How did it all come to this ? | ft Vent, Em, Pluie, Harfy, Saumon, Cobra et Rosée - abandon

Remember all the things we wanted
Now all our memories, they're haunted
We were always meant to say goodbye
Even with our fists held high
It never would have worked out right
We were never meant for do or die

Au cœur du chaos, de la nuit et du sang, une petite étincelle lumineuse et paisible était apparue; une fleur d'amitié, une compréhension, aussi, de la part de deux personnes qui ne voulaient que la vie pour ceux qu'elles aimaient, et protéger ceux à qui elles devaient chacune toute leur loyauté; elles étaient certes adversaires, aujourd'hui opposées, mais en réalité, se ressemblaient bien trop pour faire couler le sang inutilement. Honneur. Courage. Fierté. Loyauté. Force et finesse, intelligence et douceur, réflexion et dévouement. Elles étaient reflets, une princesse de lune et une ballerine de nuit, en une danse aussi belle que fragile, à l'équilibre délicat au milieu de la tempête. Eau et Vent; Ombre et Lumière. Tout les opposait, mais elles se ressemblaient, en tout cas se comprenaient, lieutenante et guerrière, prunelles d'émeraude et de jade, jais et neige, sable et écume. Les pattes se trouvaient, griffes rentrées, les pelisses se moiraient sous le soleil d'automne, et à voix basse, elles se parlaient. Tout les opposait, mais elles se ressemblaient, alors... Museau Bleu ne fut pas surprise de la réponse de Rosée Nocturne - bien au contraire; celle-ci la fit sourire. En d'autres circonstances, elle aurait bien pu prononcer les mêmes mots... La voix de la venteuse, comme une douce brise, n'était guère hostile; seulement déterminée, empreinte d'une grande noblesse et d'autant de fierté; la vétérane de l'eau savait reconnaître en cela le filigrane de la sincérité, et quand sa voix, mélodie cristalline, répondit à cela... Elle souriait.

« Bien entendu. Il s'agit d'un apprenti appartenant à mon Clan, et je serais une bien piètre guerrière
si je ne m'inquiétais pas pour chacun des membres du Clan. Je veux bien le "surveiller", comme tu me le demandes,
mais parce qu'il s'agit d'un petit de ma tribu plutôt que parce que tu me demandes une faveur.
Je pense que tu peux le concevoir. »
« Bien sûr. Tu ne fais que ton devoir de guerrière, après tout... » souffla-t-elle avec révérence.
« Je ne te remercierai donc pas de veiller sur Nuage du Vent;
mais je peux tout de même te remercier d'être une guerrière honorable, Rosée. »

En peu de mots, tout était dit.
Silhouettes droites, la tête haute
Les prunelles scintillantes, braves
Fières, le cœur sincère, loyal
Le Clan passe avant tout le reste
Protéger nos camarades, ceux qu'on aime
Chasser, (pêcher), se battre, et patrouiller
Encore et encore, les saisons écoulées
Le Clan passe avant tout le reste
Déterminées, l'esprit vif et honnête
Et les voix aux mots simples
Les phrases aux filigranes
Épurés et si clairs
Respect

Elles se comprirent, sans hésiter. Entre deux acrobaties, cependant, reprenant chacune leur souffle, leurs regards verts effleurèrent les fourrures rousses des novices; là aussi, cette scène entre elle se para du goût des évidences. Rosée Nocturne tressaillit, et Museau Bleu n'en pensait pas moins, elle aussi; Nuage d'Émeraude se battait comme une lionne, contre un Nuage du Vent qui ne semblait pas vouloir combattre, pauvre, pauvre enfant; mais la riveuse ne pouvait défendre le jeune félin - tout ce qui restait aux deux guerrières, c'était de mettre un terme à ce combat, pour de vrai... La féline des landes à la pelisse d'encre tachée d'une petite touche d'innocence toute blanche miaula, mettant fin à l'échange, signalant la fin de cette contemplation silencieuse pour elles deux:

« On dirait que nos jeux sont terminés. Il va falloir rendre ses lettres de noblesse à notre affrontement...
Les apprentis ne tiendront plus très longtemps. Je vais espérer pouvoir me rendre à la prochaine Assemblée pour te recroiser. »
« Je scruterai la foule du pied du Promontoire. » promit simplement l'autre, posée.
« Que les étoiles te gardent, jusqu'à notre prochaine rencontre.
Que cette fois celle-ci se fasse dans la paix. Bien assez de sang a coulé, ces temps-ci. »

Respect, encore
Dans ces quelques paroles
Échangées au champ d'honneur
Lors de ce combat leurre
Elles inclinèrent la tête
Un salut, en miroir
Silhouettes en harmonie
Et actes à l'unisson

I didn't want us to burn out
I didn't come here to hurt you now
I can't stop

Quand Rosée Nocturne bondit, son adversaire était prête, elle aussi; elles se battaient, cette fois, pour de vrai; et pourtant, elle laissa, juste un peu, la venteuse la blesser. Quelques griffures sur les pattes, quelques gouttes de sang perlé vite écoulées, une morsure à la queue, comme un jeu de chaton étrange, qui aurait mal tourné. Museau Bleu eut mal, juste un peu, mais laissa faire, sans ciller, sans un mot, sans un son, avant de répliquer. Une petite balafre sur le flanc de sa cadette, assez loin du ventre pour n'être que superficielle, une morsure à une patte, les crocs perçant juste un peu la chair, sans trop l'éprouver. Et puis les deux guerrières d'enfin se séparer. Un dernier salut, très discret, les unit une dernière fois, avant qu'elles ne courent se poster près des deux apprentis, et Museau Bleu, voyant son adversaire s'interposer, étendit finalement sa queue devant la petite riveuse en soufflant, paisible, droite:

« Laisse, Nuage d'Émeraude. Assez de sang a coulé maintenant. Ils vont s'en aller. »

En écho, la venteuse lançait, esquissant un sourire.

« La chair à corbeaux te salue. Cette querelle stupide n'a que trop duré. Nuage de Vent, nous rentrons. »

La lieutenante, se composant un masque calme de fierté légère, observa alors le duo se lever, la guerrière donner un petit coup de tête à son prince des sables, puis l'entraîner au loin, vers leur territoire. Cette matinée s'achevait pour voir s'arrêter un combat inutile, juste pour un lapin. Ça n'en valait décidément pas la peine... Il faudrait du temps pour que se referment les blessures du cœur; malgré son attitude, droite et forte et sincère, loyale, déterminée, sûre d'elle et confiante en ses camarades comme aux Étoiles, au Code, au fond, Museau Bleu cachait un fin ruisselet de larmes. C'était son protégé qu'elle voyait s'en aller, lui laissant pour seule compagnie quelques souvenirs volés, mille nuances colorées, et une chose à penser: ils devraient se séparer... Elle sourit doucement, laissant ses pensées s'envoler dans le vent. Que la brise lui dise qu'elle l'aimait, que l'alizé lui porte sa tendresse, son pardon, que les landes s'emplissent doucement d'amour et de leur chanson. Que dans ses rêves, ils soient encore deux, pour être heureux. Dans le jardin des souvenirs, dans le palais des rêves, rien n'était impossible... Et ils pouvaient créer, à l'infini, un petit monde à eux - parce que dans la réalité... Se revoir était bien plus rare et dangereux.

I want you to know that it doesn't matter
Where we take this road, but someone's gotta go
And I want you to know, you couldn't have loved me better
But I want you to move on, so I'm already gone

Alors Museau Bleu observa
Les deux silhouettes
Qui s'éloignaient
Côte à côte
Et laissa son âme murmurer
En silence, pour le cœur
De son enfant de rêves
De son protégé de feu
Sous le vieil érable
Et dans la rivière
Comme dans tous ses songes
Avec l'espoir qu'un jour
Peut-être, ils se revoient
Vies heureuses
Aux étoiles
Un jour

Pour aujourd'hui, ils se disaient au revoir
En priant le ciel pour ne pas dire adieu
Ils vivraient séparés, tenteraient d'y croire
Pour se dire qu'un jour, encore, ils seraient deux.

Know that I love you so
Love you enough to let you go

Avec un sourire, elle se retourna vers Nuage d'Émeraude, toujours à ses côtés
Nuage d'Émeraude dont c'était la première vraie bataille, qui avait tant avancé
Nuage d'Émeraude et ses rêves, ses espoirs et ses pertes, qui avait persévéré
Nuage d'Émeraude avec son courage et sa fougue, son travail et sa loyauté
Nuage d'Émeraude qui serait une merveilleuse guerrière, à la fierté méritée
Sa voix était douce, sincère et chaleureuse quand elle miaula alors, amicale:

« Tu t'es bien battue, bravo! Tu peux être fière de toi, et je suis sûre que les autres le seront aussi. »

Les autres. À la fois sa famille, ses amis et son Clan.
Les autres. Elle, bien sûr, et Étoile d'Or, évidemment.
Mais surtout, les autres. Aigue-Marine et Étoile de Pierre.
Museau Bleu ne pouvait qu'imaginer les visages des parents
Mais du Clan des Étoiles, réellement, ils pouvaient être fiers.

