Lui || Gueule de Glouton - end

Se relevant de sa confortable couchette de mousse, la guerrière de l'Ombre s'étira tout du long, ses muscles tremblant après ce long sommeil réparateur. Lorsqu'elle sortit de la tanière qu'elle partageait avec les autres guerriers, le soleil était déjà haut dans le ciel : il devait être midi et c'est avec timidité que la femelle écaille de tortue sortit du camp, se décidant à chasser quelque chose pour son clan en espérant faire oublier, peut-être, sa fainéantise de ce matin. Quel opprobre ! Que lui était-il arrivé pour qu'elle dorme aussi longtemps ?

Seule, déambulant dans son territoire, Grassette Tremblante appréciait grandement la solitude, ça lui permettait de prendre le temps de réfléchir et de laisser cours à ses pensées. La guerrière pensait de tout, mais surtout de rien. Elle réfléchissait à son passé, à sa sœur, à ses parents, et également à son futur, à son novice, Nuage Épineux et de son apprentissage. Elle avançait, coincée dans ses pensées, sans vraiment faire attention à où elle allait. Les pattes de Grassette Tremblante la portèrent vers les Quatre Chênes, elle s'en rendit compte alors qu'elle s'arrêta à quelques centimètres du chêne, le nez presque collé à l'arbre. Ses joues chauffèrent de honte. Pourvu que personne ne m'ai vu, mais elle était observée, Grassette Tremblante le savait car elle percevait l'effluve de poisson et d'eau qui flottait dans l'air. Ce fumet était bien différent du sien qui était plus marécageux et boueux que frais. La guerrière tourna la tête autour d'elle, épiant chaque recoin d'arbre en espérant trouver l'autre matou. Elle le vit alors : Gueule de Glouton. Lui, pensa-t-elle en se retenant de lever les yeux au ciel, le lieutenant du Clan de la Rivière, célèbre tant il aimait courtiser les femelles de tout clan.

Il se retrouve encore là, au milieu de ces quatre géants. Autrefois, il avait la sensation d'être écrasé par leur seule présence. Aujourd'hui, ils lui sont comme de vieux amis témoins de son évolution. Le lieu lui est devenu familier et a accueilli nombre de ses maladroites (ou adroites!) séductions.

Il faut dire que les terres sacrées sont rarement vides en journée. Il y a toujours un ou deux curieux pour venir y fourrer la truffe. Des curieuses, aussi.
Il est difficile de repousser impoliment un étranger dans un endroit si chargé d'histoires et de trêves. Les Quatre Chênes rendent les autres... polis. Moins aigris.

Lové contre l'un des ligneux du coin, le lieutenant de la Rivière s'accorde un brin de toilette quand il perçoit les premiers bruissements. Il s'interrompt, se concentre sur l'autre matou en approche qu'il devine du Clan de l'Ombre puisque c'est de là d'où vient le bruit. S'arrachant à la végétation avoisinante, c'est une chatte bien familière qui fait une entrée... remarquable. Grassette Tremblante et sa fourrure tricolore manquent de se manger un chêne en pleine face. Il se retient de glousser davantage quand honteuse, la guerrière adverse se met à le chercher du regard.

Il se dévoile sans mal, quittant le pied de son arbre pour s'avancer vers la charmante féline qui semble se préparer mentalement à recevoir une pique :

« Tiens tiens, si ce n'est pas ma fleur préférée des marais... » puis, une fois à hauteur de la pauvre femelle : « C'est mon odeur qui te fait tourner la tête comme ça, Grassette ? » un large sourire taquin scotché à la gueule.

"Tiens tiens, si ce n'est pas ma fleur préférée des marais...  C'est mon odeur qui te fait tourner la tête comme ça, Grassette ?"

Grassette Tremblante tiqua lorsque le mâle ne prononça qu'une partie de son prénom, elle était de la vieille école, elle préférait donc qu'on l'appelle par tout ce qu'elle était. D'ailleurs, en parlant de la deuxième partie de son nom, la guerrière écaille de tortue se mit à trembler. Elle n'avait pas froid, ni apeurée pourtant, c'était juste quelque chose d'inexpliqué et de récurrent chez elle. Elle souffla du nez, s'attendant à une autre flatterie du lieutenant du clan de la Rivière. La guerrière décida donc de contre-attaquer directement, sans prendre le temps de calmer ses soubresauts.

"Bien sûr, elle m'en fait même trembler, répondit-elle en agitant une de ses pattes grelottantes devant le museau du lieutenant."

Il n'y avait rien de mal à répondre aux compliments de ce bourreau des cœurs, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?.. Grassette Tremblante se mit à douter soudainement, tant de femelles étaient tombés sous le charme de ce matou, elle espérait ne pas devenir l'une d'elles. Si elle connaissait les risques de jouer avec lui, il n'y avait rien de mal ? Et voilà qu'elle recommençait à penser ! Reportant son regard lointain dans les prunelles du mâle, le bleu rencontrant le vert, la guerrière attendit une réponse de ce dernier.

L'image de cette surprenante féline encaissant ses petites piques sans pouvoir en dissimuler les effets le ravit. Brise bousculant la fleur. Un rictus amusé vient alors élargir un sourire déjà bien trop lumineux à en croire les habituelles convenances que deux étrangers sont censés se réserver à Cerfblanc.

Puis comme si elle avait lu dans son esprit (et heureusement pour elle, c'est impossible), la jolie tricolore se met à trembler comme un chaton mouillé. S'il était la moitié d'un idiot comme bon nombre de ses congénères masculins à la Rivière, Gueule de Glouton aurait pu croire que la magnifique femelle à qui il tient compagnie est en fait une petite chose fragile qui a pris peur. Heureusement, on en est loin et ces spasmes incontrôlés n'ont rien de nouveau pour lui.
Grassette Tremblante. C'est comme si son corps tout entier était outré qu'on raccourcisse son nom.

Et qui l'eut cru ? Voilà que la parfaite guerrière du Clan de l'Ombre s'interdit à faire des manières face à un matou du Clan adverse.
La réplique surprenante de la première de la classe arrache carrément un petit rire à son homologue. Ravi de la voir se prendre au jeu, le gaillard veille néanmoins à garder une distance confortable pour Grassette car l'audace a ses limites.

« Ha ha... Je n'te fais pas le coup du "Tu veux qu'on s'tienne chaud?", j'imagine qu'il y a d'autres idiots qui l'ont fait avant moi. » répond-t-il alors, plus franc.

Soudain, il en vient à se demander si Grassette collectionne les prétendants dans son Clan.
Corpulence réduite par rapport aux standards de son Clan, elle est cependant loin d'avoir l'air fragile et ses longues pattes doivent avoir une certaine praticité, sur les terres boueuses et meubles des marécages... Une fourrure entretenue, une bonne image, quelques balafres comme décoration guerrière et puis une paire d'yeux clairs qu'on compte sur les coussinets par-delà le Chemin du Tonnerre.

Ah. On pourrait presque croire que je suis un abruti en quête d'un bon compromis pour mon mariage.

Et oui; ailleurs on n'est pas marié de force à un inconnu de bonne famille.
Étoile Déchirée peut bien alléger les règles à ce sujet; le Clan ne change pas du jour au lendemain et les mariages non-consentis ont encore de beaux jours devant eux.

Il s'agace, repose ses yeux sur le pelage coloré de sa voisine pour revenir à des idées bien plus... agréables.

"Ha ha... Je n'te fais pas le coup du "Tu veux qu'on s'tienne chaud?", j'imagine qu'il y a d'autres idiots qui l'ont fait avant moi."

D'abord ce fut au lieutenant de la Rivière de rire puis un pouffement amusé sortit du nez de la guerrière de l'Ombre. D'autres idiots ? Pas tant que ça, elle restait relativement discrète dans son clan, préférant le travail et l'assiduité à la romance et aux câlins. Et si certains mâles de son clan lui avaient fait des avances sans qu'elle ne s'en aperçoive ? Quelle nulle pensa-t-elle en affichant un léger sourire en coin. La femelle tricolore remarqua que les yeux du mâle la dévisageaient : il l'analysait, puis son regard sembla se perdre dans ses pensées avant de revenir vers elle. Alors, elle recommença à parler :

"Pour être honnête, non. Ou alors je n'ai pas fait attention."

