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Δ Petit

Ses oreilles frémirent, témoins de sa locution momentanée. Ainsi, ses sens alertés par la véhémence enduite de colère qu’empruntaient ses mots. Sa gestuelle apathique s’enraidie, galvanisée la satisfaction d’avoir suscité l’émotion désirée. Le courroux vengeur, du mâle d’ébène menaçait d’attitrer sa prochaine victime. Bientôt, la colère légitime de Feuille de Houx connaitra l’outrance, dont l’irrégularité brisera son armature sous un récifs d’impulsions enragées, dont il ne saurait que périr. Ainsi, l’or côtoyait l’émeraude d’une œillade inquisitrice, avide d’y déceler une perspective insolite. Aussi, un rictus narquois souleva les commissures de babines, en proie à la désinvolture prompt à briser les derniers vestiges de sa contenance. Liant cet apparat de bourreau aux attraits de noblesses, Ecaille de Maquereau demeurait droit, les muscles rigides drainés par l’impatience, et le menton réhaussé par la condescendance qu’il lui portait. Qu’allait donc faire Feuille de Houx ? Déclarer forfait, ou faire fi des conséquences que lui vaudraient un acte sanguinaire, aussitôt malmené par les remords. Cette décision n’était que factrice de notre obéissance à des motivations diverses. Notre instinct, ou notre loyauté aux instances imposées par les divinités célestes ?

C’était également l’unique clivage qui dissociait les Solitaires, des Guerriers.

- Ah ça je peux te dire que ton boulot devra être fait impeccablement, et pas comme hier. Quant à ce qu'on peut te reprocher, c'est de voler, d'être malhonnête, de faire du mal à ta famille et à ton Clan... Ah ça ! Ah ça ! Balbutia-t-il, peinant à tenir un discours cohérent, visiblement bousculé par un assaut d’émotions intempestives.

La déception le fit soupirer, au rythme de l’affaissement de ses épaules. L’engouement que son interlocuteur lui eût prêté, interceptait la réaction que ses songes prédisaient. Dommage. Les deux guerriers opposaient leur opinion sous la houlette d’un débat stérile et sans issue. Car bien que méprisé, les guerres se liaient toujours d’une cause commune, quêtant la victoire pour donner légitimité à la nocivité des combats, destructeurs. Ici, chacun défendait son camp façonné par leurs motivations et valeurs personnelles, érigé sous un amoncellement de pierres sans que la force des fondations ne menace de crouler, par l’ascendance de l’autre. Ainsi, l’un n’aspirait qu’à la liberté prédominé par l’instinct primal du félin, et réfutait les réformes lui ôtant ce plaisir, tandis que l’autre s’accordait à cette loyauté guerrière, qu’on lui eût toujours enseignée. Évidemment, aux yeux des guerriers, Ecaille de Maquereau falsifiait tous leurs principes visant à prouver leur valeur, au détour de multiples sacrifices et témoignages de loyauté. En effet, l’égoïsme dont s’appropriait son geste, ne le lustrait d’aucune dignité à admirer. Lesté de honte quant aux flots de réprimandes, qui lui firent courber l’épaule, gageant de sa soumission devant cette figure de patriotisme -car, hélas, il demeurait encore membre d’un clan, à l’instar de Feuille de Houx- le matou se força à apaiser son courroux. Ainsi, es paupières closes comme pour dissimuler le trouble qui malmenait son âme, miroité au creux de ses mirettes.

Les derniers vestiges vocaux, vociférant son idiotie furent domptés par la toilette sommaire qui détendirent ses poils, en s’octroyant bonne mesure.

- Bon. On est venus pour chasser. Je te surveille.

Évidement, Écaille de Maquereau se languissait de voir frémir de colère les traits radoucis de son interlocuteur, tandis qu’il se prédisposait à se rehausser avec une lenteur aussi nonchalante que désinvolte. La dérision habilla les jonctions de ses babines d’un sourire goguenard, qu’il hésitait à étendre jusqu’au rire. Seulement, la démesure donnait droit à sa victime de riposter, à raison d’y détenir le soutien de son chef. Et fort de sa combativité, Écaille de Maquereau se savait déjà dépecé de vie, la carcasse putride et maculé d’un récif de poils récalcitrants souillés de boue séchée, s’il osait enfler son orgueil plus que de nécessaire.

