Cœur à vif || ft. Patte de Loutre - abandon

Édelweiss Sauvage sorti de la tanière des guerriers, le visage empreint de fatigue. Le soleil ne s'était levé que depuis quelques minutes et déjà, comme chaque matin, de multiples inquiétudes à propos de sa famille lui torturaient le cerveau.
Nuage d'Ambroisie, noyé dans toute cette eau qu'il affectionnait tant, était-il en paix avec lui-même ? Cherchait-il encore les esprits-poissons ? Après tout, il était tellement étourdi qu'il pouvait quand même courir un danger, même au sein du clan des Étoiles. Au moins, Eau Turquoise pouvait veiller sur lui sans trop de peine. Nuage de Hyène était-elle seulement encore en vie ? Allait-elle bien ? Sa douce sœur (et meilleure amie également) ne donnait plus signe de vie depuis quelques lunes, évanouie dans la nature du jour au lendemain. Leurs ancêtres la surveillaient-elle ?
Et Méduse, vivait-elle bien le fait d'être enfermée dans la pouponnière ? Elle lui assurait que oui, mais était-ce la vérité ? N'était-elle pas trop détruite par la mort d'un de ses chatons ? Dans le clan des Étoiles, Eau Turquoise prenait sans doute grand soin du petit perdu, son premier petit-enfant. Belle-de-Nuit arrivait-elle à lutter contre toute haine féroce qui lui rongeait le cœur ? Était-elle heureuse ? Édelweiss pouvait presque deviner que non, et ça la désolait. Pourquoi Fierté du Blaireau les fuyait-il comme la peste ? Qu'est-ce qui lui tracassait l'esprit ? Il avait sans cesse l'air agité et ne parvenait plus à la regarder dans les yeux, comme s'il avait honte de quelque chose.

《 Patte de Loutre 》, s'agita la jeune femelle en répérant l'un de ses ainés sortir de leur maison. 《 Bonjour ! Tu as quelque chose de prévu ? Je pensais partir à la chasse ... 》

Belle-de-Nuit et Fierté du Blaireau dormaient encore et de toute façon elle n'était pas sûre qu'ils veuillent lui tenir compagnie, la gardant à l'écart comme ils le faisaient. Et Pelage de Crème, avec qui elle était de plus en plus intime, était déjà à l'extérieur, entrainant son apprenti.

Hrp:

Ce n'était pas dans l'habitude de Patte de Loutre de se lever tard. Il a donc ses petites habitudes et sait pertinemment qui se lève vers quelle heure. Ce matin, il était sorti avec la patrouille de l'aube pour marquer leurs frontières. Comme d'habitude, le guerrier n'avait pas beaucoup communiqué durant la virée : plutôt pressé de rentrer pour se remplir la panse. L'âge du matou commençait à se ressentir dans ses gestes, avec la fraîcheur, ses os craquent et il a très souvent mal aux genoux.

De retour au camp quelques temps après le lever du soleil, le vétéran se dirige vers le tas de gibier espérant y trouver un petit poisson pour pouvoir grignoter un peu. Une vieille truite passée fera l'affaire. Il la tire hors du tas et s'allonge, commençant à retirer ses écailles avec ses griffes pour manger la tendre chair du poisson. Après quelques bouchées, le mâle et rassasié et décide de retourner se coucher un peu.

Ne trouvant pas le sommeil, il ressort quelques minutes après, ennuyé et ne sachant que faire. Une guerrière à la fourrure blanche s'approche de lui et lui demande :

« - Patte de Loutre ! Bonjour ! Tu as quelque chose de prévu ? Je pensais partir à la chasse ... »

Le mâle fronce les sourcils et essaye de se rappeler du nom de la guerrière. Il repasse en boucle tous les prénoms qui peuvent être susceptible d'être celui de la guerrière puis il se rappelle : Edelweiss Sauvage. Il s'approche d'elle et lui donne un coup de museau sur l'épaule :

« - Je n'ai rien de prévu. Tu tombes à pic. En route ? »

Heureux de passer du temps en compagnie de quelqu'un plutôt que d'attendre seul le réveil de son apprenti, Patte de Loutre engage d'un pas la sortie du camp.

Poils de Loutre était plus que partant lui aussi. Il lui toucha l'épaule du bout du museau et sans attendre d'avantage, se dirigea vers le tunel creusé dans les roseaux, seule sortie du campement. Édelweiss Sauvage pivota sur elle-même dans la foulée, se retrouvant au niveau du flanc droit du guerrier.

《 Je n'ai rien de prévu. Tu tombes à pic. En route ?
Le guerrier semblait bien pressé de se défouler sur leur territoire, comme s'il fuyait le camp ou quelque chose dans le camp.
— Je pensais aller à la rivière, même si l'eau est peut-être encore trop froide pour les poissons. 》

En revanche, ils pouvaient tomber sur d'autres créatures, terrestres celles-ci, venues se désaltérer au bord du plus important point d'eau des environs. La femelle aux poils tachetés ralenti son rythme de marche, laissant passer le vétéran devant elle et se glissant à sa suite entre les tiges souples des roseaux. Déjà, ils arrivaient sur leur territoire et la grande femelle ouvrait l'œil, jetant des coups d'œils très peu discrets tantôt à droite, tantôt à gauche, dans l'espoir fou d'apercevoir une trace du passage de Nuage de Hyène.
Chaque fois qu'elle sortait, elle ne pouvait s'en empêcher. C'était pire encore lorsqu'elle était seule ; là, elle longeait les frontières toute la journée durant, sans jamais aucun résultat.

《 Alors Patte de Loutre, tout se passe bien pour toi ? 》, dit-elle avant de s'interrompre brutalement, un sentiment de gène lui réchauffant désagréablement les oreilles.

Elle avait entamé la discution pour briser le silence qui régnait, mais ne connaissait absolument rien de son interlocuteur. Et si sa vie n'était que pure misère, comment pourrait-elle bien lui répondre ?

La guerrière décide de le suivre, bien décidée à se changer les esprits. Il ronronne, satisfait de sortir en son agréable compagnie. Edelweiss Sauvage donne alors son idée :

« - Je pensais aller à la rivière, même si l'eau est peut-être encore trop froide pour les poissons. »

Le matou hoche la tête et emboîte le pas à la guerrière qui prend la direction de la rivière. Les deux camarades marchent en silence en direction de la rivière. L'ambiance est pesante mais le côté bavard de la guerrière vient crever ce lourd silence :

« - Alors Patte de Loutre, tout se passe bien pour toi ? »

L'oreille du brun tique. Il n'est pas habitué à ce que l'on s'intéresse à sa vie. Il s'assied au bord de la rivière, laissant sa queue glisser dans l'eau fraîche. Il tourne le regard vers la guerrière blanche et ronronne :

« - Tout va pour le mieux. Mon neveu va bientôt se marier donc je ne peux rien espérer de plus. Et toi ? Comment vas-tu ? »

En disant cela, Patte de Loutre espère que la guerrière se confie. Il sent qu'elle en a lourd sur le coeur mais il ne la connaît pas suffisamment pour se permettre de s'introduire dans sa vie privée sans qu'elle l'y invite.