Le Coût de la Gratitude [Feat. Tache d'If] - end

Décembre 2017:

Il a compté : depuis la dernière semaine, le père a bien du acheter dix gros sacs de nourriture recommandée par son Véto.

Janvier 2018:

Sans compter le sac déjà ouvert, il reste neuf gros sacs de nourriture.

Il a essayé d'en traîner un jusqu'à la Lande pour la chatte Calico, mais en se trompant de côté, et en se laissant distraire par son envie de revoir Madame Fée et de rencontrer de nouvelles têtes, dans le bourbier, il a laissé le sac sans surveillance, qui s'est fait éventré par une bête, appâtée, qui passait par là.

Rusty est atterré et s'en veut terriblement. Il manque à ses promesses : d'abord le rendez-vous avec Trash, qu'il n'a jamais revu, maintenant le sac qu'il n'a pas surveillé. Sans parler que pendant ses virées, le Père passe peut-être à la maison.

Mars 2018 :

sept sacs, et il ne va plus les traîner n'importe où. Toujours le même rituel, de faire se pencher le sac, directement dans la gamelle, et de ramasser les croquettes qui se perdent. C'est sa responsabilité de tenir la maison en ordre quand le Père n'y est pas. Encore heureux qu'on lui ait appris à faire ses besoins dans la toilette - une litière négligée lui aurait vite fait sentir que quelque chose n'allait pas.

Intérieurement, cependant, il sait. Il sait ce qui s'est passé. Il sait qu'il est tout seul, désormais, que le Père n'ouvrira pas la porte, ne le cajolerait plus, ne lui parlerait plus, ne lui dicterait plus rien.

Malgré ses doutes il ne perd pas la foi, nourrissant l'espoir que la porte s'ouvrirait avec son sourire, son odeur de café, l'odeur de son pick-up truck, et un petit " Rusty! " qui lui ferait venir s'asseoir à ses pieds. En attendant, en attendant, en attendant, comme un chien, patient, il continue de s'entraîner. Il se garde en forme, se nourrit, s’abreuve à même le lavabo de la cuisine ou de la salle de bain - il comprend le mécanisme maintenant.

Il n'a pas le choix de le comprendre.

Après c'est l'heure de patrouille, sortir, promenade, renifler et s'assurer de ne croiser aucun Lunar Pod, saluer Sugaar s'il passe, regarder des deux côtés de la rue avant de traverser.

Retour à la maison, évaluation de la diète, patrouille dans la chambre du Père, sauter sur le lit, dodo.

Avril 2018 :

C'est le printemps, même s'il fait très froid. Il fait très froid car le chauffage ne marche plus, et il n'y a personne pour fermer la fenêtre de la salle de bain.

Il ne sait plus pourquoi il la garde ouverte. Par habitude? Pour aérer? Pour tenter un autre chat de rentrer, et de lui tenir compagnie? Ses oreilles tiquent, son poil tiqueté frémit au froid, il s'ébroue un peu, descend du lit, part manger et regarde les sacs de nourriture.

six.

Ce n'était pas son premier voyage à transporter quelque chose de très lourd sur une aussi grande distance. Il l'avait fait une fois, et en bonne compagnie, cette fois cependant il ne se laissa pas distraire. La sloche aux pattes, les sourcils froncés, comme le nez, l'Abyssin tirait le sac avec plus de facilité qu'avant, maintenant que son dos était devenu plus large pour supporter la charge de l'effort de tirer un poids aussi lourd aussi longtemps.

Il s'équilibrait de sa queue lorsqu'il devait descendre le dénivelé d'un trottoir, et il lâchait la sac pour surfer dessus lorsqu'il arrivait en haut d'une côte. Il ne s'était pas trompé de chemin cette fois, même si, parti si tôt le matin, une brume s'était levée, lui empêchant de voir ou bien le Moulin, au loin, au bien la Ferme où passait le camionneur mais il ne pouvait pas se tromper : il reconnaissait cette pente, où il s'était couché, à jouer les moteurs à ronron pour décrire à la chatte qu'il cherchait un monstre. Il reconnut les arbustes, aussi, et un frisson le prit dans le dos, jusqu'au bout de la queue.

Les patrouilles, ici, le viderait de son sang.

Il rentra les griffes en prévention.

Il n'avait pas peur des patrouilles, les patrouilles étaient des chats, tout comme lui, dotés de raison, car il fallait bien en être dénudé pour refuser un aussi beau présent ! Il souffla par sa bouche entrouverte, les dents solidement enfoncées dans le sac, créant une pression continue sur ses mandibules et son museau. Quant à la trouver là-dedans, ça...

C'est qu'à la ville, les habitants déneigeaient. En milieu rural, comme ça...

Il leva le nez, cherchant le bout de la congère, une, parmi tout un amoncellement qui constituait cette zone visible de la Lande. Et le sol était mouillé par la sloche, et l'herbe était gorgée d'eau, détrempée, et la boue, là où elle était exposée, était glissante. Rusty dressa hautes ses paraboles lui servant d'oreilles, à l'écoute de tout bruits. Puis le vent. Il s'était levé pour déferler dans son poil à la recherche d'une faille dans sa Volonté de Fer, révélant sans doute sa présence en portant son odeur à tout va.

Il y était.

Le Clan du Vent.

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Tache d’If était sortie seule ce matin. Elle en avait envie. Pour un petit moment, elle voulait être seule avec ses pensées, loin du Clan et de ses problèmes. La femelle voulait réfléchir à sa dispute avec Étoile Vaillante. Devait-elle pardonner à Nuage de Mousse ? Devait-elle s’exiler à la pouponnière ? Devait-elle accentuer le rythme des patrouilles, au vu du nombre incroyable d’invasion de ses terres ? La douce femelle observa le ciel, elle leva la tête, y cherchant les étoiles. Evidemment, elles se cachaient. Elles devaient avoir honte de leurs actes cruels envers son Clan chéri. Pour la première fois de sa vie, la femelle tricolore leva sur le ciel un regard froid, dur, remplit de colère. On pouvait même observer son poil hérissé de colère. Après un feulement plein de colère, la femelle se détourna du ciel et marcha au hasard, réfléchissant aux mesures à prendre pour protéger son Clan de tous les dangers.

Puis, une odeur lui chatouilla le fond de la gueule. Une odeur étrangère aux Clans. Un Lunar Pod ? Encore ? Ils osaient se montrer à nouveau leur terre ? Elle allait leur apprendre. On ne viole pas impunément la frontière de son Clan. On attaque pas son Clan sans représailles. Poussant un puissant cri de guerre, la femelle hérisse son pelage et se dirige en courant vers la source de l’odeur, les yeux fous de haine pure.

Et pourtant, en voyant ce chat brun au menton blanc, la femelle se stoppa nette. Il lui disait quelque chose. Méfiante, le poil toujours dressé, elle s’approcha, le renifla avec prudence sans le lâcher des yeux. Non, il ne sentait pas la pourriture comme pouvait sentir ses Lunar Pod. Pour autant, elle ne lui faisant pas confiance. Il avait traversé la frontière sans autorisation. Il ne devait pas être là. D’un pas lent, la femelle tourna autour du mâle, l’observant, le jugeant du regard, jusqu’à ce que ses pattes rentrent dans quelque chose. Quelque chose de non naturel. Une masse, bariolée, un chat dessiné dessus. La chatte tricolore se plaça à la parallèle du matou brun, pour l’avoir toujours à l’œil, alors qu’elle reniflait la masse. Une très vague odeur de viande et de sel. Une odeur qui ne lui disait vraiment rien du tout et la chatte recula la tête, un air dégoûté au visage. Puis, elle fixa ses yeux dorés dans ceux bleus de l’autre chat.

- Intrus, je t’ordonne de décliner ton identité et la raison de ta visite sur les terres du Clan du Vent. Si elle n’est pas valable, je te demanderais de faire demi-tour et de rentrer chez toi avec ta… chose.

Comment Rusty voyait-il Tache d’If à présent ? Elle avait bien changée depuis leur derrière rencontre, elle avait gagné en assurance et en hargne ainsi qu’en méfiance. Mais elle a également gagné des coups de griffes ici et là et une énorme cicatrice qui parcoure son flanc. Le creux de son ventre, également semble avoir diminuer, tant autant que son pacifisme par ailleurs.

HRP:

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☆ Le Coût de la Gratitude ☆
^{Printemps 2018 [LUNAR POD] - RUSTY (34 lunes), avec TACHE D'IF (53 lunes)
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Le silence jusque là coupé par le sifflement du vent fut cassé d'un miaulement déformé avec la rapidité de la course de la chatte qui fit soudain se hérisser le poil du dos de l'Abyssin, reculant brusquement la tête et avec le geste, faisant s'abaisser le sac, retomber son poids vers l'arrière, et le faire s'apprêter à glisser de la petite pente qu'il avait montée.

Rusty en oublia sa peur, qu'il tassa sur le côté, pour se pivoter sur une patte, serrer les dents sur ce qu'il tenait et tirer du dos qu'il arqua pour empêcher à son butin de débouler, la pression continue dans ses dents lui arrachant un halètement d'effort.

Ouf, mais pas ouf longtemps, en contre jour face à l'aube naissante, un chat était apparu sur le sommet de sa congère pour soudain s'arrêter dans sa course, et faire mine de le dévisager.

La gueule pleine, Rusty n'osa pas se prononcer tout de suite, levant ses deux yeux vers la potentielle ennemie qui descendit de son promontoire pour s'approcher et venir le renifler. Et plus elle descendait, plus l'ombre de la congère couvrait le reflet de la lumière et mieux il voyait ses couleurs : ses trois couleurs, même, avec le petit bout de sa queue blanc, le petit bout de ses pattes, de ses joues bien fournies et de son corps briqué de roux et il comprit, s'attendrissant devant celle qu'il voyait.

C'était elle !

La toute première clanique qu'il avait rencontrée, celle qu'il avait dérangée, quelques saisons plus tôt, et celle qu'il avait voulu remercier de son aide ! Car sans son aide il aurait été attaqué, n'aurait jamais trouvé la ferme au loin, ne serait jamais rentré bredouille simplement pour retourner au bourbier. Tout ses pas lui revenaient en tête et pendant que les siens la faisait le contourner, lui et son sac, Rusty redressait sa queue au-dessus de sa croupe, comme un piquet, pour se faire le plus amical possible, car il n'était ni dangereux ni une menace pour son clan - et il voulait la rassurer.

— « Intrus, je t’ordonne de décliner ton identité et la raison de ta visite sur les terres du Clan du Vent. Si elle n’est pas valable, je te demanderais de faire demi-tour et de rentrer chez toi avec ta… chose.

Inflexible, il ne s'agissait plus de la chatte calico qui lui avait expliqué si gentiment (trop gentiment...) ses mœurs. Son corps était creusé de blessures, comme Trash, comme Madame Fée, et elle le fixait sans ne plus ciller, sans ne plus s'abaisser.

— « Vous avez beaucoup maigri...

Elle avait de l'attitude et de l'assurance, et heureusement, Rusty était pareil, maintenant. Il redressa son dos une fois le sac à plat, et lâcha ce qu'il tenait, se passant la langue sur les dents et les babines, chatouillé par ses longues vibrisses d'argent.

— « Je m'appelle Rusty, d'aucun clan de rien, mes intentions sont pacifiques et nous nous sommes déjà rencontrés!

Il s'apaisa d'un petit sourire.