- Eh bien, Feuille de Houx, je suis ravi d’être ton second apprenti, insinua-t-il le ton onctueux, le velours de sa queue épousant avec délicatesse l’arabesque que formait le menton de son mentor de substitution. Je compte sur toi, pour m’apprendre, tous les rudiments de la chasse !

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Invité

" Eh bien, Feuille de Houx, je suis ravi d’être ton second apprenti. Je compte sur toi, pour m’apprendre, tous les rudiments de la chasse !
- Très bien, tais-toi. " répliqua-t-il, aussi glacial, rigide et sourd à ses sarcasmes qu'une véritable feuille de houx pouvait l'être en plein hiver.

Cet affreux osait le provoquer ? Et bien qu'il ose. Feuille de Houx se promit qu'il ne tarderait pas à apprendre quelle était la place que l'on réservait à ses semblables. Les oreilles redressées et le pas silencieux, le gris réalisait même que la faim qui le prenait éveillait chez lui un instinct de chasse, une concentration, qui toutes deux lui étaient très profitables.

Tous ses sens éveillés, le mâle parcourait le sous-bois sans plus se préoccuper de ce cancrelat qui le côtoyait. Et un froufrou caractéristique l'incita à changer de cap. Rapidement, ses pupilles se rétrécirent en localisant une belle tourterelle, qui s'était posée au sol, bien judicieusement... Elle serait à lui. Il parvint à approcher le volatile sans éveiller son attention. Stupide, mais appétissant animal.

En un rien de temps il fut sur elle et la tua, en la décapitant presque avec ses crocs. De toute façon la tête n'était pas bonne, trop pleine de petits os aussi dangereux qu'indigestes.

Vint alors le moment de remercier le Clan des Étoiles. Il s'arrêta pour leur adresser une petite prière. Toujours dans ces instants il repensait à Croc de Brume, qui l'avait tant regardé chassé, autrefois... Défunte désormais, il était persuadé qu'elle restait présente quelque part près de lui à chacune de ses réussites de chasseur.

" C'est humblement j'espère, ô, Étoiles ;
Que mon merci sincère, ô, Étoiles ;
Monte depuis ces terres, ô, Étoiles,
Qui répondez à nos prières. "

Détendu quelques instants, il saisit sa proie entre ses crocs et l'approcha vers un endroit où il pourrait facilement l'enterrer. Mais voir de nouveau son camarade de chasse et sentir son odeur le crispa vite.

" Allez on se dépêche. " grinçait-t-il, pincé, en enterrant sa jolie tourterelle.

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Δ Petit

Ses oreilles frémirent, témoins de sa locution momentanée. Ainsi, ses sens alertés par la véhémence enduite de colère qu’empruntaient ses mots. Sa gestuelle apathique s’enraidie, galvanisée la satisfaction d’avoir suscité l’émotion désirée. Le courroux vengeur, du mâle d’ébène menaçait d’attitrer sa prochaine victime. Bientôt, la colère légitime de Feuille de Houx connaîtra l’outrance, dont l’irrégularité brisera son armature sous un récifs d’impulsions enragées, dont il ne saurait que périr. Ainsi, l’or côtoyait l’émeraude d’une œillade inquisitrice, avide d’y déceler une perspective insolite. Aussi, un rictus narquois souleva les commissures de babines, en proie à la désinvolture prompt à briser les derniers vestiges de sa contenance. Liant cet apparat de bourreau aux attraits de noblesses, Ecaille de Maquereau demeurait droit, les muscles rigides drainés par l’impatience, et le menton rehaussé par la condescendance. Il papillonna un instant des paupières, comme pour attester de son innocence, puis avança d’un ton sucré enduit de médisance :

- M’oui, j’admire et apprends de ton professionnalisme en bon petit élève que suis !

Liant le geste à la parole, le félin d’argent se laissa couler le long d’un monceau de fougères asséchées. Sitôt allongé et délesté de toute courbatures parasite nouant ses muscles, le jeune félin demeura sens aux aguets, l’ouïe encore fébrile. Ses attraits détendus n’étaient qu’une image prompte à duper autrui. En l’occurrence, rien ne valait l’émoi suscité par Feuille de Houx, agacé et épris d’une illusion biaisée de surcroît. Satisfait d’avoir envoûte son prochain, mais guère rassasié, Ecaille de Maquereau laissa suspendre un rictus railleur au large de ses commissures, ridant deux portions de son joli minois. Mais puisque qu’il fallu troquer l’effervescence au détour d’un loisir dérivatif, il réprima un soupir d’un aise parasite, secondé par un bâillement exagéré, visant à obstruer -voire abolir définitivement- la concentration de son prochain. Ainsi, il mima une stabilité chancelante qui trouva rapidement sur son lit d’aiguilles de pin, amassées à la dérive par les relents oisifs de chacun.

