Le bref instant où la vie éclot. Ft Foudroyée - End

Le bref instant où la vie éclot.

Le temps lui paru se dilaté. Chaque inspiration était plus douloureuse que la précédente. Mais où était donc le Patron ? Pourquoi n'était il pas là, derrière elle ? Nuage de Bourgeon agita la queue, indécise, redressant lentement les oreilles et tendant ses moustaches vers le conduit d'où elle venait. Les deux pattes parlaient entre eux. Elle pouvait percevoir leur voix quand bien même elle ne comprendrait jamais leur langues. Elle fini par esquisser un pas. Elle ne pouvait tout de même pas fuir, si ? Et quoi, aller au camp, hors d'haleine clamer une aide alors que, le temps qu'elle mettrait à y parvenir, peut-être ...

Ses yeux se figèrent sur lui et ses pattes pendant mollement.
- Haw ...

Le miaulement survint, faiblard. Les peaux nues avaient ils tués son chef ? Nuage de Bourgeon secoua la tête, abasourdie avant de percevoir un mouvement faible. Le Patron était bel et bien en vie, ses flancs le trahissait. Soulagée, la novice se força à avancer pour rejoindre le sol, juste derrière les ronces de fer qui protégeait le jardin. Elle se coula en dessous, non loin d'un épais buisson couvert de petites baies rouges. Un moineau effrayer par son arriver s'envola un et instant, la novice fut surprise qu'il n'est pas fui bien plus tôt. Mais elle reporta son attention sur son chef, toujours porté par le vieux deux pattes. Elle devait l'aider. Mais comment ? Elle ne pouvait pas non plus se mettre en danger, si ? La jeune chatte quitta sa cache sur le bout des pattes, abandonnant pourtant de sa fourrure aux épines de l'arbuste tendis qu'elle filait vers le plus gros massif floral. Là, elle se mit à gratter vivement avant de prendre position.

Elle le savait, l'ancienne aimait autant qu'elle voir les fleurs alors.

- File dans le buisson !

Elle mima de faire ses besoins, sa queue vibrant tendis que ses yeux ne quittaient les deux pattes. L'ancienne hurla en la désignant et Nuage de Bourgeon se redressa, grattant de ses arrières en projetant tiges, fleurs et terre. Elle accentua le mouvement de ses pattes, prête pourtant à se jeter sous un autre buisson, en fleur celui ci. Une multitude de petites fleurs d'un blanc immaculée qui cachait les branches fines et tout autant épineuse que l'était l'autre. Sûre que sa fourrure en pâtirait mais Nuage de Bourgeon n'en avait cure. Hors de question de faire comme le Patron, idée de cervelle de souris que de se laisser attraper. mais pas une raison pour qu'elle file sans lui. Il était son meneur mais surtout, un membre de son clan. Or Arc-En-Ciel avait insistée sur une chose dès le début. la nécessité de toujours bien servir son clan ...

Peut-être que Mistigris s'était trompé.

Peut-être qu'une vie rangée auprès de deux Pattes-Nues était un luxe, plutôt qu'une punition.

Son territoire lui manquerait, mais devait-on vraiment se plaindre d'une [gamelle] pleine sans la crainte de rater trop de chasses et se retrouver le ventre vide quelques jours? Leurs vocalisations étaient bizarres, mais s'il poussait de la gorge, il était prêt à parier être capable d'imiter les mêmes notes. (Il n'en avait pas vraiment envie. Hausser le ton lui était souvent une perte d'énergie. Pourquoi s'évertuer de colère alors qu'on pouvait laisser ses interlocuteurs le faire à sa place et profiter de l'occasion pour plutôt leur placer un bon coup de patte entre les yeux?)

Il se vit d'avance: canapé à griffer, boîte à sons bruyante, peut-être quelques fausses-proies pour se tromper l'esprit. Si son amour était artificiel et construit de toutes pièces, qu'est-ce que ça changeait si son bonheur l'était aussi?

Brusquement le tir d'ailes d'un moineau le tira de sa transe. Il pivota d'une oreille, tourna la tête, leva le nez. Le Vieux, pris de surprise, pencha son long dos crochu à l'opposé du vol de l'oiseau.

Et puis la Vieille fit un son.

— ███████████ ??!

Un son strident qui firent sursauter en tandem et le bengal et le Vieux, qui perdit sa prise dessus. Étoile Foudroyante arrondit les yeux et se sentit tracté vers le sol.

— File dans le buisson !

Minute, papillon.

Il retomba sur des pattes molles, tournant sa tête pour constater la position compromettante de Nuage de Bourgeon qui s'apprêtait à — et Étoile Foudrouyante du battre des cils, momentanément interdit — ... à chier dans les fleurs!?

Une ombre dans sa périphérie lui fit tourner la tête: c'était le bâton de raide et ses épines de pin que la Vieille agitait à tout va. Euh, oui, bon, le buisson, à défaut de pouvoir courir il s'éloigna d'un recul, puis d'un écart, ne voulant pas perdre des yeux De Bourgeon qui dardait de provocation les Pattes-Nues.

Adieu rêves de domesticité et de vie salement toute rangée loin des siens, Étoile Foudroyante éclata de rire:

— HAAA HA, Nuage de Bourgeon-hon -  oh — ça se corsait — Oh surtout méfie toi de sa branche — ses pupilles se dilatèrent dans ses yeux, il observa la manoeuvre — Bien, ne bouge pas, ne bouge pas... et en se redressant du haut de sa taille, galvannisé par le jeu: SAUTE!

Lui-même profita du moment pour fausser compagnie au Vieux qui avait baissé ses yeux dans les siens. Étoile Foudroyante ne réussit pas à courir, en revanche sauter entre les barreaux et trouver l'extérieur du jardin (et par conséquent, la limite du territoire) fut un jeu d'enfant.

— Pffff- ha ha ^HA!

Contrairement à elle, il ne s'enfuit pas tout de suite, bien trop occupé à barrir toute son hilarité.

Le bref instant où la vie éclot.

Nuage de Bourgeon ne réfléchis guère davantage, pas besoin de l'encouragement de Foudroyante plus loin, elle bondis dans l'aubépine, sentant les branches la fouetter, les épines s'accrocher, les feuilles et les fleurs lui coller au poil. Derrière, la branche de l'ancienne frappa le sol, le faisant vibrer sous les pattes de la jeune chatte. Elle était à l'abri, tout allait ... La femelle deux pattes était furibonde et un nouveau coup secoua l'abri. Nuage de Bourgeon se tassa, sous le choc, sentant les branches s'enfoncer dans son poil, douloureusement au niveau de sa cuisse mais elle retint son cri. Puis, alors qu'une accalmie suivait, elle détalla. Elle ne songea à rien d'autre qu'au trou qui lui servait à venir ici et donc, à partir de ce bout de territoire maintenant maudit, souiller ... Interdit.

Le cri furieux la poursuivis, de même que la branche mais elle frappa dans le vide, si loin. Nuage de Bourgeon se glissa sans mal dans le trou de la clôture, le corps en feu. Mais plus que ça, elle chercha de suite son chef. Elle longea dans sa course la barrière grise avant de se figer, plus loin pour découvrir le charcoal hilare ... Et toute la frayeur de la novice se chargea de fureur face au matou qui riait.

- Tu as une ruche entière qui te bourdonne dans la tête en vrai ?!

Elle ne réalisa pas qu'elle venait de lui hurler dessus, pas plus qu'elle ne sentait sa propre peur s'échapper par tous les pores de sa peau. Elle était là, debout devant le meneur, la fourrure redressée, le bout des pattes couverts de terres, de débrits végétaux, la fourrure recouverte de morceaux épars de feuilles, d'épines, de pétales blancs. Oui, l'apprentie avait tout d'un buisson vivant à bien y regarder. Elle fusillait le bengal des yeux mais ... Mais ce dont Nuage de Bourgeon avait plus que tout besoin en vérité, s'était qu'on la calme. Qu'on la rassure. Qu'on lui dise que tout allait bien maintenant, qu'ils étaient hors de danger, que ... Ses yeux verts cherchaient un nouveau danger, ses oreilles ne restaient guère en place. Le sang bouillonnait à ses tempes, encore. Si bien qu'elle ne sentait même pas la fleur là, accrocher à son front, poisseuse d'humidité et moins belle qu'elle n'aurait du l'être. Non, la jeune chatte ne sentait rien et pourtant, son poil grouillait d'épines et de morceaux végétaux. Mais sa toilette était bien le cadet de ses soucis. Pis, en plus de la peur, elle sentait peu à peu la honte lui monter aux oreilles et les échauffer. Elle savait que Foudroyante avait suivi son spectacle, et pis encore, une part d'elle était en train de réaliser qu'elle s'était permise de lui hurler dessus à l'instant ...

Pour sauter, elle sauta! Nuage de Bourgeon plongea dans les buissons, évitant de peu le coup de balais de l'ancienne qui l'injuriait de toutes ses Étoiles de Pattes-Nues. Étoile Foudroyante ne se retenait plus, piaffant sur ses pattes pour suivre avec le corps la fuite de Nuage de Bourgeon jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse dans les ombres d'un trou. Étoile Foudroyante se cabra sur deux pattes, hilare, réagissant au retour de l'apprentie en bondissant à la verticale devant elle.

— La voilà, ha ha hah! La voilà! ♫

Nuage de Bourgeon ne partageait pas son hilarité.

— Tu as une ruche entière qui te bourdonne dans la tête en vrai ?! elle lui feula dessus, forçant le bengal à se poser sur ses pattes et rentrer le menton dans le cou. La bourrasque passée, il s'ébroua le corps, resplandissant d'une bonne humeur qui ne se prêtait pas du tout aux circonstances.
— Ohh, tu y es presque. Étoile Foudroyante mordit sa blague d'un énorme sourire goguenard, mitigeant ses rires par des soubresauts d'épaules. Un blizzard, en fait ♡

À première vue, Nuage de Bourgeon ne s'en était pas sortie indemne: en plus de s'être hérissé les poils, sa fuite impromptue lui avait valu le transport illégal de quelques fleurs qui s'étaient collés les pétales et la sève dans ses tricouleurs. Quoique, à en juger par la quantité de végétaux dans la masse, c'était à se demander si ce n'était pas plutôt un chat, qu'on avait collé aux fleurs...

Étoile Foudroyante se força à dégriser, expiant par le nez, roulant des épaules, chassant l'air de sa queue.

— Rien de cassé?

Bien qu'il ne put s'empêcher de glousser, il approcha l'apprentie pour cueillir une indésirable sur son front et tirer, car les épines lui avaient fait prendre racine dans sa peau. Attends, il lui dit, crachant la fleur, après quoi il planta les épines de sa langue pour arracher la crasse à son poil d'une énorme lapée.

— On peut dire que t'as assuré, il lui dit entre deux coups de langue. Je ne te savais pas aussi ingénieuse, ha hah, tu as tout de suite deviné son point faible! Je n'ai jamais entendu une Patte-nue réagir comme ça!

Ça lui donnait presque envie d'aller embêter les voisins, tiens. D'essayer toutes sortes de parades, avec Nuage de Bourgeon, pour tester toutes sortes de Pattes-nues et évaluer leurs comportements. Il ne pouvait s'empêcher de ronronner bruyamment à cette idée.

Le bref instant où la vie éclot.

Il ... Il se moquait d'elle et elle aurait pu, presque, continuer à aboyer sur le matou. Presque. Quelque chose la retint. Peut-être était-ce sa réponse, peut-être autre chose. Mais oui, elle sentit comme une fragilité qu'elle était incapable de comprendre et surtout, elle n'en avait pas l'intention. Elle ne voulait pas se mêler de la vie de son supérieur, aider les camarades de son âge oui, ses proches aussi, voir un camarade qui le lui demandait où le faisait ressentir. mais lui là ? Étoile Foudroyante n'avait en rien l'air de mal le vivre et puis ...

S'était lui qui s'inquiéter maintenant, par sa voix, sa question. Il agissait comme un vrai chef et elle sentit un peu de sa fureur retomber. Cette seule question, s'était si bon de l'entendre ! Elle hocha doucement la tête, prenant lentement conscience que oui, a part des égratignures, elle n'allait pas si mal. D'autant plus qu'il approchait, la laissant faire retomber la touffe de poil qui lui servait à l'instant de queue, de la même façon que son échine se couchait presque sagement maintenant que le danger était plus loin. Et puis ... Vint le geste, cette prise sur son poil pour la débarrasser d'un peu de ce qu'elle avait de pris dedans et les coups de langues. Sans trop comprendre, Nuage de Bourgeon réalisa qu'elle tremblait un peu depuis le début au final, elle qui avait pris ça pour des vibrations de sa colère, elle se calmait maintenant, enfouissant son museau contre une patte du Patron. Profitant juste que, l'espace d'un moment, il agissait en adulte normal avec elle, et non pas comme ce Patron bizarre atteint de ... Blizzard ?

Et puis, il y eu la suite et elle redressa les oreilles, chassant définitivement du malaise qui lui était rester. Des sortes de félicitations qui firent s'écarter la tabby qui d'un seul coup, se pavanait presque tant elle s'était dressée de plaisir.

- C'est que, j'ai bien observer ces deux pattes, mais toujours en me cachant tu sais ! Je voulais pas qu'ils me voient, jamais ! Elle n'était pas bien sur qu'il était bon qu'elle s'en vante mais de toute façon, elle avait été prise sur le fait alors à quoi bon. Autant qu'elle en profite pour affirmer haut et fort qu'elle avait fait très attention pour ne jamais se mettre en danger -avant ce jour - et qu'elle avait appris de ces observations non ? D'autant plus que quelque chose lui disait que le Patron n'aurait rien contre qu'elle partage ce qu'elle avait acquis en venant illicitement ici...

Et alors qu'il s'approchait d'une autre épine à se débarrasser, Nuage de Bourgeon s'écarta hors de sa portée. Les yeux ronds, penaud, il la dévisagea bomber le torse.

— C'est que, elle commença, j'ai bien observé ces deux pattes, mais toujours en me cachant tu sais!

Il dégageait d'elle une telle fierté que c'était difficile de ne pas se laisser contaminer.

— Je voulais pas qu'ils me voient, déclara l'apprentie. Jamais!

Devant un tel débordement d'enthousiasme, Étoile Foudroyante ne put s'empêcher de glousser.

— Tu dois te dire qu'ils ne t'auraient jamais vus si je n'avais pas été là, hmm?

Il secoua gentiment sa tête.

— Dire que je te trouvais idiote, ha ha! Un sourire, léger. Je suis content de m'être trompé ♡

Tout est bien qui finit bien, non? Chez les Pattes-Nues, ça sifflait, ça vocalisait des plaintes, et ça se multipliait chez les voisins qui voulaient s'en mêler. Du plancher de pierre, tout près de la palissade de barreaux, Étoile Foudroyante se laissa porter par l'effervescence de la scène avant de s'en détourner.

D'un geste de la queue, il invita l'apprentie.

— Allez. Je te racompagne, Fleur d'Aubépine?

Le bref instant où la vie éclot.

Le gloussement de Foudroyante cette fois ne l'enragea pas, non, au contraire, il lui tira un véritable sourire de chipie en herbe, un de ces sourires ravie, franc, trop joyeux même pour être rassurant sur la sagesse de son origine. Mais voilà oui, c'est exactement ce qu'elle se disait et elle détourna le regard à l'entendre. Elle ne s'attendait à vrai dire pas vraiment à ce que le Patron la perce à jour et son sourire se décomposa un peu après coup. Mais voilà, la suite eu tôt fait de lui faire redresser les oreilles de nouveaux, et gonflée un peu les joues.

- C'est pas très gentil ça !

Mais déjà, elle tirait brièvement la langue, comme si la chose lui passait par dessus. Était elle donc si idiote de s'être persuadés de squatter l'antre abandonner de Foudroyante, idiote aussi de juste vouloir profiter d'un bref instant à elle ici, dans ce jardin interdit ? Ne prenait elle pas garde de ne pas être vue. Enfin jusqu'à ...

- Fleur ? ... D'Aubépine ? Alors elle réalisa son état et pouffa doucement, la chaleur lui monta aux oreilles tendis qu'elle bondissait pour suivre le Patron. Voilà qui sonnait comme un nom de guerrière ! Et même si s'était loin de ce qu'elle s'était imaginer, ce n'était finalement pas pour lui déplaire.

THE END