— ...J'avais peur de vous avoir causé des ennuis ce jour-là, et je craignais d'avoir fait très mauvaise impression (car il n'était, après tout, pas donné à tous d'avoir un si bon talent pour les charades) alors je voulais m'excuser - et proprement, cette fois.

Il tourna la tête pour désigner du nez le sac.

— Je sais que vous chassez pour manger mais l'hiver était rude, alors j'ai pensé que vous aimeriez peut-être ce, ce sac de croquettes, pour les temps plus durs. »

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Le chat brun semblait la connaitre, puisque quand il aperçut Tache d’If, son attitude se fit plus amicale, la queue droite comme un « i ». La femelle s’approcha et le renifla avant attention. Effectivement, oui, son odeur lui disait quelque chose. Elle en eût la confirmation quand il fit la remarque de son poids. La femelle haussa les épaules. C’était normal de perdre du poids en plein hiver. La vie sauvage est tellement rude.

— « Je m'appelle Rusty, d'aucun clan de rien, mes intentions sont pacifiques et nous nous sommes déjà rencontrés!
- Ah ouiii, c’est toi, le chat qui imite les monstres… Tu n’es toujours pas le bienvenu sur ce territoire…

Mais cette fois, il n’était pas venu faire du tourisme mais plutôt la voir elle. La lieutenante était surprise. Il voulait s’excuser de lui avoir causé des soucis. La chatte haussa à nouveau les épaules, rien de grave n’était arrivé suite à cela alors, c’est comme s’il ne s’était rien passé. Mais là, elle risquait d’avoir vraiment un problème si on la voyait ici discuter avec le mâle.

— Je sais que vous chassez pour manger mais l'hiver était rude, alors j'ai pensé que vous aimeriez peut-être ce, ce sac de croquettes, pour les temps plus durs. »

Du museau, Rusty pointa le sac de croquettes. Les yeux dorés de la chatte se posèrent sur le sac, le chat, à nouveau le sac et finirent par ses planter dans les iris bleues du domestique. Elle n’avait pas besoin de son aide, elle savait se débrouiller, seule, pour s’occuper de son Clan. Qu’il remballe donc sa pitié, elle n’en avait pas besoin.

- Nous sommes entraînés à survivre à l’hiver, tu n’as pas à t’en faire. De plus, le code du Guerrier nous interdit de toucher à la nourriture des Bipèdes. Tu peux donc repartir avec ton « sac de croquettes ».

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☆ Le Coût de la Gratitude ☆
^{Printemps 2018 [LUNAR POD] - RUSTY (34 lunes), avec TACHE D'IF (53 lunes)
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Elle...

Elle avait dit quoi?

— « Nous sommes entraînés à survivre à l’hiver, tu n’as pas à t’en faire. De plus, le code du Guerrier nous interdit de toucher à la nourriture des Bipèdes. Tu peux donc repartir avec ton « sac de croquettes »

Les mots avaient vrillés dans les oreilles de l'abyssin.

« Sors d'ici saleté de Non-clanique, personne ne veut de toi, pas même ton précieux Père. »

L'embarras d'abord prit la forme d'un malaise, de dédain, lui faisant pivoter ses grandes oreilles noires vers l'extérieur jusqu'à les rendre aussi raides que les muscles à son dos. Tout ces efforts, pour rien? Sa queue eut un tic, ses moustaches aussi car son sourire, confus, s'était crispé avant de faire se relever ses babines pour faire briller l'émail de ses crocs sur un rare vestige de frustration.

Mais il n'était pas un animal - et aussitôt il redressa la tête.

— « Ce, non attendez, ce ne sont pas n'importe quelles croquettes! »

Leur Code devait leur interdire les sortes populaires, bourrées d'agents de préservation. Il comprenait! Les croquettes avaient besoin d'être plus riches en viandes qu'en céréales pour être vraiment nourrissantes et - « Ce sont des croquettes qui viennent de chez le Véto, pas du marché, c'est juré! Ce ne sont pas des croquettes sèches, ordinaires, ce sont des, ... des super-croquettes ! »

Et alors qu'il avait posé une patte sur le sac, qu'il avait redressé son dos, sa tête et ses oreilles, sur ce petit air triomphant, un froid glacial le prit à l'échine en se rendant compte de sa détermination risible à vouloir lui "vendre" des croquettes. Qu'est-ce...

Qu'est-ce qu'il faisait -- qu'est-ce qu'il était en train de faire ?

Pourquoi perdait-il son temps à traîner par deux fois des sacs de croquettes pour des chats qui n'en voulaient pas, plutôt que de rester à la maison faire le guet au cas où le Père reviendrait? ... Des super-croquettes? Vraiment? Venant du chat qui faisait des charades...

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- Nous sommes entraînés à survivre à l’hiver, tu n’as pas à t’en faire. De plus, le code du Guerrier nous interdit de toucher à la nourriture des Bipèdes. Tu peux donc repartir avec ton « sac de croquettes ».

A peine avait-elle prononcé ces mots, que Tache d’If faisait déjà demi-tour, certaine que le chat domestique en ferait de même. Après tout, la dernière, il était ignorant, il n’avait pas posé de problème, pourquoi en poserait-il à présent ? Même sans forcément lui faire confiance, puisque les étrangers sont indignes de confiance, elle savait qu’il n’insisterait pas et rentrerait sans faire d’histoire. Du moins, c’est ce qu’elle croyait. Car à peine avait-elle commencé à lui tourner le dos pour repartir vers son camp, elle devait rentrer surveiller son camp, que le chat lui courut après.

— « Ce, non attendez, ce ne sont pas n'importe quelles croquettes! Ce sont des croquettes qui viennent de chez le Véto, pas du marché, c'est juré! Ce ne sont pas des croquettes sèches, ordinaires, ce sont des, ... des super-croquettes ! »

Et c’est le geste qu’elle voudrait lui faire regretter. Qu’elle allait, lui faire regretter. Il avait à peine finit sa phrase qu’elle se retourna vers lui, le poil hérissé, les babines relevées dévoilant ses crocs blancs, la queue gonflée battant frénétiquement l’air, les oreilles tournées vers l’arrière, ses yeux d’or brillant d’une haine xénophobe pur, un grondement furieux s’échappant de sa gueule.

- Tu insistes ? Tu oses menacer le Clan du Vent ?!! Dégage de mon territoire !

La femelle leva la patte, toutes griffes sorties et lacéra le pauvre Rusty. Elle n’avait pas particulièrement visé, mais vu leur différence, elle frappa au poitrail, elle senti la chair se déchirer sous ses griffes, du sang parlant de ses armes. Son regard froid, rongé par la haine fixait le domestique brun.

- Ce n’est qu’un avant-goût de ce que je pourrais te faire si tu insistes à nouveau. Ce sera ma dernière mise en garde avant l’affrontement.

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'Attaque Clan' :

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HRP:

Tout s’était déroulé très vite. A peine quelques secondes. Il tenta de la retenir. Elle le griffa. Il s’effondra. Elle l’observa. Il paniqua. Elle l’observa. Il glissa au sol. Elle s’approcha. Il était dans la congère à se débattre, paniquant du fait de ses blessures, du sang qui en coulait et elle le trouva terriblement pathétique. Elle n’était pas guérisseuse, n’avait jamais aspiré à ce post et ne s’était jamais intéressé de prêt ou de loin aux facultés curatives des plantes, mais sans ces capacités, elle pouvait voir que sa vie n’était pas en danger. Du chiquet, tout simplement. Il exagérait. Peut-être avait-il mal, parce que Tache d’If ne se rendait pas compte qu’elle n’avait pas affaire à un combattant. Elle ne s’en rendait pas compte ou alors, elle s’en fichait. Pour elle, la blessure infligée était facilement parable et guerre très douloureuse. Elle ne provoquait pas la mort, sauf en cas d’infection. Il en faisait des caisses, pour pas grand-chose au final.

- Debout ! Tu n’es pas mort ! Relève-toi et part !

Pourtant, il n’en fit rien. Il la regardait, pitoyable créature frappée par la sauvagerie, les yeux remplis de larmes tandis qu’elle lui rendait un regard froid, vide de la moindre compassion que l’on pouvait apercevoir autrefois. La chaleureuse femelle calico n’était plus, désormais. Elle laissait doucement place à une chose. Une chose dangereuse. Une chose sans empathie, sans douceur, sans chaleur. Une chose terrible. Une chose courageuse, loyale, capable. Une chose trop clanique. Elle le regardait hoqueter. Elle tendit l’oreille à sa requête et secoua les oreilles, dubitative. Pourquoi voulaient-ils tous savoir son nom. Il ne leur servirait à rien. Ils n’avaient pas à se revoir. Un long soupire de lassitude quitta le corps de la femelle.

- Je suppose que je te dois bien ça. Je suis Tache d’If, lieutenante du Clan du Vent.

Un vrai poison, en effet. Un poison qui coule lentement dans les veines pour vous étouffer de l’intérieur.

« Debout ! »

Il était couché, dans la neige, avait fermé ses yeux pour se forcer à retenir ses pleurs. Il avait sentir le sac glisser jusqu'à sa patte, le poussant légèrement pour éviter que ce-dernier ne vienne l'enterrer dans la sloche mouillée.

« Tu n’es pas mort ! »

Mais c'était tout comme. De voir son idéal se frapper à la réalité que tout ses efforts étaient en vain lui avait donné un goût amer en gueule, et lui brûlait le poitrail au feu rouge de la désillusion. Lui qui s'était toujours dit terre-à-terre...

— « Relève-toi et part !

Mais pour aller où?

— Non !

Devait-il rentrer à la maison - la maison vide où son humain ne reviendrait plus jamais? Son futur était aussi trouble que l'était sa vision, en rouvrant les yeux, les levant vers la chatte qui n'avait pas bougé du haut de la congère. Elle n'avait pas bougé cette fois, alors que dans son souvenir il se rappelait distinctement qu'elle ait marché au moins quelques pas au delà des limites de son territoire pour l'amener à un talus, le dirigeant vers la ferme, au loin, dans la distance.

— « ...Je suppose que je te dois bien ça.

Rusty leva d'yeux brillants sur son agresseuse, en proie à un nouvel espoir. Elle lui devait bien ça de marcher avec lui? Mais elle leva queue derrière, en arc, puis son menton, et du haut de la congère elle parut plus grande encore mais surtout farouche. Sauvage. Et Rusty comprit:

— Je suis Tache d’If, lieutenante du Clan du Vent.

Il aurait pu jurer que la distance qui le séparait de Tache d'If s'était accrue, comme les deux bords d'un fossé. Il grimaça, courba la nuque pour donner un ou deux coups de langue aux plaies ouvertes à son poitrail, se claquant la langue pour se consoler d'avoir, malgré tout, bien fait, et il se leva, se saisit de son sac qu'il tira en crispant son grand dorsal pour se dépêtrer de la dépression (littérale et démographique) entre les Landes et la chaussée de l'autoroute.

— « ... J'aurais aimé pouvoir vous aider, Madame Tache d'If.

Voici ce qui lui avait coûté de donner toute sa gratitude à une parfaite inconnue. Comme Vautour Fauve avant elle il se dit qu'elle ne protégeait ses terres que pour défendre sa famille. Elle devait avoir des petits, ou elle en aurait, ou elle avait l'équivalent d'un "père" qu'elle n'avait pas encore perdu et elle n'avait pas le choix de retourner les étrangers sur leur chemin, de crainte que ces-derniers de se retournent contre elle.

Il comprenait, mais la douleur était encore vive, et le chagrin aussi.

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