Tire-toi de là / Pv Patte Gelée - abandon

La saison des neiges battaient son plein, et l'humeur de Plume de Faucon était morose. En soi, cela ne changeait pas énormément de d'habitude, le matou n'était jamais un rayon de soleil aux yeux de ses camarades. Il y avait tout de même des moments plus apaisé que d'autre, des moments où il se permettait presque l'ombre de l'esquisse d'un sourire. Mais là, avec le froid qui engourdissait ses muscles, avec les proies qui se faisaient rares et avec cette fine couche blanche qui recouvrait le sol, crissant à chacun de ses pas, Plume de Faucon était irascible. Il avait, rien que durant la matinée, envoyer bouler deux apprentis et un ancien qui se plaignait de ses rhumatisme. Que pouvait-il y faire, si ce vieillard avait mal ? Qu'il aille voir le guérisseur, plutôt que d'embêter un brave guerrier ! Par le Clan des Etoiles, il n'allait tout de même pas ramasser des herbes maintenant ? Il avait bien d'autres choses à faire, des choses plus importantes.

Même s'il n'était pas un très bon chasseur, à cause de son poids et de sa carrure, cela ne l'empêchait pas de passer une grande partie de son temps à chercher des proies. En ces temps difficile, ce dont le Clan avait le plus besoin était de nourriture. Les chatons risquaient de mourir de faim, et même si Plume de Faucon n'était pas amoureux de ces chiards, il savait bien qu'ils représentaient l'avenir de la tribu. Et puis, une fois qu'il aurait ramené du gibier pour la pouponnière, il trouverait bien une petite souris pour l'ancien qu'il avait envoyé baladé, pour se faire pardonner. Ce n'était pas pure bonté d'âme, ne vous trompez pas, le matou voulait surtout éviter que le vieillard aille se plaindre au chef de son attitude. Lui qui essayait de redorer un peu sa réputation ne pouvait pas se permettre ce genre d'écart. Enfin, avec sa mauvaise humeur de la saison, il ne risquait pas de se faire des amis dans les prochains jours, il le sentait.

C'était donc dans l'espoir de dénicher quelques proies que le guerrier avait quitté le camp, un peu avant midi, le museau face au vent. Il savait qu'avec sa masse, il faisait beaucoup de bruit en marchant, et pouvait sans mal imaginer le nombre de proie qu'il faisait fuir à chaque pas. C'était assez frustrant, mais il tâcha de continuer sans se décourager. Avec un peu de volonté, il pouvait au moins réussir à ramener une souris ou deux au camp avant l'heure du repas. Il savait qu'il ne devait pas se montrer trop gourmand, la saison n'était pas propice à se remplir la panse, mais il refusait de rentrer bredouille. Après de longues minutes à avancer en essayant de limiter les dégâts, le guerrier entendit des petits crissements dans son dos. Un petit animal avançait maladroitement derrière. Le mâle se figea, ferma les yeux, et se concentra sur l'odeur. Le vent soufflait malheureusement dans le mauvais sens, l'empêchant de savoir de quoi il s'agissait. Une souris ? Ou quelque chose de plus gros ?

Jouant le tout pour le tout, Plume de Faucon se retourna vivement, retroussant ses babines, se préparant à bondir, et s'immobilisa net, de stupeur. Ce n'était pas un rongeur qui le suivait, mais un chaton de son Clan. Aussitôt, l'étonnement laissa place à l'agacement, et il dévisagea l'enfant avec colère.

- Qu'est-ce que tu fous là toi ? feula-t-il. Les chatons sont supposés rester au camp, pas se balader comme bon leur semble.

Il n'était plus sûr de se souvenir de son nom, il ne traînait jamais suffisamment proche de la pouponnière pour retenir ce genre d'information, mais il était sûr de l'avoir déjà croisé.

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L'expression ravie du chaton exaspéra d'autant plus le guerrier, qui du retenir sa furieuse envie de lui coller un taquet derrière le crâne. Au vu du corps minuscule de l'enfant, il ne devait pas être bien vieux, un coup un peu trop virulent risquerait de lui briser la nuque, et Plume de Faucon maîtrisait assez mal sa force. Il se contenta d'un grondement furieux, sa queue battant vivement l'air. Son ridicule interlocuteur ne semblait toutefois pas se rendre compte de son énervement, et se rapprocha à petits pas, maladroitement, comme si le vent l'empêchait de marcher droit.

- B'jour. Suis Patte Gelée même que maman 'est Ch... Chant Colcots et mon ffffère 'est Feu Doux. Fait froid.

Le matou le regarda, perplexe, puis roula des yeux. Il n'avait pas compris la moitié de ce que le gamin avait baragouiné. Il était attardé ce gosse ou quoi ? Cela arrivait, lorsque la reine était un peu âgée au moment de la mise à bas. Ou peut-être s'était-il pris un caillou sur la tête à la naissance. Plume de Faucon pouvait spéculer autant qu'il le voulait, cela ne le débarrassait pas de ce mioche franchement limité. Il lui jeta un regard noir et répondit sèchement, sans tenter de se montrer plus doux.

- Tu n'avais qu'à pas sortir du camp si tu ne voulais pas avoir froid, sombre idiot !

Patte Gelée - puisqu'il s'appelait donc ainsi - n'avait pas semblé faire attention à ses paroles précédemment, allait-il encore les ignorer ? Plume de Faucon n'avait pas de temps à perdre avec un enfant dissident, il devait se remettre en chasse sans tarder. Le guerrier regarda autour de lui, conscient que le camp n'était pas très loin. Le chaton pourrait-il y retourner seul ? Le matou n'en savait rien, mais cela ne l'empêcha pas de feuler :

- Rentre immédiatement maintenant !

Plume de Faucon n'était pas le plus patient et le plus pédagogue des guerriers. Lorsqu'il aurait son propre apprenti, il ne lui faciliterait pas la vie, voilà qui était sûre.

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