Il faisait presque nuit. Par presque, je veux dire par là que le soleil était en train de se coucher majestueusement derrière les arbres de la orêt de CerfBlanc, et incendiait de ses reflets de feu les falaises, y créant toute une myriade de reflets sanguins et terre de sienne. Le tout était entrecoupé d'ombres abruptes qui laissaient plus penser au néant qu'à des simples recoins sombres. Au milieu de ces rochers baignés d'un soleil de sang se tenait une ombre, une ombre de chat qui contrastait sérieusement avec les tons du lieu, son poil long et, ce jour là il fallait l'avouer négligé, tirant sur l'argenté.
Il s'agissait de nulle autre que Foëhn, cette chatte acariâtre à qui ceux qui la rencontraient donneraient plus soixante lunes qu'une petite trentaine. Et derrière ces yeux de saphir se trouvait un air sombre et bravache qui fixait le paysage d'un air sombre, tel un roi mécontent de ce qu'il voyait, mais observant tout de même, rongé par le dépit. Oh !, elle n'était pas de si mauvaise humeur, rassurez vous, c'est juste que son... Museau, sa face, son visage de chat ne concorde que rarement avec ce qu'elle ressent vraiment, et laisse apparaître la majeure partie du temps un air rebutant plus qu'apaisant.
Et elle était là, posée sur son rocher, sa queue s'agitant doucement derrière elle sur un rythme imprécis et singulier. Elle était immobile, pas un de ses muscles ne bougeait, mais son poil se mouvait doucement au grès des rafales de vent qui s'engouffraient ans le creux qu'elle s'était trouvé. Ce qu'elle voyait lui plaisait, et perdre son temps à observer ce coucher de soleil lui... Convenait. C'était déjà pas mal. Il n'y avait pas de quoi briser la monotonie de sa vie de solitaire, mais au moins de quoi la rendre un peu plus supportable.