[BLIZZARD] « Unnecessary borders. » || PV. Nuage d'Argent - abandon

« Unnecessary borders. »
PV. Nuage d'Argent
[BLIZZARD]
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La neige n’avait fait que tomber, un véritable fléau celle-là. Comme ci la saison des neiges en elle-même n’était pas assez vilaine comme cela, elle semblait avoir doublé d’ardeur par rapport aux précédentes. Comme pour aller dans le sens de ce blizzard, la plupart des Guerriers du Clan de l’Ombre étaient d’une humeur lamentable et Nuage des Marais, bien qu’étant encore qu’un simple Apprenti, ne fait pas l’objet d’une exception. Depuis qu’il avait sorti le museau de sa litière au chaud, depuis qu’il s’était engouffré dans cette tempête de froid, cette tornade blanche, en bref depuis qu’il avait mis les pattes en dehors de sa tanière, il était littéralement en rogne. Qu’importe ce qu’il pouvait arriver aujourd’hui, rien ne semblait pouvoir lui redonner le sourire. Il s’était lamentablement traîné contre vent et marées jusqu’au tas de gibier, pour n’y découvrir qu’une couche de neige qui commençait à prendre de l’ampleur. De mauvaise humeur et le ventre désespérément vide, il n’avait pas la tête à faire un brin de toilette. Se contentant de s’étirer longuement, sous la plainte de ses muscles refroidis et de ses articulations qui semblaient avoir pris des lunes et des lunes, il finit par se poser dans un coin du Camp, à l’écart de tout, en attendant que le temps passe. Pensait-il que cela changerait quelque chose ? Est-ce que le temps évoluerait de manière positive ? Le Clan des Étoiles ne semblait pas vouloir venir en aide au Clan de l’Ombre. Pensif, les doux souvenirs de la saison des feuilles vertes lui revenant, Nuage des Marais oublia pendant quelques instants ce froid qui lui mordait les pattes, qui lui irritait les yeux et qui lui agitaient les moustaches. Pendant un moment, il s’échappa ailleurs, où il faisait bon vivre, ou son ventre était plein, où chacun avait de quoi combler la moindre de ses envies.

Un énième grondement de l’estomac du tigré, finit par le faire retomber sur Terre. La neige qui n’avait cessé de tomber pendant qu’il rêvassait, s’était amassé à ses pattes et le frigorifiait littéralement. Craignant la gelure, Nuage des Marais se contraignit à rejoindre les autres, ne serait que pour profiter un moment de la chaleur que dégageait un Clan entier qui souffrait. Comme la veille, l’avant-veille et tous les jours depuis que le blizzard s’était abattu sur la forêt du Cerfblanc, tous les Guerriers seraient certainement déployés à la chasse, unit dans le seul objectif de se mettre quelque chose sous la dent. Les premiers à profiter de ce qui serait attrapé seraient les Anciens, il était évident que ces derniers ne seraient encore pas contents, qu’ils rechigneraient à avaler ce qui pouvait représenter le Graal d’un instant pour un Guerrier ou même pour un Apprenti qui se tuait à la tâche. Tenant un moment parmi les membres de son Clan, Nuage des Marais finit par s’éloigner d’eux, en ayant ras les oreilles d’entendre leurs lamentations et leurs plaintes en tous genre. Un mal de crâne naissant, l’Apprenti s’échappa du Camp du Clan de l’Ombre, décidé à faire de son mieux pour pouvoir manger aujourd’hui. Incertain, ses pas dans la neige se trouvaient plus difficiles les uns que les autres, mais sa progression tout de même efficace. Il marcha pendant un long moment sans ne repérer ne serait que l’indice d’une présence passée d’une proie. Le ventre grondant toujours, l’esprit toujours aussi échauffé, si ce n’est plus, son museau tout bonnement incapable de se repérer dans toute cette neige. Est-ce que le Clan des Étoiles se souciait encore des vivants ? Nuage des Marais en doutait. Inconsciemment, il passa la frontière effacée avec le Clan du Vent, qu’importe, les terres étaient toutes semblables en cette période. Tout était recouvert de blanc, la neige qui tombait brouillait la vision et les sens de chaque chat, alors qui oserait dire qui est chez qui ? Sans baisser les pattes, Nuage des Marais continua de fouiller les lieux du mieux qu’il le put, s’aidant davantage de sa vision que de son odorat qui se brouillait lui-même.

