J'ai peur de toi, tu as une tête de clown.... [ Pv Ecarlate.]

Elle était d'une humeur exécrable. Le museau plongé dans l'herbe encore humide elle pesta à nouveau contre la proie qui venait de lui échapper. Véritable cercle vicieux que cette partie de chasse. Elle n'arrivait pas à attraper quoi que ce soit. Donc ça l'énervait. Donc elle voulait en finir au plus vite. Donc elle prenait moins soin à être discrète. Donc elle re-loupait du gibier. Et ainsi de suite. Et puis avec ses tentatives loupées à répétitions elle devait avoir fait fuir la moitié des proies des environs maintenant. Ses sourcils étaient arqués de mécontentement au possible. Bon, dernier essai.

Au pire elle ne mangerait pas voilà tant pis. C'était une journée où il valait visiblement mieux dormir. pour qu'elle se termine au plus vite. Elle huma l'air avec attention, prenant sur elle-même pour calmer son agacement et faire preuve de discrétion. Son oreille tilta au bruit d'un rongeur. Elle se tapit immédiatement au sol, ignorant les herbes folles qui lui chatouillaient le ventre et la truffe. Pas après pas, lentement, le souffle le plus bas possible, elle s'avança vers le mulot repéré. Et bondit. Elle ne pu retenir une exclamation de contentement quand elle sentit le corps chaud du rongeur entre ses griffes. Enfin !

Son humeur changea instantanément, l'énervement laissant place au soulagement. elle entama immédiatement le chemin du retour vers le camp de la Tribu. hors de question de manger dehors, elle allait se poser bien au calme loin de tous en sécurité. Elle imaginait déjà la tendre chair dans sa gueule puis la sieste mémorable qu'elle allait pouvoir effectuer par la suite. regardant tout juste où elle allait, elle prit le chemin de la vieille souche sèche, sachant d'avance que peu de chats trainaient à proximité à cette heure de la journée. Elle allait déposer son butin au sol pour déjeuner paisiblement quand son regard croisa celui d'une boule de poils inconnue au bataillon.

-MAMAN !

Elle en lâche son rongeur de surprise. La petite se mit à pleurer. fort. Vraiment fort. Euh, elle devait faire quoi au juste ? Elle hésita à juste reprendre sa proie et filer discrètement, ni vu ni connu, manger ailleurs. Mais des têtes interrogatives pointaient déjà ici et là dans le camp. Hors de question qu'on s'imagine qu'elle maltraitait la gosse. Et puis pourquoi elle pleurait comme ça ? Elle avait peur de quoi ? Elle ne voyait rien d'effrayant dans les environs à part peut-être... ah. Aaaaaaaaaaah. D'accord. Gênée, elle recula de deux pas en se tassant vers le sol, essayant de se rendre la plus petite possible.

Excuse moi je ne t'avais pas vu, je t'ai fais peur ? Chuchota-t-elle en esquivant le regard de la chatonne.

HRP:

Depuis qu'elle était arrivée dans la forêt elle en avait vécu des moments gênants. mais là c'était particulièrement humiliant. Prostrée au sol afin de se rapetisser au possible. dans une position qu'aucun chat n'avait probablement jamais essayé de prendre. La truffe dans la poussière. Et devant une chatonne. Qui passait à proximité avait de quoi se fendre la gueule. Mais bon, au point où elle en était ce n'était pas sa préoccupation première. Enfin la mioche arrêta de chialer.

Nouveau problème, elle commença à s'approcher. Le regard toujours fuyant, elle se demanda si pour équilibrer la situation elle devait s'employer à reculer. et elles iraient comme ça jusqu'à la sortie du camp. pour que l'ambiance humiliante se prolonge mais hors de vu des membres de la Tribu. C'était probablement trop ambitieux. La gosse continuant de sursauté et trembler elle avisa qu'il avalait mieux ne pas bouger et croiser les pattes pour qu'elle n'aille pas jusqu'au contact. Qui savait où la gamine avait trainé ses pattes avant.

-Dit pourquoi tu as des yeux rigolos ? Tu t'appelles comment ? Regard Amusant ? Et pourquoi tu as des bobos ? Maman elle dit que les bobos sa se soigne bien quand s'est prit en charge à temps ! Tu as pas soigner tes bobos à temps ?

L'horreur. Des questions. Elle qui avait déjà dû mal à extraire une réponse allait devoir en sortir plusieurs. Du coin de l'œil elle chercha une aide extérieure mais tout le monde semblait avoir estimé que les hurlements humides ayant pris fin ils pouvaient passer à autre chose. Elle était donc coincée... avec la chatonne. Autant répondre à ses demandes, elle en serait peut-être débrassée après.

Parce que- un chat m'a attaqué. Elle s'efforça d'être le plus concise et expéditive possible. Non, Ecarlate. Hm d'autres chats m'ont attaqué. Je hm je savais pas les soigner. En y repensant ce n'était pas très glorieux comme explication mais tant pis, c'était la vérité.

Enfer et damnation. Elle observa avec une horreur mal dissimulée la petiote se rapprocher d'elle jusqu'à la toucher. Elle était prise au piège. Impossible de fuir désormais. Elle s'immobilisa, le corps raidit par la tension du moment. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire maintenant ? Est-ce que ça se faisait de secouer les pattes pour se débarrasser du contact d'un mioche ? Probablement pas. L'ultime humiliation fut la pose perplexe et apitoyée que la chatonne lui adressa, à elle.

-Hé, n'ait pas peur de moi je te ferait pas de mal ! Moi aussi j'ai peur de beaucoup de chose ! Même de mon ombre, maman elle dit que c'est normal que c'est parce que je suis spécial !

Pitié. Elle chercha ses mots, chercha quelque chose à dire pour éloigner la petite et quitter cette situation ô combien gênante mais son cerveau était traversé par un vide bruyant de silence. Qu'est-ce que l'autre aurait fait dans cette situation ? Comment avait-il fait pour les gérer elle et son frère ?

S-spécial ? Elle espéra que ça la ferait parler, le temps de trouver une issue à cet interrogatoire forcé.

Elle dû se retenir de retirer sa patte quand la gosse décida de complètement s'installer dessus. Hm, elle avait le droit de s'approprier la patte de quelqu'un d'autre comme ça ? Ecarlate se força à s'asseoir plus confortablement parce que de toute façon elle ne voyait pas comment se tirer rapidement. alors autant s'éviter un mal de dos. Elle dressa ses oreilles alors que la gamine enchainait parole sur parole comme un flot continu d'eau de torrent.

-Bah oui je suis spécial, maman elle dit ça de tout ses petits. On est tous spéciaux. Mais moi c'est parce que j'ai peur de plein plein de chose, surtout de mon ombre, elle est terrifiante, elle grandit et elle rapetisse à chaque fois que je bouge !

C'était compliqué à conceptualiser pour elle vu que bah elle avait pas eut de maman. Mais elle supposa que c'était normal. Que c'était ce que toutes les maman faisaient. Après tout Molly était spécial pour sa maman aussi ! Enfin c'était peut être pas exactement la même chose. en preuve de bonne foi elle hocha la tête pour affirmer les explications de la gamine.

Ah oui d'accord je vois.

- Et puis les poissons aussi ils font peur, et les souris, les feuilles, les boules de mousse. Le vent quand il est très fort et fait du bruit, ou très faible et siffle. Il y a aussi les insecte avec leur drôle de tête, les chats, les chiens, les espèce de gros bestiaux du pâturage dont parle maman. Pie... Lune... et euh Silence aussi il fait peur avec ses yeux bizarre. Puis y a tous les chats de la Tribu qui sont mal en point aussi. Ou encore les racine quand elles font trébucher, les pierre quand elle roule dans la clairière parce que quelqu'un a taper dedans.

C'est vrai que c'était une longue liste. Mais en y prêtant attention elle ne pouvait qu'approuver la petite. probablement qu'elle aussi aurait eut peur de tout ça si elle était née directement dans la forêt. Il y avait plein de choses, de chats auxquelles elle n'avait jamais porté attention ni réflexion d'ailleurs. Tout lui paraissait naturel, normal, à faire avec. C'était étrange de voir la conceptualisation de toutes ces idées basiques par un chaton. Pendant un instant elle prit du recul sur sa vie et perception d'adulte.

-Je crois que ce qui me fait pas peur c'est Maman, Tata, les fleurs, et les baies.

C'est déjà ça. Elle marqua une pause avant d'ajouter : Tu as toujours peur de moi ?

En fait c'était intéressant de discuter avec un chaton.