PROM NIGHT // tous les gonz du lycée

Morgane Morlevent

Le plus d'avoir ses mains sur les oreilles, c'est qu'on n'entendait plus trop le son autour de soi, donc j'oubliai vite le slow. Un homme qui semblait plutôt avoir l'âge d'un professeur que d'un lycéen s'installa près de moi et me parla. Je du donc enlever mes mains pour pouvoir l'entendre, question de politesse.

" [...] non ? T'es pas la fille à ... mince, comment elle s'appelle. "

Avant qu'il ne dise "mince", j'ai fort craint qu'il ne dise "la fille à la mère suicidaire, vive le Canard Wc !" Certes, cela remonte à longtemps maintenant mais ce n'était jamais gai de se le faire rappeler. Mais il ne dit rien de tout ça. Cet homme semblait plutôt tenter de retrouver le nom de ma mère. Un connaissance à elle ? Si elle était encore là, ils auraient sûrement 10 ans de différence mais qui sait. Je ne me souviens plus trop de qui elle connaissait quand ça fait bientôt une décennie qu'elle était partie.

" Bref, faudra m'dire pourquoi tu viens ici pour te faire chier. T'attends ton copain ? Tu sais pas danser ? "

" J'n'ai pas de copain " grommelais - je, peu contente que cet homme vienne me rappeler tout ce qui me rendait triste dans ma vie. Tu veux rajouter la fugue de Venise peut - être ?

Il s'assit près de moi, me demandant plus d'informations, et me dit aussi enfin son nom. C'était la première chose à faire normalement, quand on était poli. Mais, je n'arrivais pas bien longtemps à me fâcher sur lui.
Il avait un aura rassurante et qui ne semblait vouloir aucun mal. Apparemment, il était venu à cause de ma prof de latin et l'attendait. Je lâchai un petit pouffement de rire.

"Eh bien cher Matthieu, si vous comptiez attendre Mme Deglad, vous pouvez attendre que la salle soit vide. Car croyez - moi, elle ne viendra pas dans une salle où il y a plus de 15 élèves. "

Et cette prof pouvait s'estimer bien chanceuse que la classe de latin ne comptait pas plus de 15 personnes,
car les gens ne s'y intéressaient pas trop, et la moitié des élèves présents étaient obligés par leurs parents de suivre ce cours. Dommage pour eux, j'aimais bien l’étymologie, et le latin, ça aide pour les maths. Ils devraient être content d'avoir ce cours.

" Et pour votre gouverne, je sais très bien danser, je n'ai juste pas envie d'avoir l'air stupide toute seule au milieu des duos. "

Car dire "couples" m'aurait fait mal au cœur. Je gardai le silence, me demandant s'il allait insister sur le nom de ma mère. Ou s'il allait partir vu que je l'ai prévenu que Mme Deglad lui avait sûrement posé un lapin.

Spoiler:

Morgane Morlevent

Il parla des boutons de Mme Deglad mais se tut vite. Et heureusement, car je n'étais pas fortement intéressée par les problèmes de l'anatomie de ma prof de latin. Peut - être qu'elle était jolie sous ses lunettes en cul de bouteilles. Si une telle femme avait charmé ce Matthieu, j'aurais ma chance moi aussi plus tard ? Ou alors, c'est que ce mec était myope, aveugle, ou bien débile.

" C'est amusant, j'me disais exactement la même chose ! " rigola-t-il. " Personne ne nous en voudra de danser un peu, en ce cas ! "

Je le regardai en papillonnant un peu des yeux. M'invitait - il à danser ? Finalement, il n'était pas aussi débile que je le pensais. Touchée, mes joues rougirent un peu, et je me levai pour suivre son invitation. Mais.. une fois debout, de face, cet homme plus grand que moi me fixait, enfin, fixait quelque chose de moi, et ce regard, je ne le connaissais que trop bien. Mes joues rougirent beaucoup plus fort mais à cause d'un sentiment qui entremêlait honte et colère. Il fixait mes oreilles et je le savais très bien !

Je retirai tout ce que j'avais pu dire de lui ! Il était débile, débile, débile, DEBILE ! Seul Bart et Siméon savaient me rassurer sur ces appendices beaucoup trop décollés. Les autres n'étaient que des menteurs car leurs yeux les trahissaient quelques secondes après ! Je le foudroyai du regard et allai me perdre dans la foule de couples dansants. Je préférais qu'on me regardait car j'étais seule plutôt que de regarder mon plus grand complexe.

HRP:

Morgane Morlevent

Alors que je m'enfonçai de plus en plus dans la foule, quelqu'un me happa la bras. Dans un réflexe de survie, je me retournai en tentant de récupérer mon bras mais l'autre élève était fort. C'était Joshua. Bon sportif et bon élève, mais quel crâneur. Toutes les filles étaient d'accord sur un point, il est lourd, si lourd. Il était là avec ses fausses expressions cools. "Oush, Azy, t'es charmante." Vous savez qui dit T'es charmante ? Souvent les harceleurs dans les rues, suivi d'une glace à la menthe. Pourquoi un gars qui d'extérieur semblait bien avait décidé de tout gâcher en parlant comme ça ?

" Laisse moi deviner, tu n'as pas compris le cours sur la fusion des gamètes ? En tout cas ce n'est pas en parlant de cette manière que tu expérimenteras ce qui la précède. "

Punchline d'intello, s'il ne comprenait pas, c'était un peu une victoire en soi. Il était fort mais j'étais la soeur de Siméon, j'étais la première de la classe. D'un geste brusque, je récupérai mon bras. Je ne sais pas ce qui était pire, attirer l'attention à cause de mes oreilles ou à cause de cet imbécile ? Mes amies me regardaient en pouffant, j'espérai qu'elles n'imaginaient pas qu'on flirtait. Alors je rétorquai une autre phrase de refus plus fort, histoire que les gens autour comprenne bien que je n'étais pas SI désespérée.

" Puis si je cligne des yeux, c'est parce que ta débilité m'éblouit. Merci et bonne soirée. "

Je me tournai vers la sortie, n'ayant pas envie de faire des rencontres aussi intéressante que les deux précédentes. Bon dieu, un peu de pitié s'il-vous-plaît !