[Flasback] Meneur, xénophobe mais pas que ... Ft Tropico (pôpa) et Nuage Poivré - abandon

▬ Guerrière

La rouquine observait l'apprenti, qui semblait en plein débat dans sa tête. Après quelques instants d'hésitation, il se reprit. Peut-être son regard chaleureux et simplement curieux lui fit oublier qu'il se trouvait face à une inconnue, qui pourrait s'avérer être son ennemie, mais en tout cas, il répondit, calme et posé :
"Non, c’est trop dangereux dans les chutes. Les chats y tombent perdent la vie. Je suis venu ici pour heu… m’entraîner à la chasse. C’est pas mon point fort…J’espérais attraper le déjeuner à mon mentor pour lui faire plaisir."

Son mentor devait être un chouette entraîneur, si le novice osait s'aventurer dans des terres qui ne lui plaisaient pas trop, et qui pouvait s'avérer dangereuses ! Il avait beaucoup de chance d'avoir ledit Nuage d'Hippocampe pour élève. Le jour où Nuage Poivré se lèvera de bonne heure pour aller chasser pour elle était bien loin ! Mais elle aurait adoré qu'il se dépatouille seul, et qu'il lui ramène une souris, quelle que soit sa taille, pour la manger au lever du jour. Seulement, il devait pour ça être en capacité d'attraper une quelconque proie, et il lui restait encore un peu de boulot. Cela viendrait, oui, il ne fallait pas désespérer. Elle lâcha un grand sourire, destiné à rendre plus déterminé le jeune pour sa chasse. Lui, continua sur sa lancée, et se révéla un plutôt sympathique interlocuteur :
"Les apprentis ou les guerriers ne nagent pas l’hiver, c’est un risque à tomber malade. Un malade dans le camp l’hiver, c’est une épidémie sur les pattes et des risques de morts. Écho des Ruisseaux n’a pas besoin de ça. … Et vous ? Vous n’avez pas froid l’hiver, avec votre plaine ouvertes aux vents ? Et vos Sentinelles, elles craignent pas le froid ?"

La rouquine était fortement intriguée par le train de vie des autres Clans. Et savoir que les Riviéreux, qui, dans sa tête, nageaient même en dormant, ne piquaient pas de tête l'hiver l'étonnait tout simplement. Elle était, avant cette rencontre, qu'ils pensaient, mangeaient, parlaient poisson, mais il fallait croire que non. Elle allait répondre, quand une odeur la surprit. Elle tourna brusquement la tête, et son sang ne fit qu'un tour. Etoile Tropicale se trouvait à côté d'elle. Son regard froid et méprisant était sans doute la pire punition du monde. Si elle n'avait jamais vraiment porté d'intérêt au meneur, le trouver un peu trop sec et xénophobe, elle aurait souhaité se faire remarquer pour sa bravoure. Mais non, au lieu de ça, elle était prise en flagrant délit de bavardage avec un ennemi. Elle devait l'avouer, son attention s'était relâchée, au moment où la discussion prenait un fil intéressant et il avait été plutôt discret. Sa voix puissante lui résonna dans le fond de ses oreilles. Jamais elle n'oublierait le ton colérique et pourtant calme qu'il venait de prendre :
"Je peux savoir ce que tu comptais faire?"

La jeune guerrière secoua la tête. Ses iris ambrées se posèrent elles aussi sur le lapin, fraîchement décédé, qui frôlait de son doux pelage ses pattes. L'avait-il vraiment entendu lui proposer la proie ? Dans ce cas, elle serait fichue. Sans doute que oui. Elle était morte. Mais, bien évidemment, pas avant d'avoir combattu. Il congédia d'une phrase Nuage d'Hippocampe, auquel elle envoya un regard d'excuse, puis se reconcentra sur son bourreau. Qui lui ordonna de le suivre :
"Toi, par contre, tu me suis et tu as intérêt de me donner une bonne explication."

Elle capitula, pour le moment. Le pas traînant, elle n'oublia pas de saisir délicatement la cause de ses maux. Si jamais il l'exilait, peut-être pourrait-elle manger le lièvre. Mais il ne pouvait pas faire une chose pareille, elle ne pouvait pas s'avouer vaincue avant d'avoir exposé ses non-torts. Ils s'en allèrent à une distance du camp, mais elle pouvait apercevoir les fourrés qui le protégeaient. Le matou et elle s'assirent, chacun dans une colère noire, mais pour le moment contenue. Elle s'écria, et sa voix prit une inflexion qu'elle détesta, celle de la peur :
"Il n'a même pas mangé le lapin ! Je ne suis pas fautive ! Et je lui ai fait loupé sa chasse, il le méritait bien, ou du moins une partie."

Elle se redressa, et planta ses prunelles de jais, qui englobaient presque tout son œil, dans celles de son chef. Eclat de Crépuscule savait bien qu'elle s'engageait dans une partie serrée, et que son avenir risquait d'être chamboulé d'une minute à l'autre, mais elle ne pouvait pas se contenir. C'était comme si une partie d'elle la freinait, lui disait de capituler, de s'excuser et de promettre qu'elle ne ferait plus jamais ça, mais que l'autre partie avait lâché les chevaux. Elle continua, téméraire :
"Peut-être que tu l'aurais laissé mourir de faim, mais je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas une xénophobe qui veut le malheur de ses congénères, non. Alors, oui, je n'ai rien à t'apprendre de la vie, mais il n'empêche. Laisse moi te donner mon avis, et entends ce que je viens de te dire !"

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▬ Guerrière

Éclat du Crépuscule le suivit sans dire un mot de plus, et c'était là un choix judicieux. Le meneur fulminait, tandis qu'ils marchaient vers le camps. Une part de lui-même voulait lui coller une baffe maintenant, l'emmenait sur le promontoire et dire à tous ce qu'elle avait fait, l'autre lui demandait de se raisonner, lui rappelait que ce n'était pas si grave, qu'il devait entendre ses raisons.

Mais elle avait donné leur gibier à l'ennemi, certes celui-ci ne l'avait pas mangé mais quand même! Leurs anciens, leurs chatons, leurs reines, ils avaient faim! Certes, on n'était plus en pleine saisons des neiges, mais tout de même. Il n'y avait jamais assez de nourriture, jamais. Ce lapin aurait pu rassasié quelqu'un de leur tribu, et au lieu de ça, elle avait trahi le Code du Guerrier, loi régissant leur vie, pour le donner à un chat puant le poisson! Pourquoi? Pourquoi?

Ils s'assirent finalement tous les deux , non loin du camp, mais assez pour que personne ne les entendent malgré les cris de colère potentiels. Il tenta de souffler, de se calmer, mais avant que sa rage retombe pour prendre une décision appropriée et juste, Eclat du Crépuscule prit la parole, avec un ton marquée par la peur, pour prendre sa propre défense.

"Il n'a même pas mangé le lapin ! Je ne suis pas fautive ! Et je lui ai fait loupé sa chasse, il le méritait bien, ou du moins une partie."

Pas fautive? PAS FAUTIVE? Vraiment? Alors qu'elle lui avait donné la proie, qu'elle lui avait proposé de la manger? Ses griffes sortaient de leurs fourreaux, tandis qu'il se contenait, tremblant de colère. Pourquoi ils ne comprenaient pas, tous? Pourquoi ne comprenaient-ils pas que tout ceci, toute cette politique de méfiance envers les autres clans, était pour leur bien? Ne voyaient -ils, ne voyait-elle pas qu'il voulait leur éviter des souffrances inutiles? Qu'est ce que le Tonnerre, la Rivière, l'Ombre leur avait apporté? Des guerres, des batailles. Les étrangers de même. Les Lunar Pods en tête. A cause d'eux, sa sœur était morte! MORTE! Pourquoi ne comprenaient-ils pas qu'il voulait leur éviter de vivre la même chose que lui? La douleur de perdre un proche, l'immense peine qu'il aurait voulu hurler au monde entier. Il savait ce que cela faisait. Et il aimait son clan, il ne voulait qu'aucun de ces membres, du plus vieux des anciens, au plus jeune des chatons ne vivent ça un jour. Et elle, que faisait-elle? Elle donnait un lapin à l'ennemi, les entretenant ainsi, alors qu'un chat de leur clan en avait besoin!

