Salutations | Petite Glycine - abandon

Pendant que Petite Feuille, sa sœur, profite du calme de la pouponnière pour se reposer, Petite Bécasse joue avec ses propres adèlphes à l’extérieur. Petite Glycine, lui, se tient en retrait. Son visage déformé par cet affreux sourire continue de faire peur à Petite Nuit dès qu’il s’approche un peu trop d’elle, et aujourd’hui, il n’a pas la force de faire face à l’horreur dans ses yeux dès qu’elle les pose sur lui. Petite Glycine baille, s’étire, s’allonge sans bruit à l’entrée qui lui donne vue sur le reste du camp. Mais il n’est pas fatigué, n’a pas envie de dormir, et le temps lui semble long. Très long. Trop long.

Il attend sa mère et son père, mais ils doivent être partis en patrouille et ne risquent pas de revenir de si tôt. Il aime quand Cœur de Puma vient leur raconter des histoires, mais il aime moins quand il s’obstine à le traiter comme une fille. Lycaon et Source de Secrets saisissent ce rare calme pour prendre du repos bien mérité, tout comme Petite Feuille. Alors en attendant, Petite Glycine est seul.

Ou l’est-il vraiment ? Se retournant pour observer les habitants de la pouponnière, il croise du regard une petite chatte plus jeune que lui. Il ne connait pas son nom, et n’a jamais vraiment pris le temps d’essayer de l’apprendre. Il faut dire qu’entre sa propre sœur et la portée de Source, il n’a jamais manqué de camarades de jeu jusque là. Il y a bien sûr cette appréhension à l’idée que les autres réagissent comme Petite Nuit, mais quelque part réside l’espoir que ce ne sera pas le cas. Et puis, il ne saura pas avant d’essayer, si ? Alors Petite Glycine prend son courage à deux pattes, se lève, et trottine vers cette petite inconnue avec qui il partage le même toit.

— Coucou toi, tu t’appelles comment ?

[Hors RP : Glycine est un garçon transgenre, c’est à dire qu’il est né avec un corps de fille. Il a une petite déformation au visage, qu’il tient de sa famille paternelle, mais du coup, il a un sourire trop large permanent. Il ne peut pas ne pas sourire, on voit toujours ses dents, et ça fait peur à Petite Nuit dans la pouponnière ;)]

Elle n’a pas peur de lui — voilà qui est rassurant. Petite Glycine se détend, relâche toute cette tension dans un soupir. Elle, d’ailleurs, c’est Patte Céleste.
— Céleste, comme le ciel ? commente le chaton.
Son nom lui rappelle celui de sa grand-mère, l’ancienne guérisseuse Secret du Firmament. La deuxième particule, bien que compliquée et qui avait tendance à rester bloquée sur sa langue (« Firmament », c’était compliqué à prononcer, avec cette succession de « m ») avait pour signification le ciel — mais celui avec des étoiles.
— Haw, c’est un joli nom, fit-il sur un hochement de tête, comme pour donner son approbation. Moi c’est Petite Glycine, comme la plante. Je l’ai jamais vue, mais- euh… apparemment c’est une plante qui grimpe, même si je sais pas trop comment une plante ça peut grimper. Mais il parait que c’est joli. C’est- c’est ma maman qui l’a dit. Que c’était joli.
Pas comme moi, pensa-t-il intérieurement. La vision de son propre reflet qu’il avait vu dans une flaque d’eau ne le quittait pas. Il se rappelait avoir été choqué par ce qu’il avait vu — par cette image qui était à l’opposé de ce qu’il avait imaginé, de ce à quoi un chaton était censé ressemblé. Il avait compris, malgré lui, pourquoi Petite Nuit le détestait.
— Tu veux aller jouer dehors ? On peut jouer à la bataille si tu veux. Même que je te laisserais jouer le guerrier du Tonnerre !
C’était toujours un honneur, d’être le guerrier du Tonnerre — parce que ça voulait dire que l’autre joueur, c’était un ennemi. Un chat d’un autre Clan ou même pire : un Lunar Pod ou un faux Prophète. C’était pas vraiment le bon rôle mais bon, au moins c’était fun, et ils échangeaient toujours les rôles lors de la prochaine session de jeu. Enfin, presque toujours.