Debout petiot ~ ft. Nuage de Caresses - end

C’était l’heure ! Je sentais enfin, depuis un ou deux jours, des améliorations sur ma mobilité. Bien qu’elle fût toujours raide, j’arrivais à m’appuyer sur ma patte sans que ça me fasse mal. Je sens que ça va être une bonne journée, pensai-je, pas seulement parce que je pouvais marcher comme bon me semble, non, j’avais enfin l’occasion d’être de nouveau utile et de former mon apprenti. Je pense que, pendant ma convalescence, il a dû suivre un autre guerrier, histoire de ne pas prendre de retard, je l’espère d’ailleurs, pour qu’il connaisse au moins le territoire.

De plutôt bonne humeur, je sortais de la tanière des guerriers pour faire ma toilette dans mon coin. Certes, je me sentais mieux que d’habitude, mais je restais le même, je n’aimais toujours pas la présence des autres au réveil. C’était mon instant, un moment où je pouvais penser qu’à moi. Le reste de la journée jusqu’au couché je le consacrais pour mon clan.

Je me dirigeai vers le tas de proie pour avoir quelque chose dans l’estomac. Je pris une petite grenouille, un des mets que je préférais, et je m’installai dans un coin, en aillant du coin de l’œil la tanière de apprentis. Je me demande s’il va se lever sans que je lui demande, faut pas trop espérer, j’ai été assez absent. Je n’ai pas à attendre ça de lui au final…

Après mon petit déjeuné, je me dirigeai donc vers l’antre du chaton. Passant mon museau à l’intérieur de la tanière, je le cherchai du regard. Dés que je le repérai, je le pousse du bout de la patte sans grande douceur pour le réveiller. Sentant un mouvement je lui chuchote :

« Debout petit. Je te laisse un peu de temps pour manger un peu et te préparer, la journée va être longue. Fais vite, je t’attends à l’entrée. »

Chose faite, le novice est prévenu. J’allais donc vers l’entrée du camp pour attendre Nuage de Caresses. Je me rends compte que je n’ai jamais été d’aussi bonne humeur depuis la disparition de ma famille, je dois être tellement aigri pour les autres. Enfin, ça peut ne pas durer. J’ai déjà l’impression qu’elle s’en va cette bonne humeur. Pauvre petiot, j’ai été sympa ce matin, mais le reste de la journée va être bien différent. Et puis faut bien être exigeant, sinon les jeunes ne deviennent pas de bon guerriers.
S'il connaissait le territoire, je pensais commencer par la chasse. Avec la mauvaise saison qui arrivait, un chasseur de plus ne ferait pas de mal.

Une patte poussa le corps mou du chaton, le sortant un peu du sommeil.

" Debout petit. Je te laisse un peu de temps pour manger un peu et te préparer, la journée va être longue. Fais vite, je t’attends à l’entrée. "

Aaaah, enfin! Le jour de son entraînement! Nuage de Caresses, avec beaucoup de précaution dans ses réveils, commença par étirer ses pattes avant puis le reste de son corps, une courbure étrange montrant son agilité, puis il entreprit la démarche correcte pour ouvrir ses yeux: plusieurs clignements, histoire de ne pas être aveuglé par la lumière soudaine, avant d'enfin ouvrir grand ses yeux et se dresser sur ses pattes. Oui, Caresse avait dressé un plan infaillible ou presque pour se réveiller en douceur et ne pas se rendormir ou se casser la gueule car vos pattes sont encore toutes flasques.


Quand on voit un chaton si organisé, on pourrait se dire "mais alors, pourquoi ne se réveille-t'il pas avant que son mentor le fasse pour lui?" La réponse est simple: Il aime bien qu'on le réveille, ça lui donne l'impression d'être un petit roi ou une autre prétention de ce genre.


Désormais, petit-déjeuner! Très fier de sortir de la tanière frais et bien sur ses pattes (contrairement à ces inélégants matous encore nonchalants d'être mal sortis d'un sommeil profond), il se dirigea vers la pile de gibier et choppa un lézard. Plutôt petit et fin, mais plein de vitamines ; le chaton n'a pas un très grand estomac ni un très grand appétit, mais il allait avoir besoin d'énergie pour la journée. Puis il entama sa toilette du matin, un peu raccourcie quand même vu qu'il avait un travail à accomplir désormais, mais toutefois sans se presser. Il faut savoir se faire attendre et désiré.


Et enfin, enfin! Il allait pouvoir passer du temps seul avec son mentor! Excité mais toujours très élégant, Caresse se dirigea vers Coeur Maudit avec des petits pas rapides. Coeur Maudit... Quel nom romantique! Le "maudit" est un peu hors sujet, ou alors on peut dire que c'est un rappel de son appartenance au Clan de l'Ombre, aussi.

" Alooors? On commence par quoi? "

HRP:

Les yeux à moitié fermé j’étais couché sur le ventre, la tête toujours levée. J’attendais Nuage de Caresses, qui semble d’ailleurs prendre son temps. Je me remets en position assise et observe le camp pour voir où il est. Il était en train de manger tranquillement son petit déjeuné, sans forcément se presser. Je ne lui en tiendrais pas vraiment rigueur pour aujourd’hui, je n’ai pas su assurer mon rôle de mentor pendant plusieurs jours, et je m’en voulais. Bon certes, je n’allais pas être aussi compatissant après.

Il avait entamé une courte toilette, heureusement pour lui parce que là je pense que je lui aurais tout de suite remis les idées en place. Pour le moment j’essayais plus de trouver un endroit correcte pour débuter la chasse. Les marais étaient évidement le meilleur coin pour les grenouilles, lézard et autre bestiole de ce genre mais… Ce serait peut-être d’essayer de chasser dans chaque coin du territoire ? Et entrainer ce petit au pistage. Je me souviens, c’est la première chose que mon mentor m’avait enseigné à l’époque, le pistage et la chasse. Il s’est vite rendu compte par la suite que j’étais plus doué en combat, d’où mes nombreux entrainements de ce style. Bref, le petiot arrive déjà d’un pas très élégant avec ses formes féminines. C’était simple je l’imagine plus comme étant le meilleur chasseur du camp que le meilleur combattant.

" Alooors? On commence par quoi? "

Je le regarde un instant et décide de ne pas lui dévoiler le programme tout de suite. Je me lève et lui fait donc un signe avec la queue pour lui dire de me suive. J’avançais plus lentement que d’habitude, ma patte était encore un peu « faible » mais je restais quand même digne, la tête haute et le corps droit. Pour commencer je l’amenais pas loin du cèdre calciné, la chasse n’est pas trop difficile là bas, puis ensuite, pour le reste de la journée, dans les marais… J’ai appris la chasse là-bas, et je sais que ce n’est pas simple pour un apprenti qui peut s’embourber à chaque instant. Donc faire attention à la boue et en même temps essayer de prendre les bonnes postures, ce n’est pas le mieux.

Une fois à côté de l’arbre, je fais signe au novice de s’arrêter et de m’écouter. Je n’allais pas le faire patienter plus longtemps, je devais lui dire ce que j’attendais de lui.

« Pour les jours à venir, je te demanderais de te lever par toi-même. Ce matin je ne te reproche rien parce que j’ai retardé ton entrainement et je n’en suis pas fier. Bref, tache de te lever avant ou en même temps que moi, parce que les prochaines fois je n’attendrais pas. »

Je posais sur lui un regard neutre, et strict. Pourtant je parlais d’une voix simple, avec le ton juste. Je ne voulais pas lui faire peur, juste lui expliquer comment je fonctionne. Je n’attendrais pas les fainéants. Enfin, je m’assois et demande à mon apprenti :

« On va commencer par la chasse, avec la mauvaise saison qui arrive un chasseur de plus n’est pas négligeable. Est-ce que tu saurais me dire, si tu sens autour de nous, une odeur de proie ? Dis-moi ce que tu sens. Et si tu le sais, montre moi qu’elle posture tu prendrais pour chasser cet animal. »

Vu le silence de son mentor, il en conclut qu'il n'allait pas obtenir sa réponse tout de suite. Il suivit sans mot dire le chat tigré, en profitant pour le regarder de plus près. Il aimait beaucoup comment il gardait le menton levé et les muscles tendus... Enfin bref, ils arrivèrent rapidement à l'arbre brûlé sans qu'il vit le temps passer. Il observa le paysage autour de lui, il était très rarement venu ici... non, en fait il n'était jamais venu. Dans cette nature où florissai arbres, buissons, herbe verte, quelques fleurs et même champignons, le cèdre contrastait avec son apparence carbonisée, c'est ce qui était si magique dans ce lieu. Puis son mentor lui rappela qu'il était ici pour s'entraîner, et pas rêvasser.

"Pour les jours à venir, je te demanderais de te lever par toi-même. Ce matin je ne te reproche rien parce que j’ai retardé ton entrainement et je n’en suis pas fier. Bref, tâche de te lever avant ou en même temps que moi, parce que les prochaines fois je n’attendrais pas. "

Caresses fit un léger acquiesçement de la tête pour montrer qu'il avait bien compris la leçon. Qu'est ce qu'il adorait quand il lui donnait des ordres avec son ton autoritaire...

"On va commencer par la chasse, avec la mauvaise saison qui arrive un chasseur de plus n’est pas négligeable. Est-ce que tu saurais me dire, si tu sens autour de nous, une odeur de proie ? Dis-moi ce que tu sens. Et si tu le sais, montre moi quelle posture tu prendrais pour chasser cet animal. "

Le chat calico s'attela immédiatement à la tâche. Histoire de ne pas sentir que l'effluve musquée du matou brun, il s'éloigna et pointa sa petite truffe rose vers les arbres et ferma ses paupières. L'air ainsi que toutes ses odeurs s'infiltrèrent et se démarquaient peu à peu. Il pouvait sentir la forêt; les feuilles des arbres, la sève qui s'écoule lentement de leur tronc, les baies poussant sur les buissons, l'herbe qui n'était plus si fraîche, la brise froide de l'hiver... et, finalement, une trace animale. Il tenta d'identifier la senteur, qui devenait plus forte à chaque fois qu'il y concentrait son attention.

"Je sens l'odeur d'un jeune rat," dit-il en tournant sa tête vers le mâle.


Aussitôt, il réfléchit à quelle position prendre... D'un pas hésitant, il se mit à avancer lentement sur ses coussinets, mimiquant la phase où on traque l'animal. Puis il s'imagina que la noisette en face de lui était sa proie. Tandis qu'il pliait encore plus ses articulations pour abaisser son corps, sa tête se rapprochait du sol, ses pupilles grandissaient et sa queue frôlait l'herbe. Il n'attendait que les conseils de son mentor. Heureusement que les chats savaient rester immobiles dans ce genre de position, autrement il aurait déjà eu une crampe.

« Je sens l'odeur d'un jeune rat »

Je lève le museau et inspire profondément l’air. Il avait juste. Bien, je ne lui ferais pas chasser cette proie, mais j’aimerai voir qu’il ferait dans cette situation. Ce sera beaucoup plus intéressant de corriger ses erreurs plutôt que lui dire quoi faire tout de suite. Il s’était éloigné de moi, probablement pour mieux se concentrer. Bien, jusque là, c’est un bon élève. Il fixe alors une noisette devant lui et se met en position de chasseur. Il se mettait bas, son corps frôlant à peine le sol. Bien, c’est presque instinctif, il sera bon en chasse. Doucement je m’approche de lui et chuchote à son oreille pour qu’il continue dans son élan.

« Très bien, tu es resté léger, les rongeurs repèrent plus facilement les vibrations du sol. Prends toujours soin d’être face au vent et de cette manière tu ne le rateras pas. »

Je vais alors devant lui, et j’avance à pas feutrés. Une fois dans une zone qui me semble bien giboyeuse, je nous arrête et lui dis à voix basse :

« Alors, cette fois, je te laisse te débrouiller. Les gestes de chasseurs te semblent instinctifs, alors je préfère juste te corriger. Cherche une proie, et traque-là. Ramène la moi, je vais évaluer ce que tu fais en attendant. »

Je restais loin du novice pour ne pas le déranger dans sa chasse. Je pense qu’il n’aurait pas grand-chose à apprendre là dessus venant de moi. Je le confierai à un autre guerrier pour apprendre les subtilités de la chasse, avec moi, il aura juste des bases. Je regarde alors chacun des gestes du petit, impatient qu’il me présente une belle chasse.

HRP:

Lorsque son mentor se pencha près de son oreille, Caresse apprécia sans dissimulation le dur son de sa voix résonner dans sa tête, et son souffle caressant ses poils.

" Entendu. "


Il écouta avec attention les directives de Maudit et fut ravi d'entendre ses compliments. Sans dire mot, il se dressa bien droit et museau levé, le chat calico huma l'air. L'odeur ambiante n'avait pas changé, mais tandis qu'il avançait en se laissant guider par son odorat, elle devenait moins présente et laissait place à de très plaisantes senteurs de gibier. Au sol, il pouvait sentir les mulots, les souris, les rats, même l'odeur putride des insectes; mais c'était bien trop facile, trop commun. Il voulait viser plus haut et prouver au chat tigré qu'il avait raison de croire en lui, ce qui l'encourageait encore davantage.

L'apprenti pointa sa truffe vers les cieux -ou plutôt les pins, qui dominaient avec leur long tronc et leurs branches couvertes de larges épines. Il y trouva des oiseaux, principalement, mais pas que: il y avait aussi des minuscules insectes, des écureuils et autre chose, qu'il ne parvenait pas à identifier. Cependant, c'est bien les volatiles qui piquèrent son attention. En voilà, une proie pour lui! Un chat agile, fin, élancé et déterminé ne pouvait rêver que de ça. Alors l'apprenti se concentra sur ce qui, après analyse, semblait être une grive ou une pie. Ses yeux patrouillèrent entre les branchages des conifères, mais ce ne fut pas long. L'animal de sa convoitise était bel et bien une grive.

Par chance, son perchoir était bas et à sa portée. Tel une panthère, le matou avança à pas feutrés, ses épaules rentrées roulaient sous sa fourrure et sa queue prolongeait la ligne courbée mais presque droite de son dos. Il était maintenant presque en dessous de l'oiseau, et il avait eu assez de chance pour ne pas s'être fait repéré. Une fine brindille se brisa sous l'un de ses pas et le craquement agita la grive. Il devait se dépêcher, c'était la dernière opportunité car elle était désormais alerte. Le félin balança son poids sur ses pattes arrières, qu'il fléchit et ensuite déploya, propulsant son corps dans les airs vers sa cible. Lors de la manœuvre, une aiguille se planta dans son coussinet mais ça ne fut pas suffisant pour l'arrêter. Alors avec une grimace, il déplia ses antérieures et les écarta largement. Rapidement, ses griffes se rapprochèrent dangereusement de sa proie et se refermèrent sur son corps, elles furent sa dernière cage. Pauvre oiseau, lui qui était pourtant si beau et si gracieux.

Il se réceptionna sur le sol et se recroquevilla en hâte, plantant ses crocs dans la gorge de l'animal jusqu'à ce qu'il s'étouffe, ce qui fut rapide. Ensuite, il s'assit et souffla après avoir repris sa respiration et regarda la grive. Ses pattes griffues avaient ébouriffé ses plumes bicolores mais, malgré cela, elle restait tout aussi splendide. C'est dommage que la plupart des félins ne prennent pas le temps d'apprécier la beauté qui les entoure.

Nuage de Caresses attendit impatiemment la venue de son mentor, dont il avait hâte d'entendre les louanges, ou les conseils... c'est toujours bien un conseil...

« Entendu. »

Et le jeune part. Je le suis de loin pour voir chacun de ses mouvements, mais je me fais suffisamment discret pour ne pas perturber sa chasse. Je voyais Nuage de Caresses très minutieux, mesurant chacun de ses pas, faisant attention à son environnement. Ses capacités m’impressionnaient. Il devait avoir suivi d’autres apprentis je pense pour en pas perdre de temps. Au niveau de sa conduite pendant la chasse, avant la capture il s’en sortait très bien. Maintenant, que vas-t-il faire face à une vraie proie ? Il lève le museau. Je fais de même. Il y avait plusieurs bêtes autour de lui, cachés qu’il fallait débusquer, mais il n’en fit rien. Non, il regardait plutôt les cieux. Priait-il les étoiles ? Puis je vois enfin où il veut en venir. Une grive sur une branche assez basse. Il vise peut-être un peu haut là non ? Elle est sur une branche, un petit rongeur, comme la souris qui n’est pas très loin de lui serait plus simple ? Il veut peut-être me montrer ce qu’il vaut. Alors je le laisse faire. S’il arrive à l’attraper, je demande tout de suite à ce qu’il rejoigne une expédition de chasse. Je patiente et je regarde le jeune faire.

Il était très prudent, avançant en silence, ne quittant pas des yeux le volatile. *Crac*. Nuage de Caresses vient de briser une branche et la grive s’agite. Trop tard, il ne l’aura pas. Je m’apprête à le rejoindre, mais tel un ressort le jeune réagit tout de suite, il s’élance et attrape l’animal. Il l’a eue. Et tranquillement il s’assoie et semble m’attendre. Quant à moi, j’ai toujours mon regard surpris. Il l’a eue ! J’arrive vers le novice, fier de lui. Il n’a pas vraiment besoin de leçon. La chasse semble innée chez lui… Comme le combat chez moi.

« Nuage de Caresses, je crois que tu n’as pas vraiment besoin d’entrainement de chasse. Je ne ferais que surveiller tes progrès dans ce domaine, mais franchement tu m’as surpris. Et je suis très fier de toi à vrai dire. On va rentrer au camp, tu vas tout de suite rejoindre une expédition de chasse. La prochaine fois, je vais t’initier au combat. Pendant quelques jours tu iras à la chasses et sur certaines patrouilles je te suivais pour voir où tu en es, mais clairement, tu n’as pas besoin d’enseignement pour le moment. Ne te relâche pas et continue comme ça. »