa performance avec Petite Fourmi. Tout comme à son premier cours avec lui, le sujet de la leçon c'était de se déplacer dans les marais. C'était un exercice compliqué pour la jeune chate qui maitrisait mal le terrain glissant, d'autant plus avec le retour des pluies. Elle était rentré au camp la tête basse, avait fait sa toilette et avait mangé une maigre grenouille sans réel appétit.

Il était cependant hors de question d'en rester là. Son mentor avait beau lui avoir donné congé pour le reste de l'après midi, elle ne voulait pas rester sur un échec. Elle s'était donc éclipsée vers les marais pour reprendre son exercice toute seule. En arrivant sur place, une légère bruine se mis à tomber. Ce n'était pas pour l'embêter, de toute façon elle serait sale d'ici peu et ça l'aiderait à se nettoyer.

La jeune chatte blanche s'élança dans le marais en étant la plus souple possible comme Petite Fourmi lui avait dit. Elle semblait plus efficace que tout à l'heure et elle se sentit pousser des ailes. Un peu de parcours ça serait sympa ! Elle commença à sauter sur les obstacles : branches, rochers, souches, troncs, tout ce qui pouvait soutenir son poids. Elle escalada même un arbres qui avait été en partie déraciné. Le but c'était de sauter sur le rocher et éviter l'eau qui était profonde à cet endroit du marais. Mais voilà, pluie + branche = ça glisse. Ses pattes boueuses dérapèrent sur le bois glissant et elle chut dans l'eau vaseuse.

Se débattant comme un diable pour tenter de garder la tête hors de l'eau, la jeune chatte appelait à l'aide.

" A L'AIDE !!! VITE !! "

Ses pattes donnaient des coups dans le vide et la panique l'enveloppa totalement. Alors c'était comme ça qu'elle allait mourir ? Seule dans une grosse flaque d'eau ?

Une force inconnue l'attrapa par la peau du cou et la jeune chatte se fit soulever comme si elle était une souris pour se faire trainer sur la terre ferme. Encore paniquée, glacée et trempée, elle se mit à tousse l'eau qu'elle avait avalé et trembler comme une feuille. Elle n'entendit même pas les premiers mots de son sauveur. Mais elle leva les yeux pour constater la présence de Queue de Babouin, l'un des guerriers du clan. Celui-ci avait l'air en colère et peut-être un peu paniqué aussi.

Nuage de Nacre se redressa sur ses pattes frissonna et regarda son aîné, désolée de lui avoir causé du tracas. Son regard se détourna pour fixer ses pattes et ses oreilles tombèrent.

" Excuse-moi ... "

Dit-elle avec une toute petite voix.

" Je voulais m'entrainer parce que j'ai été nulle aujourd'hui avec Petite Fourmi ... "

Et maintenant c'était encore pire. Quand son mentor allait entendre parler de ça, il serait surement encore plus déçu.

La petite mine de la chatte sembla touché le guerrier car il devint d'un coup plus calme. Elle-même commença à faire de même, elle allait bien et elle avait appris une leçon qu'elle n'était pas prête d'oublier. Queue de Babouin fini par la questionner sur son entrainement et tenta même de la rassurer vis-à-vis de ça. Malheureusement, il avait tapé à coté et en plus Nuage de Nacre n'avait aucun humour et aucun moyen de le détecter ...

" Non, c'était pas ça le but de l'entrainement ... Nager dans la boue ça sera pour plus tard, j'imagine. "

Elle était dégouté à l'idée que ce jour arrive même si elle acceptait mieux la vase dans ses poils qu'avant.

" Le but s'était de se déplacer vite dans les marais. Mais j'ai du mal avec ça encore. Alors j'ai voulu m'entrainer seule. Et ça se passait bien jusqu'à ce que je glisse en voulant sauter de cette branche. "

Du regard, elle désigna la coupable.

" Merci d'être venu me sauver ... Sans toi je pense que je serais ... "

Elle déglutit et sentit sa gorge la serrer si bien qu'aucun mot ne sortit pour terminer cette phrase. La mort faisait partit de la vie du clan, mais elle n'avait encore jamais envisagé la sienne. Souvent elle s'était préparé à ce qu'on lui annonce que son petit frère allait y passer, mais pas elle.

Queue de Babouin, c'était le genre de chat qui donne l'impression d'être bête et sans vraiment de coeur. Mais en fait, c'était totalement faux. Ok, il avait vraiment pas l'air d'être le roseau le droit du marais, mais il avait un grand coeur de ce qu'elle en voyait aujourd'hui. Il tentait de la rassurer et ne la culpabilisait pas sur son imprudence. Pourtant il aurait pu.

" Oui, il est très bien. J'aimerais le rendre fier ! "

Une petite lueur traversa son regard. C'était un peu l'histoire de sa vie ça, se démener quitte à prendre des risques pour impressionner sa famille. Bon Petite Fourmi n'était pas de sa famille de sang, mais un mentor c'était quand même quelque chose de tout à fait particulier dans les clans.

Babouin finit par lui dire qu'il ne parlerait pas de cette histoire au matou noir mais qu'il ne faudrait pas que ça se reproduise.

" Merci, je ne recommencerai pas. "

Elle vint se frotter affectueusement contre le guerrier pour le remercier. Il avait à présent une place particulière dans son coeur.

" On peut rentrer maintenant ? Je commence à avoir froid ... "

Nuage de Nacre s'était calmée mais du coup se rendait compte qu'elle était trempée. Avec le vent et le froid qui s'installait tout doucement, faire trempette ne devenait plus très agréable. Enfin, ça ne l'avait jamais vraiment été de toute façon, mais encore moins !

Tremblante, elle attendait que le guerrier lui réponde. Celui-ci ne semblait pas vraiment s'attendre à ce qu'on lui demande la permission de rentrer. Mais retourné seule au camp dans cet état alerterait forcément Petite Fourmi. Si elle était avec un membre du clan, ça passerait peut-être pour une exercice qu'elle aurait fait avec quelqu'un d'autre. Queue de Babouin se mit en route et la boule de vase lui emboita le pas.

Au début, ils étaient silencieux, mais la femelle n'aimait pas ça. Ca lui donnait une impression de lourdeur et de distance qui la mettait mal à la l'aise.

" Tu étais entrain de chasser ? "

Demanda-t-elle sans même le regarder, encore un peu gênée. En plus, la pression étant retombé, elle sentait toutes les émotions négatives venir. Alors elle préférait cacher ses petits yeux humides de honte de ce qui s'était passé. Heureusement, ce n'était pas suffisant pour faire trembler sa voix ou faire perler les larmes. Mais mieux valait ne peur leur donner l'occasion de se montrer.

" J'ai eus de la chance que tu sois dans le coin en tout cas. "

Elle sourit, cette fois elle avait eut de la chance. Mais elle devrait s'entrainer plus dur pour que la prochaine fois, si il y en a une, elle soit prête à se sauver toute seule.