« Something in the way » | W/ Cri des Corbeaux - end

The pain of the Raven

Sa nuque le lançait, la blessure saignait, les deux points qui marquaient les crocs de la vipère s’étaient introduit. Se contorsionnant un peu, il essaya de nettoyer la plaie comme il pouvait, mais il sentit sa peau se déchirer un peu plus, et dans un feulement rageur il revint à sa position de départ.
Cœur de Coyote apparut, une lueur amusé dans ces yeux qui donna au Corbeau une envie de lui sauter à la gorge.


« Alors petit, on s’essaye à la chasse ? Tu devrais laisser faire les grands et retourner dans la pouponnière. On aime pas voir des chatons traîner dans nos pattes, nous les vétérans. Laisses faire les pros, Nuage Criard ! »


L’évocation de son nom d’apprenti le mit encore plus en rogne. Le mâle était petit, et n’aimait pas les commentaires sur sa taille. Cœur de Coyote allait passer un sale quart d’heure. Petit mais violent, le Corbeau n’était pas du genre à se laisser faire. Sentant le vent arriver, le mâle gris pierre s’éloigna, à la recherche d’une nouvelle proie. Cri des Corbeaux resta en retrait, bien que l’envie de gâcher la chasse du vétéran lui effleurât l’esprit. Il n’était pas du genre à jouer au gamin, lui. Continuant sa toilette minutieuse, le gris foncé observait son compagnon de chasse du coin de l’œil. La truffe en l’air, le Coyote essayait de trouver quelque chose, et un petit couinement vint l’appeler, comme si l’écureuil ne souhaitait que se faire dévorer. L’animal roux était perché sur un tronc d’arbre desséché et regardait le mâle gris avec un air de défi. D’où il était, le vétéran ne pouvait pas le rater.


« Viens ici, saleté de souris de mes deux ! »


Cri des Corbeaux leva les yeux au ciel. Est-ce qu’il avait sérieusement appris à chasser un jour ? Ou bien était-il complètement débile ? Le grand mâle se mit à hurler, et bondit sur le tronc, pensant que sa technique marcherait. C’était sans compter sur la rapidité et l’agilité du mammifère qui détala sans perdre une seule touffe de poils. Cœur de Coyote, dans son élan, se retrouva suspendu à l’arbre, aussi pitoyable qu’un apprenti venant de tester ses premières techniques de chasse.


« Crotte de renard… Souris volante de mes c-… »


Crachant un flot d’insulte, le galet se releva et fit crisser ses griffes sur l’écorce du tronc d’arbre, essayant probablement de passer ses nerfs. Cri des Corbeaux se leva alors et le rejoignit, sans même poser un regard sur lui, il passa dans son dos et continua sa route vers un petit buisson.


« C’est un écureuil, Nuage de Coyote, pas une souris. Je commence à comprendre pourquoi tu ne ramènes jamais rien au camp, monsieur le valeureux guerrier. » Railla le mâle gris foncé


D’une patte, il écarta les branchages du buisson et ramassa ce qu’il avait vue scintiller au loin. La toile d’araignée s’enroulant autour de son membre et, s’éloignant un peu pour laisser l’araignée tisser une nouvelle toile, il appliqua ce qu’il venait de cueillir sur sa nuque. La salive et le sang permirent à la toile de tenir et lécha une nouvelle fois ces coussinets pour humidifier le pansement de fortune, il posa ses yeux sur son camarade.


« Tu es lourd. Toute la forêt t’entend arriver. Fait glisser tes pattes sur le sol la prochaine fois. »


Et il reporta son attention sur sa blessure, laissant le guerrier partir en chasse une nouvelle fois.

GALLINEA

The pain of the Raven

Alors que Cœur de Coyote bondit de son perchoir, celui-ci sembla tiquer aux paroles du Corbeau. Il ne s’agissait que d’une joute verbale et pourtant la rage accumulée par les échecs du guerrier granit sembla transformer cela en une engueulade de chaton.


« "Fait glisser tes pattes" gnagnagna… Tout ça c’est pour les faibles. De toute façon, la chasse c’est pas mon truc. Tuer des rats ça m’intéresse pas, ça m’a jamais intéressé. Mon mentor m’a toujours dit de faire ce pourquoi j’étais fait. Moi, ce que j’aime, c’est débiter des faces-de-tanches en rondelles et pas courir après les souris v- les écureuils. Et d’abord de quoi je me mêle ? Tu m’espionnes ? Oh, me dis pas que tu veux me faire la leçon, comme Rive d’Écume. »


Le petit mâle gris foncé, jusqu’à présent occupé à enrouler des toiles d’araignée autour de sa blessure, stoppa son mouvement. Sans adresser un regard au guerrier, il soupira. Décidément, Cœur de Coyote était pire qu’un apprenti. Mais Cri des Corbeaux n’était pas du genre à débiter des morales à tout va. Et il n’était pas le mentor de ce pseudo guerrier à l’allure de colosse. Alors il ne dit rien lorsque celui-ci s’éloigna en grognant. Il se contenta de reprendre son activité et après quelques instants, le vent lui apporta les râles de Cœur de Coyote. Le vétéran gris devina sans mal qu’il avait une nouvelle fois raté sa proie. Un ricanement lui échappa et le mâle granit revint la queue basse et l’air furax.


« Je rentre, j’en ai marre des trucs qui courent partout. On se voit au campement, t’fais pas trop attendre petit prince, ou je viendrais te chercher »


Cri des Corbeaux leva les yeux au ciel et regarda son camarade de Clan s’éloigner en pestant. Il soupira une nouvelle fois et se leva. Avant de rentrer au camp, il voulait tenter d’attraper quelque chose, et lorsque l’écureuil qu’avait chassé le guerrier gris tout à l’heure réapparut, le Corbeau bondit. Bien entendu, il savait qu’il n’avait que peu de chances de l’attraper, la bête rousse se doutait certainement de la présence du chasseur et s’attendait à se faire attraper une nouvelle fois. C’est donc sans surprise que le Corbeau rata sa proie, et se décida à rentrer au camp.
Ce n’était le jour de personne aujourd’hui.

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