Caprices | PV. Manteau Automnal

Patte Venteuse boudait. Depuis que les petits de Tâche d'If avaient été confiés à sa mère, Brise Argentée, elle craignait d'être abandonnée à nouveau.
L'absence de sa mère la première lune-et-demi de sa vie leur avait couté bien des larmes, à ses soeurs et elles, et avait énormément blessé Patte Venteuse.
Si c'était peut-être celle qui pleurait le moins dans sa fratrie, elle était la moins stable de toute, et à première vue la plus marquée par cette absence.
Mais des chatons en bas-âge avaient bien plus besoin d'attention que le chaton de deux bonnes lunes qu'elle était devenu. Cependant, Patte Venteuse n'en avait pas conscience.

Désormais, on lui accordait bien moins de temps et il lui semblait qu'elle brillait moins. Elle n'était plus la star et cheffe de la pouponnière, maintenant que des tout petits avaient rejoint la tanière. De par leur faiblesse, ils lui étaient supérieurs. Ça, c'était cocasse.
Si elle avait pu, elle les aurait porté jusqu'à l'extérieur du camp, pour qu'ils lui rendent sa maman et sa tranquillité! Mais il s'agissait là tout de même de sa famille. Les petits de sa mamie Tâche d'If, frères et soeurs de son père Crocs Nacrés, et donc, techniquement, ses oncles et tantes.
C'était tout de même bizarre de se dire qu'elle était plus âgée que la deuxième fratrie de son papa, bien que ce n'était pas sa principale préoccupation. Ç'aurait pu l'être, si Tâche d'If avait décidé de s'occuper de ses petits.

Incapable de faire quoi que ce soit pour sauvegarder son monopole de la pouponnière, Patte Venteuse mit en place un plan. Ou du moins, un semblant de plan.
Elle allait bouder. Tout simplement.
Faire la tête, rester dans son coin, et bouder.
Jusqu'à ce qu'on lui rende sa maman pour elle et ses soeurs seules.

Voilà donc une petite heure, depuis le début de la journée, qu'elle s'était postée à l'entrée de la pouponnière avec l'objectif de faire la tête. Le temps lui sembla si loonnng.... au bout de vingt minutes à peine, elle considéra abandonner l'idée, mais se ressaisit rapidement en tournant la tête vers le nid où se trouvaient les envahisseurs.

Lorsqu'une guerrière s'approcha de la pouponnière, elle détourna la tête, ne sachant même pas si celle ci l'avait remarqué, ni même si elle venait pour la voir ou passait juste à côté pour faire sa vie.

- Non, déclara-t-elle sans même attendre de parole, qu'importe si elle parlait dans le vide. Je ne bougerai pas, je boude.