(lunar pod) Not one of us ~ Assemblée du clan -end

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Chant du Toucan. Je ne supporte pas d’avoir un solitaire parmi les miens. Il n’a rien à faire ici, son titre de guerrier n’est même pas mérité. Il allait donc avoir droit à son jugement. Dans ma clémence, je vais lui proposer de me prouver ce qu’il vaut, je veux voir dans ses yeux une loyauté sans faille, une fidélité à l’ensemble du clan de l’ombre. Je veux voir s’il a de l’honneur. Il pourra me le prouver par des actes, non par des mots. C’est simple de dire « oui », c’est plus compliqué de le faire réellement. Et de ce que j’avais remarqué, il était loin d’être exemplaire. Déception, disgrâce. Je ne pouvais pas tolérer des chats qui n’en valaient pas la peine.
J’avais fais appelé Dernière Danse dans ma tanière, je devais lui parler de ce que je comptais faire. Je devais avoir son soutien devant les autres, et puis cette décision me revient. De toute manière, je suis sûre qu’elle se joindra à moi face à cet animal qui ne mérite pas son titre et cet honneur que lui a fait l’ancien meneur. Une fois ma lieutenante à mes côtés, je lui explique ce qu’il va se passer.

« Si je t’ai fais venir c’est par rapport à Chant du Toucan. Je veux voir s’il tient vraiment à la vie de clan. Je ne supporte plus de le savoir profiter des véritables guerriers du clan. Je tiens à avoir une troupe loyale, et unie. Tu peux monter avec moi sur le promontoire pour le jugement. »

Je sors de cette tanière qui est maintenant mienne – c’était difficile de dormir dans cet endroit, sans avoir la présence de mes camarades – et je grimpe sur le promontoire. D’une voix puissante j’appelle la tribu. J’entends des pas venir rapidement vers moi, probablement impatient de connaitre le sujet de cette convocation. J’attends patiemment que les miens arrivent et se rassemblent autour de la souche d’arbre. Plus précisément, je cherchais dans l’assemblée le principal concerné. J’espère qu’il daignera de se bouger.

« Chant du Toucan ! Approche s’il te plait. »

Ma voix était dure. Je ne tenais pas à me montrer réellement sympathique face au « guerrier ». Il n’est pas l’un des nôtres pour moi, pourtant j’allais quand même lui laisser le choix de rester, à condition qu’il participe à la vie du clan. Je m’assoie et fixe de haut le félin qui s’approche. Neutre, le regard indéchiffrable, je m’adresse à lui.

« Ce n’est pas pour rien si je te convoque aujourd’hui. Tu as été accueilli par Etoile du Serpentaire, certes, mais depuis ce jour, je n’ai pas été convaincu par tes prestations. Je remets donc en cause aujourd’hui le jugement qu’il a eu en te donnant un titre aussi honorifique. »

Pause. Je le regarde toujours, j’attends une quelconque réaction venant de lui. Mais je ne pouvais pas ralentir plus longtemps que ça mon jugement. Je me trouvais vraiment bon de lui proposer de rester, je n’ai pas confiance en lui, ni même de ses capacités.

« Je vais cependant te laisser le choix. Acceptes-tu de te montrer digne du cadeau qu’il t’a été fait ? De me prouver ta confiance, ta loyauté et ta fidélité au clan de l’ombre ? Un simple « oui » ne suffira pas. Tes actes devront me le prouver. »

J’attendais maintenant sa réponse. Je ne le lâchais pas du regard. Il devait savoir ce que cela signifie de rester ici. Rester à ne rien faire n’était pas digne d’un guerrier. En même temps… Comment peut-on demander d’avoir un esprit de communauté à un solitaire.

Les temps avaient changé, et lui de même. L'ombre du Serpentaire ne pesait plus ni sur le Clan, ni sur son cœur, et il était bien las de cette mascarade chaque jour renouvelée : non, il n'aimait pas cette vie de communauté forcée, il n'aimait pas chasser à des heures imposées, il n'aimait pas se lever avec tout le monde, il n'aimait pas les regards qu'on lui lançait, il n'aimait pas les persiflages, en fait, il se rendait compte, devant cette Assemblée d'hypocrites, qu'il n'aimait pas vraiment les gens.

Son fils lui manquait.

Le Maudit, qui succédait à l'Oiseau, l'avait appelé, pour un jugement. Il allait pouvoir creuser bien loin pour trouver son âme et la peser, Toucan ne savait pas où elle était allée se fourrer - ou même s'il en avait une. Non, décidément, il n'avait aucune raison de rester ici. Il dépérissait. Curieux, alors qu'enfin dans un groupe il pouvait manger à sa faim, il préférait mettre fin à ce traitement juste avant l'hiver, pour apprécier plus profondément les vertus de la vie au grand air. Pas de meuf, pas de bouffe, pas de taf, voilà ce à quoi il aspirait.

Tu as été accueilli par Étoile du Serpentaire, certes, mais depuis ce jour, je n’ai pas été convaincu par tes prestations. Je remets donc en cause aujourd’hui le jugement qu’il a eu en te donnant un titre aussi honorifique. Je vais cependant te laisser le choix. Acceptes-tu de te montrer digne du cadeau qu’il t’a été fait ? De me prouver ta confiance, ta loyauté et ta fidélité au clan de l’ombre ? Un simple « oui » ne suffira pas. Tes actes devront me le prouver.

Il fixa ses orbites creuses dans les prunelles du chef. Un rire sardonique se lisait dans le fond de ses yeux noirs, tout son corps, maigre, petit, nerveux, trahissait un relent de rire fin de siècle. Saturnien jusqu'à l'os, il avait décidé de saisir cette opportunité pour sortir par la grande porte.

Un cadeau ? Merci pour le travail forcée et les murmures de vieilles bigotes sur mon passage, plaisir d'offrir, joie de ne rien recevoir. Ce sera un grand « non » pour ma part, merci des efforts non consentis. Rendez moi mon nom.

« Un cadeau ? Merci pour le travail forcée et les murmures de vieilles bigotes sur mon passage, plaisir d'offrir, joie de ne rien recevoir. Ce sera un grand « non » pour ma part, merci des efforts non consentis. Rendez moi mon nom. »

Je me disais bien qu’il n’était pas fidèle à l’Ombre. Sa réponse, je m’y attendais. S’il avait eu un tant soit peu de volonté, jamais je n’aurais eu à lui demander cela. Imaginez, si le clan s’était fait attaqué, il n’aurait probablement pas bougé une griffe. C’est avec plaisir que je vais lui rendre son nom. Je ne comprends pas pourquoi l’usurpateur l’a accueilli parmi nous à l’époque, il n’est pas digne de ce clan. Je regarde avec dureté le félin, et prononce ces mots qui le ramèneront à jamais à sa condition de solitaire. Finalement, je remercie les commérages, cela facilite grandement les choses.

« Oublie le nom que Etoile du Serpentaire t’a donné. En redevenant Toucan, tu es banni du clan de l’Ombre. Quiconque te trouvera sur notre territoire aura le droit de t’infliger un lourd châtiment. Si demain tu es encore présent sur nos terres, tu passeras un sale quart d’heure. Maintenant, pars. »

Le regard dur, la queue enroulée autour de mes pattes, je fixe le gringalet. Une bonne chose de faire, un fainéant en moins dans le clan. Il revient là où il devrait être depuis toujours, dehors, sans tribu. Du moins, pas dans la mienne. Il n’est pas l’un des nôtres.

Étoile Maudite appela à l'assemblée. D'un pas encore endormi, Esprit Lent se dirigea vers le promontoire. Inexplicablement angoissée, elle avait demandé à son frère et son apprenti de dormir avec eux dans l'antre des guérisseurs. L'odeur des plantes la réconfortait, et elle se sentait bien mieux là-bas que dans l'antre des guerriers, en ce moment. Sans doute parce que Chant du Toucan y résidait, et que Douce Ancolie n'y reviendrait jamais. D'ailleurs, l'assemblée parlait de lui. D'ailleurs, Étoile Maudite parlait de sa loyauté. Enfin, si le mot loyauté pouvait s'appliquer à ce gros cafard à fourrure.

« Un cadeau ? Merci pour le travail forcé et les murmures de vieilles bigotes sur mon passage, plaisir d'offrir, joie de ne rien recevoir. Ce sera un grand « non » pour ma part, merci des efforts non consentis. Rendez moi mon nom. »

Compulsivement, la femelle tigrée cracha. Bon, elle ne savait pas ce que « bigote » signifiait, mais dans le contexte, ça ne semblait pas trop-très gentil.

« Oublie le nom que Étoile du Serpentaire t’a donné. En redevenant Toucan, tu es banni du clan de l’Ombre. Quiconque te trouvera sur notre territoire aura le droit de t’infliger un lourd châtiment. Si demain tu es encore présent sur nos terres, tu passeras un sale quart d’heure. Maintenant, pars.
- DÉGAGE ! »

Esprit Lent avait instantanément rugi depuis le fond de l'assemblée, maintenant tout à fait éveillée. La colère venait de l'angoisse ; son angoisse à elle, c'était de perdre une personne de plus qu'elle aimait. Les morts brutales et soudaines de leur chef et de sa douce concubine l'avaient ouverte à la possibilité terrorisante de perdre un de ses proches, à n'importe quel moment. Elle devait les protéger. Elle posa furtivement ses yeux sur Esprit Soucieux, puis sur Nuage Ensoleillé. La menace, elle l'avait trouvée. L'étranger était une épine, Étoile Maudite venait de lui ouvrir les yeux sur cette vérité : il fallait l'ôter. Elle allait défendre encore plus férocement son Clan, et pour commencer, elle allait détester Toucan. Cette idée la rassura, et elle sourit à son frère. Oui, elle avait trouvé la solution à tous ses problèmes.

"Etoile Maudite veut te voir. Il t'attend dans sa tanière"
Avec cette consigne en tête, Dernière Danse traversait le camp de sa démarche aérienne, se demandant bien ce que lui voulait le meneur.
Elle s'annonça avant d'entrer dans le repaire de Maudit.

Et quelques instants plus tard, la voilà donc, assise au pied du promontoire, Maudit en haut, dominant l'assemblée de félins qui s'était formée autour de Toucan.
Le chef allait le bannir.
Non pas exactement.
Le meneur était la justice même et il lui laissait le choix de faire ses preuves. Qu'elle allait être la réaction du matou ? Allait-il rester ou partir ?
Bien que son intégration au sein du Clan l'avait beaucoup intéressée ( qui était-il pour Serpentaire ? qu'allait-il devenir ? ) Chant du Toucan s'était simplement fondu dans l'ombre de l'ancien meneur, puis fondu tout court, et la lieutenante le regardait maintenant avec une indifférence parfaite.
Pour elle il était là, sans vraiment y être, il faisait autant parti du décor d'un rocher dans le camp. Si la plupart manifestait la même indifférence à son égard, une bonne partie ne pouvait pas supporter cette enflure de solitaire, inutile et mal aimée.
Peu lui importait son sort en fin de compte.
Danse se dandinait d'une patte sur l'autre d'ennui pendant l'échange.

Enfin Maudit rendit son verdict : congédié, au revoir et adieu.
La rose leva la tête vers le promontoire et se fendit d'un grand sourire pour son chef.

Bon débarras. miaula t-elle. Et à l'intention de Toucan : Bye bye Toucan ~

Tous les proches de Serpentaire disparaissaient peu à peu et bientôt, ce serait comme si il n'avait jamais existé.