[LUNAR POD] Plaies et toiles d'araignées. -abandon

Aigue-Marine venait d'être enterrée. Dans quelques jours, elle servirait de repas aux insectes. Dans quelques semaines, il ne resterait d'elle que des os couverts de quelques lambeaux restant, quelques touffes de poil subsistant ci et là. Cette vision fit frémir Étoile de Pierre. Il n'acceptait pas qu'elle soit partie.

Ses membres tremblant sous la fatigue étaient couverts de terre et de sang. Il n'avait pas prit le temps de faire sa toilette, et c'était bien là le dernier de ses soucis. Dans cet état, le meneur faisait peine à voir, mais pour une fois, il lui importait peu de paraitre misérable. Son apparence, d'ordinaire si importante, était tombée dans l'oubli. Pendant un instant, il ne sut plus quoi faire. Il resta là, sans bouger, au milieu du camp, réfléchissant à ce qu'il allait advenir de lui et de Clan désormais. Puis sans trop savoir pourquoi, il se dirigea vers l'antre du guérisseur. Nuage des Ruisseaux s'y trouvait.

L'apprenti avait enchaîné les mésaventures, entre la mort de son père et de Coeur de Neige, ses allers-retours fréquents au Clan de l'Ombre afin d'y prendre des leçons, et aujourd'hui, la mort d'Aigue-Marine. Malgré son jeune âge et son manque d'expérience, il s'était montré courageux, et avait réussi à sauver ses petits. Et même si c'était là le travail normal d'un guérisseur, Étoile de Pierre avait une dette envers lui.

Il s'assit dans l'antre qu'il avait tant côtoyé lorsqu'il était plus jeune, attendant que le fils de l'ancien meneur se libère.

- Tu aurais quelques... trucs, pour ça? fit-il en indiquant ses blessures. L'une de ses pattes avant, notamment, mordues par un assaillant lui faisait terriblement mal. J'y connais pas grand chose alors... je te fais confiance.

Le retour au Camp... Le retour du quotidien, ou presque. Je ne peux m'empêcher de m'en vouloir. Aigue-Marine aurait dû vivre, ne pas mourir en laissant ses Petits derrière elle. Non, jamais. Elle n'aurait pas dû mourir ainsi. Je n'ai pas eu le courage d'aller la voir dans l'Antre du Chef, lieu où j'avais pleuré Père quelques lunes auparavant. Non, je ne pouvais pas. Comment allais-je pouvoir regarder Etoile de Pierre alors que mon incompétence avait tué sa compagne? J'avais failli à mon devoir, à ma promesse. Je m'étais promis de devenir capable d'éviter une nouvelle mort. Et j'avais trahi ma parole. Reclus dans mon Antre, je triais machinalement mes herbes, des cueillettes seraient à prévoir. Une odeur me parvint, notre Chef! Venait-il me dire que j'étais inutile? Pourtant, le matou s'assit sans colère. Je m'avançais alors vers lui.

- Tu aurais quelques... trucs, pour ça? J'y connais pas grand chose alors... je te fais confiance.

Apparemment je ne serai pas exilé aujourd'hui. Je regardai la patte qu'il me montrait et grimaça face à la morsure. Oui, c'était une blessure plutôt moche. Je regardai mes herbes et soupirai. C'était vraiment une période sans. Les cueillettes seraient vraiment d'une importance capitale si je voulais mener à bien ma mission. Qu'est-ce que je pouvais faire? Je fis silencieusement un listing de ce que j'avais et leurs propriétés.

"Je n'ai malheureusement que peu de remèdes. Il faudra que je sorte du camp pour des cueillettes, si tu me le permets"

En revenant de la bataille, Etoile de Pierre avait interdit les sorties. En tant que Soigneur, je supposai avoir une excuse pour sortir, mais je préférai prendre mes précautions. Avec la mort de sa Compagne, notre meneur risquait d'être un peu bouleversé, pas la peine de sortir dans son dos.

"J'aimerais que tu descendes à la rivière pour nettoyer tes plaies dans un premier temps. En l'absence de remèdes, c'est la seule chose que l'on puisse faire. Reviens après, j'appliquerai des toiles d'araignée pour empêcher une nouvelle infection"