Violent Skies - end

Violent Skies

PV TACHE D'IF

Au-dessus de sa tête, les cieux grondaient. Il ne les avait jamais vu si enragés. Était-ce les Étoiles qui causaient cette calamité, voulant punir un des vivants les ayant offensés ou, pire, un clan tout entier? Ou bien étaient-ils plutôt en danger, attaqués par une puissance rivale, des blaireaux des étoiles, qui sait? Petite Mousse n'avait ni l'âge ni les connaissance pour prétendre connaître ce qu'une tempête de cette envergure signifiait. En fait, outre le blizzard qui avait accompagné ses premiers mois de vie, il n'avait jamais vu une telle température. Encore moins un tel déluge. Il lui semblait qu'une rivière entière se déversait des nuages. Il n'était resté que quelques secondes dehors, le temps de remarquer les premières gouttes et filer vers la tanière des guerriers, l'abris le plus proche. Il n'avait même pas eu le courage de poursuivre le chemin jusqu'à la pouponnière. Mais sa fourrure duveteuse était déjà imbibée d'eau, l'humidité perçant jusqu'à sa tendre peau.

De froid ou de peur, le petiot tremblait comme une feuille. C'était en plus l'une des premières fois qu'il entrait dans le refuge des guerriers. Pas qu'ils l'utilisent beaucoup; plusieurs passaient le plus clair de leur temps à l'extérieur. Mais, avec la température, l'abris s'était soudainement rempli, au point d'en devenir presque claustrophobique. Minuscule, le chaton crème ne se fit remarqué d'aucun guerrier; ou alors, on accepta sa présence sans ronchonner, mais sans offrir de réconfort non plus. Dans la pluie et l'obscurité, tous les corps autour de lui semblaient étrangers, des créatures dégoulinantes de ses cauchemars. Au dehors, un coup de tonnerre éclata, incitant Petite Mousse à se jeter encore plus loin dans la tanière. À deux doigts de fondre en larme, il l'aurait probablement fait s'il n'avait pas entraperçu le pelage familier d'une femelle. Sans hésitation, il fonça vers elle, enfouissant son museau dans le poils tricolore alors qu'il hoquetait :

─ I-I-IF !!

Violent Skies

PV TACHE D'IF

─ Petite Mousse ? Que fais-tu ici ? Colombe Blanche dois te chercher partout !

Sitôt que son museau entra en contact avec la fourrure de la femelle, il sentit celle-ci se tendre de surprise, avant qu'elle ne le reconnaisse et se radoucisse. Entendre sa voix, même ainsi prise au dépourvu, lui mit aussitôt un baume sur le coeur. Enfin. Le temps d'un respire. Ensuite, les derniers mots de la femelle se rendirent jusqu'à son cerveau, et il fut pris d'une nouvelle anxiété. Sa mère! Qu'est-ce qu'elle devait paniquer! Il ne l'avait averti de rien, il était juste sorti, un tout petit peu, tout près de la pouponnière. Et l'orage avait éclaté, fendant les cieux de sa colère. Qu'est-ce qu'il en avait eu peur! Il s'était réfugié en vitesse, n'ayant d'yeux que pour le premier refuge venu, sans songer un seul instant à poursuivre la route vers la pouponnière et retrouver la présence rassurante de sa mère. Il aurait tant aimer l'avoir à ses côtés, à l'instant, être tapi dans sa fourrure bicolore et oublier le déchaînement des éléments. Mais, non, dans sa couardise, il s'était dépêché vers la tanière des guerriers, ce lieu de terreur.

Encore heureux qu'il eusse trouvé la belle Tache d'If, sans quoi il n'aurait pas fait long feu. Blotti contre elle, il tremblait toujours, autant de froid que de peur, malgré les coups de langue répétés. La femelle conversait avec un guerrier que Petite Mousse reconnaissait comme étant son frère. Les mots volaient au-dessus de sa tête, sans qu'il n'y comprenne quoique ce soit, n'entendant que le son de son coeur battant la chamade dans sa poitrine. Et, pour sûr, il tressaillait chaque fois que le tonnerre rugissait à l'extérieur. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour un bel après-midi ensoleillé, dans les pattes de sa douce mère. À sa pensée, le coeur du petiot se serra à nouveau, le poussant à s'agripper avec encore plus de force au poitrail de Tache d'If. Plus ou moins lucide de ses paroles, il pleurnicha:

─ Je veux ma maman. Pourquoi elle est pas là?

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PV TACHE D'IF

La queue de Tache d'If vint le serrer un peu plus contre elle, comme si elle tentait de l'abriter des terreurs extérieures. Malheureusement, ce n'était pas de simples lèches qui allaient rassurer le petiot. Même sa mère aurait eu un trouble monstre à tenter de le calmer, tant il était terrifié. Il était donc impossible que Tache d'If parvienne à sécher ses pleurs. La réalisation sembla traverser la femelle: elle dû se rendre à l'évidence, jamais elle ne pourrait calmer un petit réclamant aussi ardemment sa mère.

─ Viens, Petite Mousse, je te ramène à la pouponnière ! Tu n’auras qu’à t’abriter de l’orage en te glissant sous mon ventre.

Délogé de sa position lorsque la chatte se releva, et choqué de sa proposition, Petite Mousse cessa ses pleurs un instant et leva ses grands yeux larmoyants vers elle. La solution semblait censée. Tout petit comme il était, il pouvait facilement se glisser sous son ventre et trottiner au rythme de ses grandes enjambées. Il n'avait absolument pas la foi de se mettre debout et braver la tempête au dehors, mais peut-être que la présence de sa mère adoptive lui donnerait un peu de courage. Alors, bien que la volonté n'était pas son fort, le petiot se remit sur ses pattes et suivit sa protectrice la tête basse.

─ Tu es prêt, Petite Mousse ?

Le dénommé déglutit, la gorge beaucoup trop serrée pour parler. Dans sa poitrine, son coeur battait tellement la chamade qu'il lui semblait être prêt à exploser. C'est que, non seulement l'orage le terrorisait, mais le déluge avait gagné en vigueur et les éclairs déchiraient le ciel à des intervalles beaucoup trop courtes. Jamais il ne parviendrait à faire un pas hors de l'abris, et encore moins parcourir tout le chemin jusqu'à la pouponnière. Même si son ange l'attendait à l'autre bout, il ne pouvait pas. La foudre le crucifierait, ou les vents l'emporteraient, ou les flots le noieraient. Il ne pouvait pas.

─ N-NON! NON NONON NON !!

Il gémit, se débattant même pour éviter que la femelle ne décide de le choper par le col et l'emmener de force. Derrière le petit, les guerriers commençaient à grommeler, regardant d'un oeil noir l'agitation causée par la minuscule boule de poils qui n'appartenait pas à cette tanière. Si certains pouvaient être un peu patients en temps normal, la tempête qui rageait dehors venait raccourcir leur mèche. Leurs regards semblaient dire à Tache d'If que si elle ne réglait pas la question, ils jetteraient le petit dehors sans aucun regret.

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PV TACHE D'IF

Il geignait, il criait, il se débattait, il tempêtait, tout pour ne pas devoir affronter l'orage à l'extérieur. Tache d'If le serrait auprès d'elle, mais il avait beaucoup trop peur qu'elle ne le pousse au-dehors pour réellement se calmer. Cela causa sa perte. Des crocs s'enfoncèrent dans sa nuque; ses pattes quittèrent le sol; un glapissement jailli de ses entrailles. En vain. Une seconde plus tard, un torrent s'abattait sur lui, plaquant sa fourrure et ses oreilles sur son corps. Libéré de la mâchoire, il vola un instant, avant de se faire clouer au sol par les précipitations. Au moins, ses pattes retrouvèrent le contact béni du sol, même si ses griffes raclaient sans succès la boue. Incapable de trouver appui, le petiot glissa face contre terre, disparaissant presque dans les coulis. Plutôt que de tenter de se battre, se relever, trouver refuge quelque part, le chaton abandonna tout espoir de survivre. Par chance, ses mouvements erratiques finirent par lui mettre une racine sous la patte, qu'il agrippa de toutes ses forces... Mais ses forces étant bien ridicules. Une bourrasque de vent un peu trop grosse, et il allait certainement décoller et tourbillonner dans les cieux, jusqu'à ce qu'un éclair le foudroie et le tue sur le champ. L'idée l’apeurait tant qu'il n'arrivait même plus à glapir dans l'espoir que Tache d'If le trouve. Non, cloué un sol comme un mulot tailladé par des griffes de chat, il se réfugiait en position fœtus dans la crasse.

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PV TACHE D'IF

Le vent et la pluie giflaient son corps comme le plus violent des chats, ne laissant aucun répit au petit. Ses griffes étaient tellement crispées autour de la racine qu'elles lui rentraient dans les coussinets. Peut-être même qu'il y avait des petits trous, voir des gouttes de sang, tant il les serrait fort. Sa mère en serait fâchée. Coeur Fleuri aussi. Les deux seraient tellement en colère; leur voix gronderaient comme le tonnerre. Enfin. S'il était encore vivant une fois que la tempête serait passée. Oh, Étoiles, qu'est-ce qu'il était dans les beaux draps.

Un poids lui tomba dessus.
Il couina; sa bouche se remplie d'eau. Il s'étouffa, crachant le liquide comme il le pouvait. Mais avant qu'il ne puisse se vider entièrement les poumons, des crocs se plantèrent dans son cou. Il gémit à nouveau. Mais la mâchoire avait une tendre prise sur sa peau. Solide, mais rassurante. Sa maman, peut-être? Ou sinon, Tache d'If? L'idée de le demander ne lui vint même pas à l'esprit; il tremblait beaucoup trop pour que des mots parviennent à sortir de sa bouche, encore moins qu'ils se fassent entendre par-dessus tout le vacarme.

Une bourrasque les secoua, si violente que même sa protectrice en tomba presque. Dur de dire si c'était les gouttes ou les larmes qui ravageaient le visage du petit. Il fut au moins rassuré d'entendre la voix de la femelle. Non seulement il comprit qu'il s'agissait de Tache d'If (ce n'était pas sa maman, mais si proche!), mais il eut également un petit espoir de s'en sortir, finalement. La tigrée allait le protéger. Il en aurait presque pleuré de joie.