Et pour que Grassette Tremblante ne fasse pas attention à quelque chose, c'est qu'elle n'avait vraiment aucun intérêt à ce qu'on lui disait.

"Je préfère encore me balader dans la boue toute la journée que de rester coincée dans la pouponnière parce qu'un bonhomme a réussi à me charmer"

Ce serait barbant. Grassette Tremblante n'aspirait pas à devenir mère, elle avait les apprentis pour jouer à être maman et les anciens avec qui être attentionnée. Non, elle voulait devenir lieutenante. Comme lui. Un jour peut-être le deviendrait-elle ? Reportant son attention sur le présent -elle était loin d'être nommée lieutenant de toute façon-, ses tremblements ne semblaient pas s'arrêter et bien vite, ils devinrent inconfortables. La femelle écaille de tortue  s'assit sur le sol, essayant tant bien que mal de rester droite, mais tout ce qu'elle arrivait à faire, c'était de gigoter sur le sol pour trouver une position qui pourrait la calmer.

"Excuse-moi, dit-elle sincèrement. C'est juste si.. désagréable"

Croire qu'aucun mâle à l'Ombre est tombé sous son charme ? Jamais. C'est impossible pour tout un tas de raisons qu'il a déjà mentionné au creux de sa tête et qu'il se répète chaque fois que ses yeux se posent à nouveau sur le corps entretenu de Grassette.

Elle est belle. Ça suffit à un certain nombre de ses congénères masculins. Sans doute lui compris, fut un temps.

Toujours est-il que la ravissante tricolore lui révèle une hypothèse bien plus plausible. Trop préoccupée par ses tâches de guerrière, elle n'aurait simplement pas pris compte des regards insistants de ces quelques camarades de Clan en rut.
Cette version lui sied mieux. Une première de la classe, comme Branche Pâle tiens. M'enfin, rien à voir puisque contrairement à son homologue rousse, Grassette Tremblante ne refuse pas une conversation amicale :

« Je préfère encore me balader dans la boue toute la journée que de rester coincée dans la pouponnière parce qu'un bonhomme a réussi à me charmer.
- Bwarf! Ha ha! »

Il ne l'avait pas vu venir, celle-là.
Ok, il s'est trompé sur Grassette Tremblante. Elle n'est pas juste une première de la classe parmi tant d'autres. Loin d'être une femelle lambda; elle a des envies qui sont siennes. Et visiblement, se coltiner une brochette de marmots qui chialent n'en fait pas partie.

Mais... on n'est jamais trop prudent, m'voyez ?

« Quelle belle vision de l'amour, Grassette... » qu'il commence, taquin. Il est pire. « Tu sais, j'ai entendu dire qu'une guerrière du Tonnerre a laissé sa portée à un mâle qui fait office de nourrice. » Et bien qu'il ait dit cette phrase avec un certain sérieux, un nouveau rictus vient pourfendre sa gueule quand il rajoute : « A moins qu'un mâle nourrice, ce soit trop progressiste pour toi ? »

Il aurait pu rattaquer aussitôt, l'assaillir de non-sens et initier une joute verbale à base d'idioties mais le corps de la jolie guerrière semble avoir d'autres plans. Contrairement aux quelques fois où ils avaient déjà interagi, aujourd'hui les tremblements ne cessent pas.
Grassette Tremblante semble être la première surprise puisqu'il lui faut s'assoir et s'excuser bêtement :

« Excuse-moi. C'est juste si.. désagréable.
- Ne t'excuse pas. » répond-t-il calmement.

Puis, l'imposant matou se penche vers elle, qui frissonne de façon incontrôlée. L'image est difficile. Au fond, il meurt d'envie de la coller contre sa fourrure, de réchauffer ses flancs à grands coups de langue, de la couvrir de son propre corps pourvu qu'elle n'ait pas froid.
Malheureusement, la tricolore ne souffre pas d'un simple rhume qu'une nuit chaude peut effacer. Son mal est plus complexe. Alors, et plein de sincérité il lui demande simplement :

« Je peux faire quelque chose pour t'apaiser ? »

Son inquiétude a réduit la distance qui les sépare. Gueule de Glouton n'est pas assez près pour sentir le souffle chaud de la guerrière non plus, mais il n'a pas pris le temps de la consulter comme il est habitué à le faire.

C'est que tout le monde n'est pas nécessairement à l'aise avec la proximité physique. Surtout quand le matou d'en face est issu d'un Clan rival, n'est-ce pas ?
Et puis avec sa carrure, Gueule de Glouton sait qu'il peut aisément être perçu comme une menace directe.

Encore une fois, Gueule de Glouton ne put contenir un rire et la guerrière de l'Ombre ne put s'empêcher d'avoir un sourire en coin. C'était agréable de parler, même avec un félin du clan adverse. Généralement, lorsqu'elle le faisait, c'était pour parler à ses apprentis ou pour faire preuve de courtoisie, elle ne se posait que très rarement pour discuter réellement avec ses camarades. Peut-être devrait-elle commencer à papoter un peu plus ? 

"Quelle belle vision de l'amour, Grassette..., commença-t-il, taquin. Tu sais, j'ai entendu dire qu'une guerrière du Tonnerre a laissé sa portée à un mâle qui fait office de nourrice.  A moins qu'un mâle nourrice, ce soit trop progressiste pour toi ?"

Bien sûr, elle n'avait pas eu le temps de répondre, s'asseyant sur le sol en s'excusant de ses tremblements, elle n'avait même pas vu le gros mâle s'approcher d'elle, encore moins sa mine inquiète. C'est rien, c'est rien se dit-elle intérieurement. Une légère colère vint se loger dans le creux de sa tête, elle n'avait aucunement l'envie de partir maintenant, la compagnie qu'elle trouvait en Gueule de Glouton était appréciable et la guerrière n'allait surement pas écouter ce moment. Plus qu'un soucis de loyauté, elle se battait plus contre son propre corps que contre les lois des clans.

"Je peux faire quelque chose pour t'apaiser ?"

C'est alors qu'elle remarqua que le lieutenant de la Rivière c'était approché, beaucoup approché. Ses intentions n'étaient sans doute pas mauvaises -il semblait vraiment concerné et sincère dans ses paroles-, mais la proximité qu'avaient les deux félins actuellement l'a gênée. Si quelqu'un de son clan venait à la voir aussi près de lui, qui sait ce qu'il se passerait ? Grassette Tremblante ne voulait pas réduire à néant tous ses efforts pour être une bonne guerrière, mais elle ne voulait pas blesser l'autre matou en s'écartant brusquement de lui alors, se levant doucement, la femelle tricolore entreprit d'étirer ses pattes avant puis arrière avant de se rassoir à côté de lui, mais à distance raisonnable.

"Je crains que non malheureusement, à moins que tu ai trouvé le remède miracle ? M'étirer les pattes m'aide un peu.."

Ce n'était pas vrai, mais elle ne pouvait tout simplement pas dire qu'elle craignait d'être vue et surprise aussi proche de lui. 

"Discuter va peut-être me faire oublier que mon corps tremble plus qu'une route du Tonnerre, grommela-t-elle avant de retourner sur le précédent sujet. Écoute, si ce mâle est content avec ses petits, je n'y vois aucun inconvénient, dit-elle en haussant les épaules innocemment."

Tant que c'est pas moi.. Puis avoir des petits ce n'était pas uniquement que de rester dans la pouponnière. En tant que femelle, elle devait se trimbaler avec un ventre énorme pendant des lunes et des lunes avant de mettre bas dans la douleur ! Belle vision de l'amour, Grassette..., les paroles du lieutenant revinrent dans sa cervelle.

"Avant de pouvoir refourguer les petits à son compagnon, il faut les porter ! Et je n'ai pas envie de devenir aussi grosse que toi, finit-elle en donnant un petit coup d'épaule taquin à Gueule de Glouton"

La jolie féline entreprend de s'étirer avant de lui offrir une quelconque réponse. Ce n'est qu'une fois réinstallée un peu plus loin que Gueule de Glouton réalise le vide qui les sépare à nouveau. L'imposant matou ne bronche pas; de toute façon, il n'a pas vraiment le temps d'y penser :

« Je crains que non malheureusement, à moins que tu ai trouvé le remède miracle ? M'étirer les pattes m'aide un peu... »

Aussitôt, son sourire se pare d'un léger air lubrique. Des exercices d'étirement ? Il en connaît quelques uns, oui... Heureusement, son auto-censure transforme l'hypothétique réplique salace en un rire à peine gras. On pourrait presque croire qu'il rit à l'évidence : bien sûr qu'il ne connaît aucun remède voyons, il n'est pas guérisseur. Et pourtant...

« Discuter va peut-être me faire oublier que mon corps tremble plus qu'une route du Tonnerre. » Le brun reprend son sérieux; il ne faudrait pas gâcher cette belle occasion. Après tout, ce n'est pas comme si la compagnie de Grassette était pénible. « Écoute, si ce mâle est content avec ses petits, je n'y vois aucun inconvénient. »

Toujours terre à terre, hein. Par chance, le haussement d'épaules qui suit révèle au mâle à la queue tordue un agréable spectacle. En remontant l'omoplate avec une telle aisance, la guerrière des marais fait malgré elle preuve d'une certaine habilité qu'un fin anatomiste comme Gueule de Glouton ne saurait manquer.

« Belle vision de l'amour, Grassette... » le cite-elle; de quoi recapter son attention. « Avant de pouvoir refourguer les petits à son compagnon, il faut les porter ! Et je n'ai pas envie de devenir aussi grosse que toi. »

Elle accompagne son pic d'un coup d'épaule amical.
Il pouffe aussitôt; plus de surprise que d'amusement d'ailleurs. Et ben dis donc, on ne lui devinerait pas autant de taquinerie ! Il ne rate pas la perche, et en joue aussitôt en prenant un air grossièrement vexé :

« Moi ?! Gros ?! » Et alors assis, il s'efforce de se tordre pour faire ressortir son ventre. « Comment oses-tu ?? »

Bien vite il se redresse (il s'agirait de rester présentable) et se lève, terminant son petit tour par un rire léger. Il arrose la jolie fleur d'un regard complice et tâche de rester à bonne distance en la contournant par devant : « Te le pardonnerai-je un jour, Grassette ? »

Enfin, il effectue un petit demi-tour sur place quand il arrive de l'autre côté d'elle et s'assoit de nouveau, le regard porté au loin.

« Enfin, heureusement pour toi, je suis pourvu d'un peu de finesse d'esprit. » Son sourire ne se fatigue pas, bien au contraire; il est content que déjà, l'atmosphère se détende un peu. « Non mais les chatons... ce n'est pas fait pour tout le monde je crois. » Comme le prouve sa propre enfance jonchée de pleurs et de manques en tout genre. Ceci dit, c'est rare de rencontrer une aussi charmante demoiselle qui se trouve répugnée à l'idée d'être pleine un jour.

« Mais dis-moi; à part patrouiller et manquer de te prendre l'un des Quatre Chênes, qu'est-ce que tu aimes faire ? »

Il prend les paris contre lui-même.
A tous les coups, elle passe du temps dans les quelques clairières non-inondées des marais; là où les fameuses grassettes de son pelage poussent. D'ailleurs, c'est une fourrure qu'elle entretient probablement très bien.
Et puis comme ça, on ne pourrait pas croire mais après avoir un peu échangé il mise sur une aventurière : se balader, forcément haut dans la liste.
Aussi, puisqu'elle est particulièrement fidèle à son Clan, elle va vouloir lui vendre comme elle s'entend bien avec ses camarades (par pure propagande)... histoire de ne pas avoir l'air trop vagabonde, mh?

HRP:

Un sentiment de culpabilité lui prit à la gorge en se rappelant de ses nombreuses assemblées où les chats se moquaient du poids du lieutenant, avait-elle été trop vilaine en faisant cette remarque ? Pourtant, lorsque il s'affala un peu plus pour montrer un peu plus son ventre, la guerrière ne put s'empêcher de rire face à son air faussement vexé. Elle le regarda en souriant, c'était un matou bien courageux, l'ombreuse devait se l'avouer. 

"Te le pardonnerai-je un jour, Grassette ?
- Oh, j'espère bien, je serais perdue sans toi"

Elle lui rendit son regard complice alors qu'il venait de se rassoir à ses côtés. "Non mais les chatons... ce n'est pas fait pour tout le monde", c'est clair pensa-t-elle 

"Mais dis-moi; à part patrouiller et manquer de te prendre l'un des Quatre Chênes, qu'est-ce que tu aimes faire ?"

La guerrière des Ombres pouffa, comme si se prendre des arbres en pleine poire était un passe-temps qu'elle aimait. Ce que Grassette Tremblante appréciait, par contre, c'était courir dans le vent, elle se sentait libre lorsqu'elle galopait, pourtant son territoire boueux était loin d'être la piste idéale pour courir et parfois elle se demandait ce que ça faisait d'être un chat du Clan du Vent.

"J'aime bien filer à travers mon territoire, lui dit-elle en se remémorant ses centaines de courses. Courir, grimper sur les quelques arbres suffisamment bas pour être escalader, j'aime bien faire ça... Tu as déjà nager ?"

La guerrière laissa tomber ses épaules puis frotta sa patte sur son nez comme si elle essayait de tirer ses paroles débiles de sa gueule.

"Qu'est-ce que je raconte, bien sûr que tu as déjà nager, tu es un chat de la Rivière ! Comment c'est ? De nager ? J'aimerais bien essayer un jour, finit-elle un peu plus timidement"

HRP:

Certains regards ne trompent pas, quoi qu'en pense (ou plutôt qu'espère) Grassette Tremblante. Gueule de Glouton le sent, lorsqu'ils s'échangent ces larges sourires et alors qu'il se tord pour reprendre une position digne de son rang. Les prunelles claires de la guerrière ennemie ombreuse brillent d'une lumière qu'elle voudrait bien taire; une once de sympathie pour un matou venu d'ailleurs ? Sans doute serait-il malvenu de le souligner -peut-être même que la tricolore culpabiliserait- tant et si bien que le lieutenant à la queue tordue se retient de faire le moindre commentaire.
A la place, il reprend le fil de leur discussion.

Il est d'ailleurs un peu étonné par la réponse de la féline. Une guerrière des marais, fan de course sous le vent et d'escalade sur bois ? M'enfin, à bien y réfléchir, ça n'a rien d'étonnant. Il suffit de l'observer un peu pour voir comme elle n'a rien à voir avec le physique usuel qu'on attache aux guerriers de l'Ombre. Grassette Tremblante n'est pas bien large d'épaule, ni trapue et encore moins dotée de membres puissants à l'avant. Bien qu'elle s'efforce de rester aussi ombreuse que possible (en évitant d'être vue en sa compagnie, par exemple), cela n'empêche pas son propre corps et ses envies d'être d'une toute autre nature.
Mais encore, Gueule de Glouton lui fait au moins la politesse de ne pas le relever à voix haute.

Un instant, il pense à son visage gêné s'il osait quand soudain! Elle s'embarrasse elle-même (une femelle forte et indépendante, m'voyez).

« Qu'est-ce que je raconte, bien sûr que tu as déjà nagé, tu es un chat de la Rivière ! »

Il libère un léger rire pour l'accompagner mais prend surtout le temps d'admirer la manière avec laquelle la patte de Grassette tente de dissimuler son museau. Pas vraiment de quoi avoir honte, avec un tel charme...
Ses yeux s'arrachent finalement d'elle avant que la situation ne devienne un peu plus embarrassante (pour elle; il est loin de rougir en admirant le minois d'une jolie créature!).

« Comment c'est ? De nager ? J'aimerais bien essayer un jour. »

Sa dernière phrase, prononcée avec un peu plus de timidité arrache un rictus imbu d'un sentiment de victoire. C'est presque comme si elle venait de le lui demander.

« Hm. » Il fait semblant de chercher ses mots (qui sont déjà tout trouvés). « Eh bien, je pourrais essayer de te décrire la sensation ou bien... » Il vient la chercher du regard. « Je pourrais te montrer. »

Il y a ce passage jusqu'à la rivière, près du pont qui est inclus dans les terres neutres. Bien sûr, il existe un infime risque d'y être vu depuis les berges voisines du Tonnerre et de la Rivière; m'enfin, il sait d'expérience que ses camarades n'y passent guère souvent.
Et puis en ce début de saison, les feuilles sont encore sur les arbres et leurs couleurs chaudes masqueront sans problème les pelages bruns et noirs des deux matous.

HRP: