Hostile [PV Étoile]

Etoile venait tout juste de poser la patte hors de la ville. Il quittait définitivement ce monde de béton, de goudron et de fumée, délaissant les fumets odorants des humains et de leurs déchets pour les odeurs prenantes de la forêt. Oh, il avait déjà vécu en pleine nature, traversant champs infestés de renards et sous-bois désolés, mais jamais il n'avait envisager pouvoir y faire sa vie, y creuser son nid.
Alors qu'il pénétrait la lisière, se glissant avec souplesse entre les buissons, diverses odeurs lui vinrent. Elles étaient ténus, mais semblaient toutes répondre à la même identification… Voilà pourquoi cet endroit était différent des autres.

Un clan.

Rapidement, il sut qu'il ne se trompait pas- A peine eut-il fouler les racines qui délimitaient l'entrée de la forêt qu'une présence vint l'agresser.
D'abord, il vit cette silhouette massive et musclée, rien à voir avec les vagabonds faméliques et les gros lards domestiques- Ce chat là était beau. Magnifique. Son pelage était couleur suie, d'une jolie couleur, et son poil sentait la forêt. Ses yeux vifs, d'ambres, toisaient furieusement Etoile qui, lui, était trop occupé à l'admirer avec un sourire entendu.

« Qu’est-ce que tu fais dans le coin, étranger ? T’es trop proche de ma frontière. Va-t-en ! » Il miaulait puissamment, le sauvage. Etoile retint un gloussement, trop confiant pour avoir peur. Son oreille tiqua cependant, s'agitant d'un coup et redevenant calme aussitôt- Le matou parlait fort, trop fort.

« Hmm... Etoile. Je m'appelle Etoile, mon beau. Et toi ? » Il s'avança, entreprit de contourner le matou. Méfiant tout de même, bien qu'il n'en montra rien, il restai à une distance raisonnable, lui permettant de bouger rapidement au moindre problème. « C'est, en général, ainsi que les chats qui ne sont pas complètement sauvages se présentent... Mais j'imagine que ta tribu doit avoir d'autres coutumes ? »

Oh, Etoile était tout excité. Enfin, il les rencontrait, ces chats de légende !

« Je SUIS un chat sauvage, l’étranger. Et si tu ne veux pas que je t’arrache ces foutus yeux et cette maudite langue, déguerpis. C’est mon dernier avertissement. » Hou. Farouche.

Le feulement, l'air agressif de son interlocuteur, tout ça le fit sursauté. Mais Etoile avait passé des années à modérer ses réactions pour masquer sa vulnérabilité. Aussi, son corps se contracta imperceptiblement, il se figea un instant sans perdre son sourire léger. Sa queue fouetta l'air et ses oreilles tiquèrent, le matou parlait fort et ça l'agaçait, mais il ne montra rien de ses véritables sensations.

Le beau mâle aux muscles dessinés et à la fourrure suie s'affaissa sur lui-même dans une posture qui ne laissait présageait qu'une chose : il était prêt à bondir. Etoile n'avait pas peur, il savait se défendre et il avait une confiance aveugle en lui-même.
Sinon, en qui d'autre croire ?

« Déguerpis. Maintenant.
- Houla ! Doucement mon beau ! » Il eut un mouvement de recul, relevant une patte près de son poitrail. Il l'observa, l'air innocent, peut-être un peu joueur, quelque part. Il pencha la tête sur le côté, son sourire toujours présent.

« Je suis navré si mon intrusion n'était pas la bienvenue, mais je ne suis pas là pour mettre tes nerfs à vif... Du moins, pas uniquement. » Il s'assit par terre, n'avançant plus. Il ne voulait pas non plus provoquer de trop le félin sauvage, il aurait bien malvenu qu'il ne lui règle son compte avant même d'obtenir ce qu'il voulait. Prenant un air bien moins taquin et bien plus sympathique, il poursuivit :

« Je viens surtout vous prévenir d'un danger... J'ai vu des choses en ville, entendu des choses et- Je ne sais pas, je pensais que mon initiative serait bienvenue. »