[LUNAR POD] Les jours sombres - end

Ce RP fait suite à celui-ci: Could live could die

Pilgrims on a Long Journey

L’odeur du sang et de la mort les accompagnait alors qu’ils rentraient au camp. Malgré la fatigue et la douleur, Étoile de Pierre trainait la carcasse de sa lieutenante et bien aimée, Aigue-Marine, aidée par Écaille d’Or. Sur la route du retour, il n’eut aucune parole. Seulement les miaulements faibles des chatons miraculés qu’ils rapportaient. Ils n'avaient même pas encore de nom.
Mais ni lui, ni Écaille d’Or, ni Nuage des Ruisseaux ni les autres félins qui les avait rejoint pour porter les chatons ne dirent mot. Qu’y avait-il a dire, de toute façon?

C’était une patrouille qui les avait rejoint par hasard pour les aider à rentrer. Deux guerriers, deux apprentis. S’il n’était pas abattu par les événements, le meneur aurait sans doute feulé, craignant de voir en eux quelques traitres qui pourrait leur nuire. Qui pourrait terminer le travail. Ces traitres qui avaient parlé aux Lunar Pod.
Bien sûr, il n’en existait pas. Ce n’était que le fruit de son imagination, de ses théories farfelues, puisqu’il refusait d’admettre une si grande puissance en ces chats qui leur aurait permis de connaître la situation de son Clan. Mais la paranoïa guidait ses pensées, et les seuls en qui il accordait sa confiance étaient Nuage des Ruisseaux, Écaille d’Or et Poussière de Cendre, celui qui avait remplacé sa défunte compagne en tant que lieutenant.

Le Clan de la Rivière n’était plus uni. Il voyait presque tout ses congénères comme des traitres, des vendus, et fusillaient les guerriers d’un air suspicieux. Tout était bon pour les accuser. Un félin trop proche? Il voulait surement plus d’information pour leur nuire. Un guerrier trop éloigné et introverti? Il complotait avec les Lunar Pod. Un chat à priori normal, ni trop proche, ni trop loin? Il joue sans doute la comédie pour avoir une couverture… C’était un cercle vicieux qui n’en finirait pas.

Lorsqu’ils arrivèrent dans l’enceinte du camp, les réactions ne se firent pas attendre. Parfois un cri de surprise, des paroles à haute voix baissant rapidement de volume face aux regards mauvais, les reines ramenant leurs petits dans la pouponnière pour ne pas voir le massacre…
Le chef de Clan rentrant mutilé et la lieutenante morte ramenée dans un état pitoyable sonnaient comme une défaite pour le Clan tout entier.

Ils traversèrent le Clan, déposant sa dépouille dans l’antre du chef, où Étoile du Corbeau était mort quelques lunes plus tôt. Puis il l’abandonna quelques temps, s’en allant voir Eau Turquoise, lui demandant - même si elle n’avait pas d’autre choix - si elle se sentait de nourrir cinq autres chatons, son ancienne portée ayant atteint deux lunes. Enfin, il escalada le promontoire.

Une tâche d’ordinaire si simple lui sembla être une épreuve insurmontable. Ses pattes tremblaient sous l’effet de ses muscles fatigués, le sang coulait encore parfois, ses yeux étaient rougeoyants et il haletait encore. Même immobile, il avait du mal à se tenir debout, droit.

- Aigue-Marine est morte, miaula-t-il, quand bien même la nouvelle n’était une surprise pour personne, puisqu’une longue trace de sang dessinée dans le sable dessinait son parcours, et qu’elle avait été exposée à tout le Clan. Nos petits ont survécus, et seront gardés par Eau Turquoise. Elle quittera la pouponnière dès qu’ils auront bu pour s’installer dans mon antre. Nuage de Saumon, tu lui prépareras un nid. Elle y sera plus en sécurité qu’ici… grogna-t-il dans une voix plein de sous-entendu.


Il balaya la foule du regard, l’air grave. Il était en colère. Contre lui-même, contre les Lunar Pod, et contre son Clan tout entier.

- Il y a des traitres parmi nous. Je ne sais pas qui, je ne sais pas combien, mais il y a des traitres qui ont parlé à ces Lunar Pod. Et ces traitres, même s’ils n’étaient pas là, ont tué Aigue-Marine. Si vous voyez quelque chose de suspect, si vous savez quelque chose, dites le à moi et à personne d’autre. Garder le silence, ce serait la tuer une deuxième fois.


Étoile de Pierre en était convaincu. Il les retrouverait. Il les traquerait, et les annihilerait tous. Il vengerait sa compagne, quoi qu’on en dise. Les traitres n’avaient aucune place dans son Clan. Ils étaient des parasites à éliminer au plus vite. Une gangrène qui rongeait tout et qu’il fallait soigner.



- Poussière de Cendre continuera de la remplacer. Une dernière chose; jusqu’à nouvel ordre, toute sortie en dehors du Clan sans justification lors de la nuit tombée sera sanctionnée.



Il quitta le promontoire sans autre mot, s’en allant rejoindre sa bien aimée. Ce n’était sans doute pas ce qu’elle aurait voulu, mais il n’y pensa pas. Il profita juste des derniers instants où il pouvait la voir, sentir son corps même froid, avant de l’enterrer dans les prochaines heures pour laisser la place à Eau Turquoise et ses chatons.

Note:

« Aigue-Marine est morte. »

L'annonce évidente du meneur tomba comme la foudre, s'abattant subitement sur le Clan de la Rivière tout entier. Nuage de Saumon, qui revenait d'une séance de pêche en solitaire, ressentit immédiatement la pression présente dans l'atmosphère, comme si l'air était chargé de quelque chose de malsain, de pesant. Cette ambiance le mit mal à l'aise si rapidement que son poil s'hérissa sur son corps, et que ses muscles se raidirent. Pourtant, le jeune animal resta dans le groupe de félins présent sous le grand promontoire, conscient que quelque chose de grave se passait. Il ne put ignorer ni l'odeur de rouille, ni la large traînée de sang qui semblait diviser le Camp en deux parties. Au dessus de lui se dressait son meneur, un imposant maine coon gris borgne, qui ne semblait pas au meilleur de sa forme. Lorsqu'Étoile de Pierre reprit, Nuage de Saumon retint son souffle.

« Nos petits ont survécus, et seront gardés par Eau Turquoise. Elle quittera la pouponnière dès qu’ils auront bu pour s’installer dans mon antre. Nuage de Saumon, » Le novice s'écrasa à même le sol lorsqu'il entendit son nom. « tu lui prépareras un nid. Elle y sera plus en sécurité qu’ici…, finit alors le chef à l'unique œil en grognant.
- O-Ouii... » répondit-il, si bas que seuls ses voisins ne purent le percevoir.

D'ordinaire, l'apprenti-guerrier bicolore aurait sans doute offert un regard peu assuré à un membre de sa famille, demandant de l'aide dans la tâche, ou s'assurant qu'il avait leur soutien alors qu'un supérieur le sollicitait. Mais étrangement, à ce moment précis, Nuage de Saumon planta seulement deux yeux écarquillés dans ses pattes antérieures, songeant avec panique à la façon dont il devrait procéder : son comportement vis-à-vis de son chef -particulièrement tendu-, des chatons -dont beaucoup étaient les siens-, d'Eau Turquoise -la veuve de l'ancien chef-, ainsi qu'à l'élaboration même de la tâche : quand ? comment ? seul, avec l'aide d'autres ? Et puis, finalement, pourquoi parmi tous les novices on le choisissait lui ? Pourquoi lui, simple et misérable Nuage de Saumon, habitué au profil bas et à la nullité ? Avait-il des comptes à rendre, était-ce le signe que jamais il ne deviendrait guerrier et qu'il serait destiné à réaliser les tâches désobligeantes des apprentis durant toute sa vie ? Toutes ces pensées se bousculèrent dans l'esprit du jeune mâle, mais c'est la voix rauque du meneur borgne qui l'extirpa de ces réflexions.

« Il y a des traîtres parmi nous. Je ne sais pas qui, je ne sais pas combien, mais il y a des traitres qui ont parlé à ces Lunar Pod. Et ces traîtres, même s’ils n’étaient pas là, ont tué Aigue-Marine. Si vous voyez quelque chose de suspect, si vous savez quelque chose, dites le à moi et à personne d’autre. Garder le silence, ce serait la tuer une deuxième fois. »

Il hochait la tête vivement, accordant de rapides coups d’œil à ses voisins, comme pour déceler les traîtres. Il se tourna même complètement, fixant un peu trop longtemps un vétéran qui finit par froncer les sourcils, surement mécontent d'être soupçonné au premier regard par un simple novice. Gêné, Nuage de Saumon se retourna brusquement. La fin de la prise de parole d'Étoile de Pierre le sauva peut-être.

« Poussière de Cendre continuera de la remplacer. Une dernière chose; jusqu’à nouvel ordre, toute sortie en dehors du Clan sans justification lors de la nuit tombée sera sanctionnée. »

Sur ce, l'imposant animal à la fourrure grise quitta le promontoire, laissant une foule muette à son pied. Nuage de Saumon resta planté là un instant, assimilant une à une les informations, réalisant que son meneur était en colère, triste, et en même temps rudement effrayant, que de nouveaux petits rejoignaient le Clan, qu'il avait été choisi devant tout le monde pour accomplir une tâche mais qu'il était minable, et il finit par serrer les crocs, retenant ses sanglots lorsqu'il se souvint du pire : Aigue-Marine était morte. Alors, sentant qu'il ne retiendrait pas longtemps l'ouragan de larmes et de peine qui naissait en sa poitrine, le novice galopa vivement en dehors du Camp, ignorant les regards de ses camarades, peu lui importait la teneur du jugement d'autrui. Il fallait qu'il pleure.

Une fois assez loin, le félin aux longues pattes plongea volontiers dans l'eau douce de la rivière, là il hurla sous la surface, crachant son mal sous forme de bulles qui éclataient aussitôt sorties de la rivière. Ainsi, il atténua le bruit un instant avant de réaliser qu'il avait en réalité envie, et peut-être besoin de faire du bruit. Alors il miaula et feula vivement, en abattant dans l'eau une patte lourde :

« Non ! Non, non, non, non, noooon ! ... » Il reprit son souffle et poursuivit en libérant un sanglot. « Ce n'est pas juste ! Non ! Non Aigue-Marine, non, non, non ! Pourquoi tu meurs ? »

Seul, au beau milieu du courant tranquille de la rivière, Nuage de Saumon leva les yeux en direction du ciel bleu, où quelques nuages dissimulaient le soleil. Scintillant à cause des larmes, le regard du novice sable cherchait là-haut, une manifestation de la douce lieutenante. Aigue-Marine avait participé à son premier jour d'entraînement, lors du rude hiver en compagnie de Rivière Sombre et avait clôt son apprentissage un après-midi d'automne, près des Chutes. Sa voix apaisante et la gentillesse que trahissaient ses mots avait toujours particulièrement touché le matou qui manquait cruellement de confiance en lui. Mais qu'était-il, maintenant que même Aigue-Marine était partie ? Était-il toujours un futur guerrier au grand cœur, ou demeurait-il un misérable novice incapable ?

HRP:

Je dormais pas, mais mes yeux ils étaient fermés comme si en fait je dormais. Même que le ventre de ma maman il était tout chaud et que dans la pouponnière ça sentait bon le lait. Moi je faisais la sieste depuis longtemps et du coup j'étais plus fatiguée, mais je voulais rester au chaud. Je sais plus trop si les autres ils dormaient ou pas, j'ai pas fait attention parce que dehors, il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup du bruit. J'ai pas levé la tête parce que ça arrive que les grands ils soient plus bruyants que nous, ils ont le droit de s'amuser aussi. Et puis après il y a eu une grosse voix qui a demandé à maman de s'occuper de chatons, alors j'allais dire qu'elle le faisait déjà — bah oui, on est bien des petits chatons nous —, mais en fait c'était Étoile de Pierre et faut pas l'embêter parce que c'est le chef du clan. Maman elle nous avait vite repoussé dehors du nid et le chef il a mit des bébés encore plus petit à notre place. Même qu'ils sont moches avec leurs poils disparus et leurs yeux pas ouverts. Et ils nous ont volés ma maman.

Mes yeux ils piquent mais je dois pas pleurer car je suis pas faible. Je m'approche de maman et notre nid avec ma tête de pas contente, et je tapote le dos d'un voleur.

— Mais c'est ma maman !

Vite vite, on m'éloigne de force de maman en me parlant, mais moi j'écoute pas ce que la dame elle me dit. Et en plus, je la connais pas. Je crie et je bouge dans tous les sens parce que je veux ma maman. Je vais presque pleurer et du coup je veux sortir. Ici, les gens, ils sont trop méchants. La madame elle pense que je veux encore aller vers maman alors elle est surprise quand je pars vers la sortie. Je suis trop en colère alors je vais aller très loin et comme ça maman elle sera triste et elle voudra encore de moi à nouveau.

J'arrive vite dans la clairière. Je suis de plus en plus grande, et du coup je cours plus vite. Mais maintenant ça sent plus bon du tout, une odeur bizarre et trop forte, alors je m'arrête. Et tout le monde il est rassemblé et le chef il est tout en haut, il parle et il est trop en colère. Moi j'ai peur alors je tremble, surtout que le chef il dit qu'il y a des traîtres et je connais ce mot, c'est pas gentil un traître. Par terre, il y a beaucoup de rouge. Beaucoup beaucoup de rouge, et c'est pas normal. Je commence à pleurer.

Les jours sombres. (5)

A la vue du chef blessé et de la forte odeur de sang, une mauvaise nouvelle semblait arriver. Et ce fut tout juste, la majorité des chats furent dévastés d'apprendre la mort de notre lieutenante, Aigue-Marine. Tuée, assassinée, les Lunar Pod avaient osé s'en prendre à une reine qui allait bientôt accoucher juste parce qu'on ne voulait pas se joindre à leur religion et diverses idéologies. J'en tombée des nues, l'odeur du sang me donna envie de vomir, mais je me retins. Aigue-Marine ne voudrait pas qu'on ait des haut-le-cœur à son souvenir. J'entendis des chouinements, elle avait quand même réussi à donner la vie alors qu'elle la perdait. Elle restera toujours une guerrière incroyable à mes yeux, prouvant la force des femelles.

Je regardai le sol et mes pattes depuis qu'on avait annoncé la mort d'Aigue-Marine. Mais lorsqu'Etoile de Pierre partagea sa crainte que des traîtres se trouvaient parmi nous, je ne pu m'empêcher d'avoir le réflexe de tourner la tête autour de moi. Qui aurait pu délibérément dire à ces chats fous furieux que notre clan abritait mère et enfants ? Et surtout, qui aurait pu le dire sachant le futur qui leur était réservé ? Puis, je repensai à ma théorie, que Nuage de Groseille ait été vicieusement embarquée dans leur religion. Et... Non... Par le clan des Etoiles, ne me dites pas qu'elle aurait pu révéler inconsciemment, ou sans vouloir de mal en tout cas, que notre clan grouillait de chatons ! Ma queue battit nerveusement d'un côté et de l'autre, mais je mis une patte dessus pour la stopper. J'étais Nuage de Taupe, petite sœur de Nuage de Hibou, apprenti super intelligent, et grande sœur de Nuage de Groseille, féline beaucoup trop mignonne. J'étais celle qu'on ignorait, ce n'était donc pas le moment de me faire remarquer.

Puis, vu la rancœur qu'Etoile de Pierre portait aux Lunar Pod, partir du camp sans se faire voir, surtout que les sorties nocturnes étaient dorénavant interdites, allait être un grand défi pour Nuage de Pluie et moi. Je jetai un coup d’œil à ce dernier, mais il avait filé. J'ai juste pu entre-apercevoir sa fourrure qui disparaissait dans la tanière du chef. Ah oui, Aigue-Marine était sa mentor, il doit être dévasté le pauvre... Qui aurait cru que les Lunar Pod pourraient tuer un chat en un battement de cil ? Cette pensée mijota dans ma tête, et mon sang ne fit qu'un tour. Le goût du vomi revint chatouiller ma glotte. S'ils avaient tué Aigue-Marine, qu'est - ce qu'ils les empêcheraient de tuer Nuage de Groseille si elle clamait haut et fort naïvement qu'elle ne croyait qu'aux Etoiles ? Ma panique venait d'être multipliée par l'infini. Je devais la retrouver. C'était . ur . gent.

Nuage de Taupe

#ffcc99
Présentation-Carnet

Alors que le soleil se couchait lentement, remplacé par les ombres qui plongeraient bientôt le Clan tout entier dans l'obscurité, Étoile de Pierre se leva.
Il ne savait pas vraiment pourquoi il espérait qu'Aigue-Marine se lève, lui réapparaisse belle et douce comme au matin. Il savait que c'était impossible. Pourtant, son coeur se serra quand il constata que sa dépouille était toujours froide, ses yeux entrouverts, son corps immobile.
Elle ne reviendrait pas.

Il s'en alla dans le camp, la laissant seule quelques secondes, le temps d'aller chercher quelques guerriers pour l'enterrer. Il l'emmènerait dans la prairie, là où ils avaient combattu un renard l'hiver dernier. Elle y reposerait en paix, dans cette plaine verte où la vie s'éveillait à chaque printemps. Ainsi, elle ne serait pas seule.

Quelques guerriers avaient déjà prit l'initiative de creuser la terre. D'autres apprentis avaient apporté quelques plumes pour lui faire un nid. Certains avaient prit avec eux des pierres colorées pour les déposer sur sa tombe.
On transporta son corps jusque là bas, la déposant délicatement dans le trou de plumes. Étoile de Pierre lui ferma les yeux, et la déplaça pour la positionner comme lorsqu'elle dormait. Même dans la mort, elle était belle.

Le poids sur ses épaules s'allégea à mesure qu'ils la recouvraient de terre. Il la savait avec leurs ancêtres, veillant sur le Clan tout entier et ses petits. Malgré son absence, elle serait avec eux pour toujours.

Il raconterait à ses enfants son histoire. Il leur montrerait où elle reposait désormais, leur expliquant les aventures qui s'étaient déroulées sur ces lieux. Il leur dirait pourquoi cette prairie était si précieuse à leurs yeux. Pourquoi le petit arbre sous lequel elle était enterrée était si beau.
Aigue-Marine continuerait de vivre dans leur coeur.