Alors Museau Bleu sourit
Et tenta d'oublier
Juste une seconde
Le petit apprenti
Qui avait changé sa vie.

Elle sourit à Nuage d'Émeraude
La laissa savourer sa victoire
Et chercha du regard Saumon et Pluie
Que les autres quittent leur territoire
Et ils pourraient rentrer, aujourd'hui
Loin de la peine et de la guerre qui rôdent.

I want you to know that it doesn't matter
Where we take this road, but someone's gotta go
And I want you to know, you couldn't have loved me better
But I want you to move on, so I'm already gone
So I'm already gone

L'adrénaline s'était emparée du corps de Nuage d'Émeraude et ne la quittait plus depuis que le combat avait débuté. Si la dose avait été relativement faible au début, elle avait considérablement augmenté lors de la provocation de Nuage du Vent, permettant à la rouquine de sentir sa motivation - et par conséquent ses forces - augmenter de façon notable. C'est ainsi qu'elle s'était à nouveau jeté sur le petit roux, bien décidée à le toucher là où ça faisait mal, à lui infliger des blessures qui lui donneraient l'avantage. Il était hors de question qu'elle sorte perdante de son premier vrai combat ; c'était son honneur intime qui était en jeu.
Et effectivement, elle avait réussi son attaque et infligé des griffures qui avaient arraché à Nuage du Vent des cris de douleur qui transpercèrent l'âme de son adversaire : Nuage d'Émeraude s'était perdue dans l'adrénaline, dans l'envie de se venger, de se défendre, de vaincre ; mais en entendant le cri de douleur de son ennemi, quelque chose en elle s'était adouci, comme si toute la vanité de cette histoire lui sautait aux yeux et lui rappelait que dans un autre contexte, elle se serait certainement fait un ami de cet apprenti d'un autre Clan.
Et tandis qu'elle laissait ces pensées emplir son cerveau, à quelques queues de souris de son adversaire, elle le vit qui semblait se résigner ; il ne l'attaqua pas et ne sembla pas se décider à le faire. Venait-il d'avoir le même genre de révélation ? Toujours est-il que lorsque Museau Bleu et Rosée Nocturne s'interposèrent entre eux deux, il n'y avait plus trace de combat autre que les quelques touffes de poils rousses ensanglantées qui voletaient autour d'eux.

La chair à corbeaux te salue, murmura la guerrière au poil de jais tandis qu'elle se plaçait entre les deux rouquins. Nuage d'Émeraude soutint son regard sans ciller, réfléchissant à rétorquer, mais elle ne le fit pas puisque Museau Bleu s'était également interposée et semblait exprimer du respect et de la gratitude envers cette adversaire ; chose que l'apprentie rousse n'arriva pas à comprendre : après tout, qui avait attaqué sans raison ? Celle qui qualifiait cette querelle d'inutile faisait partie du Clan qui avait lui-même déclenché ce combat vain.

« Incompréhensible » souffla-t-elle, entre un murmure et un feulement, le poil toujours hérissé.

Tu t'es bien battue, bravo! Tu peux être fière de toi, et je suis sûre que les autres le seront aussi. Les compliments de Museau Bleu finirent par sortir Nuage d'Émeraude de sa torpeur. Elle eut du mal à détacher son regard des deux silhouettes adverses qui s'éloignaient ; une envie difficile à contrôler en elle la poussait à leur sauter dessus, à achever ce combat, d'autant qu'elle avait bien senti qu'elle aurait été capable d'en ressortir victorieuse. Mais on lui avait ôté l'herbe sous la patte. Elle n'était qu'à demi satisfaite.
Elle acquiesça néanmoins d'un signe de tête, serrant les crocs pour contenir sa rage. Aux côtés de Museau Bleu, elle gravit la pente qu'elle avait dévalé à toute allure quelques minutes plus tôt, et rejoignit le reste de la patrouille. Où en étaient-ils, eux ? Comment s'en sortaient Pluie Battante et Saumon Vif ? Nuage d'Émeraude était prête à en découdre encore si cela s'avérait nécessaire ; l'adrénaline qui coulait toujours dans ses veines lui donnait une énergie dont elle avait besoin de se débarrasser coûte que coûte, quel que soit le moyen.

How did it all come to this ?

