Roots | W/ Ôl & Summer

Elle lui sourit, un petit sourire tendre qui rassura un peu le jeune homme. Il continua de jouer avec ces cheveux, qu’est-ce qu’il aimait les cheveux de sa belle. Summer les avait raccourcis peu de temps après la mort d’Isabel et Farlan. Juste avant qu’elle n’accepte le poste d’informatrice de la Fraternité. Ôl garda l’idée de rendre une petite visite à la chef de la Fraternité pour que Summer puisse changer de métier dans un coin de sa tête. Il se concentrait sur le mal de sa petite amie, attendait de comprendre ce qui avait Summer dans cet état. Même s’il n’était pas sûr d’être prêt à l’entendre. Pas que ce soit égoïste. Mais quand on parlait d’Anar, tout pouvait arriver.


« Je suis désolée je t’ai inquiété c’est pas ce que je voulais, alors que toi et Kurt vous essayez de digérer les nouvelles, j’ai pensé qu’à moi, je suis une parfaite égoïste. J’avais déjà entendu le nom « Anar » avant mais je ne me souvenais plus d’où. »


Non. Non il ne voulait pas entendre la suite. Il avait compris.

Tout était de la faute d’Anar.
Tout était de la faute d’Anar.


« Quand vous avez parlé d’égorgement, tout s’est éclairci. »


Il n’aurait jamais dû ouvrir sa gueule. Il n’aurait jamais dû se plier au caprice de Kurt. Il aurait dû le foutre à la porte. Le foutre à la porte quand il avait prononcé le nom de son père. Le nom d’Anar.

Parce que tout était de la faute d’Anar.


« À l’âge de 14 ans je suis rentrée à la maison. Mon père gisait au sol dans une mare de sang, on l’avait égorgé et ses yeux me regardaient tandis qu’il essayait de me dire quelque chose. Il m’a dit « Anar ». Je n’avais jamais compris… Jusqu’à aujourd’hui. En repensant à cette scène qui venait de s’élucider sans rien demander j’ai pris peur, je n’arrivais pas à m’enlever ça de la tête… »


Tout était de la faute d’Anar.


La main d’Ôl tomba mollement sur le matelas. Il l’a fixa, ne pouvait pas supporter de regarder le visage de Summer. Il fixa sa main, celle qui avait tué. Celle qui était trempée de sang. Celle qui avait causé tant de malheur.


Tout était de sa faute.
Tout était de la faute d’Ôl.


Le père de Summer était mort, il n’avait certainement rien demandé. Anar l’avait tué. Pour satisfaire son désir de sang, d’anarchie. Peut-être que si Ôl s’était rebellé, s’il n’avait pas été une coquille complètement vide, s’il n’avait pas laissé son oncle lui apprendre les rudiments de l’assassinat sans broncher, peut-être que moins de gens seraient morts. Moins d’enfants perdant leurs parents. Moins de vie brisée. Le père de Summer serait peut-être toujours en vie.


« Savoir que c’est Anar qui a tué mon père n’est qu’un détail. Ça ne change rien à aujourd’hui. »


Sauf que ça changeait beaucoup de choses. Et que Summer ne voulait pas se l’avouer. L’expression bienveillante de la rousse suffit à faire taire le brun. Lui qui voulait dire tant de chose préféra se taire, ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps. Il releva la tête, un petit sourire crispé qui était tout sauf crédible et il se releva complètement du lit. Il tendit un verre d’eau et un morceau de sucre à sa belle, se gratta la nuque.


« Je suis désolé, Summer. Désolé pour tout. Si… Si tu veux m’en vouloir, je comprendrais. »


Cherchant quelque chose à faire pour cacher son malaise, il attrapa la couverture qu’il avait sortie, la plia, la rangea.


« Tu te sens mieux ? Si tu veux faire quelque chose, prendre une douche, aller manger un truc, quoi que ce soit, tu me le dis ok ? »


Elle pouvait lui en vouloir. Elle pouvait lui faire du mal. Elle pouvait partir, le quitter pour toujours, il ne méritait certainement que ça.


Tout était la faute d’Ôl Yume.

HRP:

Summer avait encore tous foutu en l'air. Le faux sourire d'Ôl l'avais complètement abattu. Pourquoi elle se la fermait pas quand il fallait ? Putain mais pourquoi elle a raconté ça ? C'était sa vie. Ça la concernait elle et uniquement elle, Ôl n'avait rien avoir là dedans, il était la cause de son évolution, d'une Summer meilleure. La mort de son père était de l'autre côté, dans la vie de la Summer coincée.

Je suis désolé, Summer. Désolé pour tout. Si… Si tu veux m’en vouloir, je comprendrais.

Et là, elle devait parler ou se taire ? Elle ne savait pas... Mais qu'est-ce qu'elle avait envie de l'engueuler, de lui dire que rien n'était de sa faute. Finalement elle ne dit rien et se contenta de saisir l'eau et le sucre. Son homme rangeait la couverture.

Tu te sens mieux ? Si tu veux faire quelque chose, prendre une douche, aller manger un truc, quoi que ce soit, tu me le dis ok ?

Elle se désaltérait. Ce qu'elle voulait hein ? Elle en voulait beaucoup des choses ça c'est sûrs.

Je veux que tu arrêtes de penser que tout est de ta faute déjà.

Elle se releva, passant dans le dos d'Ôl.

Ensuite oui je vais prendre une douche, ça ira mieux après cette crise...

Avant de franchir la porte elle le regarda encore un peu.

Je ne t'en voudrais jamais pour une chose que tu n'as pas fait Ôl parce que je t'aime puis tu sais, le nom Yume ne me fait pas peur, après tout un jour je vais aussi le porter

Puis elle se dirigea vers la salle de bain, toute rouge. Putain elle avait toujours un comportement de pucelle de collège à se maudire à chaque fois qu'elle disait ce genre de phrase.

Elle saisit le verre et le sucre, avala quelques gorgées d’eau. Ôl continuait son pseudo ménage, remarqua que Kurt avait aussi déposé la bassine d’eau et le gant de toilette près du lit. Il semblait avoir repris ses esprits. Enfin le tatoueur n’en savait rien. Peut-être que le dealer était repartis. Et qu’il était entrain de se noyer dans l’alcool. Ôl soupira. Tout s’était passé beaucoup trop vite. Il détestait cette sensation, quand tout vous échappe et que vous ne pouvez rien faire. Que vous n’êtes que spectateur de votre chute.


« Je veux que tu arrêtes de penser que tout est de ta faute déjà. »


Ôl, surpris, se retourne. Summer se lève, le contourne. Il la suit du regard sans rien dire. Il pouvait lui dire la même chose. Après tout, c’était elle qui s’excusait toujours. Lui n’avait pas pour habitude de le faire.


« Ensuite, oui je vais prendre une douche, ça ira mieux après cette crise… Je ne t’en voudrais jamais pour une chose que tu n’as pas fait Ôl parce que je t’aime, puis tu sais, le nom Yume ne me fait pas peur, après tout un jour je vais aussi le porter »


Et elle ferma la porte, laissant Ôl complètement pris au dépourvu. Quelque chose qu’il n’avait pas fait. C’était vite dit. Mais peut-être que Summer n’avait pas besoin de connaître son implication dans certains meurtres. Contrairement à son oncle, Ôl se souciait toujours de savoir les noms des victimes. Afin qu’il se souvienne du tort que son oncle avait causé. Sa mémoire s’occupait de le punir en lui rappelant la liste des morts. Avant de rencontrer Summer, il n’avait jamais entendu le nom de Reel. Anar avait tué cet homme sans en informer son neveu. Soulagement. Mais combien de fois Anar avait-il tué en secret ? Il ne voulait pas le savoir. Il voulait que tout disparaisse de sa mémoire.

Il s’installa contre la porte de la salle de bain, restant à portée au cas où Summer replongerait. Il ramena ses jambes près de lui, ses joues prirent une teinte rosée. Summer Yume. Elle avait dit qu’elle porterait ce nom un jour. Mariage. Enfant. Il rougit encore plus, cachant sa tête dans ses bras. Tout ça c’était nouveau pour lui. Lui qui avait cru ne jamais pouvoir aimer. Summer avait tout changé dans sa vie. Tout comme Isabel et Farlan l’avait illuminé.

L’eau s’arrêta, indiquant que Summer avait terminé sa douche. Avant qu’elle ne sorte, Ôl se releva, s’installa sur le lit en tailleur, essayait de faire partir les rougeurs sur son visage en avalant une gorgée d’eau.

HRP:

Summer était entré dans la cabine de douche. L'eau commença à ruisseler sur son corps, des gouttes glissaient sur ses cheveux couleur crépuscule. La douche était un véritable remède et elle permettait aussi une bonne réflexion. Elle avait du mal à croire que Kurt et Ôl étaient cousins, ils ne se ressemblaient pas du tout appart pour les cheveux noirs. Était-ce Anar qui leur avaient légué ce trait ? Est-ce qu'il était brun au moins ? Peut être que leur maman aussi avait les cheveux noirs, elle n'avait pas demandé. Remarque leur demander était un peu bizarre, elle cherchait pas la petite bête genre "eh vous avez plein de traits de ce fils de pute". Summer s'étalait son gel douche tandis que le temps passait. Il fallait aller un peu plus vite, elle ne voulait pas qu'Ôl ni Kurt s'inquiète. Ils ont la fâcheuse tendance à beaucoup trop s'inquiéter pour elle, la rousse avait beau être frêle, elle n'était pas en porcelaine non plus. Ils se faisaient du mal, quelle bande de masochiste. Mais ils étaient gentils ces masochistes. C'était ses seuls proches. Ça manquait de filles tout ça ! Isa lui manquait, sa première amie était partie trop tôt. D'ailleurs sans elle Summer ne serait sans doute pas entrain de se laver chez Ôl, elle ne l'aurait probablement pas connu de la même manière et n'aurait pas chercher à squatter chez lui. Isabel lui avait donné beaucoup, dommage qu'elle ne soit plus là, la rousse ne lui à pas rendu tout ce qu'elle lui devait. Summer arrêta l'eau. Elle avait fini. Elle saisit une serviette, prit soin de pas tout mouiller par terre hum parce que Ôl et elle se décha. Ça ne prit pas longtemps, elle s'était vite habillée, restait ses cheveux oranges encore un peu humide. La rousse sortait, son petit ami l'attendait, assis sur le lit.

Au fait Kurt est toujours là ?

Il ne savait visiblement pas. Ôl et Summer descendirent alors, il était là en effet sur le canapé.

Désolée, on t'a fait attendre

:

La porte s’ouvrit, Ôl releva la tête. Il se passa une main dans les cheveux, enlevant les mèches qui lui tombait sur les yeux. Summer apparut, sur ses boucles rousses perlaient encore quelques gouttes d’eau et lorsqu’elle s’avança, Ôl dû résister à la tentation de jouer une nouvelle fois avec sa chevelure.


« Au fait Kurt est toujours là ? »


Ôl haussa les épaules. Il n’avait pensé qu’à Summer. Ce qui était plutôt normal. Mais à présent, il devait se reconcentrer sur Kurt. Il avait un cousin. Un membre de sa famille était en vie. Le petit monde qu’Ôl avait essayé de se construire à la mort d’Anar venait de s’effondrer. Il avait oublié ce que ça faisait d’avoir une famille. D’avoir des personnes qui partageaient le même sang que lui.

Il descendit du lit et rejoignit sa belle. Tous deux se dirigèrent vers le salon, y découvrirent Kurt, assis sur le canapé. Il tire une tête de six pieds de long, semble avoir dormi un moment. C’est pas tous les jours qu’on apprend que son père est un tueur en série. Ça laisse des traces. Ôl entendit vaguement que Summer s’excusait d’avoir mis autant de temps. Il était perdu dans ses pensées, fixait Kurt sans vraiment s’en rendre compte. L’image du dealer complètement perdu qu’il avait devant lui l’affecta. Dans un sens il pouvait le comprendre. Kurt avait besoin d’aide. Et Ôl était certainement la seule personne à pouvoir le faire. Le tout était de savoir s’il pouvait le faire. S’il en avait le courage. S’il pouvait faire face au fils d’Anar. Kurt n’était pas Anar. Et il ne fallait pas que ça change.


« On dirait que le petit remontant que je t’ai donné t’a suffi. »


Sa main se posa sur la taille de Summer, l’invitant à s’assoir plutôt que de rester debout. Lui s’installa par terre, s’assis en tailleur près de la table basse et sortit une cigarette de sa poche qu’il alluma rapidement. Il ne fumait pas souvent, mais avec les évènements du jour, il en avait terriblement besoin.

HRP:

Je suis désolée.

Ôl entama une cigarette et Kurt le rejoignait. Summer les regardaient, assise sur le fauteuil. Ils avaient l'air calme, tant mieux. Si égorgement était le mot qu'elle ne pouvait supporter, calme était le mot qu'elle aimait le plus. Le calme inspirait le bien, le bien était positif.

Avise toi de me redonner de ton remontant et tu verras les étoiles, alors, maintenant qu'on sait que mon paternel était un enfoiré de première qui en plus de ça, se trouvait être ton oncle, ça veut dire qu'on doit tout partager ?

Non sans mal le bras droit de la fraternité tel un pervers ayant réveillé son instinct de prédateur masculin faisait doucement glisser ses yeux sur la rousse. Summer ne savait pas si c'était sa tête ou sa poitrine qu'il observait et elle ne voulait pas savoir.

Pas.
Du.
Tout.

Prend pas la mouche petit cousin, ce n'était qu'un boutade. C'est pas parce que le paternel n'était pas drôle que je vais cesser de l'être. D'ailleurs on va rien changer. Je serai toujours votre supérieur quoi qu'il arrive, d'accord les enfants ?

Et on a souvent tendance à l'oublier Kurt n'a pas une tête de bras droit, il à l'air bien trop relax !

Merci de pas m'avoir jeté dehors, au fait. J'espère que tout va mieux pour toi, Sum'. On voulait pas te... brusquer ou un truc du genre.

T'inquiète pas, je vais bien répondait-elle pour par qu'il essaye ne serait-ce qu'une seconde de s'inquiéter lui aussi.

Et voilà ce que tu me fais faire, Ôl. Je pollue la planète. Il faut pas fumer mon garçon, c'est très mauvais pour la santé.

Moooh le pauvre il en avait besoin aussi... Summer remuait ses pouces. Elle ne savait pas vraiment quoi dire en fait, toute cette histoire avait été particulièrement éprouvante encore une fois.

On peut dire que ces dernières semaines étaient assez... Mouvementées

Ouais. Mais c'était marrant.

Ôl tira sur le filtre de sa cigarette, leva la tête pour recracher un nuage de fumée. Les yeux entre ouvert, il observa Kurt se pencher pour attraper le paquet de cigarettes, sans même demander. Balançant le briquet sur la table, peu après avoir allumé sa clope, il se redressa, posa ses yeux sur Ôl.


« Avise toi de me redonner de ton remontant et tu verras les étoiles. »


Il se ferait une joie de le faire, autant de fois que nécessaire.


« Alors, maintenant qu’on sait que mon paternel était un enfoiré de première qui en plus de ça, se trouvait être ton oncle, ça veut dire qu’on doit tout partager ? »


Ahahahah. Il est entrain de faire quoi là ? Le regard de Kurt glissa doucement vers Summer, un regard tout sauf sain. Ôl bascula la tête en avant, laissant la fumée se dissiper vers le plafond. Qu’il s’amuse à poser une nouvelle fois ses yeux de cette façon sur la rousse, et Ôl ne resterait pas aussi calme. Voyant que le tatoueur le fusillait du regard, Kurt se mit à rire, un rire gras qui résonna dans toute la pièce. Ôl renifla, méfiant.


« Prend pas la mouche petit cousin, ce n’était qu’une boutade. C’est pas parce que le paternel n’était pas drôle que je vais cesser de l’être. D’ailleurs on va rien changer. Je serais toujours votre supérieur quoi qu’il arrive, d’accord les enfants ? »


Il se souvenait enfin qu’il était le bras droit de la Fraternité. Qu’il avait peut-être autre chose à faire que de se bourrer la gueule et casser des trucs contre les murs. Ôl ricana silencieusement, tira une nouvelle fois sur le filtre de sa cigarette.


« Merci de pas m’avoir jeté dehors, au fait. J’espère que tout va mieux pour toi, Sum’. On voulait pas te… brusquer ou un truc du genre. »


Il soupira. Il se demandait toujours s’il n’avait pas fait une erreur en gardant Kurt chez lui. S’il n’aurait pas mieux fait de ne rien dire. Summer informa le dealer qu’elle allait beaucoup mieux d’une voix hâtive. Était-elle gênée que Kurt la traite de cette façon ? Ôl sourit. Jusqu’à ce que la cendre de la cigarette du bras droit ne s’écrase au sol. Il y avait un cendrier sur la table. Kurt se foutait ouvertement de la gueule du tatoueur.


« Et voilà ce que tu me fais faire, Ôl. Je pollue la planète. Il faut pas fumer mon garçon, c’est très mauvais pour la santé. »


Ôl bascula son torse en arrière. Toujours assis en tailleur, il déplia légèrement une jambe, posa une main derrière lui. Mauvais pour la santé. Venant d’un dealer d’herbes en tous genres c’était presque risible. Ôl ne se souciait pas vraiment de sa santé. Celle de ces proches, aussi peu soit-il, était bien plus important.


« On peut dire que ces dernières semaines étaient assez… Mouvementées »


Un mal pour un bien ou un bien pour un mal ? Ôl ne saurait dire. Les deux peut-être. Il ramena sa main à bouche, aspira une nouvelle bouffée de fumée qu’il lâcha en levant la tête, empêchant la fumée d’aller vers sa rousse.


« Je t’emmerdes le vieux. Essaye de pas venir trop foutre le bordel dans ma vie, ok ? Supérieur ou pas, je me réserve le droit de venir remettre mon cousin adoré dans le droit chemin si nécessaire. »


Il se retint de lui dire que son père avait beaucoup d’humour. À sa façon. La cigarette modifiait légèrement la voix du tatoueur la rendant un peu plus rauque. Pliant son corps en deux, il attrapa le cendrier sur la table sans même avoir besoin de se relever. Au contraire de Kurt, Ôl était fin et souple. Trait qu’il tirait de son père. Anar avait toujours été jaloux de l’agilité de son neveu. La force, c’était pas son truc, lui c’était la finesse. Du revers de la main, il envoya le cendrier vers Kurt, lui indiquant d’éviter de faire tomber de la cendre au sol la prochaine fois, s’il ne voulait pas être mis à la porte.

HRP: