Un ruisseau de Groseilles, miaam {Groseille & Birdy} - abandon

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Doucement, les rayons du soleil pénétrèrent dans l’antre des apprentis. Nuage de Groseille, blottie contre son frère grogna légèrement et s’emmitoufla encore un peu plus dans la fourrure, pourtant courte de son frérot adoré. La petite, emportée dans un doux rêve de câlins et de bisous ne s’aperçut même pas du lever du jour, et du réveil de ses camarades. Nuage du Hibou et Nuage de Taupe se levèrent, chatouillant le nez de leur sœur au passage, pourtant rien ne semblait pouvoir la tirer de ce si délicieux rêve.

Ce ne fut qu’à cause d’une brise de vent froide que Nuage de Groseille se réveilla. Brusquement, elle ouvrit les yeux et leva la tête. Où étaient passés son frère et sa sœur ? Où étaient les autres ? Pourquoi était-elle seule ? Elle n’aimait pas être seule. C’était comme quand papa et maman sont parti au ciel se dit-elle. Alors elle se leva, en vitesse, et s’ébroua. Elle fit une toilette rapide, ne pouvant pas sortir de la tanière sans être présentable et se précipita dehors. Le camp était déjà en effervescence, si bien que la petite eut du mal à percevoir à quel moment de la journée elle c’était réveillée. Son regard balaya le camp, à la recherche d’une quelconque silhouette familière. Personne. Où était son moche et intelligent de frère ? Et son beau et con de presque frère ? Nuage de Taupe devait certainement être avec son mentor, elle était toujours avec son mentor. La petite ne chercha même pas son propre moniteur, voulant éviter d’être kidnappé une fois de plus par Cri de la Bécasse. Alors comme ça, ils l’avaient tous abandonné ? Non, non ça n’allait pas ce passer comme ça. Pas contente, la Groseille se mit à avancer dans le camp, tapant des pieds aussi fort qu’elle pouvait. Elle se mit à brailler le nom de ses frères, dans l’espoir que ceux-ci sortent de la foule, pour la calmer.


« Hibouuuuuuuuuuuuuuuu ! Meeeeerleeee ! »


Mais personne ne vint. Tristoune, la petite s’assit dans un coin, la mine boudeuse. Pourquoi fallait-il toujours que ses frères partent sans elle ? Nuage du Hibou pouvait au moins l’attendre, il n’avait qu’une lune d’écart avec elle, pas de quoi en faire tout un plat. Sauf que, tout à coup, elle se rappela que son presque frère était le mentor de son frère. Ce qui expliquait leur absence. Groseille lâcha un long soupir et se tapa la tête contre l’arbre le plus proche. Elle était vraiment trop bête. Mais qu’allait-elle faire pendant ce temps ? Il n’y avait personne pour jouer avec elle, et plus elle pouvait éviter l’entraînement, mieux elle se portait. Soudain, son ventre se mit à gargouiller. Elle n’avait pas pris son petit déjeuner. Lentement, la queue basse elle se dirigea vers la pile de gibier et prit un poisson bien dodu. Alors qu’elle s’apprêtait à retourner dans son petit coin, une espèce de chose bleue vint l’interpeller


« Hmm. Hey toi là ! Puisque tu ne fais rien d’utile, tu n’aurais pas vue ma sœur ? »


Nuage de Groseille gonfla les joues. Pour qui il se prenait lui ? Il n’était qu’un bébé et il osait lui parler ainsi. La belle renifla hautainement. Elle pouvait si facilement l’écraser en s’asseyant sur lui. Il ne semblait pas faire partie des gentils. Elle n’osa même pas lui poser la question qui lui permettait de différencier les gentils et les méchants.


« ‘Sais pas mini-truc. Jte connais même pas. Ma maman m’avais dit de pas parler au zinconnus. T’es un zinconnu toi. Donc jte parle pas. »


Elle s’assit et posa son poisson au sol. Il n’avait pas intérêt à le toucher. C’était SON poisson.

GALLINEA

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La petite s’étala, s’installant confortablement pour déguster son poisson. Alors qu’elle prenait une bouchée, le petit chaton émit un grognement sourd, qui tenta de calmer. En temps normal, au moindre signe d’énervement de la part de son interlocuteur, Nuage de Groseille s’inclina, cachant sa tête telle une autruche. Pourtant, cette fois si, c’était différent. C’était elle la plus grande. Et sa presque sœur lui avait dit que c’était toujours au plus grand d’imposer le respect. Septique, son nez remua. Elle ne savait pas ce que ça voulait dire « imposer le respect ». Dans tous les cas ce bébé n’était pas gentil. Mais elle lui demanderait quand même s’il aime les bisous. Histoire de savoir si c’était vraiment un méchant. Et avec Groseille, mieux valait ne pas être catégorisé « méchant » sous peine de recevoir une dizaine de cailloux dans son lit. Les cailloux c’est pour les méchants, les fleurs pour les gentils se dit-elle. Et les plumes pour son amoureux. En attendant, elle croqua un autre morceau de poisson, attendant que le mini-truc lui réponde.


« Du un on dit inconnu et pas zinconnu, apprends à parler, de deux, je suis Patte des Ruisseaux, fils d’Étoile du Corbeau et Eau Turquoise, c’est plutôt toi l’inconnue à qui on ne devrait pas parler. »


Groseille haussa les épaules. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait remarquer ses défauts de prononciation, Nuage du Hibou et Nuage de Taupe était les premiers à le faire. Pourtant, elle ne semblait pas s’en soucier. C’était « Hypersex » comme disait son presque frère. Et malgré tous les efforts du monde, elle peinait à combler ses faiblesses de langage. Patte des Ruisseaux ? Elle n’en avait jamais entendu parler. Elle ne savait même pas que le chef du Clan de la Rivière avait des enfants. Tout le monde avait des enfants ou quoi ? Mais elle c’était différent, elle était un enfant sans parents. Ça fait quoi d’avoir un papa se demanda-t-elle.


« Mouai, bah je sais toujours qui c’est que t’es toi. Et puis miroir miroir, hein, c’est toi m’a parlé en preum’s. Étoile du Corbeau c’est mon tuteur. C’est parce que mon papa et ma maman ils sont au ciel. Ils sont montés quand j’étais touuuute petite. C’est qui ta sœur ? Elle est plus gentille que toi ? T’aime les bisous ? »


Elle se lécha les babines, et attendit la réponse du chaton les yeux grands ouverts, sa queue tapant doucement le sol.

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Le petit chat gris bleu ferma les yeux un instant et les rouvrit, pour les lever au ciel. Quoi ? Qu’est-ce qu’elle avait dit encore ? Nuage de Groseille commençait à de moins en moins supporter le chaton. Il était trop capricieux. Et se prenait pour un prince. Elle aussi elle pouvait le faire. Elle se mit à gonfler le poitrail et à imiter Patte des Ruisseaux, la tête haute tandis que celui-ci déblatérait son discours.


« Ma sœur c’est Petite Abeille. Un pelage tout noir avec du blanc sous le menton et sur le museau, sur le poitrail et le ventre, sur les pattes et la queue. Des magnifiques grands yeux bleu gris. Elle est adorable, très gentille et elle s’attire facilement des ennuis si elle est toute seule. J’aime ses bisous et à la rigueur de ma Maman, mais en quoi ça importe pour trouver ma sœur ?! »


Il cria presque cette dernière phrase ce qui intimida légèrement la belle. Elle n’aimait pas qu’on crie. Encore moins sur elle. Le chaton commença à faire les cent pas. Il veut juste faire comme papa, se dit-elle. Et puis en quoi ça importait d’aimer les bisous ? L’aide de la Groseille. Si tu aimes les bisous, tu es gentil. Tu mérites donc de l’aide. Si tu n’aimes pas les bisous tu es méchant. Tu ne mérites pas d’aide. C’est comme ça que ça marche avec Nuage de Groseille. La petite se renfrognait déjà, prête à lui cracher à la figure que ce n’était pas en étant méchant qu’il allait avoir de l’aide lorsqu’un apprenti s’approcha. La belle mit tout de suite un nom sur ce beau visage, Nuage d’Oiseaux.


« T’as perdu ta sœur ? Ok, ok, pas de panique. Pas besoin de paniquer, elle est probablement juste ummm, partie faire pipi. Hein. Ou,ou, p’tet qu’elle est partie avec ton père. Umm, j’imagine que t’as demandé à ta maman si elle sait où elle est, hein ? »


Tout à coup, Nuage d’Oiseaux se mit à briller. C’était donc lui, le Prince Charmant dont rêvait Nuage de Groseille ? Venant à son secours alors qu’elle n’était qu’une demoiselle en détresse ? Le regard de la grise s’illumina, tandis qu’elle admirait son beau sauveur. Instinctivement, elle bondit et se colla contre lui, mélangeant leurs deux fourrures dans une douce caresse. Nuage de Groseille était du genre tactile, et ne se cache pas pour le montrer. Sentant le corps de l’Oiseau trembler légèrement, elle se frotta contre son épaule et lui lécha tendrement la joue, tentant de le réconforter.


« Lui au moins il aime les bisous ! Il est pas méchant comme toi Monsieur le Prince Capricieux ! »


Et elle lui tira la langue, accompagnée d’un sourire mesquin d’une enfant espiègle. La description de Petite Abeille ne lui disait rien. Elle ne connaissait pas vraiment les chatons de la pouponnière, étant trop occupée à jouer avec son presque frère lorsqu’elle était elle-même un chaton, elle n’avait pas prêté attention aux autres. Alors elle s’approcha du petit pleurnicheur et lui renifla le pelage bruyamment. Elle leva ensuite le nez au ciel et se mit à humer. Le chaton perdu devait certainement avoir la même odeur que Patte des Ruisseaux. Malgré les apparences, Nuage de Groseille possédait une certaine intelligence, qu’elle utilisait plus ou moins à bon escient.

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