Peindre en mille couleurs | Ft. Doux Alizé

Peindre en mille couleurs
Feat. ◊ Doux Alizé

Il s'était réveillé en sursaut et tout seul. Il ne sentait plus la présence de sa maman contre lui, ni même de Petit Silex contre qui il aimait tant se vautrer pour dormir. Pas plus qu'il n'entendait l'un de ses adelphes se prendre le bec avec Petite Pie, ou encore le piaillement de l'une de ses autres soeurs. Il avait l'impression d'être complètement tout seul. Et ça faisait peur. Il s'était mit à trembler et ne voulait plus rester dans son nid tout seul.

Alors il s'était vivement levé pour sortir de la tanière que sa maman avait creusée. Il ne voulait pas être tout seul. Il voulait retrouver sa famille. Même Petite Pie avec qui il ne s'entendait pourtant pas le mieux. Mais plus que tout, il espérait retrouver Vent du Nord. Parce que sa maman, elle, pouvait le protéger contre tout et tout le monde. Mais il ne savait pas comment la retrouver autrement qu'avec son odeur, et des odeurs, il y en avait tellement partout. Plein de différentes qu'il ne connaissait encore que trop peu. C'était trop compliqué. Trop difficile. Et il avait l'impression qu'il ne pourrait jamais réussir.

Puis il y avait eu cette impression de reconnaître une odeur. S'il reconnaissait c'était peut être bien sa maman finalement. Alors il pressa - vaguement - le pas pour essayer de vite la retrouver. Mais c'était pas simple de bien se repérer encore. Il avait du mal. Même que Petite Pie se riait de lui parfois parce qu'il se cognait dans les autres. Ou même qu'elle râlait quand il se cognait dans elle. Mais il ne faisait jamais exprès. Comme maintenant en fait. « Pardon, pardon, pardon. J'ai pas fait exprès.. J'ai pas vu. J'ai pas vu. » Et le petit mâle avait plaqué ses oreilles contre son crâne et il se concentrait pour pas que des larmes de bébés n'apparaissent sous ses yeux. Mais il sentait bien l'odeur, maintenant qu'il était plus près. Alors sa maman allait peut être venir le sauver, hein ?

Doux Alizé s’était réveillée tranquillement, d’un rêve agréable et à la fois nostalgique. Elle y avait vu Neige et Tordu. Si à une époque, elle se serait levée en larmes, aujourd’hui des petites gouttes restaient accrochées à ses yeux, un sourire se figeait sur son visage. Elle était donc sortie de la pouponnière, un sentiment mélancolique dans le corps pour profiter de la journée. Il faisait beau, elle sentait une brise agréable secouer ses poils et une chaleur réchauffer sa fourrure. Le camp de la Tribu était plutôt calme et elle entendait quelques conversations par-ci par-là. Un petit peu plus, tour à tour, ses neveux et nièces sortaient, passaient, elle les entendait jouer, rigoler. Elle était partie ensuite se balader brièvement autour du camp, là où elle avait croisé Papillon, quelques jours après son arrivée à la Tribu, après le départ de Moineau. Après être revenue, elle fut pris à partie par un membre de la Tribu lui faisant part de son inquiétude, puisqu’il voyait un de ses neveux se cogner à ses camarades. Comprenant le problème, et ne voulant laisser Petit Silence dans le désarroi, elle se fit indiquer sa direction, et suivit sa trace. Attendant de petits murmures, elle fit des pas bruyants pour ne pas le surprendre, avant de s’asseoir pas loin de lui avant de parler

« Bonjour Silenciou, qu’est ce qui passe , tu n’es pas avec les autres ? »

Peindre en mille couleurs
Feat. ◊ Doux Alizé

C'était toujours difficile de se repérer quand il sortait. Peut-être qu'il n'aurait juste pas du sortir ? Mais il n'avait pas voulu rester tout seul. Il n'aimait pas être tout seul, parce que ça faisait peur. Mais ça faisait encore plus peur de se cogner contre les autres en fait. Mais le chat avait été gentil. Parce qu'ils étaient gentil dans la grande famille du Soleil. Et c'était sa maman la cheftaine de la famille, alors il fallait être gentil, comme sa maman. Mais il ne voulait pas se cogner quand même.

Et il avait l'impression d'être un nul. Et il était presque sûr que Petite Pie pensait comme ça. Et peut-être même les autres ? Il ne voulait pas être nul... Il voulait être comme tous les autres. Et il y avait toujours plein de bruits aussi. Rien dans ses yeux, que du noir, mais dans ses oreilles, toujours plein de choses. Comme les bruits de pas qu'il entendait à ce moment même. Et quand ils s'arrêtèrent, l'odeur qui ressemblait un peu à celle de sa maman, mais pas complètement pareille, lui arriva dans le nez. Les odeurs aussi lui disait plein de choses. Mais il avait trop de mal à tout comprendre ce qu'elles lui disait.

La voix de sa tante lui fit tourner la tête en direction des mots qu'il entendait. Elle, elle pouvait tout comprendre comme lui. Parce qu'elle aussi elle voyait rien, comme lui. « Tata Alizé ! Ils étaient plus là. Il y avait plus personne ! Et j'étais tout seul, tout seul, tout seul ! Et ca faisait peur. Et j'ai voulu trouver maman et je la trouvais pas. Et puis.. et puis.. et puis je me suis cognée dans quelqu'un. Mais j'ai pas fais exprès, j'arrive pas à pas taper partout. Et moi je veux pas me taper partout... » Il avait débité toutes ces paroles très vite, comme si le temps pour le dire était compté et qu'il devait tout dire très vite. Il était presque essoufflé à la fin de cette tirade tant il avait tout enchaîné sans respirer suffisamment.

Puis, finalement, plus doucement. Un peu maladroitement et, surtout, avec une curiosité toute importante, il demanda plus lentement, presque honteusement en fait: « Toi aussi tu te cognes tata Alizé ? »