Anomalie sur le territoire de l'Ombre [feat Nuage de Vipère + Étoile du Serpentaire (AT END)] - abandon

La Vipère revenait penaude d'une patrouille de chasse. Elle avait réussi à rater un merle espiègle. Elle était honteuse et se sentait comme la risée de cette patrouille. Personne ne s'était moqué, mais elle s'était fait un monde, comme si tout tournait autour d'elle et que les guerriers n'avaient que ça à faire de se moquer d'une apprentie loupant sa proie. Elle s'éloigna du groupe qui se dirigea instinctivement vers la pile de gibiers. Elle se mit à l'ombre d'un sapin et fit soigneusement sa toilette afin de remettre son poil en place. Le temps était lourd, presque orageux. Les yeux de la petite se levèrent au ciel. Des longs nuages gris prenaient leur place dans le ciel pourtant si bleu il y a quelques minutes. Par ce temps, elle n'était pas très à l'aise et sentait le besoin de se défouler, sauter partout. Évidemment, elle ne le ferait pas, déjà bien contentée de son pitoyable échec.

C'est avec discrétion qu'elle se dirigea vers la sortie saluant poliment les guerriers chargés de surveiller cette dernière. A l'extérieur du camp, elle soupira longuement, comme si la pression atmosphérique avait soudainement disparue. Elle marcha à travers la forêt, sa silhouette glissant entre les sapins. Dans sa trotte, elle écoutait chaque bruit qu'elle pouvait percevoir. Les oiseaux sifflotaient, le bruit de ses pas sur le sol d'épines apaisaient son instinct primitif qui lui disait de s'agiter. Ses pas la menèrent non loin du chemin du tonnerre, un peu comme à chaque balade en solitaire qu'elle faisait. Elle appréciait beaucoup cet endroit, malgré le vacarme affolant des montres de ferraille et l'odeur qui émanait du sol noir. Aujourd'hui, la route semblait calme. Elle s'arrête à un ruisseau d'eau claire. Elle but goulûment, abattue par ce temps qu'elle ne comprenait décidément pas. Elle s'asseyait, enroulant sa queue touffue autour de ses duveteuses pattes. Elle voyait à travers les buissons, qui séparaient son monde à celui des bipèdes, les choses de métal traverser avec vitesse. Tout ceci lui rappelait énormément de souvenirs. Notamment sa petite escapade nocturne où elle avait la plus ou moins charmante rencontre de Fleur Cendrée et d’Étoile du Lion. Elle avait fait preuve d'une insolence terrible cette nuit-là. Étoile du Serpentaire, à l'époque Œil du Serpentaire, était venu. L'écaille-de-tortue ronronna amusée par ce doux souvenir qui lui semblait déjà si lointain malgré son jeune âge. Ou bien la fois où elle avait rencontré cette minable apprentie. Toutes ces rencontres avec les chats du Tonnerre avaient été si mauvaises que la Petite en gardait un mauvais souvenir et n'avait plus jamais envie d'en entendre parler, tant la vexation avait été forte.

Il faut croire que ce jour-là, le destin avait été joueur. Comme arrivée de nulle part, une femelle brune et blanche arrivait comme une fleur près de la frontière de l'Ombre. Nuage de Vipère aurait presque eu pitié avec l'air surpris sur le visage de l'autre, ou pas. A pas de loup, elle s'était approchée des fourrées vertes. Quelques branches craquèrent sous ses épaisses pattes, mais soit. Aussitôt la femelle réagit.

- Qui est là ? Je me suis égarée et j'en suis navrée !

Elle était plus jeune que la Vipère, mais à peine plus petite en taille. Il faut dire que l'écaille n'était pas bien grande non plus, mais elle s'en fichait royalement. Le regard hautain, un sourire malsain dessiné sur le doux visage de l'Apprentie guerrière, elle s'approcha de l'autre. Elle huma son odeur et des doux parfums de plantes embaumèrent son museau. Ce n'était pas n'importe quelle femelle, mais un apprentie guérisseuse.

- Tiens, tiens. Mais que vois-je ? Serait-ce une biche de la belle forêt s'aventurant dans les Marais des rats ? Que fais-tu ici, ton territoire n'a pas assez de plantes donc tu te sens obligée d'en voler sur NOS terres ? Je vous connais les chats du Tonnerre, vous êtes tous les mêmes !

Le poil de Nuage de Vipère se gonfla, ses babines se soulevèrent dévoilant ses crocs. Elle était prête à l'attaque, mais elle laisserait une chance à cette minable de s'en sortir, qu'est-ce qu'elle est gentille cette douce Vipère.

HRP:

Le temps lourd se faisait ressentir, tombant sur les épaules de la Vipère, presque shootée par ce temps qui la rendait molle, non, en fait, bien au contraire, ce temps énervait la petite. La femelle de l’Ombre avait toujours les muscles tendus, prête à attaquer. Elle regarda l’apprentie guérisseuse avec un regard dominant et froid. La féline du Tonnerre sembla paniquer face à l’agressivité de Nuage de Vipère. La femelle brune et blanche était tombée au mauvais moment sur l’écaille. Elle était d’une humeur de massacre. Peut-être qu’en temps normal elle l’aurait laissée partir, en la grondant et en prenant un air hautain.

Elle passa son regard sur l’apprentie-guérisseuse, la sondant. Non, elle n’avait pas de plantes, mais soit. Que fait-elle chez eux dans ce cas ? On ne se balade pas comme ça sur les territoires ennemis, sauf pour un vieux sénile, ce qui n’a pas l’air d’être le cas de cette pauvre demoiselle. L’autre lui jeta un regard glacial qui ne fit ni chaud ni froid à l’apprentie écaille. Elle savait très bien qu’elle ne savait pas se battre, puisqu’elle était apprentie guérisseuse. Elle semblait toute jeune qui plus est, la Vipère n’est pas stupide, bien loin de là.
L’autre blablatait, essayant de se justifier et de se défendre comme elle le pouvait. Elle espérait peut-être que le Clan des Étoiles tomberait du ciel, comme une fleur, pour la sauver des griffes de la vilaine Nuage de Vipère. Pauvre petite. Elle hochait la tête en souriant bêtement, plus l’autre se défendait. Sa queue battait l’air de plus en plus rapidement, lassée par elle. L’écaille s’asseyait, posant mollement son derrière au sol. Elle bailla, faisant mine de se détendre, comme si elle lui laissait une chance de s’en aller. Sa queue, encore une fois, trahissait toute émotion. La Vipère frapperait, doucement, se cachant fourbement.

Prise d’une pulsion, elle se jeta soudainement sur l’autre, lui griffant férocement l’épaule, de haine. Nuage de Vipère ne craignait pas la haine du Tonnerre. Après tout, elle ne faisait que son devoir de guerrière non ?

HRP:

L’apprentie guérisseuse repoussa sans mal Nuage de Vipère, qui retomba avec nonchalance sur ses pattes. Elle fulmina davantage. L’autre s’avança calmement vers elle, balançant quelques paroles pacifistes, pour défendre son compte. L’écaille pensa que c’était de la pitié, pensait-elle réellement qu’elle n’était pas capable de se battre ? Les longs nuages gris crachèrent de la pluie et Nuage de Vipère sentait que le temps virait à l'orage, ce qui l'énervait encore plus. Ce temps lourd s’abattait davantage sur elle et elle eut encore plus chaud, surtout avec ce pelage épais.
La queue battant l’air, elle feula.

- Arrête de jouer la gamine parfaite. Elle lui lança un sourire narquois. Avoue tu as envie de me frapper, allez, vas-y, frappe-moi ! Elle s’arrêta une fraction de seconde avant de reprendre. A moins que tu sois trop lâche pour le faire ?

Elle se jeta à nouveau sur elle, avec plus force et tenta de lui mordre l’oreille tout en crachant sur la jeune femelle. Nuage de Vipère était agressive, et elle ne s’en cachait pas. Mais, c’est vrai que si quelqu’un arrivait, elle serait fortement gênée de son comportement primitif. Au fond, elle ne fait que son devoir, se battre pour les frontières, et si cette petite sotte du Tonnerre ne savait pas les respecter, c’était juste son problème, tant pis pour elle. Elle s’en voulait tout de même de s’être faite repousser si facilement. Le combat n’était vraiment pas son point fort et elle commençait même à préférer la chasse, qui était bien plus subtile que le combat qui lui paraissait brutal et pour les gens écervelés, comme elle ?

HRP:

Shadow

Le temps n’était pour le moins pas radieux, en cette journée qui s’annonçait aussi banale que les autres. Le soleil pointait de temps en temps le bout de ses rayons, rendant l’atmosphère lourde, et les marais particulièrement instables. Étoile du Serpentaire détestait ce genre de temps. Et c’était aujourd’hui qu’il avait décidé de prendre la tête d’une patrouille de chasse. Cela faisait longtemps qu’il n’était pas sorti avec une troupe de guerriers, solitaire de nature, il appréciait pourtant la compagnie de certains félins, comme Jour Pluvieux. La patrouille ne mit pas longtemps à débusquer quelques proies. Suffisamment pour nourrir toute la pouponnière, qui s’agrandissait de jour en jour.

Un petit bruit fit dresser l’oreille du charbonneux. Les sens en alerte, il sonda la forêt, à la recherche du bruissement de feuilles qu’il venait d’entendre. Non loin, à sa gauche, un oiseau picorait le tronc d’un arbre mort. Le Serpentaire reconnut sans mal le plumage de la grive et, lentement, il s’enfonça. Ses pattes glissèrent doucement sur les épines des pins, contre le vent, le charcoal n’eut aucun mal à s’approcher du volatile. D’un bond, il sauta par-dessus le tronc et faucha sa proie au passage. Il referma ses crocs sur le coup de l’animal, et lui ôta la vie d’un coup de dent. Il s’essuya les babines trempées de sang et indiqua à la patrouille qu’elle pouvait rentrer seule. Le Serpentaire avait encore envie de chasser, sa prise l’avait mis en jambe. Il se remit donc en route, se dirigeant vers le chemin du Tonnerre, là où les écureuils pullulaient. Mais alors qu’il s’approchait, un éclat de voix lui parvint, et le charbonneux se stoppa net. Le vent lui apporta alors l’odeur nauséabonde du chemin sombre, ainsi que celle de deux femelles. L’une se fondait sans mal avec l’odeur de l’Ombre, tandis que l’autre provenait sans aucun doute au Clan du Tonnerre, avec son odeur boisée. Lentement, le Serpentaire s’approcha et se glissa discrètement dans un buisson pour observer la scène.


« Et tu devrais savoir que tu n’as pas le droit de toucher aux guérisseurs ! Je t’invite donc à arrêter tout de suite ce manège ! Car tu ne m’impressionnes pas ! »


Ainsi le Clan du Tonnerre avait une nouvelle apprentie guérisseuse. Qui ne connaissait visiblement pas les frontières. Quelle chance pour elle d’être tombée sur Nuage de Vipère. Ou pas. La petite écaille s’assit, sa queue battait nerveusement l’air, donnant de précieuses informations à la guérisseuse, qu’elle ne remarqua même pas. La Vipère secoua la tête, bailla même et soudain, bondit. La petite portait bien son nom, et faisant honneur à son Clan, elle entailla l’épaule de la féline crème. Mais la vile créature s’était préparée mentalement, prouvant qu’elle n’était peut-être pas venue uniquement pour chercher des plantes. Elle était prête au combat, et riposta en donna un coup de tête dans l’épaule de la novice de l’Ombre. Elle se mit à lécher son épaule, qui n’avait été qu’écorché, et se remit à supplier l’écaille, reconnaissant ses fautes et proposant même de se rendre au camp de l’Ombre. Sa voix trembla lorsqu’elle parla de punition, ce qui fit tiquer l’empereur. Allons, allons, ce bon vieux Étoile du Lion ne pouvait pas punir une si frêle et jolie apprentie. Quelque chose n’allait pas. L’empereur gronda lorsque la Vipère se mit à provoquer l’apprentie guérisseuse, elle voulait la faire craquer, qu’elle fasse l’erreur de se battre au lieu de respecter la trêve des guérisseurs. Nuage de Vipère était intelligente. Et le Serpentaire regretta une nouvelle fois que la petite écaille soit la novice de sa sœur. Elle méritait bien mieux. Se jetant une nouvelle fois sur l’apprentie crème, elle lui griffa cette fois si l’oreille, et la novice du Tonnerre ne put rien y faire. Elle garderait certainement cette cicatrice à vie, et montrerait à son camp qu’elle n’était peut-être pas une si bonne guérisseuse. C’est à ce moment que le Serpentaire sortit de sa cachette. Lentement, il s’approcha, de sa démarche de panthère et son sourire cruel, des deux petites et posa sa queue sur le dos de la Vipère, la félicitant silencieusement. Il s’installa entre les deux femelles, et garda les griffes sorties, toujours tachées du sang de la grive qu’il avait chassé. Il ne s’assit pas, voulant intimider le petit écureuil, qu’elle garde en souvenir son intrusion sur le territoire du Clan de l’Ombre jusqu’à la fin de ses jours.


« Allons, allons mesdemoiselles, il suffit. Que viens-tu faire ici, petit Nuage ? »


Il ronronna cette phrase, qui aurait pu être bien interprété avec la voix chaleureuse du Serpentaire. Mais tout cela n’était qu’une façade, et personne n’était assez bête pour ne pas le voir.

GALLINEA

HRP: