Lovely Little Nest -end

Lovely Little Nest. (1)

Il faisait noir. Normal, je dormais. J'avais dorénavant tout le loisir d'ouvrir mes yeux, de les fermer, de partir jouer, dormir, fouiner après chaque son ou odeur que j'entendais, en bref, je pouvais vivre. Vie si douce jusqu'à présent, entouré juste de Boule de Braise, Petit Roux, Patte Ardente -même s'il était le moins gentil de la fratrie- et Chêne Argenté, notre maman de lait. J'ai voulu l'appeler Maman, mais elle m'a expliqué que j'en avais plus de maman. Je lui ai demandé pourquoi et elle n'a pas trop voulu répondre. Tout ce que je sais, c'est que je devais être content qu'elle ne soit plus là sinon j'étais mort. Et rien que ceci me donnait des frissons dans le dos. Une maman veut tuer ses chatons ? Alors oui, j'étais content qu'elle soit partie. Puis cette maman tueuse ne me manquait pas, j'avais le ventre douillet de notre nourrice. Et quand on pourrait encore plus sortir, j'étais sûr qu'encore plus de ventres douillets m'attendaient. Plein d'affection à donner et moi j'étais prêt à tout absorber.

Mais là tout de suite, ce ne fut pas de l'affection que je reçus, mais une morsure droit dans ma patte arrière, dépassé du tas de chaton que nous formions lors de nos siestes. Je me réveillai en geignant, me demandant pourquoi me faisais - je agresser avant même de quitter le monde de Morphée, mais les plaintes cessèrent vite. C'était Boule de Braise, et elle pouvait me donner n'importe quoi j'étais d'accord. C'était la plus gentille de la portée, et j'adorais ses câlins. Alors je me roulai pour mettre mes pattes sous moi et m'étirai avant de me lever.

" At't'ends Brais'ou ! J'ai encore les pat'ounes t'out'es end'ormies !"

Mes "T" et mes "S" étaient prononcés différemment que par le reste des chats, de par ma langue qui voulait s'échapper par le côté de ma bouche. Ça sifflotait, on m'a dit que je zozotais. Même ce mot "Sosot'er" je ne le disais pas correctement. Ça provoquait les rires autour de moi, alors ça ne devait pas être mal si cela rendait les autres chats heureux. Mais outre mon zozotement, je voulu sauter hors de l'étreinte de mes frères, et ce que j'avais dit était vrai. J'avais les pattes encore endormies et je me ramassai la gueule la première devant ma soeur. Heureusement, je n'avais rien. Je mordais rarement ma langue qui se réfugiait dans le trou de ma bouche. Je me secouai et bondis joueusement sur le flanc de la petite charcoal.

" Bam, gagné ! Allez Pet'it Roux, d'ebout !"

Lové dans la pouponnière, Petit Roux n'entendait que des piaillements un peu plus loin. Il reconnut tout d’abord la voix de sa sœur, jusqu'à entendre celle de Petit Bec et Patte Ardente. Les deux mâles avaient rejoint leur sœur dehors. Mais que pouvaient-ils bien trafiquer ? Ainsi, Petit Roux était alors le seul qui dormait encore, du moins à moitié. Mais sentir l'excitation de ses frères et de sa sœur lui donnait envie de se réveiller, même si le nid douillet allait être difficile à quitter. Ainsi, le chaton finit par ouvrir les yeux, laissant la lumière envahir son visage strié. Le soleil lui brûlait les yeux, quelle horreur de se réveiller par une lumière aussi aveuglante. Il aurait préféré se réveiller aux côtés de sa fratrie, mais visiblement, les trois chatons étaient bien matinaux comparé à Petit Roux. Il n'avait rien suivi de la conversation entre les trois chatons déjà réveillés. Il s'extirpa de sa couchette encore toute chaude et décida de les rejoindre.

« Qu'est-ce vous faites ? » demanda-t-il tout en baillant à s'en décrocher la mâchoire.

Lovely Little Nest. (1)

A côté de nous se leva Patte Ardente, avec beaucoup plus de facilités que moi ou Boule de Braise -je lui été tombé dessus en même temps, oups-. Sans demander l'avis de notre non maman, il partit dehors la tête haute, comme à son habitude depuis qu'on jouait. Tandis que je le regardai sortir de la pouponnière, ma sœur glissa hors de mes pattes, ce qui me valut de tomber une nouvelle fois sur le ventre. Mais ça va, cela ne faisait pas mal. J'étais déjà dressé sur mes pattes. Je regardai Braisou qui elle même questionnait Chêne Argenté du regard. Signe du menton vers la sortie, on pouvait aller jouer. Youpi ! Je galopai derrière ma sœur et dehors, Patte Ardente nous attendait déjà, même si mes yeux ont eu besoin de quelques secondes pour le reconnaître dans l'éblouissante lumière extérieur. Même, je l'entendis avant de le voir. Pas difficile en même temps, il parlait si fort, je ne comprenais pas pourquoi mais mon frère était comme ça alors voilà. La bataille était lancée, mais Boule de Braise avait raison, mon acolyte n'était pas là. Ensuite elle précisa que je ne puais pas comme un guerrier de l'Ombre, car j'étais tout propre grâce à elle. Je ronronnai et allais me frotter contre elle.

" C'est vrai ! Mais je veux bien faire le guerrier de l'Ombre, après t'out on voit t'out'es mes d'ents, prêt'es pour vous croquer. GRAOUH ! "

Et je claquai mes dents près de leurs oreilles en riant, jusqu'à ce Petit Roux, lentement et en baillant, sortit enfin de la pouponnière. Mon camarade de combat était là ouf ! En deux foulées, je courus à ses côtés pour lui expliquer la situation.

" Alors le camp du T'onnerre est at't'aqué par nous, d'eux guerriers de l'Ombre féroc'es et s'ans cœur. On est venu manger t'ous les chat'ons ! Je passai ma langue sur mon museau comme si j'avais bien mangé. Je chuchotais à son oreille pour la suite du plan. S'auf que d'eux guerriers du T'onnerre nous ont t'rouvés. Il va falloir les bat't're s'i on veut ret'ourner manger d'es rats chez nous ! Du coup... S'us' au plus grand ! A t'rois on lui s'aute d'es's'us. "

Je me positionnai à côté de Petit Roux, en face de Patte Ardente. Je n'osais pas lui donner des ordres oui, mais là on jouait. "Un.." Et pour une bonne expérience de jeu, les méchants attaquaient les gentils, plus de chatons, que des guerriers ! "D'eux.."Ce n'était plus Patte Ardente, mais Coeur Ardent, guerrier qui se trouvait sur mon chemin.

" T'ROIS !! "

A mon signal, je sautai sur mon frère ennemi, espérant que Petit Roux m'ait bien suivi !

HRP:

Plus que quelques jours, mais moins que quelques mois, il les regardait eux et leurs corps à peine développés se déplacer maladroitement en tentant d'émuler de grandes Batailles lancées par leurs aînés. ... Qu'est-ce que c'étaient que ces conneries. C'était Nounou, là qui leur apprenait à guerroyer? Patte venait de flanquer un coup à Bec, là (Coup de Foudre gloussa) et Bouboule-quelque-chose attaquait mais son petit moignon de queue tout hérissé ne savait même pas comment la faire rester debout. C'était pathétique.

Les enfants étaient pathétiques.

Inutile de relever qu'ils étaient sortis de la pouponnière par eux-mêmes et qu'ils avaient échappé à la vigilance de Chêne Argentée la coincée, Coup de Foudre s'avança en rôdant pour interrompre leur simulacre de combat - d'une patte il poussa Bouboule, de la queue il écarta Bec du reste et isola le Roux, là, pour les empêcher de s'arracher les oreilles trop tôt. Et de toute son éloquence il ne se retint pas de leur demander:

« ... Dites-moi ce que je regarde. »

À demi-sourire, crispé, le genre qui s'efforce à être gentil mais d'une gentillesse feinte et surtout évidente. Il n'allait pas porter son masque accomodant devant eux, il n'en voyait pas la peine.

TAUP AU TOP

Lovely Little Nest. (1)

La bataille faisait rage ! C'était si excitant en tant que chaton que de se projeter en guerrier, même si ce n'était pas un guerrier du bon clan. Il fallait bien des méchants après tout, un camp adverse. L'effet de surprise avait fonctionné, j'étais content de moi ! Sauf que dans un réflexe de protection, Patte Ardente lance ardemment sa patte vers moi. Ouch, en plein bec. Il portait bien son nom, mais moi aussi. Mon bec était déjà cassé alors je ne craignais pas plus de dégâts ! Je me battis de plus belle que ce soit mordillements ou coups de patte hasardeux, lâchant quelques " Graouh ! ". Mon frère adversaire avait l'air sérieux devant moi, mais personnellement je riais plutôt, voyant plus le côté jeu que le côté bataille. Du coin de l'oeil, je surveillais le duel Boule de Braise versus Petit Roux. Elle avait choisi de lui sauter dessus pour ne laisser qu'un ennemi à Patte Ardente. Bonne initiative ! J'étais fier de ma soeur ! ..Mais.. attends non ! C'était Petit Roux mon coéquipier ! Ah nan !! M'enfin, son attaque n'était pas aussi surprenante que la nôtre alors j'avais confiance qu'il reprenne le dessus. Quatre boules de poils qui se battaient dans la poussière du camp, faisant voler les herbes autour d'eux. Rien d'aurait pu arrêter mon adrénaline, rien.. sauf...

Un grand bengal qui s'interposa dans notre jeu. Une queue m'écarta de mon adversaire, et je ne pus réprimer qu'un cri de déception. Je levai la tête vers l'interrupteur, et je reconnu papa. Papa ? Papa ! Il venait enfin jouer avec nous, youpi ! Je me relevai tout joyeux sur mes pattes pour le saluer correctement, mais sa voix coupante changea l'ambiance. Accompagné d'un sourire qui ne m'inspirai aucune chaleur, je me figeai sur mes pattes. Ce qu'il regardait ? Euuuh..

" C"est euuh.. c"est un combat ent're d'es chats d'u T'onnerre et d'es chats d'e l'Ombre. P-pat't'e Ard'ent'e et Boule d'e Brais'e s'ont les héros et Pet'it Roux et moi on fait les méchants... "

Mais je repris d'un coup du poil de la bête pour que mon père ne se fasse pas une mauvaise image de moi alors qu'il cherchait peut - être à nous connaître ! Oh non, il devait pas me penser méchant !

" Mais en vrai on n'est pas méchant hein ! C"est jus't'e pour c'e combat ! Hein Brais'ou qu'on est gent'il ? "

J'essuyai la bave que le mot "juste" m'avait coûté, et regardai tout sourire, un poil suppliant même, ma sœur qu'elle confirme mes paroles.