«Lost.» | W/Nuage de Rosée - end

Le soleil de midi était le plus chaud de tous. Ça, tous les félins le savait. Tous désiraient profiter du soleil tant qu'il était haut, tant qu'il tapait fort. Cœur de Coyote n'était pas en reste. Ayant été sélectionné pour la patrouille matinale, il n'avait pas d'autre chose de prévu dans la journée. Peut-être un peu de chasse et encore... si le cœur y était. Aucun vent ne soufflait dans la forêt. Tout était calme, silencieux. Trop peut-être. Lassé de cet étrange silence pesant, le mâle décida d'aller se dégourdir les pattes pour, pourquoi pas, s'installer au soleil ailleurs. C'est ainsi qu'il se leva, sans saluer au passage ses camarades de Clan. Il sortit du campement ensommeillé et prit la direction d'un endroit qu'il ne fréquentait habituellement pas : le Grand Sycomore.

Cet arbre immense était le terrain de jeux favoris de tout membre du Clan du Tonnerre. D'abord parce qu'il offrait quiétude et sérénité (peu de fréquentation en journée) et puis parce que le tronc de l'arbre permettait à tous de s'adonner à une activité fort appréciée dans le Clan : l'escalade. Cœur de Coyote aurait pu y emmener Nuage d'Ortie, son apprentie. Mais il ne le fit pas, d'abord parce qu'il n'avait pas très envie de se prendre la tête avec cette petite teigne mais également parce qu'il était un mauvais grimpeur. En effet, à cause de son imposante stature, le guerrier était peu agile. Il avait su développer des techniques bien à lui pour s'adonner à la pratique qui faisait la réputation du Clan du Tonnerre, mais celles-ci s'avéraient moins performantes que celles des autres félins du Clan. En même temps, on ne peut pas être bon en tout, grommela intérieurement le félin.

Bientôt, son pas rapide le mena devant l'arbre immense. Il dut plier la nuque pour parvenir à en voir la cime, qui était à moitié cachée par d'autres arbres colossaux. Cœur de Coyote vérifia que personne n'était à l'horizon et s'avança comme si de rien n'était vers le tronc de l'arbre. Celui-ci se présentait sous la forme d'un gros tronc comme éclaté en plusieurs petits troncs. L'escalader ne serait pas simple, mais pas trop compliqué non plus. Un bon entraînement pour le matou grisâtre qui en avait décidément bien besoin. Sans hésiter plus longtemps, le guerrier fila entre les branches, là où toutes s'éparpillaient à droite et à gauche. Il fit le choix de se diriger vers une branche plus basse et plus épaisse que les autres pour commencer. Ses griffes bien implantées dans l’écorce, il se hissa sans peine sur l'épais bout de bois. Facile, se dit le mâle. Il repéra alors une autre branche, qu'il choisis comme appuis. Celle-ci était plus fine et moins stable. Aussi Cœur de Coyote s'y sentait moins à son aise. Bien vite cependant, il se stabilisa et parvint à s’asseoir. Là, je domine. Quelle jolie vue l'on a, de haut ! Un jour, je siégerai sur le promontoire pour y faire mes discours. Je ne me lasserai jamais de la vue qu'on a de la haut !

Le grand guerrier s'installa de tout son long. Un rayon de soleil plus pâle qu'un rayon de miel vint choir sur son pelage granit. Quelques minutes passèrent et Cœur de Coyote se crispa soudain. Il avait senti quelque chose. Quelque chose d'anormal. Un étranger. Un étranger est ici ! Cœur de Coyote rampa lentement sur la branche plus ou moins stable, afin de pouvoir avoir une meilleure vue d'ensemble.

Ça y est. Il pouvait la voir. La petite féline se savait observée. Elle avait levé la tête vers le félin, qui avait croisé son regard. Il n'eut d'abord aucune réaction, mais lorsqu'il comprit que ce fumet était étranger, il eut un large sourire. Un sourire que lui seul pouvait savoir ironique. Un bon gros sourire béat et niais étalé sur un visage qui n'avait vraisemblablement pas l'habitude d’accueillir tant de niaiserie. Il n'avait pas l'habitude de mentir sur ses émotions, aussi ce sourire pouvait-il paraître extrêmement malsain pour celui ou celle qui le voyait. Mais il ne voulait pas faire fuir l'intrus, non. Il savait qu'il mettrait longtemps à descendre de l'arbre. Il ne voulait donc pas l'insulter pour qu'elle prenne la fuite à travers les bois. Il se détourna donc et entama la descente. Après de longues secondes, il reparut. Heureusement, la branche sur laquelle il se trouvait n'était pas très haute. Il bondit en direction de la féline. Oui, c'est une féline, je peux le sentir à sa délicieuse odeur. Cependant, plus il s'approchait, plus il constatait sa taille ridicule. Mais... c'est une gosse !

Plus il s'approchait, plus il sentait également l'odeur la plus détestable de tous les temps : l'odeur du Clan de la Rivière ! Que je suis sot, l'odeur des félines me fait réellement perdre tout sens logique des choses. La mine renfrognée, les griffes sorties, il s'approcha à distance raisonnable de la jeunette et la héla :

- Hé toi ! Tu sais où t'es ? Pas chez toi ! Qu'est ce que tu fiches ici, hein ?

Cœur de Coyote huma l'air d'un air méprisant. il se mit en position défensive et se surprit à imaginer les guerriers du Clan de la Rivière l'assaillant de toute part. Et s'il étaient cachés là, quelque part, dans les bois ? Ils auraient envoyés une apprentie pour qu'on ne se méfie pas ? Le guerrier gonfla son pelage et cracha :

- Déclines ton identité et rentre chez ta mère, chaton ! Sinon, c'est moi qui vais t'y emmener par la peau des fesses !

Le guerrier du Clan du Tonnerre grondait et feulait tout ce qu'il pouvait. Le poitrail bombé, il s'avançait d'un air menaçant vers la jeune femelle.

Il s'approcha encore et encore, pour que la petite chose puisse se rendre compte de qui elle avait affaire. Cœur de Coyote la dévisageait avec le plus grand mépris affiché sur le visage. Pour qui se prenait-elle, n'avait-elle pas de museau ? Ils éduquent vraiment leurs chatons n'importe comment, ces faces d'anguilles putréfiées ! L'apprentie était pétrifiée. La peur se lisait dans ses prunelles, elle suintait l'inquiétude. N'importe qui aurait pu la sentir. Qu'est-ce qui l'avait poussé à traverser la frontière ? Le guerrier lui avait demandé de décliner son identité et la toute jeune ne se fit pas parier deux fois :

- Je ne suis pas un chaton d'abord et mon nom est Nuage de Rosée !

Cœur de Coyote serra les crocs et gronda sourdement. Nuage de Rosée ou Nuage de Crotte ça m'est égal, petite, pensa le guerrier.

- Que fais-tu là, Nuage de... Je ne me souviens déjà plus. Tu as devant toi Cœur de Coyote, le félin qui va te faire dégager d'ici à grands coups de pattes dans le derrière si tu te bouges pas de me dire comment et pourquoi tu es ici.

D'habitude, Cœur de Coyote tapait avant de parler. Mais il avait devant lui une apprentie. On ne fait pas n'importe quoi avec les plus petits que sois et bien que le mâle haïssait profondément les félins du Clan de la Rivière, jamais il n'oserai poser une patte sur un apprenti qui n'avait pas encore expliqué son erreur, son intrusion. Tout le monde avait le droit à l'erreur, Cœur de Coyote n'était pas un de ces sans cœur du Clan de l'Ombre. La justice faisait partie de ses valeurs. Il fallait bien dépasser la haine pour parvenir à ses fins de façon plus ou moins pacifique et juste pour tous ! Peut-être cet apprentie avait-elle fuit quelque chose. Ou quelqu'un ? Fuyait-elle son clan ? Cœur de Coyote redressa le menton, la lueur de haine dans son regard s'assagit quelques peu. Il n'arriverai pas à tirer les vers du museau à l'apprentie s'il employait la technique habituelle. Elle n'était sûrement pas rodée en matière de manipulation de la parole et ne se méfierai peut-être pas d'un ton un peu mielleux. Cœur de Coyote essaya de prendre un ton plus adéquat à la diplomatie.

- Ok, chaton. Je ne vais pas te manger. Enfin, pas tout de suite. N'essaie pas de courir, n'essaie pas de t'enfuir, tu n'as aucune chance en forêt. Dis moi seulement ce que tu fais ici et je saurai me montrer... juste.

- Je... je m'excuse... C'est juste que... je m'ennuyais dans mon Clan... Personne ne fait attention à moi, je n'ai même pas de mentor alors que je vais presque avoir 8 lunes... J'ai quitté le campement pour prendre l'air et me changer les idées. J'aime l'eau alors j'ai décidé de faire un tour dans la rivière et.... et je me suis trouvée de l'autre côté... J'aurai du faire demi-tour... je le sais... excuse moi Cœur de Coyote...

Cœur de Coyote resta coi. L'apprentie avait prit la fuite, c'était évident. Elle semblait dévariée. Voilà une bonne occasion d'en savoir plus sur nos voisins, pensa le mâle. Cœur de Coyote n'était pas un menteur émérite, mais il savait faire preuve de diplomatie. Le tigré avait le discours facile et savait faire preuve d'une politesse et d'une courtoisie exemplaire. Il allait se servir de ces donc à loisir. Alors peut-être l'apprentie lui accorderait-elle toute sa confiance... Cœur de Coyote s'assit et enroula sa queue autours de ses pattes. Il s'efforçait de cacher sa haine des félins du Clan de la Rivière. Mais cette jeunette ne méritait pas son dégoût. Elle n'avait peut-être pas été pervertie par son exécrable meneur. Toute son éducation était à faire.

- Ton Clan manque de guerriers ? Au Tonnerre chaque apprenti a son mentor, clama-t-il. Ta curiosité... tu la payeras un jour, feula-t-il.

Il marqua un pause, le bout de sa queue dansait d'énervement. Ô combien il désirait sauter à la gorge de cette apprentie... Mais patience.

- Mais ce jour n'est pas venu. Pourquoi ton Clan ne peut-il pas s'occuper dignement des jeunes ? Tous les guerriers sont-ils occupés à se pavaner ou à rêvasser au soleil ? C'est réellement dommage, Etoile du Corbeau ne voit pas l'avenir magnifique qui s'offre aux jeunes, il préfère peut-être se concentrer sur ses vieux croûtons de vétérans. Tu sais, il faut parfois savoir céder sa place. Ton meneur sait-il, au moins, ton désarroi ? L'en as-tu informé ?

Le félin s'interrogeait sur la présence des guerriers de la Rivière. Avaient-ils tant de choses à faire ? Ne s'occupaient-ils pas, de temps à autre, des plus jeunes ? Cœur de Coyote allait avoir des choses croustillantes à raconter à Etoile de Suie.

HRP : Désolée du retard, je viens de finir les exams, donc ça ne se reproduira plus x.x'...

- Je... je pense que je n'ai pas besoin de lui dire. Il devait surement s'en rendre compte en me voyant traînasser devant la tanière des apprentis jour après jour... Il devait surement avoir de bonnes raisons... Mais je pense que je dois partir, je n'aurai jamais du m'aventurer ici...
- Non effectivement tu n'aurai pas dû, confirma-t-il d'un ton soucieux, mais pas agressif.

Le mâle soupira d'un air théâtral qui ne lui ressemblait pas. Mais ça, l'apprentie ne pouvait pas le savoir, elle ne le côtoyait pas tous les jours. Là était sa chance.

- Je vais te raccompagner, Nuage de Rosée. Tu sais, j'ai été jeune moi aussi. Je sais ce que c'est, l'appel de l'inconnu. Mais... dans le climat actuel, s'aventurer ici est très, très dangereux. Certains de mes collègues n'hésiteraient pas beaucoup à chasser tous les intrus sans autre diplomatie que les coups de griffes et de crocs.

Il commença à se diriger vers la sortie de la combe dans laquelle se trouvait le Grand Sycomore.

- Tu sais, je pense quand même que tu devrai informer face-de-... Corbeau de ton problème. C'est pas normal de pas avoir de mentor à ton âge. Enfin, je sais pas trop comment ça fonctionne chez vous, mais chez nous les apprentis ne lambinent pas !

Ils sortirent bientôt de la clairière, avançant vers la rive. Elle n'était pas très éloignée du Grand Sycomore.

- Et puis, si jamais tu veux vraiment partir, comme tu l'as fait aujourd'hui, je patrouille souvent dans les environs. Tu sais où me trouver, fit-il, mielleux. Même pour discuter.

Etoile de Suie ne crachera pas sur un matou de plus, pensait-il. Surtout si elle peut venir nous apporter quelques informations. Il se jura de parler de cette rencontre à Etoile de Suie dès qu'il en aurait l'occasion.

HRP : Je me suis permis de nous déplacer mdr tu me dis si ça convient pas, je changerai ! Je te propose qu'on close bientôt et qu'on relance, si tu veux, un autre RP un de ces 4 ? :D