Jeux d'enfants ▲ PV Mataï - end

Mataï, à son tour partit en chasse, et trouva vite de quoi manger. En même temps, les proies de cette vieille bâtisse n’étaient pas du tout habituées à se faire pourchasser, pas comme le gibier nerveux de la forêt. Ici, entre ces pierres anciennes, les souris étaient plus grosses et grasses, moins rapides. Des pièces de choix. Le minet domestique en ressortit vite avec une proie dans la gueule, qu’il s’empressa de dévorer aux côtés de Toucan.

La situation était quand même bizarre. On aurait dut que les deux chats se rapprochaient du point de vue amical, ce qui ne cadrait pas avec les souhaits d’ordre général du galet, qui n’en avait pas grand-chose à foutre de se faire des copains. Des conquêtes, par contre… Mais le corps de Mataï n’était pas spécialement attirant à ses yeux. Il se contenterait de son plan gibier, qui se révélerait sans doute utile pour la prochaine saison froide.

— Tu n'étais jamais venu dans le coin ?
— Oh, tu sais, la Ville, je l’ai quitté quand je devais avoir ton âge, et je n’ai jamais eu à vraiment chasser, les Bipèdes nous nourrissent bien. Bon, la nourriture n’est pas top hein, mais c’est sans prise de tête. Du coup, non, je n’en connais pas tous les coins. Et toi ? Ils ne te nourrissent pas, dans ta maison ?

Je plongeais à nouveau mes crocs dans ce pauvre animal qui venait tout juste de trépassait par mes propres griffes. Je me sentais assez intéresser par le solitaire. Je n'étais ni son ami ni son ennemi, une simple connaissance en soi. Mais, pourtant, en apprendre d'avantage sur lui ne me dérangerait pas. C'est donc avec une tête captivé par le phénomène Toucan que je l'écoutais me répondre :

"-Oh, tu sais, la Ville, je l’ai quitté quand je devais avoir ton âge, et je n’ai jamais eu à vraiment chasser, les Bipèdes nous nourrissent bien. Bon, la nourriture n’est pas top hein, mais c’est sans prise de tête. Du coup, non, je n’en connais pas tous les coins. Et toi ? Ils ne te nourrissent pas, dans ta maison ?"

Ne voulant pas répondre avec précipitation, je m'empressais de prendre une dernière bouchée de ma proie. Je m'astiquais avec une certaine lenteur avant d'enterrer les restes et de remercier en silence la nature pour ce repas. Je finissais par avaler cet ultime morceau de souris avant de me décider à répondre en haussant vaguement les épaules :

"-Eh bien.. Je connais quelques coins, je connais plusieurs solitaires avec qui je traîne de temps à autre. Ils nourrissent mon frère et la vieille bic.. Il ne m'en donne plus vraiment, j'ai arrêté de manger cette nourriture depuis la mort de ma mère environ."

Maintenant que j'y repensais.. C'était en quelques sortes la mort de ma mère qui avait déclenché cette soif d'aventures.. Enfin, elle était déjà là mais je me suis lancée après son départ pour le ciel. Peut être que je me sentais plus libre ou plus proche de ma maternelle ? Je ne savais même pas moi même..

― Eh bien... Je connais quelques coins, je connais plusieurs solitaires avec qui je traîne de temps à autre. Ils nourrissent mon frère et la vieille bique.. Ils ne m'en donnent plus vraiment, j'ai arrêté de manger cette nourriture depuis la mort de ma mère environ.

Oh. La famille. La sienne, biologique, ne lui importait guère. Il retrouverait peut-être son frère et sa sœur post-mortem, mais ses parents ne rejoindront sans doute pas la Toison Étoilée – pas qu’il en soit triste, il faisait ici un simple constat de la différence de pensée entre lui et ses géniteurs.

― Marrant cette façon de, lui rendre hommage je pense ? Ça me viendrait pas à l’idée de faire la grève de la faim pour pater et mater ; je ne leur dois que la couleur de mon pelage, car si je n’étais pas sortie de ma mère, ç’aurait forcément été d’une autre chatte.

En revanche, sa famille actuelle, Trash, son fils, ça comptait. Il n’envisageait pas de le perdre. Bon, pas au point d’en crever s’il venait à mourir, mais il porterait dans ce cas sa perte comme un trou dans son cœur, son petit cœur pas bien fonctionnel.

― Mais tu parlais d’autres solitaires ? À part Trash, je n’en connais pas d’autres.

J'adorais ma mère.. Nous étions proche c'est vrai. Elle voulait nous protéger plus que tout, et c'est bien à cause de cela qu'elle est morte. Ma mère se faisait tellement de mourons que ça l'as tué. Elle me manquait tellement, tout comme ma relation fusionnelle avec Petite Canaille. Ou encore mes longues discutions avec Saule. Mon enfance n'avait pas été malheureuse. Seul un bipède un peu trop violent. Mais ce n'était pas vraiment de sa faute. Je laissais un petit soupir sortir de ma gorge. Je me devais de réagir à cette époque, après la perte de ma mère et celle de ma sœur, je devais sortir de ce quotidien étouffant. De cette avenir tracé sans mon accord. Toucan miaulait ensuite, me sortant de ses souvenirs de lamentations :

"-Marrant cette façon de, lui rendre hommage je pense ? Ça me viendrait pas à l’idée de faire la grève de la faim pour pater et mater ; je ne leur dois que la couleur de mon pelage, car si je n’étais pas sortie de ma mère, ç’aurait forcément été d’une autre chatte. Mais tu parlais d’autres solitaires ? À part Trash, je n’en connais pas d’autres."

Je n'avais pas pensé à cela.. C'était de l'inconscient. Je ne pensais pas lui rendre 'hommage'. Je voulais simplement sortir de cette vie, qui, je trouvais, ne me convenait guère. J'avais besoin d'adrénaline, de chasser, de parcours la forêt comme les chats claniques.. Mais je n'avais aucunement envie de devoir quelques choses à quelqu'un. Après m'être penché sur ses paroles, je réalisais qu'il m'avait posé une question.. Trash. Son nom me disait quelques choses, peut être qu'un solitaire en avait parlé une fois. Mais je ne l'avais jamais rencontré. J'haussais les épaules, peut être qu'un jour notre rencontre arrivera. Je finissais par lui répondre :

"-Eh bien.. Je connais Dawson, un solitaire qui vit en retrait dans une sorte de terrier avec ses frères et sœurs. Kézenkiel qui vit dans une maison abandonnée en communauté avec sa famille nombreuse. Et aussi Alighieryi qui vit avec son fils dans un coin reculé près de chevaux. Et Edokko qui vit seul à ma connaissance."

HRP:

― Eh bien...

C'est qu'il connaissait du monde le petiot. Du monde avec des chats aux noms à coucher dehors avec un billet de logement surtout. S'il était si bien entouré, Toucan ne voyait pas ce qui poussait le Domestique à parcourir monts et vaux. Si lui pouvait s'établir calmement avec Trash, eh bien... Non, mauvais exemple, Toucan savait au fond de lui qu'il resterait un sale débauché trainant en quête de conquêtes, de sang et d'endorphines.

― Ça t'en fait du beau monde, bichon.

Il regarda ses pattes, encore enduites des débris de son repas. Consciencieusement, il les lécha, et se disciplina le poil. IL commençait à s'ennuyer, et n'avait plus vraiment grand chose à faire ici - non pas que la compagnie de Mataï lui déplaise particulièrement, mais elle ne le transcendait pas non plus. Or, Toucan aimait l’extravagant, pas la tiédeur.

― Bon, eh bien sur ces beaux mots je pense rentrer faire la sieste - ou d'autres activités plus stimulantes.

Je ne savais même pas pourquoi je parlais autant.. Nous étions nullement amis, je ne sais même pas si nous avions une relation 'positive'. Pourtant, on s'était rencontré que deux fois.. La première impression est souvent déterminante. On ne s'appréciait pas vraiment, et voilà qu'on parlait au coin d'une proie. Très étrange tout ça.. Je m'étais senti seul et lui avait montré un des coins de chasse que j'affectionnais. Sans compter qu'il y avait des proies à foison dans le coin. Le solitaire me sortait de mes pensées en miaulant :

"-Ça t'en fait du beau monde, bichon."

Il se nettoyait quelques peut avant de miauler, mettant un point final à cette rencontre plus qu'étrange :

"-Bon, eh bien sur ces beaux mots je pense rentrer faire la sieste - ou d'autres activités plus stimulantes."

Sur ses mots, je me redressais, ne voulant pas être vulnérable à une fraternité plus longtemps. Je m'étirais alors, me léchant les babines à la recherche de reste sur le coin de mes joues. Je finissais par miauler à mon tour :

"-T'as bien raison. J'vais pas m'attarder non plus.. J'vais faire un tour. Salut."

Je lui faisais un signe de queue, commençant à m'en aller sans le regarder. Je marchais de manière assez lente, le laissant seul dans mon coin secret. Pourquoi lui avais je dit tout ça ? Je lui avais montré un lieu que seul des personnes proches de moi connaissait.. C'était idiot. Mais en même temps, je ne pouvais pas toujours être le 'chieur' de service. Parfois, je me sentais obligé d'aider mon prochain. Foutu conscience. Je soupirais longuement, sautant sur la poubelle précédemment passer avant de passer sur le toit. Je m'arrêtais là, laissant le soleil souligné mes traits gris/blanc.

HRP: