[LP] Très choqué (avec Alby) - end

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La tribu crevait de faim, et c'était le constat qui choquait Cri des Albatros en voyant que les proies se raréfiaient. C'était une période compliquée, mais elle avait si longtemps prier pour l'arrivée du printemps que c'était une réalisation qui lui brisait le cœur. Elle croyait fondamentalement aux Etoiles, et finissait par être progressivement persuadée que les siens perdaient progressivement la chose qui leur était importante et essentielle : la foi. Si Coeur Fleuri s'était interposée devant sa cheffe et des inconnus impies, Alby l'avait analysé comme une véritable atteinte à leurs ancêtres. La guerrière était dépitée, et l'arrivée des Lunar Pod l'agitait entre croyance aveugle pour les Etoiles, et curiosité intéressée pour cette mystérieuse secte. Si ils croyaient en la lune, elle ne pouvait s'empêcher de voir que leur étoile était beaucoup plus grosse que la leur. Eux croyaient en une unicité, tandis que les siens plaçaient leur foi en un tout. Se convaincant de leur supériorité, l'albinos s'efforçait à considérer que le tout était plus fort qu'un seul astre très très grand. Si ils créaient des Clans avec des chats très grands, c'était forcément pour une raison. Eux, ils avaient plusieurs petites lunes dans leur religion, après tout … Cri des Albatros n'était croyante que pour la puissance que représentait leur croyance, et c'était dans cette douloureuse constatation qu'elle préférait se vider l'esprit. Elle détestait réfléchir, c'était mauvais pour elle. Sa bêtise disparaissait de temps en temps pour se livrer à quelques réflexions basiques, mais l'idée de penser la terrorisait.

Bruit dans les buissons, les sourcils de la gamine se froncèrent. C'était forcément un des leurs. Ils traînaient sur les territoires des autres, et chaque membre de leur sale confrérie représentait un coucou maléfique qui venait s'emparer de leurs terres et de leurs nids. Incapable de se construire eux-même, ils venaient quémander leur aide en les menaçant. Les griffes de l'albinos sortent. Elle sent son cœur qui devient épilepsie dans sa cage thoracique. Ses crocs se resserrent comme l'étau autour de leur camp. Si ils voulaient venir voler leurs membres, c'était une très mauvaise idée. Si Cri des Albatros était une diva sur pattes qui n'avait aucune raison de l'être, elle en demeurait une machine d'ultraviolence une fois lancée. Les muscles tendus, elle s'élança vers le buisson et bondit vers la source sonore, griffes et crocs sortis.

« Vous allez dégager de chez nous, oui ou merde ?! »

Son odorat la ramenait rapidement à la réalité. Ses crocs se refermèrent sur la fourrure de son apprenti, et son odeur la fit lâcher prise rapidement, tandis que ses griffes rentrèrent. Paniquée, elle lécha le flanc de son apprenti, le voyant dans un sale état.

« Nuage Nacré ?! Mais qu'est-ce que tu fais ici ? C'est dangereux d'être dehors en ce moment, voyons ! T'as les autres cinglés de Lunar Pod qui traînent de partout, t'as des bêtes sauvages, même les guerriers évitent de traîner seuls trop longtemps, t'aurais pu te faire bouffer ou buter, ou kidnapper, ou je sais pas quoi encore ! Allez, suis moi, on rentre à la maison. »

Le poussant du bout du museau, elle l'aida à se relever, et sa mine se fronça. Une sale odeur émanait de l'apprenti, et le petit semblait réellement terrifié. L'albinos n'osait pas deviner ce que c'était et se contenta de déglutir.

« Tu … Tu veux ... faire ta toilette avant ? »

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Cri des Albatros penchait la tête sur le côté, oreilles dressées, symbole ultime de son incompréhension face à son apprenti. Si ce gamin avait toujours été atypique, la guerrière peinait à comprendre la situation. Riche de son impatience légendaire, elle tapotait le sol avec sa patte, sentant son sang ne faire qu'un tour. L'autre lançait des mots sans queue ni tête, et c'était à elle de les décrypter. C'était une guerrière, pas une intellectuelle, on l'avait éduqué à casser des têtes et non pas à se casser la tête.

« Blaireau. »

Elle éclate de rire. Pour la gamine, rien n'était spécialement grave tant que les mots Lunar Pod ou enlèvement n'était pas prononcé. Elle vivait dans cette atmosphère de peur, où tout semblait tourner autour de ces menaces, quitte à oublier les choses plus simples.

« Si c'est que ça, mon grand! C'est toi le blaireau, va ! Allez, viens on rentre. »

Sans remarquer ni le regard désolé ni la détresse de son apprenti, elle le prit par la nuque pour l'aider à se remettre sur pattes, étonnée de sa fatigue. Pour l'albinos, les blaireaux étaient de lointaines menaces, et un chagrin d'amour aurait plus attiré son empathie qu'une bête menace de mort.

« D'ailleurs, qu'est-ce que tu faisais là ? C'est vraiment très bizarre, j'étais persuadée de t'avoir dis de pas traîner en dehors des terres. Enfin, faut comprendre quoi … Il fait froid et c'est dangereux en ce moment … Et encore, t'as eu de la chance de tomber sur un blaireau vraiment ! T'aurais pu tomber sur un renard et là je t'aurais pas retrouvé. Ou sinon si, mais on aurait du jouer au puzzle avec ton corps. »

Détachée de la situation, elle continuait à avancer, ne faisant pas attention à son apprenti et ne sachant pas si ce dernier prenait sa suite. En se retournant, elle le voyait toujours très remué. Décidément étonnée par ce si grand choc, elle revint vers lui et le regarda, ne sachant pas réellement quoi faire. Si ç'avait été Nuage Silencieux, elle l'aurait certainement pris contre son flanc, le nez contre son front chaud. La proximité d'âge et le manque de liens familiaux entre Nuage Nacré et elle rendait la chose beaucoup moins aisée. Elle ne savait pas comment lui parler, quels mots trouvés, étant plus habituée à être plainte et consolée qu'être dans le schéma inverse. Maladroitement, elle jeta un regard en dehors du buisson, histoire de vérifier si la bête était encore là. Visiblement, il était parti, et pour elle, c'était le signe qu'il ne fallait plus stresser. Trop pragmatique pour les véritables dangers, l'albinos se contenta de tapoter la tête de son apprenti avec un aspect des plus gauches.
Elle était aussi gênée que lui, et ça se sentait. Elle devait jouer l'adulte, et elle était terrifiée.

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Ouvrant la marche pour le retour jusqu'au camp, l'albinos balayait la forêt du regard. Bien qu'elle ait peu peur des renards ou des blaireaux, la menace des Lunar Pod restait. Nuage Nacré parlait derrière, probablement encore sous le choc de son agression. Petite égocentrique qu'elle était, Cri des Albatros l'entendait sans écouter, préférant continuer sa route. Son but était clair, le ramener le plus rapidement au camp pour qu'il puisse se sentir en sécurité.
Soudainement, l'albinos s'arrêta brusquement. Et si Nuage Nacré mentait ? Et s'il sympathisait avec l'ennemi et lui cachait quelque chose ? La guerrière grimaçait, sentant son cœur se compresser, comme si une main tentait de lui arracher. Et si son apprenti avait été mal éduqué par sa personne au point de tous les trahir ? Avait-il eu peur d'un blaireau, ou de sa présence ?

« Nuage Nacré … »

Continuant sa marche, ses yeux regardaient le sol. Elle ne pouvait pas espérer une belle fin dans un contexte aussi sanglant. Après sa sœur, sa tante, elle ne s'imaginait que des traîtres dans son Clan. Elle avait la douloureuse impression d'être une valkyrie oeuvrant pour la justice, tandis qu'elle entretenait surtout une politique fasciste à l'intérieur de son Clan.

« … Si tu avais un quelconque lien avec les Lunar Pod, tu me le dirais hein … ? »

Les traîtres n'avaient plus leur place dans le Clan du Vent.

« Je veux dire … Je serais vraiment furieuse de l'apprendre en bataille, tu le sais ça ? »

Elle se racle la gorge. S'il trahissait les siens, elle n'avait aucune façon de le savoir. Tant pis. Elle préfère se retirer du débat, c'était mieux pour tout le monde. Elle imaginait mal Nuage Nacré pouvoir collaborer avec l'ennemi. L'albinos le voyait comme un être beaucoup trop pur et naif pour ça. Le cœur lourd, elle continue sa route, et le camp pointe le bout de son nez.

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« Tu penses vraiment qu'on va se battre ? »

Bien qu'elle voulut lui répondre que non, tout allait bien se passer et qu'aucune guerre n'allait éclater, la perspective de devenir une héroïne de bataille la faisait fantasmer depuis sa plus tendre enfance. Elle se voyait déjà, se battant fièrement et comme une lionne pour son Clan, et les autres membres l'encenser en hommage à son courage et vantant sa naissance comme étant une cause désespérée qui avait su trouver sa place. Grâce à elle, tous les albinos et malades seraient désormais bien vus, et plus jamais elle n'aurait à se justifier dans ses choix d'enfant malade. Non. Elle aurait eu le respect qu'elle méritait selon elle.
Au lieu de ça, elle était une guerrière lambda, vivant dans l'ombre des arbres et de sa mère.

« Si ça arrive, le Clan sera là pour t'aider, tu sais bien. Pour le moment, concentre toi sur ton apprentissage, c'est la meilleure chose que tu puisses faire contre les menaces. »

Le Clan du Vent avait besoin de chair à canon, et Cri des Albatros était loin de penser que son apprenti allait un jour de devoir risquer sa vie. Pour la gamine, les batailles se limitaient à des victoires héroïques, du sang versé mais sans réelle mort. Pour elle, seuls les plus grands pouvaient mourir, comme Etoile de Sable. Jamais personne de sa famille n'allait mourir, parce qu'elle les aimait trop pour ça.
Puis, ce serait un réel drame pour l'albinos.

Elle agita la tête et chassa ses pensées en voyant le campement s'étaler sous leurs yeux. Aujourd'hui, Nuage Nacré avait vécu quelque chose de grave, et elle venait de nier totalement sa peur et son potentiel traumatisme. Tous les mentors du monde l'auraient pointé du doigt, mais la gamine préférait s'attarder sur une poignée de chats bruyants, les Lunar Pod.

« C'est ce que je voulais entendre ! Etoile Vaillante a été claire, une patte sur le territoire et on les démonte. On compte sur vous pour en faire de même avec les plus jeunes, doit bien y avoir des chats de ton âge ! »

De notre âge. Tandis qu'elle s'efforçait à leur refuser toute humanité, elle les déifiait, parce que c'était plus simple comme ça. Elle avait fait la même chose avec les solitaires, alors avec des meurtriers … Loin de se douter qu'elle était plus écoeurante que la plupart d'entre eux, elle sourit avant de poser son museau sur le front de son apprenti, lui murmurer quelques mots réconfortants et, avec un regard entendu, elle fit volte-face vers le tas de gibier.

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