"Peut-être que tu l'aurais laissé mourir de faim, mais je ne suis pas comme toi. Mourir de faim? Il allait très bien! Et un des siens, elle l'aurait laissé mourir pour un étranger? Je ne suis pas une xénophobe qui veut le malheur de ses congénères, non. Alors, oui, je n'ai rien à t'apprendre de la vie, mais il n'empêche. Laisse moi te donner mon avis, et entends ce que je viens de te dire !"

Le malheur? Elle croyait qu'il voulait le malheur? Mais tout ce qu'il voulait, c'est le BONHEUR de SON clan. Il n'avait toujours voulu que ça, de toute sa vie, il avait dédié sa vie entière à cela!

"TU NE COMPRENDS RIEN!"

Et le coup parti. Sa patte entra en collision avec la joue de la guerrière, tandis que furieux, il continuait de parler.

"Il ne mourrait pas de faim! Et si l'un de n..."

Et c'est là qu'il remarqua le sang coulant de ses griffes. Il... il... Il regarda la rousse, se coupant dans sa phrase. Sur son visage, la trace de l'impact avec sa patte, et le sang coulait. M-merde. Il ne voulait pas. Vraiment pas! Ses griffes... Elles étaient sorties et il ne s'en était pas rendu compte. Certes, il était en colère, mais il n'avait jamais pensé à la blesser. Elle faisait partie des siens! Il voulait juste lui donner une leçon, pour que jamais elle ne recommence, qu'elle comprenne la portée de son acte. Et au lieu de ça... Merde! Il se recula de quelques pas, puis fixa sa patte, où des gouttes perlaient encore. La colère l'avait aveuglé, et il n'avait pas compris ce qu'il venait de faire. C'était sur le coup de l'impulsivité. Bordel, qu'est ce qu'il avait fait? C'est comme ça qu'il voulait protéger son clan? Désolé, je suis désolé.

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▬ Guerrier

Nuage Poivré attendait, caché non loin du camp sous un buisson inconfortable qui lui offrait le triple avantage d'une protection contre le vent trop froid, d'un moyen d'éviter d'attirer l'attention et d'une position depuis laquelle on pouvait voir très loin dans un rayon très large. Il n'avait rien d'autre à faire, puisque personne à part Nid de Mousse n'avait jugé utile de lui demander quoi que ce soit. Et les tâches dont s'acquittait Nid de Mousse n'intéressaient pas tellement le petit, qui l'avait laissé tombé à la première occasion. S'il détestait se sentir écarté de toute forme sérieuse d'entraînement, il n'avait pas non plus envie de se trouver sur le chemin d'un guerrier qui n'hésiterait pas, il en était sûr, à lui confier une autre de ces tâches ingrates que l'on réservait aux gamins et aux impotents.

La tanière des anciens et la pouponnière n'étaient pas faites pour lui, ne leur en déplaise. Il ne supportait ni les critiques acerbes des vieux inutiles, ni les rires insolents des chatons. La seule compagnie qu'il recherchait vraiment était celle des guerriers de son clan. Voilà pourquoi ça l'agaçait particulièrement de n'avoir aucun moyen de retrouver son mentor lorsqu'elle disparaissait, comme elle le faisait trop souvent à son goût.

Sa surveillance finit par s'avérer fructueuse, puisqu'au loin il aperçut Éclat de Crépuscule se rapprocher du camp, aux côtés du chef en personne. Il lui fallut un certain temps pour pouvoir percevoir finement leurs expressions, et pendant ce laps de temps, son esprit oscilla entre plusieurs propositions toutes plus délirantes les unes que les autres. Crépule venait de réaliser un nouvel exploit et le chef la félicitait ! Émerveillement. Ou bien peut-être partait-elle en cachette aux côtés du chef depuis un certain temps déjà... Appréhension. Peut-être encore que le meneur avait eu envie de questionner la rouquine sur son formidable apprenti... Satisfaction. A moins qu'elle n'ait voulu lui dire qu'il ne progressait pas et qu'elle ne voulait plus s'occuper de lui... Doute.

Finalement la colère mutuelle et résolue des deux adultes qui revenaient vers le camp devint perceptible. Et ils s'assirent pas très loin de l'apprenti, à un endroit d'où il les entendait nettement même s'il ne lui était possible que de deviner leurs mouvements puisqu'une pente les dissimulait.

" Il n'a même pas mangé le lapin ! Je ne suis pas fautive ! Et je lui ai fait loupé sa chasse, il le méritait bien, ou du moins une partie. Peut-être que tu l'aurais laissé mourir de faim, mais je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas une xénophobe qui veut le malheur de ses congénères, non. Alors, oui, je n'ai rien à t'apprendre de la vie, mais il n'empêche. Laisse moi te donner mon avis, et entends ce que je viens de te dire ! "

Nuage Poivré frémit malgré lui : c'était au chef que la rouquine parlait sur ce ton-là ! Il n'entendait pas la frayeur de son mentor, qu'il ne connaissait pas encore, mais découvrait une agressivité jusqu'alors insoupçonnée. Pour qu'elle prenne un ton aussi accusateur, elle devait pouvoir témoigner de faits très graves... Tout cela impressionnait le petit, mais en même temps, il ne pouvait pas s'empêcher de continuer d'écouter.

" TU NE COMPRENDS RIEN ! " hurla le meneur en retour, ce qui pétrifia Nuage Poivré. Il était déjà furieux et elle, elle l'a accusé.

Flatch. Le coup fut rapide, mais Nuage Poivré l'entendit. Et tout impressionné qu'il fût, la frayeur l'envahit tout à fait. Ils se battent, ils se battent, ils se battent... réalisa-t-il, horrifié, en reculant lentement pour s'extirper de son buisson. Après quoi, lorsqu'il entendit de nouveau la voix du meneur, sûr d'être couvert par elle, il s'enfuit à toute vitesse.

Mais pas très loin, car sur son chemin apparut Plume de Moineau. Dans sa panique, il n'avait pas pu la sentir, et encore moins l'éviter.

Bong. L'apprenti se jeta par terre, tremblant. Ce qui était assez rare pour abasourdir la guerrière.

" Excuse-moi, Nuage Poivré ! Je t'ai fait mal ? "

Il y eut un "non" muet et vigoureux de la part de l'apprenti, qui se releva et qui tenta d'avoir l'air à peu près brave face à Plume de Moineau. Mais il n'ignorait pas qu'elle était la mère de son mentor, et à ce moment-là plus qu'à n'importe quel autre jour, ça le perturbait au point de l'empêcher de trouver un semblant de sang-froid.

" Tu... Tu vas bien ? C'est pas Crépuscule qui t'a brutalisé j'espère ! " tentait-elle, en digne Moineau, de gazouiller. " D'ailleurs, c'est bizarre, je l'ai pas vue ce matin, tu sais où elle est ? "

A ces mots, il n'y eut plus une goutte de sang dans le grain de poivre qui servait de tête au gamin. Ce dernier se sentait sec, ratatiné. Il bafouilla de son mieux :

" L-l-l-l-là, je l'attendais m-m-m-mais... Elle est a-a-avec le ch-ch-chef. Ils se d-d-d-disputent un p-p-p-peu je c-c-c-crois.
- Ils se disputent. " répéta-t-elle, chantante, songeuse, en regardant l'endroit d'où venait l'apprenti hagard. Elle eut l'air de distinguer dans son état d'extrême perturbation un signe assez alarmant, puis de penser à quelque chose qui n'avait rien à voir avec lui.

" T'es mignon, Nuage Poivré. Je vais voir ça. " conclut-elle en se voulant rassurante et rassurée. Cela signifiait implicitement qu'elle donnait l'ordre à l'apprenti de s'en aller. Mais lui, il se sentait si confus qu'il avait bien du mal à bouger ses pattes, même vingt secondes après que la mère de sa rouquine d'amie s'en fut allée d'un pas pressant, et la mâchoire tendue, dure comme un bec.

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On applaudit Topitop qui l'a dessiné avec TALENT !

Fin Brouillard élucubre en #0a5115.

▬ Guerrière

Trop tard, elle se rendait compte de ses paroles. L'adrénaline l'avait poussée à une étape qu'elle n'aurait jamais imaginé auparavant : elle venait d'avouer à leur meneur que sa politique était minable, et ne valait pas la peine d'exister. Et si elle poussait un peu plus loin, qu'il voulait la mort de ses congénères autres. Elle était complètement inconsciente du danger de sa situation. Chaque mot, chaque phrase pouvait à tout jamais bouleverser sa vie. Elle ne se confondit pourtant pas en excuse. Non, ce qu'elle avait dit, elle le pensait vraiment, et cela sortait du fond de son cœur. Alors que ça lui coûte une exclusion, une punition autre, qu'importe, elle l'assumait. Un tout autre guerrier aurait eu la même réflexion de sa part. Ce n'était pas parce qu'il était le chef que tout lui était permis (même si, en l'occurrence, si.)

Ils s'affrontèrent mutuellement du regard pendant quelques instants. Etoile Tropicale n'était plus le meneur calme et stoïque, doté d'une certaine assurance naturelle, mais un fou furieux. Ses iris brillaient d'une violence inquiétante, et Eclat de Crépuscule se retenait à grand peine de partir à fond. Ses griffes résolument plantées dans la terre molle, elle se battait silencieusement contre la tempête qu'il déferlerait à coup sûr contre elle. Il la traiterait sûrement de tous les noms, la rabaisserait sans arrêt, mais elle tiendrait le choc. Son hurlement la fit, même si elle s'y était préparée, drôlement frémir :
" TU NE COMPRENDS RIEN ! Il ne mourrait pas de faim! Et si l'un de n..."

Il ne finit pas sa phrase, et lui balança un sévère coup de patte sur le visage. Le geste était violent, rapide, précis. La trace de ses griffes dessinèrent sur la joue de la rouquine trois traces de longueur égale, où perlaient le sang. Le liquide rougeoyant perlait de ses plaies, et dégoulinait, jusqu'à se déposer sur le sol, se confondant dans la terre et l'herbe. Elle lâcha un léger cri de douleur, et se recula précipitamment de son agresseur. Dans sa tête, tout se mélangeait. Il l'avait réellement frappée à la tête. La Marque. C'était donc ça, ce sentiment de trahison, de peur et de colère que ressentaient les autres, lorsque ceux en qui ils faisaient confiance se retournaient contre eux. Ils étaient dans le même bateau, elle avait exposé son avis, et lui n'avait pas voulu l'écouter. Il s'était emporté, et l'avait attaquée. Elle se recroquevilla sur elle-même, attendant instinctivement un autre coup, et se jurait, malgré la douleur de se défendre. Elle souffrait, la blessure la brûlait, le jus métallique glissait comme des larmes sur elle.

Mais jamais elle ne fut retouchée. Levant les yeux peureusement, elle le vit, son chef, observer avec effroi l'objet du crime, ses pattes. Tout le désarroi qu'il ressentait se voyait dans son regard interloqué, paniqué. Mais elle ne fixait que celui qui l'avait griffée, celui qui se disait protecteur et qui n'hésitait pas à remettre en place ceux qui n'étaient pas comme lui. Elle frémit, se demandant comment sortir de cette inconfortable position. Elle n'osait pas reprendre la parole, ni même son souffle, persuadée que s'il posait un œil sur elle, il la frapperait, encore et encore. Jusqu'à ce que définitivement, elle se taise. Mais partir en courant lui paraissait bien ridicule aussi. Atterrir en plein milieu du camp, et raconter que leur meneur l'avait battue, parce qu'elle avait proposé un lapin à un étranger, dans cette clairière où se réunissaient des xénophobes à différents degrés lui paraissait suicidaire.

Comme si le Clan des Etoiles avait entendu son appel à l'aide, une femelle rousse débarqua à fond. C'était Plume de Moineau, sa génitrice. Malgré qu'elle puisse être bien trop protectrice, la rouquine savait qu'elle pouvait compter sur elle pour la tirer de ce mauvais pas. Avoir une maman poule n'était finalement pas si mal que ça. Elle leva sur elle des yeux inquiets, reflétant simplement toute la scène qu'elle venait d'éprouver en un instant. Mais elle resta à sa place, ne se précipitant pas chercher du réconfort. Elle était incapable de faire le moindre mouvement. Seuls ses yeux étaient en capacité de se déplacer. Et c'est ainsi qu'elle découvrit la mince et connue silhouette d'un apprenti sombre, qui se cachait. Nuage Poivré ! Plus que celle de sa mère, sa présence la réconfortait plus. Si elle avait réussi, elle se serait levée, et l'aurait emmenée, rien que lui, bien loin de ce monde où ne vivaient que des psychopathes égoïstes et xénophobes.

"Calmez-vous ! Arrête, Etoile Tropicale ne la touche plus ! Je … Je dois vous avouer un truc." annonça-t-elle, comme un peu inquiète. C'était fou à quel point Plume de Moineau avait la capacité d'obtenir le silence d'une parole. Un peu rassénérée, Eclat de Crépuscule tenta de reproduire le sang-froid de sa mère, et essaya de se redresser un peu. Elle savait bien qu'il ne pourrait plus rien faire, ou du moins, plus la frapper. L'ordre de sa génitrice à l'encontre du meneur ne pouvait qu'être entendu, vu son autorité, et son aisance oratoire naturelle. Elle retrouvait, pour le moment, un peu de curiosité à l'idée d'un secret qu'elle ne pouvait plus cacher. "Eclat de Crépuscule est ta fille. Ce n'est pas une mauvaise blague."

Ce fut le coup de trop. Plus douloureux même que le coup de griffe à son visage. La jeune féline poussa un glapissement de terreur, et s'affala sur le sol. Son souffle était court, et sa tête tournait fortement. Non, c'était impossible. Cet assassin, ce fou, ne pouvait pas être son père. Plus que tout au monde, elle aurait aimé que ce soit ce froid Ecorce de Chêne, mais pas lui. Pas le tacheté. Elle perdait la tête, sa mère. Ses iris ambrées cherchèrent les siennes, et la rousse secoua la tête tristement. Ce n'était pas un mensonge. Elle ne pourrait pas vivre, avec un géniteur pareil. Elle ne le voulait pas. Une larme coula tristement sur sa joue, et lui piqua sa récente plaie. Elle ne ressentit pas la douleur, tellement elle se concentrait pour ne pas lutter. Le paysage se mouvait d'une étrange manière, virant de gauche à droite, et de bas en haut. Les silhouettes de ses parents étaient floutées, et seules celles de son apprenti restait à peu près stable. Elle lui lança un regard de détresse, et l'invita d'un mouvement de queue à la rejoindre. Dès qu'il fut à ses côtés, elle se leva maladroitement, et s'appuya sur lui. Il était l'un des piliers les plus importants de sa vie, et il lui donna un peu de sa force, pour qu'elle puisse siffler, avec toute la violence dont elle était capable :
"Je vous déteste ! Je suis née d'une mère menteuse à ses heures perdues, prête à bouleverser la vie de sa fille, juste parce qu'elle est égoïste, et d'un père … Je ne saurai même pas comment te qualifier ! IL M'A FRAPPE MAMAN !"

Elle vit simplement sa mère accuser le coup, avant se plonger sa tête dans l'épaule du noiraud. Une vague de larmes jaillit de ses yeux, et elle s'abandonna à ce contact si réconfortant. Il avait toujours été là pour elle, lui.

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▬ Guerrière

Le silence. Il avait crée le silence par son coup, plombant, un blanc assourdissant qui lui faisait prendre pleinement conscience de son acte. Étoile Tropicale regarde la guerrière dans les yeux et ce qu'il y vit ne fit que l'enfoncer. La peur. Elle se tenait comme si elle attendait à un autre cours. Était-ce vraiment l'image qu'il donnait? Qu'avait-il fait, lui qui voulait à tout prix protéger son clan, qu'il plaçait au-dessus de tout, même de sa propre vie? Cette image lui noua la gorge sous la culpabilité. Il aurait préféré une crise de colère, une explosion de la part d’Éclat de Crépuscule. Tout, sauf ce qu'il se déroulait actuellement.

Plume de Moineau fit son apparition, comme s'il avait besoin de ça. Il s'en voulait assez, et maintenant il allait probablement essuyer la fureur d'une mère. Mère qui était aussi son seul amour qui lui avait brisé le cœur. Qui avait été si importante à ses yeux tandis qu'il était insignifiant et ne représentait qu'un jeu pour les siens.

"Calmez-vous ! Arrête, Etoile Tropicale ne la touche plus ! Je … Je dois vous avouer un truc."

Comme s'il comptait le faire! C'était une erreur... grave, très grave. Mais il n'allait pas l'attaquer de nouveau! Le connaissait-elle si mal que ça? Une autre preuve que leur histoire n'avait été qu'à sens unique. Il planta ses yeux dans les siens, attendant ce fameux "truc", les épaules affaissés, écrasés par le poids de sa culpabilité.

"Eclat de Crépuscule est ta fille. Ce n'est pas une mauvaise blague."

Ses yeux s'arrondirent subitement et son souffle se coupa brusquement. Sa... sa fille?? Mais comment... pourquoi? Ce n'était pas possible. Et pourtant. Il regarda la jeune qui semblait aussi décontenancée que lui , la détaillant comme s'il la voyait pour la première fois.Une fourrure rousse qui pouvait venir de sa mère, comme de lui. Une tâche blanche sur son oreille, sans douté hérité de sa fourrure... et des yeux ambrés. Les mêmes que les siens. Si, c'était possible. C'était même logique. Car ni Plume de Moineau, ni Ecorce de Chêne ne possédaient cette couleur. Mais, pourquoi lui avoir caché? Quel était le but... Pourquoi? Tout ce temps, il avait une fille, et jamais, jamais il n'avait été au courant.

Il ne vit même pas Nuage Poivré arrivait près de sa mentor, qui plongea son museau dans son pelage.

"Je vous déteste ! Je suis née d'une mère menteuse à ses heures perdues, prête à bouleverser la vie de sa fille, juste parce qu'elle est égoïste, et d'un père … Je ne saurai même pas comment te qualifier ! IL M'A FRAPPE MAMAN !"

Il ne dit rien, ni ne démentit. C'était la vérité. Il l'avait bel et bien frappé. Ni les excuses, ni les regrets le changeraient. Une voix lui demandait de lui courir après, de s'excuser, de chercher à comprendre, lui dire qu'il était aussi confus qu'elle, qu'il s'en voulait. Cependant, l'autre l'empêchait de bouger, et c'était là un choix judicieux. Sans doute Eclat de Crépuscule ne voudrait plus entendre parler de lui pendant des jours. Il planta son regard dans les yeux de son ex-compagne, toujours affaissée.

"Pourquoi... Pourquoi? Pourquoi m'avoir caché tout ça pendant plus de vingt lunes? Me cacher le fait que j'étais père?"

Sa voix se brisa. Il voulait comprendre. Pendant plus de vingt lunes elle lui avait caché la nature de sa... leur fille et sans doute ne l'aurait-elle jamais dévoilé sans ce tragique incident.

"J'étais déjà avec Ecorce de Chêne à sa naissance. Cela aurait compliqué la chose."

Il pouvait entendre le fond méprisant dans ses paroles. Il le méritait après tout. Mais il s'étrangla tout de même en écoutant ses mots. Compliquer la chose? Elle parlait du fait qu'il avait une fille sans le savoir ! Elle aurait caché à sa fille son identité juste pour... ça? Pour ne pas devoir le recroiser pendant qu'il aurait la voir? Il aurait voulu protester, s'énerver, mais sa culpabilité était encore trop forte pour s'insurger.

"Après tout, j'aurais été un piètre père pas, vrai?" Un rictus barra son visage brisé, tandis que ses lèvres émirent un rire nerveux. "Tout comme je suis un piètre chef."

Il ne dit plus rien, tourna les talons et partit dans sa tanière. Il avait besoin d'être seul.

HRP:

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Vava par Braise :keur:

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▬ Guerrier

L'apprenti ne parvenait pas à bouger après le départ de Plume de Moineau. Il n'avait que rarement eu l'occasion d'expérimenter à quel point les émotions violentes pétrifiaient, peut-être était-ce pour cette raison qu'il était incapable de se ressaisir, de se poser, de discipliner un peu le chaos indéfinissable qui lui engourdissait les muscles aussi bien que l'esprit. Raisonner était impossible : il abritait trop de questions, des questions qui s'entremêlaient les unes aux autres sans début ni fin.

Que se passait-il ? Pourquoi son meneur et son mentor se disputaient-ils ainsi ? Se battaient-ils vraiment ? Qu'allait-il se passer ? Sans doute attendait-on quelque chose de lui, mais quoi ? Ne devait-il pas s'éloigner comme le lui avait plus ou moins suggéré Plume de Moineau ? Ne serait-ce pas lâche ? Devenu âne de Buridan, il regarda par-dessus son dos la guerrière s'éloigner rapidement vers les deux seuls chefs que reconnaissait Nuage Poivré, puis eut honte d'hésiter ainsi. De ne rien faire alors que tant d'alarmes retentissaient simultanément.

La honte le poussa à faire quelque pas pour se cacher à nouveau. Qu'au moins personne ne voie combien il se sentait ridicule à cet instant. Le buisson qu'il avait choisi, néanmoins, n'était pas assez éloigné de la scène du drame. Il entendait tout, encore. Mais il n'écoutait plus vraiment. Son ouïe aussi s'était en quelque sorte pétrifiée. Il ressemblait tant à une statue que c'en devenait presque difficile de respirer.

A travers les feuilles, ses yeux jaunes croisèrent l'or liquide de ceux de son mentor. Un or qui, un très bref instant, lui rappela la chaleur éclatante du couchant. Mais très vite, des larmes amères s'y mêlèrent. Ces larmes-là hanteraient longtemps les souvenirs de l'apprenti. Elles indiquaient un renoncement profond, le premier dont il ait jamais été témoin. Presque aussi bouleversé qu'elle, alors qu'il ne comprenait pas encore ce que Plume de Moineau venait de dire, il sortit lentement de sa cachette et se rapprocha, grave, éteint comme elle, de la rouquine.

Il accueillit sa tête mécaniquement. Sa confusion était telle qu'on aurait pu dire ou faire n'importe quoi qu'il n'aurait pas réagi autrement. Éclat de Crépuscule n'était plus l'immortelle lumière qu'il avait connue jusqu'alors, il découvrait ce jour-là combien elle était vulnérable, attaquée, métamorphosée, fragile... La réalité s'immisçait partout, à un tel point qu'il semblait impossible de savoir si tout ceci n'était qu'un rêve ou, au contraire, un réveil.

" Je vous déteste ! Je suis née d'une mère menteuse à ses heures perdues, prête à bouleverser la vie de sa fille, juste parce qu'elle est égoïste, et d'un père … Je ne saurai même pas comment te qualifier ! IL M'A FRAPPE MAMAN ! "

Tiens, oui, c'est vrai. songea l'apprenti qui remarquait seulement maintenant le sang qui s'échappait de la tête de la rouquine et qui dégoulinait sur leurs deux pelages. Il a dû la griffer.

Avec un air ahuri qui signifiait " Pourquoi ? ", le mioche regarda le meneur, qui ne remarquait par un heureux hasard pas tellement plus sa présence que lorsqu'il était caché, quelques instants auparavant. Étoile Tropicale aussi, semblait avoir cette question dans l'expression. En fait, aucun d'eux quatre ne devait comprendre quelque chose dans ce qui se passait ici. Les explications de Plume de Moineau embrouillèrent Nuage Poivré plus qu'autre chose.

Comment c'est possible de pas savoir quand on est père ? Et elle, pourquoi elle parle d’Écorce de Chêne ?

Tout ça était trop compliqué. Il frotta sa joue doucement contre l'épaule de la rouquine, qu'il craignait de voir tomber d'un instant à l'autre, et ferma à demi ses yeux, comme pour apaiser de son mieux l'air ambiant.

Le meneur, lui, s'en alla en ricanant, les laissant seuls tous les trois. Et à ce moment-là, l'apprenti faillit trembler. C'est donc lui le père de Crépuscule ? Ça changeait des choses, même s'il ne comprenait pas encore lesquelles.

Une fois le chef parti, Nuage Poivré réalisa qu'il était vraiment devenu proche d'Éclat de Crépuscule. D'un seul coup. L'heure était plus dure pour elle que pour n'importe qui d'autre.

" Bon... chuchota-t-il à la guerrière, Le calme revient... " Il essayait de le faire revenir, en tout cas, mais Plume de Moineau était encore là, et ça lui fit tout drôle de s'en souvenir. Un peu plus précipité, il essaya de se rattraper : " Je suis désolé, j'étais là comme ça... je savais pas quoi faire... je t'attendais juste mais je pensais pas que... enfin... "

Je suppose qu'il faudrait qu'elles puissent parler tranquillement... songea-t-il, ce qui fut sa première pensée claire depuis plusieurs minutes.

" Hmmm... Ça... ça ira ? " demanda-t-il, autant à la mère qu'à la fille. C'était une façon élégante de proposer des services ou de demander congé. Le tact, parfois, ça se découvrait.

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On applaudit Topitop qui l'a dessiné avec TALENT !

Fin Brouillard élucubre en #0a5115.

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