« Neige à la con. »

Le froid m'avait tiré de mon sommeil d'or. La neige était tombée de manière assez abondance ses derniers jours.. Enfin c'était assez évident que nous étions pendant la mauvaise saison.. Il faudrait être une souris mal réveillé pour ne pas le remarquer. Je m'étirais avec lenteur avant de sortir et de grelotter un instant. Mes poils étant plutôt long par rapport à certains de mes congénères, je ressentais moins le froid. Seul mes coussinets n'étaient pas épargné par la météo. J'avais l'impression de marcher sur du cristal à chacun de mes pas. Je pouvais presque sentir le sang qui avait du mal à circuler jusqu'à mes extrémités. Je soupirais longuement avant de longer les tanières à la recherche d'un partenaire de chasse. Il n'y avait pas vraiment quelqu'un de courageux pour m'accompagner. Soit, j'irais seule. J'avais peur de finir congeler mais il fallait bien que quelqu'un se bouge un peu non ?

Je m'élançais donc, seule, sur le territoire de mon clan. Le vent s'était levé lui aussi. Je l’accueillais par des grognements de mépris. Je m'étais bien vite arrêter pour m’abriter quelques parts en attendant que le vent se calme.. Chose difficile quand on est en plein milieu de la lande. Je finissais par trouver un abri cependant, après plusieurs longues minutes de recherche. Juste quand le vent cessait de chuchoter à mes oreilles. Je râlais une nouvelle fois, me relevant de ma cachette pour m’aventurer plus profondément dans mes terres. Après un moment, je repérais une odeur étrangère à mon clan. J'avais mis du temps pour la comprendre à cause de la neige qui s’immisçait sans mon accord dans ma truffe. Un Ombreux se trouvait dans le coin, sur mon territoire. Nous nous retrouvons bien vite truffe à truffe. Je grognais avant de lui dire, plus énervé par le froid que par sa présence :

"-Qu'est ce que tu fou sur mon territoire, l'Ombreux ?"

La neige brouillant radicalement tous ses sens, Nuage des Marais progressait un peu à l’aveuglette. Est-ce qu’il était encore sur le territoire du Clan de l’Ombre ? A priori non, puisque les pins étaient maintenant derrière et plutôt à l’horizon qu’à quelques longueurs de queue. Où était-il alors ? Levant la tête, tentant vainement de fouiller l’air de son museau, il ne trouva pas de réponse. Seule une brise, semblant plus froide et plus violente, vint à lui répondre en balayant une giclée de neige en plein dans son pelage. Pestiférant contre le froid, contre toute cette neige, contre le vent et un peu contre le monde entier, Nuage des Marais décida de s’arrêter un moment. Posant son arrière-train sur la neige, il ébouriffa son pelage, dans un geste un peu inespéré, comme si cela allait suffire à le protéger du froid, de la neige qui fondait sous la chaleur de son corps et du vent qui se moquait bien de sa présence. Ce n’est que lorsqu’un frisson parcouru son échine que l’Apprenti du Clan de l’Ombre se décida à reprendre sa route. Continuerait-il tout droit ? Changerait-il de cap ? Qu’importe, il ne savait pas où il s’aventurait. Il n’avouerait pas s’être perdu, pourtant, il n’était pas loin de la définition. Une grimace sur le visage, il prit à droite et s’aventura toujours plus loin. Toujours plus loin dans l’inconnu, toujours plus loin sur le territoire du Clan du Vent qu’il piétinait comme si de rien n’était. Il fallait dire que les frontières n’avaient pas été clairement marquées depuis une paire de jours et que toute la neige avait tôt fait de mettre à sac l’odorat de n’importe quel félin. Pourtant, lorsqu’il croisa une silhouette féline, le tigré sembla soudainement retrouver l’usage de son sens perdu. Bien qu’il s’en fiche royalement, il fut tout de même capable de discerner quelque peu l’odeur envahissante du Clan du Vent.

« Qu'est-ce que tu fous sur mon territoire, l'Ombreux ? »

La silhouette qui lui était apparu au loin l’avait rejoint à une vitesse folle, plaquant presque son museau contre le sien, au grand dégoût du tigré. Le poil de l’Apprenti du Clan de l’Ombre s’était hérissé seul, comme simple réponse à l’autre. Malgré le semblant de colère tant dans la voix que dans l’attitude de l’autre, le fait que la silhouette se révèle en fait être une petite femelle, fit oublier à Nuage des Marais sa pseudo-mise en garde. La grimace qu’il portait sur son visage se mua peu à peu en un sourire tordu, hautain, presque railleur. Le petit regard bleu azuré de l’autre n’avait rien à voir avec la flamme verte qui brûlait dans les yeux du mâle. Prenant du galon vis-à-vis de l’autre, jouant certainement au fier puisqu’il pensait avoir le dessus, il se redressa de toute sa hauteur, dominant de quelques précieux centimètres celle qui s’érigeait comme une future adversaire. Reculerait-elle ou lancerait-elle un assaut démesuré ? Nuage des Marais était prêt à parié pour le premier, mais trouverait bien plus de plaisir avec un petit affrontement. Se laisserait-il faire parce qu’il semblait être sur son territoire ? Reculerait-il comme un gentil petit soldat ? Ce serait mal le connaître que de jurer chose pareille. Railleur jusqu’au bout, plus que jamais sûr de lui, il avait décidé de s’amuser un peu de la situation. C’est vrai qu’il n’était pas spécialement d’humeur, mais la petite grise avait réussi à le faire changer un peu, elle pourrait certainement s’en tirer à bon compte, lui aussi d’ailleurs. Au fond, il avait trouvé le peu d’animation qui lui manquait, le peu d’ambiance et d’activité qu’il manquait à sa journée, il ne comptait pas faire demi-tour de si tôt. À quoi bon vouloir retourner à un camp ou la seule préoccupation est de manger à tout prix ? Les charognes qu’était devenu les félins du Clan de l’Ombre étaient prêtes à se jeter sur n’importe quoi pourvu que cela ressemble à une proie et c’est peu dire que parfois, elles avalaient des choses auxquelles elles n’auraient jamais touché. Son choix était tout fait. Il allait prendre quelques minutes, ne serait-ce que pour s’amuser et profiter de ce petit bout de territoire venteux, qu’il découvrait. Après tout, quel félin n’avait jamais rêvé de voir comment cela se passait de l’autre côté de la frontière ? Tonnant d’une voix où perçait un froid naturellement voulu, le tigré articula :

« Je me balade minette, ça ne se voit pas ? »

Je soupirais longuement, laissant un panache blanc dans mon sillage. Il fallait qu'il soit sur mon territoire en plein milieu d'un temps fort peu adapté pour les félins. Qu'est ce qu'il pouvait bien fichtre sur mon territoire ? Il s'était sans doute égarée ou bien était ce délibéré ? J'allais sûrement le savoir bientôt. Et j'espère pouvoir régler ça rapidement pour repartir m'abriter. Je voulais chasser un peu, rendre fier mon clan.. Mais au vu de mes performances récentes c'étaient franchement mal partit. L'apprenti face à moi hérisser dans un premier temps son pelage avant d'afficher un sourire hautain dont j'avais la grande envie de réduire en charpie. Après encore un instant, assez horripilant à attendre, il finissait par miauler :

"-Je me balade minette, ça ne se voit pas ?"

Je me mettais à grogner assez fort pour qu'il m'entende. C'est qu'il se fichait de moi le bougre.. Je me passais un coup de langue sur le visage pour réanimer mes muscles avant de me redresser face à mon adversaire qui vraisemblablement se prenait pour un paon. Je lâchais ensuite :

"-J'pensais plus que tu t'étais perdu au vue de ta tête de musaraigne malfamée."

Je me préparais à combattre. Il y avait de grande chance pour qu'un combat éclate. J'étais dans mon plein droit de lui demander des comptes. Il était sur mon territoire et le temps n'était pas d'humeur joyeuse avec nous.

Ayant craché ses quelques mots avec son sarcasme plus que naturel, Nuage des Marais avait prit soin de bien appuyer son dernier mot. Que recherchait-il aujourd’hui ? Pas grand-chose. Certainement, un peu d’animation. Un moyen de s’éloigner du mal qui rongeait la forêt, de pouvoir sortir un peu de la torpeur dans laquelle tous étaient tombés. S’il suffisait simplement de traverser une frontière devenue invisible pour se faire, alors, il était certainement que le tigré réitérerait l’opération. Encore fallait-il tomber sur un félin sur lequel on est certains d’avoir l’ascendant se murmura pour lui-même le félin tigré. Aujourd’hui, il avait eu de la chance. Venir pourrir le territoire des venteux, marcher sur leur plate-bande et en plus tomber sur une petite minette jouant le tout pour le tout, comme si son âme était déjà celle d’une grande justicière, d’une grande défenseuse et comme ci son maigre corps pouvait avoir un impact sur les larges épaules de l’envahisseur. Ce même envahisseur qui semblait prendre un malin plaisir à être là, à afficher un énorme sourire sur ses babines, un sourire lourd de sens à qui voulait bien le voir. Fier de sa bêtise qu’il faisait passer pour un affront volontiers, il profitait de ce moment comme il ne l’aurait jamais fait en d’autres circonstances. Bien trop droit, bien trop attaché au Code du Guerrier et au respect des frontières, il ne l’aurait jamais franchi délibérément et ne le ferait probablement jamais. Du moins, s’il n’en avait pas reçu l’invitation ou s’il ne s’en était pas fait donner l’ordre. Après tout ce froid, toute cette neige et ce vent qui n’en finissait pas de souffler, plus encore sur la plaine que dans les tréfonds du territoire du Clan de l’Ombre, voilà que le cœur et l’esprit du jeune mâle se réchauffait. Étonnamment heureux de se retrouver en la compagnie d’un membre d’un Clan adverse, il allait pouvoir rendre compte de l’état du Clan du Vent au siens, et même s’il devinait les choses différemment sous l’épaisse couche de neige, il piétinait des terres nouvelles, des terres convoitées par de nombreux félins avares d’expansion, de proies et de pouvoir. Ce ne fut pas le petit grognement qui se voulait grave, ni même la tentative de se redresser de la part de l’Apprentie qui changea la vision de Nuage des Marais. Au final, cette journée de merde, allait peut-être être un peu plus amusante et enrichissante que prévu.

« J'pensais plus que tu t'étais perdu au vue de ta tête de musaraigne malfamée. »

Calme. Bien trop calme pour prendre à cœur cette pittoresque insulte, le tigré ne laissa que croître le sourire qu’il avait sur le bout des babines. Un sourire qui voulait en même temps tout et rien dire. Un sourire qui se voulait provoquant, malicieux et en même temps avec un poil d’innocence. Si elle avait eu un tant soit peu de jugeote, elle aurait pu discerner un poil de mensonge dans ce qu’il racontait, un mensonge trop mal masqué derrière une malice bien trop exagérée aux yeux du beau brun. A lui, on ne lui aurait pas fait. Il ne serait pas resté aussi calme et inactif que la petite chatte grise qui se trouvait devant ses yeux. Il se rappelait très bien sa rencontre avec ce solitaire dont le nom ne lui revenait pas. Combien de temps avait-il hésité avant de passer à l’action ? Trop peu, bien peu. Il était vrai que lorsqu’il s’agissait de respect des frontières et du Code du Guerrier, le tigré laissait son esprit s’échauffer un peu vite. Lorsque l’inverse se produisait, tout était différent. Et quand bien même, sous ce brouillard, tout était différent. L’envie de se changer les idées primait sur l’envie d’assouvir sa supériorité et de prouver mont et merveilles. Décidément, ce blizzard faisait perdre la tête à bien des félins. Ne se sentant nullement en mauvaise posture, ni même acculée, l’Apprentie brun tigré permit à ses muscles de se détendre, à son poil de retrouver sa place habituelle et à ses yeux de rires des bêtises et de l’ignorance de la petite. Si elle pensait avoir la force de le repousser alors qu’elle essaye, il n’attendait que cela. Il attendait simplement que le premier coup ne lui soit porté. Comme un chasseur attendrait le bon moment pour saisir sa proie. Ne changeant en rien le ton de sa voix, il articula de nouveau, moqueur au possible :

« Ton compliment me va droit au cœur, belle demoiselle. Puis-je te demander à qui ai-je l’honneur ? J’aimerais tant connaître le doux nom de celle qui m’accompagnera dans ma balade. »

Je ne sais même pas pourquoi je me dis ça.. Je n'ai aucune raison de justifier mes paroles. Je suis sur mon territoire et cet être face à moi ne l'est pas. Si jamais il y a un accrochage important, c'est lui qui sera coupable. Pourquoi je continuais d'en parler ? L'histoire est réglée.. Donc. Revenons à nos petits poneys. Je venais tout juste de gonfler mon pelage mi-long. Mon regard affuté en cas d'attaque surprise de mon 'opposant'. Le matou, bien loin de prendre la menace au sérieux, se détendait. Il haussait même avoir un regard plutôt hautain je dirais. C'était peut être une interprétation exagérée.. Mais c'était mon impression.. J'avais bien envie de le faire descendre de ses grands chevaux. Il miaulait ensuite, m'horripilant d'avantage :

"-Ton compliment me va droit au coeur, belle demoiselle. Puis-je te demander à qui ai-je l'honneur ? J'aimerais tant connaître le doux nom de celle qui m'accompagnera dans ma balade."

Je laissais mes pattes tremblotaient un instant face à son ton moqueur et son manque de respect flagrant. Je ne savais pas trop comment il était en temps normal.. Ou s'il jouait un rôle devant moi. Mais je le trouvais impoli.. Peut être parce que je suis un peu plus jeune que lui ? Que je suis une femelle ? Ou simplement parce que je suis d'un autre clan ? Je ne le serais peut être pas au terme de cette rencontre.. Et cela n'est pas spécialement important. Je me posais simplement ces quelques questions.. Je soupirais un instant avant de finir par répondre, d'un ton neutre et calme :

"-Je ne vois pas l'utilité. J'ai aucune raison de te donner mon 'doux nom'. Comme je me fiche bien de connaître le tien. Tu es sur mon territoire, c'est tout ce que je vois."

Profit. Tout devrait rimer avec ce mot aux oreilles du tigré. À vrai dire, son petit monde, qui tournait autour de sa personne, ne faisait que lui profiter. Enfin, pour le moment, tout lui profitait. Aussi bien, les déboires de sa portée, que son apprentissage et la façon dont il se sortait toujours de toutes les situations et la tête haute s’il vous plaît ! Si l’autre savait à quel point, il jubilait de voir cette flamme danser dans son regard. Si elle se doutait simplement que de la voir aller de désillusion en désillusion lui plaisait plus que tout au monde. Oh ! Elle apprendrait bien vite, à ses côtés, qu’on ne doit pas se fier aux apparences et qu’il est plus qu’important de ne pas se laisser marcher sur les pattes. L’ascendant psychologique, il l’avait pris au moment même de leur rencontre. Lorsque lui seul, avait été capable de siniser dans son esprit et d’y laisser perler un doute. Pensait-elle qu’il ferait demi-tour sans broncher ? Qu’il se rendrait compte de son erreur et qu’il serait le genre de félin à courir ventre à terre pour la réparer. Dans certains cas, peut-être. Mais pas aujourd’hui. Pas avec ce temps qui n’en finissait pas de se dégrader. Si les muscles de Nuage des Marais n’étaient pas présents, on pourrait voir percer ses os. Loin d’avoir l’estomac vide, il tentait d’oublier sa faim en pensant à autre chose, en faisant autre chose, quoi de plus naturel. Si l’autre paraissait calme, ses membres avaient décidé de trembler sans son accord. De la peur ? Probablement pas. Une colère qu’elle peinait à maîtriser plutôt. Oui. Elle puait la colère. Ses yeux en étaient injectés. Et pourtant, elle tentait de lutter, se posant certainement mille et unes question sur l’énergumène qu’elle avait devant elle, se demandant bien comment elle allait pouvoir s’en débarrasser. Certainement pas en parlant et en lui laissant le choix, se murmura pour lui-même le novice, avec un sourire ancré aux babines. Ce serait mentir que de dire que la voix en apparence calme qui découla de la bouche de la novice rivale l’étonnait. Vraiment, mentir. Et mentir, c’est moche.

« Je ne vois pas l'utilité. Je n’ai aucune raison de te donner mon « doux nom ». Comme je me fiche bien de connaître le tien. Tu es sur mon territoire, c'est tout ce que je vois. »

Comme s’il ne s’y attendait pas, Nuage des Marais se retrouva devant un nouveau non-catégorique. Les gamins de nos jours, capricieux à souhait. Aurait-il donné son nom à celle-ci ? Certainement pas. Si c’était pour qu’elle crache à son maigre meneur qu’il était venu vadrouiller ici, ça lui vaudrait certainement quelques remontrances. Quoi que, Étoile du Serpentaire était loin d’être aussi exigeant que cela concernant les frontières et c’est peu dire que le sort de son Apprenti ne le préoccupait pas en ce moment. Avec ce blizzard, il avait bien d’autres chats à fouetter. Le sourire perfide sur le visage du mâle ne discontinua pas, au contraire. S’allongeant, prenant de plus en plus d’espace, ce qui était un sourire en coin, devant un véritable sourire. S’il avait pu se moquer plus ouvertement encore de l’autre, il l’aurait certainement fait. Lui laissant le temps de mariner encore quelques secondes, il se mit confortablement assis, en déduisant qu’il en aurait pour un moment avec celle-ci, disons jusqu’à ce que ces nerfs lâchent. Il enroula sa queue autour de ses pattes, prit une attitude faussement digne et il articula d’une voix penaude, comme s’il ne se doutait pas une seule seconde de ce qu’elle avait craché quelques secondes auparavant :

« Tu m’envoies fortement déçue. Je ne pourrais donc pas faire ton éloge au sein des miens, dommage, tu aurais été redouté mon chaton. Tu me permets de rester quelques minutes de plus ? Tu vois bien, je ne te veux pas de mal. Je veux juste apprendre à te connaître un peu. »

J'haussais vaguement les épaules, accentuant mon côté 'jemenfoutiste' que j'essayais de lui montrer. J'en avais vraiment rien à faire de connaître son nom. J'espérais au plus profond de moi ne plus jamais devoir le croiser même pas aux assemblées. Cela m'arrangerait bien. Pendant que je bouillonnais de l'intérieur, le mâle au pelage sombre se mettait à son aise. Son sourire devant plus glauque et présent sur son visage. Il s'installait même confortablement sur mon territoire. Je venais de comprendre qu'il faisait tout pour me provoquer.. Et bien, il allait finir par réussir. J'étais certes plus jeune que lui et sûrement moins expérimentée, mais cela ne m'empêchait pas de prétendre à une victoire. L'apprenti des Ombres miaulait ensuite, d'un ton faussement digne :

"-Tu m'envoies fortement déçue. Je ne pourrais donc pas faire ton éloge au sein des miens, dommage, tu aurais été redouté mon chaton. Tu me permets de rester quelques minutes de plus ? Tu vois bien, je ne te veux pas de mal. Je veux juste apprendre à te connaître un peu."

Je soupirais longuement, ne répondant qu'à sa question que par mon attitude. J'étais toujours debout contrairement à mon opposant. J'étais campée sur ma position. Prête pour l'attaquer mais je n'allais pas lui donner ce plaisir. Non, pas après toutes ses jérémiades. Je laissais ma queue battre violemment l'air avant de prononcer quelques mots :

"-Tout ce que tu veux c'est de l'animation."

HRP: