Douce Brise | Doux Alizé

Un soleil radieux éclairait le territoire de la Tribu. Pie n'avait connu que lui, que ce magnifique soleil et ces quelques averses. Elle n'avait connu que le sol à demi spongieux du printemps, que la brise fraîche et les fleurs, partout.

Alors, bien qu'on lui ait déjà parlé des quatre saisons, elle n'était pour elle qu'un mythe. Quelque chose qui n'avait ni forme, ni odeur. Heureusement pour elle, bien qu'elle ne soit pas en mesure de le conceptualiser, elle savait qu'elle n'était pas réfractaire au changement, contrairement à une de ses soeurs.

Et alors qu'elle chahutait, seule, elle vit passer un papillon. Ses ailes étaient rouges et noires, battant dans des petits mouvements vifs et léger. Intéressée aussitôt par la beauté de l'insecte, elle se mit à le suivre.
Il était toujours trop haut pour qu'elle puisse l'attraper, alors elle trottinait sans penser à lui tendre un piège.

Et puis, l'insecte la mena à l'abris de bois, gigantesque à ses yeux, et la chatonne se stoppa. Elle laissa le papillon fuir et posa plutôt les yeux sur le bâtiment étrange qui, sans qu'elle ne l'avoue, lui faisait un peu peur.
Impressionnée, elle tarda à reperer une silouhette familière, au doux pelage grisé. Elle s'approcha alors, un peu méfiante au départ.

Elle aimait sa tante, mais elle se faisait souvent réprimander pour ses plaisanteries. Alors, de peur de n'avoir encore à supporter un sermont, c'est calmement et la voix douce qu'elle se glissa à ses côtés.

« Tatalizée... Tu vas bien ? » Elle ronronna un peu, puis s'assit sur le sol. « Dis, tu fais quoi ? »

La vie à la Tribu était devenue bien plus mouvementée depuis l'arrivée des chatons de Vent du Nord. La nouvelle avait d'abord surpris sa soeur, elle s'en était en suite réjouie. C'était ce qu'elle voulait , c'était tout ce qu'elle méritait. Ses neveux et nièces étaient maintenant assez grands pour se balader, pour jouer, et déjà certains caractères étaient bien dessinés.

Doux Alizé s'occupait à présent de refaire les nids présents dans l'abri aux moutons. Ne pouvant réellement s'acquitter des tâches de chasse, elle s'occupait principalement de celles du camp, afin de se rendre utile. L'endroit lui était agréable , et elle y dormait quelques fois alternant avec le buis hirsute accueillant reines, chatons et anciens. Elle essayait de ne pas trop empiéter sur le rôle de Vent du Nord, voulant qu'elle profite entièrement de cette maternité désirée.

« Tatalizée... Tu vas bien ? Dis, tu fais quoi ? »


Elle reconnut la voix de Petite Pie, sa nièce la plus active, plus espiègle (plus caractérielle aussi?) et répondit à son ronronnement.

"Bonjour, Pietipou! Je vais bien et toi? Tu ne joues pas avec tes frères et soeurs? Ou occupée à faire des bêtises?"

Elle était également assise et de sa queue enroula le corps de la petite.

"Et bien, je fais les nids, comme ça tout le monde dormira au propre ce soir!

« Bonjour, Pietipou ! Je vais bien et toi ? Tu ne joues pas avec tes frères et soeurs ? Ou occupée à faire des bêtises ? » Tata s'assit à ses côtés, enroulant sa queue autours du petit corps encore si rond de la Petite Pie. Cette dernière sourit, prête à s'offusquer d'une telle accusation, mais elle préféra se taire et écouter la suite de ce qu'avait à dire Tata.

« Et bien, je fais les nids, comme ça tout le monde dormira au propre ce soir ! » Un peu surprise, Petite Pie avisa l'intérieur de l'abris. Le bâtiment de bois était immense et impressionnant, alors la gamine s'en approchait peu et elle commençait à peine à sortir seule du buis. Tout, autours d'elle, n'était qu'inconnu.
Ses yeux parcoururent les nids et elle pencha la tête sur le côté, un peu perdu.

« Pourquoi ? Ils veulent pas dormir avec nous, les autres ? » C'est parce qu'ils ne les aimaient pas ? Petite Pie n'en avait pas l'impression. Au contraire, tout le monde était très souriant, agréable et gentil avec eux. Elle releva les yeux vers Tata, consciente sans vraiment l'être qu'elle, elle ne pouvait pas vraiment la voir. « C'est ici du coup, qu'ils vont dormir, les autres ? »

« Pourquoi ? Ils veulent pas dormir avec nous, les autres ? C'est ici du coup, qu'ils vont dormir, les autres ? »

Doux Alizé émit un petit rire devant cette idée. C'est une question tout à fait logique, quand on y pense. En réalité, elle n'avait pas de vraie réponse. C'était quelque chose de acté et ancré dans toute sa vie, de séparer guerriers d'un côté , reines et petits de l'autre, et elle n'avait guère chercher à le remettre en question. Sa nièce était bien plus curieuse qu'elle ne l'avait jamais été. Il faut dire qu'elle se contentait surtout de suivre ses sœurs à l'époque. Pas que cela ait changé aujourd'hui quand on y pensait, sinon elle ne serait pas ici, au côté de Petite Pie.

"Et bien, je ne sais pas tu pourras leur demander! Mais je pense que c'est pour qu'ils puissent se reposer tranquillement c'est que vous pouvez être bruyants parfois" Elle finit sa phrase par un léger ronronnement d'amusement, montrant ainsi que la déclaration était emplie d'affection et non de critiques.

"Mais aussi le buis est un peu petit, pour tout le monde. Voilà un argumentaire plus logique, et plus concret qui ne lui était venu qu'en second.

Et oui c'est ici que les autres dormiront! Toi, tes frères et soeurs aussi quand vous serez grands d'ailleurs, pour laisser votre place aux prochains chatons! Ca te donne envie?"

« Et bien, je ne sais pas tu pourras leur demander! Mais je pense que c'est pour qu'ils puissent se reposer tranquillement c'est que vous pouvez être bruyants parfois. » Petite Pie écouta avec attention sa tante et à la fin de sa phrase, elle fit une petite moue, gonflant sa joue, alors qu'elle s'assit par terre.

Elle, elle n'avait pas la sensation d'être très bruyante.

« Mais aussi le buis est un peu petit, pour tout le monde. Et oui c'est ici que les autres dormiront! Toi, tes frères et soeurs aussi quand vous serez grands d'ailleurs, pour laisser votre place aux prochains chatons! Ca te donne envie ? » L'expression de l'enfant changea, se détendit pour reprendre cet air attentif, curieux. Petite Pie était une peste, mais elle aimait apprendre... Elle n'en avait pas encore parfaitement conscience, mais elle commençait à comprendre que savoir des choses lui donnait un ascendant sur les autres.

Et elle aimait bien ça.

Elle hocha vivement la tête, songeant à la chaleur que devait dégager tous leurs corps, les uns contre les autres, et au vrombissement apaisant des ronronnements du clan entier.

« Ce serait super, oui ! Même si heu... On risque pas de s'écraser, à force ? Parce qu'après, les chatons ils vont grandir et venir ici, et les nouveaux aussi et à la fin, bah on aura plus de place du tout ! » Et, tout en s'écriant, elle leva les yeux vers sa tante, en quête de réponse.