Soulagé de voir l'autre le relâcher mais bien conscient que son adversaire n'était pas dupe, le Cobra gonfla légèrement sa fourrure. La suite, une réponse et une agression en bonne et due forme firent cette fois réagir le serpent qui, plus vif car plus léger que cet adversaire de taille, parvint à libérer une patte, griffant sauvagement le museau de son comparse, juste au niveau des moustaches, y appréciant un bref éclat vermeil, petite goutte de sang signifiant qu'il avait fait mouche malgré tout. Et suffisant pour qu'il s'écarte, la fourrure aussi gonflé que jamais, adoptant une posture de défense, le dos arrondis, le corps prêt pour échapper à un assaut frontal.

- C'est comma ça que tu défends les tyrans ? Elle a oublié le code du guerrier ... Oublié nos ancêtres ... Et même les chatons ne sont plus à l'abris des batailles qu'elle désire ...

L'avantage de Cobra Royal résidait en sa capacité à duper les autres par ses expressions. Le visage fermé, le regard à la fois inquiet et déterminé, il siffla doucement. Je ne veux pas voir mes petits mourir le poisson, je préfère me battre avec toi pour rien que de lui offrir une chance d'envoyé les plus jeunes à la mort ... Il paraissait affligé, et s'était ce qu'il voulait, se relâchant presque, sa fourrure retombant, ses oreilles se redressant à peine. Tourner le combat en discussion, faire courir la rumeur jusque chez l'ennemi. Les autres étaient trop prit par leur guerre, leur bataille pour les écoutés. Se déplaçant à peine, il offrait une presque soumission à présent, conscient d'avoir face à lui un poisson de trop bel taille. Comme une proie aux abois, il ajouta, doucement. Je veux juste que mon clan survive au joug de cette nouvelle Étoile de Suie ... Car Tâche d'If ressemble de plus en plus à cette traîtresse là ...

Le serpent était malin, lui rester à espérer que le poisson tomberait la gueule dans ses paroles, au moins un tant sois peu. Pour que Tâche d'If perde définitivement tout pouvoir, toute légitimité même aux yeux des autres clans ... Et pour cela, il était prêt au besoin à prendre un autre coup, sérieux. Prêt à tout, affichant volontairement ce mélange d'inquiétude et d'espoir. Comme si, en offrant cette vérité là, il cherchait non pas à se battre mais un soutient pour que lors d'une bataille prochaine, la calico soient visé en priorité ... S'était sa seule certitude, jusqu'à la mort, la Tâche à la tête de son clan provoquerait conflit sur conflit, épuisant son clan au lieu de lui rendre force ... Et soient elle périraient sous le coup de félin adverse, soient il a tuerait ... Rester à trouver quand le moment viendrait de se débarrasser d'elle ...

[PV :
Cobra Royal : 120/200
Pluie Battante : 140/200]

Il grogna bruyamment en comprenant le petit manège de la féline grisâtre. Cette saleté comptait lui faire la peau, à commencer par celle de son flanc ! Lui qui venait tout juste d'enfoncer maladroitement ses griffes à travers la peau fine du visage de la femelle, devait à présent bondir avec autant d'agilité qu'un nouveau-né pour esquiver une contre-attaque.

Seule compensation dans cette histoire : une triste goutte de sang perlant sur la face de son ennemie. On était loin d'une balafre à vie mais ça suffirait à ces rats des landes pour se souvenir à qui ils avaient à faire !

« T'en veux une autre, intrus ?! »

Qu'elle en veuille une ou non, Saumon Vif n'en avait rien à faire. Lui, ça lui faisait du bien. C'est tout ce que son esprit malade était capable de constater à cet instant. Avare de plus de plaisir, le haut-perché se lança dans un nouvel assaut, incapable de retenir ces pulsions malsaines. Elle n'était pas du Tonnerre, mais elle représentait le regard plein de jugements des Landes. Peut-être que s'il avait été complètement fou, il aurait songé à lui crever les yeux pour qu'elle ne puisse plus jamais regarder son Clan avec médisance ? Mais non, Saumon Vif n'était pas fou. Il était juste mort de peur.

Grommelant dans ses moustaches, il bondit, toutes griffes dehors sans même prêter attention à une éventuelle réponse verbale de la part de la guerrière adverse. Aussi rapide que le prédisait son nom, le matou au menton blanc se jeta à nouveau sur l'épaule de la féline en espérant y planter ses crocs. Dans sa gourmandise, le guerrier inexpérimenté n'avait pas songé à protéger son propre corps et ainsi, alors qu'il venait de sous-estimer la réactivité d'une chasseresse du Vent, il avait également mis à disposition sa propre épaule.

HRP: