Des Blondes - ft. Coco

18 h. Jean-François enfila son casque pailleté d'argent et enfourcha son cheval 2.0 rose. Quand il roule, tout le monde se retourne pour regarder ce drôle de spectacle. Un mec sur une mob' rose et avec un casque brillant. Ça court pas les rues. Alors tout le monde dans la banlieue connaît JF. Parce que Jean-François putain. Personne comprenait ce qu'il foutait au Zéphyr. Lui, il dit vouloir tisser des liens. Tout le monde pense qu'il veut juste se taper du monde. Ouais. Pas faux, pas vrai.

Quoiqu'il en soit notre Don Juan arrive au bar-tabac « La Rosace ». C'était le mieux fréquenté. Que des crapules dans cette vieille banlieue. Jean-François c'était le chic, lui. Ou le bobo, à vous de voir. Après avoir retiré son casque d'une manière des plus théâtrales et avoir lancé un jolie sourire aux belles filles qui traînent dans le coin – ça ne court pas les rues ça non plus – Monsieur rentre dans le repère des alcooliques. Pas pour boire, non. Lui il achetait pas cet alcool bas de gamme (même s'il était fauché). Il achetait juste un paquet de blondes. Parce que tout ce qui lui restait c'était se crever les poumons. Il vivait dans un vieux taudis avec des colocs tout le temps shootés. Alors pour éviter de piquer des crises de nerfs il fume beaucoup, ouais. Le Chevalier Servant a lui aussi ses failles.

Après avoir acheté ses cigarettes, il sort tranquillement. Sans faire exprès il rentre dans un mec baraque, qui faisait bien deux fois son poids. Putain, il s'est foutu dans quelle merde.

- Excusez-moi très cher. Balbutia t-il.

Il essaya de filer en scred. Pas sûr que l'autre le laisse s'en sortir comme ça ...

Avant de s'échapper comme le rat lâche qu'il était, l'autre mec commença à s'énerver mais Jean-François garda son petit sourire séducteur. Le mec l'attrapa par le bras puis lui tint le col de la chemise en s'énervant comme les hamsters de Jean-François quand il oubliait de leur donner à manger - Jean-François avait très peur de Hamtaro et Mickey . Il lui montrait ses dents comme un chien, et le Playboy se retint de pouffer. Il lança juste un sourire en coin aux demoiselles qui disait « Tout est sous contrôle ». Rien n'était sous contrôle.

- Attends attends... Toi tu roules ? Fit-il, riant. Qu'est ce que tu viens faire par ici, blondinette à roulette.

JF, d'un air sensuel balança ses boucles blondes en arrière. Une forte odeur de monoï se fit alors sentir. Il sourit à l'autre, en essayant de se dégager de l'emprise de cet homme putride.

- Mon ami, bien sûr que je roule. Tu n'as jamais donc entendu parler de Jean-François, le chevalier du Zéphyr ?... Triste vie ... Dire son gang n'était jamais une bonne idée. J'achète juste mes blondes. Ne t'excites pas mon lapinou.

Le mec baraque ria un bon coup avec de relâcher un peu la pression sur le col de chemise du beau JF. Le Don Juan garda son sourire, bien trop fier pour montrer un quelconque soulagement.

- Et bah, Jean-machin, j'suis bien content d'avoir rencontré le chevalier des beaufs. T'es du Zéphyr alors hein ? Si tu veux acheter des blondes, c'est pas ici qu'il faut venir. Il faut aller dans un bordel, mon mignon. Fit-il en se marrant.

Jean-François comprit tout de suite qu'il faisait face à un idiot complet. Il ne savait pas ce que c'était des blondes. Il lui fit un beau sourire blanc. Tellement blanc que l'on pouvait s'y voir - enfin c'est ce qu'il pense, il a mis 10 balles dans un dentifrice blancheur, ses dents ont intérêt à scintiller.

- Je suis pas beauf, mon bichon. JF sortit quelque chose de sa poche dans son long trench-coat gris. Il montra alors le paquet de Marlboro. C'est ça des blondes. Tu as cru que j'avais besoin d'aller chercher des filles dans leur club ? Ahah, elles tombent toutes à mes pieds. Il rebalança ses cheveux soyeux en arrière et fit un clin d’œil aux filles proches, comme pour soutenir ses propos.

- Alors, Jean-machin, tu te plait chez les chauves ? Le bien-bâti passa son bras autour du cou de Jean-François qui fut répugné par l'odeur de transpiration qui emplit ses narines. Il dégagea son bras, en haussant les sourcils avec mépris. Allez viens, on va se balader toi et moi. Au fait, moi c'est Kurt. Sous-chef de la Fraternité.

Jean-François voyait soudain la grosse plouc qui gérait la fraternité. C'était d'ces faux hippies qui dealaient. Enfin, ils les aimaient bien. Il aimait bien tout le monde. Ou pas.

- Si c'est pour me parler de la Mairie j'en ai rien à foutre mon lapinou. Mais soit, marchons. On va où ? Dit-il, toujours en lui souriant.

- La Mairie, je l'emmerde. Tu sais dire autre chose que des mots bourgeois, Jean-ai-rien-à-foutre ?

JF fit une petite mine hautaine avant de sourire, gêné de la blague de Kurt. Autant Jean-François avait du sens de l'humour, mais pour ce genre de vanne. Lui il était plus cassant. Ouais, cassant on va dire ça.

- Pardon d'avoir un vocabulaire trop intelligent pour toi, trésor.

- On va aller... Bah tiens, on va aller dans un bordel de la Lune Rousse, t'en penses quoi ? Jean-François écarquilla les yeux, étonné par la proposition de l'autre. Kurt ria d'un rire assourdissent. Allez, pète un coup, Jean ! On à qu'à... se balader sans faire gaffe. Tiens, d'ailleurs, t'en pense quoi de toutes ces donzelles de la Lune Rousse ? Elles sont un peut timbrées non ? Moi je pense qu'avec des filles aussi dingues et manipulables, le chef doit se régaler...

Tandis que Kurt parlait de la nouvelle secte tout en marchant. JF sortit une cigarette et l'alluma avant de la mettre à sa bouche. Il en proposa au bras-droit de la Fraternité, en guise de fausse sympathie. Le blond se doutait bien que Kurt fumait tout autre chose.

- Ouais. Elles sont toutes folles et illuminées. Si tu veux mon avis elles veulent toutes se faire le vieux mec qui leur sert de chef. Fit-il, avec un rire amer.

JF n'avait jamais vu le gourou de ces barjos, mais il en avait entendu des vertes et des pas mûrs sur lui. Un sale type pas très fréquentable (en plus sa voisine lui a même dit que c'était un fanatique de ciseaux). Jean-François ne comprenait pas pourquoi ni comment on pouvait rejoindre une secte. Même lui n'avait jamais été tenté. Même lui. Tandis qu'ils marchaient tous les deux sur ce qui servait de trottoir, JF reprit la conversation.

- Sinon, je me demandais mon lapinou, c'est comment la Fraternité ? Enfin vous êtes un peu des ... Des hippies quoi ?

JF avait beau avoir des colocataires y appartenant il ne leur avait jamais vraiment posé la question. Il faut dire qu'ils étaient toujours dans les nuages.