Needles ~ ft. Joli Brouillard -abandon

J’en ai clairement marre des cauchemars qui hantent chacune de mes nuits. De plus en plus présent, il me ronge chaque partie de mon corps, de mon âme. Après tout ce temps, j’étais persuadé que quelqu’un était responsable de ça, probablement un membre du clan ? Une personne tuant deux félins qui étaient dévoués à la tribu des ombres, il n’y avait aucune logique. Après peut-être que c’était eux le problème ? C’est impossible. Je ne les crois pas capable de trahir un seul instant le meneur, et à cette époque la meneuse. Je revois toujours cette scène sous mes yeux, ce carnage, ce sang répondu sur le sol, ces poils éparpillés partout… J’aimerais connaitre le responsable. Mais je risquerais de ne pas être bien aimable.

Enfin, j’étais de corvée de chasse aujourd’hui. Mon activité favorite, ça tombe bien… Je sens que ça va être une bonne journée. Je ris jaune. Mon compagnon de route était Joli Brouillard. Il était comme moi, fidèle à notre Serpentaire. Sauf que lui était un intime du chef, je ne joue pas vraiment dans la même cours que lui. Mais mon rang de simple guerrier me suffisait, je ne suis pas là pour faire de vague ou m’imposer. Je vis pour mon clan et ça me suffit amplement. Si j’avais eu ma famille à mes côtés, ça aurait peut-être été plus simple de vivre, en vérité, mon sang n’est partagé avec personne de vivant ici. Je suis fils unique, et je suis le descendant de grands guerriers et guerrières qui ont donnés leurs vies pour protéger l’ombre. Je sais pertinemment qu’ils comptent sur moi pour perpétuer notre famille de fidèle. Je crois que personne n’a fait de vague dans ma lignée. Tous biens rangés, suivant les ordres. Enfin en pensant à ça, mon père me disait toujours de penser par moi-même, de savoir juger ce qui est bon et mauvais, et de ne pas suivre ce que je considère comme nocif. Est-il possible qu’il soit mort pour avoir pensé par lui-même ? C’est une question à laquelle je vais devoir réfléchir plus tard, parce que me voilà arrivé devant le guerrier avec qui je devais chasser.

« Joli Brouillard ? Nous devons chasser pour le clan. Allons aux marais. »

Je me sentais un peu mal à l’aise de dire à ce chat quoi faire, en effet, il est proche du chef, je me sens comme sous ses ordres. Pourtant c’est un simple guerrier, comme tout le monde. Bref, partons. Je prends la tête du groupe et nous dirige vers les marais.

Une fois sur place, j’opte pour une posture silencieuse. En fait, inconsciemment, je nous avais emmenés là où j’ai découvert les traces de la mort. Il n’y avait plus rien maintenant, mais je me souviens de cet endroit, et jamais je ne l’oublierais. Secouant la tête pour chasser les aiguilles qui me percent le crâne, me donnant des idées noires, je m’adresse à Brouillard.

« Je t’en pris, commence. »

Je préférais qu’il commence la chasse, je suis vraiment mauvais dans cette discipline, j’aimerais me ridiculiser plus tard.

Journée calme aujourd'hui. Je ne suis pas de Patrouille de frontières aujourd'hui, aucune d'entre elles. Je suppose que je pourrais m'occuper de mon nouvel Apprenti, mais il m'exaspère un peu trop et le laisser mijoter une journée lui apprendra peut-être un peu de discipline. Je peux toujours rêver, mais qui sait, un miracle aura peut-être lieu. Nuage de Fauve... Être l'un des héritiers de notre Empereur lui donne une très bonne filiation et sûrement un futur glorieux. Mais cette chance lui monte à la tête. Bien que notre Clan soit réputé pour sa fierté, mon Novice l'est bien trop et il devient difficile de lui faire entrer des consignes dans sa petite tête. Mais je ne renoncerai pas. Il est peut-être mon premier Apprenti, mais personne ne pourra dire que Brouillard a abandonné.

Bon, que puis-je faire aujourd'hui? Je suppose que si les frontières n'ont pas besoin de moi, je peux aller en chasse. Alors que l'idée me traverse, je vois un chat s'avancer vers moi. Je le regarde et, bien que je ne le montre pas, je suis un peu surpris. Rares sont ceux qui m'approchent. Par crainte ou indifférence? Je ne sais et je m'en fiche clairement. Ce n'est pas mon problème. Mais pourquoi ce félin vient-il à moi? À moi que je ne sois sur son chemin, mais le regard qui se fixe sur moi dément ce fait. Je n'ai plus qu'à attendre une réponse qui ne tarde pas à venir. Chasser. Avec lui. Sûrement notre ordre de la journée. Je fronce un peu le museau sous l'appellation. Ça a beau être mon nom, je ne le supporte pas. Ce nom donné par ma mère, qui a été longtemps un prétexte de brimade et de moqueries. Mais je leur ai fait voir, que je pouvais être un bon Guerrier. Je suis peut-être jeune, mais notre Chef m'a déjà fait l'honneur d'un Apprenti.

Enfin bref. Je dévisage un instant le matou. Coeur Maudit, si je ne me trompe pas. On se ressemble étrangement, mais nos carrures diffèrent. Alors que le félin aux yeux verts est un excellent combattant, je suis plus doué en esquive de par ma finesse. Les rumeurs disent qu'il n'est pas très bon en chasse, mais je suppose que je me ferais une opinion aujourd'hui. En tout cas, il prend la tête de notre duo, direction les marais. Arrivés là-bas, il se stoppe, se dissimulant, ne nous faisant pas perdre un lieu de chasse potentielle. Je l'imite jusqu'à ce qu'il m'invite à commencer. Je hoche la tête et m'accroupis au sol. J'attends patiemment, à l'affut d'une quelconque proie. Le temps passe jusqu'à ce que non loin de nous une grive se pose, à l'affut d'une graine je suppose. Je grimace légèrement. Les oiseaux ne sont vraiment pas mes chasses préférées. Mais bon, tentons. Ne jamais se reposer sur ses acquis et toujours s'améliorer. C'est ainsi qu'on pourra faire honneur à notre Sire. Je m'approche lentement et silencieusement de la proie. Je suis tout proche, vais-je réussir aujourd'hui? Je retiens presque ma respiration, je suis assez loin du terrain boueux pour être sûr de ne pas trébucher.
Je saute alors en direction de l'oiseau, mais juste avant que je n'arrive sur ma proie, un caillou, près de moi bouge sous l'effet de mon mouvement et dans un clac clac régulier signe ma défaite. L'oiseau se tourne et s'envole juste avant que je n'atterrisse. Echec. Je retourne vers Coeur Maudit. J'ai au moins eu la chance que l'oiseau ne crie pas, nous permettant de rester au même endroit.

"Désolé Coeur Maudit, j'ai raté. À ton tour."

Brouillard prend alors une posture de chasseur, il avait repéré quelque chose. En douceur, j’essais alors de me faire discret, je n’ai pas envie de lui faire rater sa proie. Je me penche légèrement sur le côté pour voir ce qu’il avait repéré. Une grive. Bouarf… Je n’aimais pas trop cette bestiole, trop de plume à mon goût. Je préfère les grenouilles, ou encore les rongeurs. Bon, c’est vrai, les amphibiens restent mon plat favori.

Prêt, le guerrier bondi alors sur l’oiseau, et malheureusement il lui échappa. Un bruit à dû alerter sa présence. Je retenais mon souffle dans l’espoir que la bête ne fasse aucun bruit. Rien. Parfait. Au moins, on pouvait continuer la chasse, il y aura encore des proies.

« Désolé Coeur Maudit, j'ai raté. À ton tour.

- Ce n’est rien, il doit bien rester quelque chose encore. A mon tour… » lui dis-je.

J’étais dépité. Pas par la proie que venait de rater Brouillard, non, parce que c’était à mon tour de chasser. Youpi. Je me prépare, et sonde les environs. Je respire lentement mon environnement, cherchant le moindre signe d’une proie. J’avance doucement dans une direction, tapi dans la boue. Soudain, en face de moi, une grenouille. Oh là toi, je me ferais un plaisir de te manger. Je me mets à l’affut, ne lâchant pas l’amphibien du regard. J’essaie d’avancer vers elle, mes pas ralentis par les marécages. Je ne vais jamais l’avoir… Une fois à bonne distance, je fais rouler mes épaules, prenant soin de ne pas trop utiliser celle qui à été touchée. Foutu solitaire. Ma patte n’était plus douloureuse, mais restait quand même raide. Je suis prêt. D’un coup, je bondi sur elle, mais très lentement. Même un mulot malade à qui il manque trois pattes aurait pu s’enfuir face à cette attaque pitoyable. J’étais resté trop longtemps à attendre, la boue avait presque agrippé mes pattes, comme si elle ne voulait pas me quitter. La petite grenouille s’était dont enfuie, me laissant tout seul comme un imbécile les pattes et le poitrail plein de boue. Ma tache blanche sous le menton était presque invisible. Je reviens vers le guerrier et lui annonce la mauvaise nouvelle.

« J’imagine que je fais honneur à ma réputation. Le plus mauvais chasseur du clan. Pitoyable. »

Et comme à mon habitude, je suis aigri, de mauvaise humeur et désagréable. C’est simple, quand je chasse, je suis comme un ancien. C’est rare quand j’attrape quelque chose, mais en général je suis seul. Personne n’est là pour voir l’étendu de mes talents quasi inexistant. Autant, je peux être intimidant et faire peur ce qui est un atout en combat, mais en chasse, mais je n’ai rien du tout ! J’ai deux pattes gauches.

« J’espère t’avoir donné du spectacle, t’as de la chance, je fais pas payer la tourné. Enfin, c’est après ma belle défaite que je te passe le tour. »

Et voilà, je suis officiellement devenu un « vieux con ».

Essaie-t-il de me réconforter? Je ne sais pas. Enfin c'est à lui. À son ton, je n'ai pas l'impression qu'il soit joyeux. Est-il l'un de ces chats préférant l'adrénaline d'un combat à la patience de la chasse? Vu sa silhouette, c'est fort probable, mais pas forcément sûr. J'attendrai de voir. Et il commence à avancer, doucement, mais sûrement. Il se dirige vers les marais et j'essaye de le suivre du regard sans pour autant le gêner dans sa chasse. Il a l'air d'avoir trouver quelque chose puisque son pas se ralentit. Il est le prédateur ici, celui qui guette et qui attaque. Je le vois bondir, mais la vitesse à laquelle il entreprend cette action me surprend. Je ne sais pas quelle proie il chasse, mais c'est un peu trop lent, non? Je le vois revenir vers moi.

« J’imagine que je fais honneur à ma réputation. Le plus mauvais chasseur du clan. Pitoyable. »

Son poitrail est tellement boueux que la tache blanche qui s'étend normalement sur sa gorge est quasiment brune. Par contre sa phrase... Il arrive à n'importe qui de rater. Ce n'est pas la peine de s'y attarder pendant des Saisons. C'est moi où il est en train de passer ses nerfs sur moi? Je suis près de renifler d'exaspération. Okay il a raté, mais j'ai aussi échoué juste avant. Ce n'est pas drôle certes, mais je ne vais pas me moquer. À quoi ça servirait à part faire trop de bruit et faire fuir le gibier? À rien. Je me redresse de toute ma hauteur, bien content d'avoir cela en ma faveur. Je suis grand. Plus grand que la moyenne de l'ombre. Je le regarde de haut, je n'aime pas que l'on me parle ainsi. Je lui adresse mon plus beau regard noir avant de me retourner avec un seul mot.

"Bien."

Je pensais que Coeur Maudit, à défaut d'agréable compagnie, serait au moins supportable, mais on dirait que non. Je pensais qu'un adepte de notre Sire, un allié au service de notre empereur serait une présence acceptable. Apparemment non. Je m'accroupis proche du sol et me dirige vers la direction opposée à la sienne. Là où quelques herbes poussent. Je m'avance et là, l'odeur vient me chatouiller. Une souris!! Il faut que je sois silencieux. Ça tombe bien, j'en ai presque fait un art de vivre. Patte après patte j'avance, je sais que je suis contre le vent, elle ne pourra pas me sentir. Encore un pas, je suis proche. Elle ne m'a pas entendu. Soudain je me fige. Suis-je repérée? Elle est devant moi, je la vois. Elle a levé sa tête et regarde autour d'elle. Je me statufie. Je ne dois pas faire un seul mouvement. Pas bougé Brouillard! Puis, après un long moment qui m'a paru durer une éternité, elle retombe au sol, et grignote je ne sais quoi. Mes muscles sont en feu. Je les bande, accumulant toute mon énergie. Je ne dois pas rater. Un bond et la souris est entre mes griffes. Un coup de croc et elle retombe inerte. Je fais une rapide prière aux Ancêtres, les remerciant pour cette vie offerte au Clan. J'attrape ma proie et retourne près de mon compagnon de chasse.

"Et d'une."

Je crois que j’exaspère Joli Brouillard, il était froid. Hum, vaudrais mieux que je calme mes ardeurs de « vieux con ». Autant être agréable, et si ça se trouve, même s’il est plus jeune que moi, il est certainement plus doué que moi à la chasse. Mon mentor, à l’époque, avait fait une erreur en m’entrainant comme combattant juste parce que c’était mon domaine de prédilection. Il a délaissé la chasse, alors que j’étais faible. J’éviterais de laisser de côté les faiblesses de mon apprenti, je ne voudrais pas faire cette erreur avec lui.

Je regardais mon compagnon de chasse, il semblait avoir repéré quelque chose. Je ne peux pas vraiment voir ce que c’est mais je ne bouge plus, pour éviter de le déranger. Je le vois avancer en douceur, et même si je suis déjà un guerrier confirmé, je regarde ses gestes, essayant d’apprendre de ce qu’il fait. Je me sens honteux de faire ça, c’est un grand déshonneur, mais ça l’est encore plus de ne pas être capable de nourrir son clan. La démarche lente, je le vois, pas à pas se diriger vers le futur diner. Puis soudainement, il se jette sur l’animal et il semble l’avoir attrapé. Bien, lui au moins ramènera quelque chose. Il se retourne vers moi et me montre la bête. C’était une souris. Je hoche la tête noblement. Avant de partir à mon tour à la recherche d’un probable repas, je regarde le félin qui me ressemble dans les yeux, d’égal à égal, je voulais me montrer sincère. C’est à voix basse que je m’adresse à lui :

« Pardonne-moi pour mes réflexions, ça ne servait pas à grand-chose. A mon tour. »

Je n’attends pas sa réponse. Je repars directement à la recherche d’un animal à chasser. Cette fois, je respire l’air, cherchant le moindre fumet qui me titillerait. Et ce fut le cas. Biien, c’est un rongeur je pense. J’avance délicatement, en douceur vers l’odeur. Elle n’était pas loin. Cette fois, j’étais dans un coin « sec » des marais. A travers les arbres et les flaques d’eau, je repère la souris que j’ai sentie. Je me tapi au sol, et avance. Une patte après l’autre. Je respirais tellement doucement que personne n’aurait pu m’entendre. J’étais silencieux, et je me fondais dans les ombres. Impossible pour elle de me voir. J’essayais de faire attention au moindre détail au sol. Prêt, j’attends un instant. Alors que je suis sur le point de bondir, j’entends un *plouf*. Je tente quand même le saut. Juste après ce bruit, je bondi et tente d’attraper la souris. Cette fois, j’ai été plus rapide que d’habitude, mais elle l’était encore plus. De peu de je l’ai raté. Je me relève et maudit mentalement ce qui est tombé dans l’eau. Clan des étoiles, aidez-moi à être un meilleur chasseur. C’est pas comme ça que je vais être utile à mon clan.

Je retourne alors vers Joli Brouillard, bredouille. Je me demande, accepterait-il de me donner des conseils, des indications ou simplement ses méthodes de chasse ? Je n’ai aucune honte de demander de l’aide à quelqu’un de plus méritant que moi. Ce qui est un déshonneur pour moi, c’est d’être incapable de nourrir son clan. Un guerrier se doit d’être polyvalent.

« Je voudrais te demander quelque chose. Certes tu es plus jeune que moi, mais certainement plus douée que moi à la chasse. Mon mentor à délaissé la chasse parce que je me montrais plus doué au combat. Est-ce que tu aurais certaines indications à me donner ? Ou des conseils simplement. »

J’avais l’impression d’être de nouveau un apprenti. Mais s’il peut m’aider, peut-être que je pourrai m’améliorer. S’il refuse, je ne lui en voudrais, je ne dois pas être sa première préocupation.

Mon regard rencontre le sien et je réprime un frisson. Il est rare que je croise le regard d'un chat pour une raison autre que négative. Pourtant le regard de Coeur Maudit me raconte bien autre chose. Ce n'est pas de l'exaspération, ou de la colère, non. Il y a quelque chose que je ne sais définir, mais qui me plait dans les yeux émeraude du félin. Une vois basse et grave se fait alors entendre.

« Pardonne-moi pour mes réflexions, ça ne servait pas à grand-chose. A mon tour. »

Le félin se retourne me laissant un peu... bon d'accord, vraiment étonné. De la première impression que j'avais ressenti de Coeur Maudit, je ne pensais vraiment pas qu'il était le genre de chat à s'excuser, même s'il est en tord. C'était agréable de savoir que je me trompais. Même s'il ne me voit pas, je hoche la tête, signifiant que je lui pardonnais. Je me concentrai de nouveau sur la chasse de mon camarade. Je l'observai humer l'air à la recherche d'une proie, puis se diriger vers celle-ci, si je ne me trompais pas. Il avait un bon mouvement, une bonne attitude, du moins je l'imagine. Je me tais, me faisant le plus discret possible. Je sursaute presque en entendant un son autre qu'un prédateur sur sa proie. Quelque chose est tombé dans de l'eau. Je le vois s'agiter, sans voir s'il a eu sa proie ou non. Lorsqu'il revient, sans rien, je comprends. Manque de chance cette fois-ci. J'imagine que ça va être à mon tour. Je ne dis rien, je sais bien qu'une parole à ce moment-là pourrait détruire complètement notre mince relation. Je me prépare à partir, lorsque la voix du félin retentit.

« Je voudrais te demander quelque chose. Certes tu es plus jeune que moi, mais certainement plus douée que moi à la chasse. Mon mentor à délaissé la chasse parce que je me montrais plus doué au combat. Est-ce que tu aurais certaines indications à me donner ? Ou des conseils simplement. »

J'ouvre un peu les yeux, surpris. Ce chat m'étonne de plus en plus. D'aigri et désagréable, je découvre un chat qui sait s'excuser de ses erreurs et mieux, qui veut apprendre à devenir meilleur, quitte à laisser de côté un peu de fierté. Je réfléchis et m'assois un instant. Que pourrais-je bien lui dire. Peut-être déjà revenir sur les chasses précédentes?

"Mmmh, je peux te donner des conseils par rapport à tes deux précédentes chasses. Pour la première, tu as été trop lent, de plus tu as choisi un terrain très désavantageux pour nous. Pour la deuxième, c'est un gros manque de chance en grande partie. Le bruit a dû effrayer ta proie, mais peut-être aurais-tu mieux fait d'attendre. Si elle n'avait pas vu de prédateur, peut-être se serait-elle arrêter et tu aurais eu une deuxième chance. Après je n'étais pas à ta place, je ne peux pas dire. Pour des indications, je peux te donner des conseils de bases, comme toujours être en face du vent pour ne pas laisser ton odeur se diffuser vers ta proie. Être le plus silencieux possible, toujours être sûr d'être en mesure de sauter. Se montre patient et peut-être tenter, une, deux voire même trois fois, avant d'attraper la proie. Mais même le meilleur chasseur rate parfois ses coups, il y a toujours un peu de chance à la chasse, de la chance que le vent ne tourne pas, que rien n'effraie la proie, que personne ne te dérange. C'est en pratiquant et en échouant que l'on s'améliore, ça fait partie du 'jeu'."

Je me tais, ne sachant pas trop quoi ajouter d'autre. J'espère ne pas l'avoir vexé. Ce sont là mes observations de ce que j'ai pu voir de ses chasses, des conseils que mon propre mentor m'avait donnés. Je suis fin et léger, la chasse est plus facile pour moi et mon mentor a insisté longuement dessus, mais j'ai eu la chance, c'est vrai, qu'il m'enseigne aussi le combat, qu'il cherche avec moi une méthode à moi pour combattre. J'hésite un peu puis propose:

Si tu le souhaites, nous pouvons retourner chasser une autre fois, autant que tu veux.

Et sur cette proposition, je me retourne, partant en chasse. J'écoute autour de moi, cherchant une proie à ramener au camp. Un léger pépiement me fait dresser l'oreille et ma tête se tourne vers une grive. Est-ce celle que j'ai raté tout à l'heure? Je ne saurais le dire, elles se ressemblent toutes. Mais celle-là, je ne veux pas la laisser filer. Je m'approche aussi doucement et silencieusement que possible. Le vent? Contre moi, parfait. Je m'approche encore un peu. Un craquement résonne et je me fige. Ce n'est pas moi, mais j'ai peut-être perdu ma proie. La tête de l'oiseau se lève, se tourne puis retourne picorer et je retiens de justesse le soupir de soulagement. J'avance d'un pas. Je suis près, très près. Je saute et sens les plumes sous mes pattes. Je plaque la grive au sol et l'achève d'un coup de crocs. Je retourne ensuite vers Coeur Maudit et pose la grive à côté de l'oiseau. C'est à son tour...