Tandis qu’il vaquait à ses occupations désœuvrées, et qu’il semait son regard apathique parmi l’horizon avare en présences versatile, Feuille de Houx souillait le décor immaculé dans une parade abusive. Cependant, il raffermit son angle de vue d’une œillade recourbée, avide d’étendre son progrès au détour d’une palette expansive. Bien qu’il fût adoubé guerrier à la dernière lune, aucun défaut ne viendrait contraindre son ambition d’approprier maîtrises et mérites, à sa propre gloire. Ainsi, Feuille de Houx se confondit en tribulations d’ébène -successions d’élans précis somme de son expérience - avant qu’une paire de crocs d’ivoire ne s’écorchent sur la jugulaire tendre d’une tourterelle vulnérable, payant son inattention par un éclat d’infortune. Une traînée meurtrie engonça la terre nue d’un bourbier macabre, amalgamant un agrégat d’ossements et de plumes empêtré dans une érosion sanguine. Un peu gluant, mais appétissant, n’était-il pas ? Assurément, les reines se régaleraient incessamment de leur festin, les sens émoustillés par cette proie rutilante. Violent, évasif et crasseux de surcroît, analysa-t-il avec circonspection.

Âmes sensibles s’abstenir, Ecaille de Maquereau prit à parti de se redresser avec une lenteur agile, méprisant la torpeur qui lui raidissait les muscles. Aussi prit-il un soin particulier à caresser ses attentes dans le sens du poil ; un menton anguleux vînt épouser la tourbe à motif marbré de son cou, en guise d’approbation. Sinon, comment dissimuler pareille déglutition ? Laisser cueillir son assentiment, pour mieux le prendre à revers. A l’évidence, le radical du meurtre s’éprenait de motivations autrement innocentes, résumées en débris affamés. En effet, émissaire des conventions, le minet corbeau s’accommodait plutôt d’une chasse habile et cadencée, aux prémices des premières fraîcheurs, toute rudesse proscrite. Ici, l’air saturait de haine. Eut-il seulement déversé son excès d’animosité à l’encontre de sa proie ? Ou le geste induisait-il une quelconque menace à son insu ? Ses babines se retroussèrent, dévoilant un carquois de dents blanches alignées dans un sourire arborant la méfiance, tandis que ses moustaches remuaient, témoin d’égaiement -ou du moins, voulait-il le faire croire. Le pas langoureux et les épaules musclés se mouvant sous une tonnelle de poils aussi revêches que rapiécés, Ecaille de Maquereau ne démordait d’aucun excès de zèle, quant à sa désinvolture naturelle. Sitôt rendu près de la carcasse et de son bourreau, ce dernier récita une prière pompeuse en vertu de leurs ancêtres, par acquis de conscience. Selon le félin d’argent, la procession d’usage ne méritait aucun augure tant elle se révélait inutile. En effet, i nombre d’entités leur octroyait leur moindre pitance, les saisons des feuilles mortes n’emmagasinerait pas tant de pertes, récoltées par la famine. Logique.

" C'est humblement j'espère, ô, Étoiles ;
Que mon merci sincère, ô, Étoiles ;
Monte depuis ces terres, ô, Étoiles,
Qui répondez à nos prières. "

Soudain, un ricanement insolite fit défaut à sa contenance habituelle, barbouillant l’envergure solennel, d’un tel discours. Paradoxal de remercier un Clan de défunts exempt de vivacité. Car faute de griffes, et dépourvu de sens, les ombres trépassées ne se répartissaient d’aucun talent de chasse. Eux-seuls méritaient leurs grâce. Aussi, le chat d’ébène tentait-il de se destituer de toute culpabilité en proie à la rédemption, après qu’une telle hargne eût usurpé son braconnage. A l’évidence, Feuille de Houx se fourvoyait quant au pardon quémandé ; des paroles enjolivées n’excusait jamais un acte aussi archaïque. Qu’avait-il appris du respect qu’il fût d’usage d’accorder, aux différents peuples de la forêt, proies inclues ? Ainsi, Ecaille de Maquereau posa sur la tourterelle une œillade amorphe, l’air désabusé. La nuque de la bestiole pendouillait mollement d’un côté, dans un angle approximatif, la chair morcelée en deux. La violence ne se tarissait guère d’éloges. Le félin d’argent, lui oscillait entre dégoût et effarement.

- Au moins, on sait que ce pigeon est mort. C’était une tourterelle, et il en avait parfaitement conscience. Quoi qu’à l’évidence, même le sol risque d’en garder le souvenir ! Il désigna d’un mouvement de queue fébrile la flaque de sang étayée sous le cadavre, nimbant de pourpre son ombre, comme d’un ultime tombeau. Son ton se voulut moqueur, à défaut que sa voix parût désincarnée, hors de portée, complètement hermétique à la situation.

Encore embourbé dans son blablah intempestif, Feuille de Houx occulta sa présence, quelques instants. Sitôt son oiseau couvert d’un monticule de terre, le félin d’ébène réitéra sa supplique d’autant plus tranchante qu’elle ne suscitait l’empressement.

" Allez on se dépêche. "
- Au contraire mon minou, avança Ecaille de Maquereau, doucereux, tandis qu’une queue volage vînt épouser la forme exiguë du menton de son camarade, rien ne presse. Chaque chose en son temps ; la patiente est mère d’une chasse réussie ! Il lui intima la confiance d’un geste tapageur : un clin d’œil, lourd de sens.

Prenant soin d’éviter le dépôt de terre retournée d’un bond délié, Ecaille de Maquereau fila droit vers le sous-bois d’un pas léger, dénué d’inquiétudes quant à sa prochaine chasse. Autrefois, chacune de ses relèves fructueuses se soldaient par un déluge de félicitations. Et encore à ce jour, le plaisir inauguré par le savoir-gré de son mentor à son égard subsistait. Un ronronnement prétentieux s’échappa au détour d’une enjambée maladroite, affranchie d’une branche parasite. Peu importe, aujourd’hui, son talent forcerai la nature avare de Feuille de Houx à admettre son efficacité à la débâcle. Gueule aérée prête à happer les parfums forestiers, et se prédisposant à maculer toute proie d’un revers acéré, le jeune félin lorgnait sur le sous-bois avec avidité. Occultant les divers effluves superflus de la flore environnante, pour en extraire les odeurs propres aux mammifères, le félin finit par flairer la trace ténu et éparse d’une souris éplorée. Si ses sens olfactifs ne le trompaient pas, la bestiole était venue crier famine, à défaut d’un manque de réserves, quelques minutes plus tôt. Ainsi, appâté par la présence expansive du rongeur, les pattes rapatriées sous ses flancs, la nuque tendue et les pupilles dilatées par l’impatience, les bruissements propres à une éminente proie ne cessaient guère. Finalement, au gré d’un buisson, le mulot rongeait une graine, encombrant l’ouïe du chasseur de caquètements incessants.

Seulement, portant plus d’attraits à humilier son camarade qu’à satisfaire son gosier, en toute modestie, la souris vorace fourvoya l’assurance de son bourreau avant de prendre pattes à cou, suivi de près par un popotin grassouillet. Quelque chose de succulent, à première vue. Heurté d’avoir été ainsi berné, Ecaille de Maquereau demeura un instant mâchoire grande ouverte crocs au clair, le regard horrifié quant à la course agitée qu’amoncelait le rongeur, se carapatant dans l’horizon. Sitôt retrouvé stabilité par une position assise, le visage courroucé par ses nombreux coups de pattes passés en hâte, prompt à camoufler les prémices de son embarras. Que faire ? Il avisa un regard bouffi d’inquiétudes à l’égard de Feuille de Houx -distancé par l’ampleur du sous-bois, aucun d’eux ne pouvait s’assurer de la position de l’autre. C’était bien sa veine de vouloir sublimer une chasse habile dénuée de traces, si aucun témoin ne venait confirmer sa méthode. Pouvait-il seulement carencer la vigilance de son aîné à défaut d’assumer ses torts ?

Bien sûr que oui.

- Repli ! Clama le guerrier, à travers la forêt, dans un bruissement épais de branches et de feuilles, omettant toute discrétion à son crédit.

HS :

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