Rentrer dans ta famille |W/ Sum (Ety) & Ôl (Cricri)

Cela faisait quelques jours qu’Ôl n’avait plus adressé la parole à sa colocataire. Enfin si, uniquement pour les choses essentielles comme passe moi le sel ou autres. Le jeune homme avait besoin de temps, autant pour comprendre pourquoi la rousse l’avait embrassé, mais aussi pour savoir ce que lui, il ressentait. Les deux jeunes gens se connaissaient depuis longtemps, il l’aurait su si la rousse ressentait autre chose que de l’amitié pour lui, non ? Enfin. Le jeune homme était complètement perdu. Il avait encore le goût de ses lèvres chocolatées sur les siennes, il n’arrivait pas à se sortir ça de la tête. Il était pire qu’un lycéen vivant sa première amourette. Le corbeau noir avait un cœur finalement.


Son dernier client venait de partir. Une petite jeune toute mignonne venue se faire tatouer les initiales de son fils. Dans d’autres circonstances, le jeune homme aurait trouvé ça gniangnian. Mais quand son prénom signifiait « rêve » on pouvait trop ouvrir sa gueule.
Il termina le ménage rapidement se dirigea vers la cuisine pour prendre un verre d’eau fraîche. Surprise, le frigo était encore presque vide. Et bien au moins, Ôl savait comment il allait terminer sa journée. Il lâcha un grand soupir, s’équipa de son foulard blanc et attrapa sa veste noire.


Il ne mit pas longtemps à rejoindre le quartier d’à côté, là où se trouvait la supérette. En chemin, il croisa quelques membres de la Fraternité, occupé à vendre leurs marchandises. Il leur adressa un signe de tête et s’éclipsa vite, ne voulant pas traîner près d’eux. Il tourna au coin de la rue et passa dans une petite ruelle.


« Tu te plaît toujours parmi nous ? On est pas trop vilain avec toi ? Si t’as un problème, tu m’appelles hein, je serais ravi de fracasser des sales types pour toi, ma mignonne. »


Ôl stoppa sa marche. Devant lui, Kurt, en compagnie de Summer. Il semblait bien s’amuser tous les deux. Après tout, pourquoi le jeune homme se prenait la tête avec ses sentiments depuis deux jours ? C’est comme ça que ça marchait avec eux. Surtout avec elle. Kurt ne changeait pas, Summer non plus. Il s’avança, jetant sa cigarette sur la route.


« Je peux savoir ce que vous faîtes tous les deux ? »


Est-ce qu’Ôl était possessif ? Probablement un peu trop.

Il s’était emporté ? C’était pas vraiment son genre d’ouvrir sa gueule en premier. Kurt détourna ses yeux des sacs de courses –ou de la poitrine de Summer, tout est une question de point de vue- et sur son visage se dessina un grand sourire. Trop grand sourire pour ne rien vouloir dire.


« Oh bah tient, voilà le grognon de service ! On s’est rencontré dans la rue y’a deux minutes. Puis elle est malencontreusement tombée, ses sacs de course avec, et je l’aide à les porter n’importe où elle veut, de toute façon j’ai rien d’autre à faire. Tu viens nous interrompre en mettant ta mauvaise ambiance de type grognon, Ôl ? Ou alors tu nous espionnais ? »


Le sourire arrogant de Kurt fit grogner le brun. Il aura eu un couteau sur lui, la lame aurait fini entre ses deux yeux.


« La ferme, Kurt. »


Summer qui, jusque-là, avait gardé les yeux baissés comme une enfant, avait enfin l’air de vouloir s’expliquer comme la grande fille qu’elle était.


« Ôl je… Je suis allé faire les courses parce que tu étais très occupé avec tes clients, je suis désolée si je ne t’ai pas prévenu mais… Je ne voulais pas te déranger… »


Comme c’est mignon. La voilà avec un faux air désolé sur le visage. « Pardon Ôl ! Désolé d’avoir dragué ton ami alors que je t’ai embrassé y a deux jours ! » Voilà ce qu’elle aurait dû dire. Les bras croisés, il les regarda un instant, un sourcil levé, son visage aussi hautain que d’habitude. Il n’avait pas envie de se prendre la tête. Il allait juste rentrer, boire un bon thé noir, et se coucher. Ou un long café. Il soupira en fermant les yeux et s’avança vers les deux personnes en face de lui.


« Comme c’est gentil de ta part Kurt. On t’a enfin appris les bonnes manières ? Ou t’espère juste pouvoir la serrer après ? Par pitié j’espère que tu l’emmenait pas au salon Sum’. »


Il s’avança encore, jusqu’à passer entre les deux et ébourriffa les cheveux de la rousse au passage.


« J’espère que t’as pas acheté trop de connerie. C’est mon portefeuille qui paye. »