Pauvre enfant | Lp | pv Déchet - end

Pauvre Enfant. (15)

Je traînai des pattes plutôt.. tristement, complètement abattue par la réponse de Krov. Nuage de Groseille, ma pauvre Grogro, morte, et ce depuis des lunes dorénavant. Même pas besoin de la Lune pour le savoir, alors pourquoi, pourquoi Sareth ne m'avait pas répondu directement que ma soeur n'était plus de ce monde ? Etait - il si avide de nouvelles recrues pour sa Lune de pacotille ? Oui, de pacotille, je n'avais plus peur de le penser dorénavant. Je n'avais plus besoin d'elle, et elle n'aura plus besoin de moi. En tout cas, je ne me donnerai plus à elle c'est sûr. Je regrettai que nous étions encore en plein jour, mes Etoiles totalement absentes des cieux. Me pardonneront - elles ? Je voulais le faire pour le bien des membres de mon clan, pas contre elles. J'espérais qu'elles comprennent, et que ma vie pouvait redevenir plus calme ensuite. Calme.. où trouverais - je ce calme ? Revenir à la Rivière ? C'était bon pour se faire tuer, si en plus c'était pour revenir avec de mauvaises nouvelles.. Non, ce n'était pas la solution. Partir seule ? Non, pas enceinte, je ne saurais chasser pour deux chatons en pleine croissance. Ou alors, je pourrais partir avec Cyanure... Cela devenait de plus en plus impératif de lui parler. Parler à Krov m'a demandé beaucoup de courage, il devait bien m'en rester pour l'annoncer au père..

Alors que je réfléchissais pour un avenir plus calme, l'ambiance ne l'était pas du tout. Des feulements, encore des batailles intra - Lunar Pods. La brutalité de ce groupe m'usait, et je me languissais de partir de ces sauvageries. Puis, j'entendis un feulement mais de chaton. Sûrement à cause de mes nouveaux instincts, mes nerfs furent immédiatement à vif. Quand les bruits de bataille cessèrent, je filai vers la source de bruit pour voir ce qu'il s'était passé. Il ne restait qu'un gros chaton noir.

" Eh.. tu vas bien ?"

Je ne m'approchai pas trop, ne connaissant pas ce chaton au fond. Peut - être avait - il lancé la bagarre après tout ?

Taupe

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Cadeau d'Aiglou !

Depuis ma rencontre avec Perce-Neige, il y a quelque jours de cela... Tout semblait avoir changé. Cette promesse d'une amitié forte et éternelle me berçait. J'étais devenu quelque peu rêveur... Cette simple pensée me suffisait pour me remplir de joie et de sérennité...
Je devais d'ailleurs paraître trop bien dans ma peau pour le groupe de jeunes qui faisait la loi ici. Ils se postèrent devant moi, alors que je me ressassais encore et encore ma rencontre avec la belle écaille. Lorsque le meneur du groupe prit la parole, je sursautai. Ce n'est qu'une fois pris au piège que je me rendis compte que j'étais en danger. Mais je ne pouvais plus rien y faire mis à part attendre qu'ils finissent.
Je me roulai en boule, essayant de pleurer le moins possible face à la douleur des coups, de lâcher le moins possible de cris de douleur lorsque ces derniers se faisaient plus marqués. Cela était bien dur lorsqu'on appuyait consciemment sur une cicatrice mal fermée.
Je me débatis, je feulais, leur demandais de me laisser tranquille, en vain.

"Tu ne sers à rien!"

"Tu n'es qu'une ordure, même pas bonne à manger."

"crève sale déchet!"
Les insultes fusaient, déchiquetant mes tympans et piétinant ce qu'il me restait de fierté et d'ego au passage.
C'est tremblant de douleur, à moitié sonné, qu'ils me laissèrent. Je ne pleurais plus, je n'avais plus de larmes pour ça. Je restai immobile, incapable d'esquisser le moindre mouvement. Ma gorge était nouée.
Perce-Neige avait changer quelque chose à ma vie. Désormais, j'en avais marre de prendre des coups.
Je ne bougeai pas plus lorsqu'une voix peu familière m'interpella.

Pauvre Enfant. (15)

Le chaton replié sur lui - même ne bougea pas, ni même ne sourcilla. Confuse, j'osai le renifler, mais seule l'odeur du sang me vint. Je fronçai le museau, quelque peu suspicieuse de ne pas sentir de la peur sur lui. Mais.. après tout, quel chaton cherchant la bagarre finirait en une telle posture ? N'arrivant décidément pas à m'arrêter sur un avis, je marchai un coup autour du petit. Il n'avait vraiment pas l'air bien. Je m'assis, un peu violemment à cause du poids de mon ventre, et je le regardai en soupirant. Que dire que dire. Au moins, ce que je me rendis compte plus tard, c'était que ce cas m'aura au moins fait oublier mon malheur en m'inquiétant pour celui de l'autre. Ma queue balayant le sol, je retentai de lui murmurer quelque chose.

" Ça va, tu.. tu sais parler ? "

Ou même, m'entendait - il ? Qu'est - ce qui empêchait un chaton d'être sourd ou muet ? Je ramenai mes pattes plus proches de moi pour illustrer inconsciemment le petit mal aise qui grandissait autour de moi. Bon, pour tester s'il était vraiment sourd, une phrase qui ferait parler n'importe quel chaton.

" Un chaton fort comme toi peut me dire ce qu'il va pas, non ? "

A la Rivière, dès qu'on "flattait" un chaton d'être fort ou grand, on obtenait directement une réponse. Et vu l'envergure de ce chaton, Fort lui allait bien.

Taupe

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Cadeau d'Aiglou !

Une odeur sucrée me parvint. Loin d'être réconfortante, elle ravivait de lointain souvenirs, alors que je n'étais qu'un chaton, n'espérant que la considération d'une mère absente, trop obnubilée par ses si grands et vaillants autres chatons. Moi, j'étais celui de la fratrie qui ne convenait pas. Trop gentil, mais trop grand et massif pour être tuer. Celui dont on disait qu'il ne tiendrait pas le lendemain, mais qui chaque jour surprenait. Et que l'on punissait chaque jour encore d'être toujours vivant. Toujours là, toujours debout, dans un état lamentable.

" Un chaton fort comme toi peut me dire ce qu'il va pas, non ? "

Je me redressai brusquement, intrigué, même, choqué. Celle-là, jamais on ne me l'avait fait. Le regard plein d'incompréhension, je secouai la tête, fronçant les sourcils. Cette mère n'était pas là depuis longtemps, cela se voyait. J'étais connu pour être celui qu'on tapait pour se détendre, et elle l'ignorait. Peut-être était-ce parce qu'une aura de douceur émergeait d'elle... Un peu comme celle de Perce-Neige.

"Déchet."

Je balançai ça comme ça, impassible.

"C'est mon nom. "

Je plongeai mon regard insistant dans celui de la femelle. Non vraiment, je ne comprenais pas comment elle avait pu se tromper ainsi.

"Je suis faible. Je n'existe que pour permettre aux forts de se défouler."

Cette vérité depuis si longtemps intégrée... sonnait fausse maintenant. J'ignorais quel était le plus perturbant. Le fait qu'elle m'ait désigné par cette appelation... ou bien ce sentiment nouveau... d'injustice. Je sentais mon cœur se rebeller contre ma raison. Raison qui, peut-être, m'avais permis de survivre en acceptant dès ma naissance ma condition, sans jamais espérer de vie meilleure pour moi... Mais maintenant que cette porte s'était ouverte. Je souffrai d'être là. Alors, pour arrêter cette douleur dont je n'arrivai pas à déceler la source, j'essayais de mon re-convraincre de qui j'étais réellement.

Pauvre Enfant. (15)

Et comme prévu, la flatterie fit réagir le chaton. Cette facilité me fit ronronner, un chaton clanique ou Lunar Pod restait un chaton après tout. Mais le petit restait froid et son visage de marbre. Il lâcha d’ailleurs un " Déchet " si sèchement que j’avais pensé qu’il m’avait insulté. Une patte se leva en guise de protection, outrée par cette réponse. Puis il précisa que cette insulte était son nom, et ce d’une manière très sérieuse. Mais qui appellerait son enfant comme ça ? Ou alors, qui haïssait son chaton à ce point et pourquoi ? Les vies grandissantes en moi étaient peut - être source de stress mais d’un nouveau bonheur aussi, pourquoi une mère détesterait son tout petit ? Mes oreilles s’abaisseront et se relevèrent chacune à son tour, mes yeux scrutant les siens si insistants en espérant que cela se révélait être une plaisanterie.

Déchet continua ses explications, qu’il était faible et que son rôle était celui de défouloir pour les forts. Pardon ? Je voyais pourtant devant moi un jeune chat en bonne santé, les côtes certes un peu apparentes mais tels étaient les chats sauvages. Musclé, sans handicap, je ne pouvais me résoudre à ce qu’il se pense faible.

" Faible ? Mais d’où ? J’ai vu des chatons dans les clans bien plus mal formé que toi -car en plus tu n’es pas mal formé- qui sont devenus de grands guerriers respectés ! Tiens, donc mon ancien clan, on avait une légende qu’un grand chef de jadis s’était cassé la mâchoire chaton ! "

Je le regardais enjouée, pour tenter de lui redonner de l’espoir. Mais mon sourire sonna vite faux. C’était des histoires de clan. Cela intéressait nullement un Lunar Pod. Je frottai donc ma patte sous mon museau, réfléchissant comme une Lunar Pod. Enfin plus ou moins.

" Puis, je vois pas la logique de délaisser les chatons dans son propre groupe sans même les entraîner. Et puis d’en voler aux clans car ils savent pas s’occuper des leurs ... "

... Oui c’était très stupide. Pourquoi voler chez l’autre ce qu’on avait déjà ? Je regardais le chaton noir de façon interrogative.

" Pfff je ne comprendrais jamais les Lunar Pod.. T’as l’air d’un bon chaton, je suis sure qu’ailleurs, clan ou solitaire que sais -je ... laissais - je suspendre, pour pas non plus qu’il tente de rejoindre un clan. Là il ne serait pas battu mais tué selon la xénophobie du clan. .. tu serais apprécié pour ta juste valeur. "

Je restai un peu silencieuse, plongée dans ma réflexion, patte collée sous le menton et yeux vers le sol. Puis, un moment de lucidité me fit relever les yeux vers le plus jeune. Je sursautai légèrement, gênée.

" Oh pardon, je dois t’embêter avec mon blabla de clan et de politique ! "

Je lui dis un petit sourire crispée, un chaton n’en avait sûrement que cure de cette conversation compliquée avec moi - même.

Taupe

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La femelle avait levé sa patte en guise de protection. Comme si j'allais moi, lui faire du mal. C'était plutôt elle qui m'en ferait, en me criant d'aller voir ailleurs et ne pas approcher ses petits. Je restais néanmoins stoïque et continuai mon observation. Son drôle d'air me faisait un drôle d'effet. Comme si ... mon ventre se nouait.... Comme si... quelque chose clochait. Elle semblait vraiment étonnée. Ainsi, Perce-Neige n'était pas la seule à réagir ainsi.
Je ne l'admettais pas, mais cela apparut comme une évidence dans mon esprit : seuls les lunar pods pensaient avec ce système de forts et de faibles.

" Faible ? Mais d’où ? J’ai vu des chatons dans les clans bien plus mal formé que toi -car en plus tu n’es pas mal formé- qui sont devenus de grands guerriers respectés ! Tiens, donc mon ancien clan, on avait une légende qu’un grand chef de jadis s’était cassé la mâchoire chaton ! " "..."

Mais là n'étais pas la question. Mon physique justement prenait trop de place. J'étais trop visible. Trop grand. Les autres jalousaient cette musculature qui se formait malgré moi, et s'acharnaient en retour, sur moi.

S'acharnaient. Non. Ils ne s'acharnaient pas. Ils apprenaient à se battre et j'étais là pour les aider et les servir. Comment pouvaient-ils mesurer leur force et apprendre à la dompter s'il n'y avait personne sur qui frapper?

" Puis, je vois pas la logique de délaisser les chatons dans son propre groupe sans même les entraîner. Et puis d’en voler aux clans car ils savent pas s’occuper des leurs ... "

Voler? Je n'avais pas suivi cette histoire, tant et si bien que je comprenais rien à ce qu'elle racontait à ce sujet.

" Pfff je ne comprendrais jamais les Lunar Pod.. T’as l’air d’un bon chaton, je suis sure qu’ailleurs, clan ou solitaire que sais -je ...

Donc elle n'était pas une vraie lunar pod. Elle ne méritait pas notre famille. Cyanure veillerait probablement à ce que les chatons n'aient pas cette façon de penser.
Ou peut-être que les jumelles tueront cette reine qui racontait des idioties, pour ne pas pervertir les bébés.

. .. tu serais apprécié pour ta juste valeur. "

... Ma juste valeur? Malgré-moi, mes yeux s'allumèrent d'une flamme nouvelle. Une flamme d'espoir.
Que je chassais très vite en me refrognant et en gromelant des propos inaudibles.

" Oh pardon, je dois t’embêter avec mon blabla de clan et de politique ! "

Je secouai les oreilles, gêné.
C'est vrai que je ne l'avais pas ouvert depuis un moment.
Je baissai la tête pour fixer mes pattes, comme si je n'avais rien à ajouter.
Mais au fond de moi, je brûlais. Il fallait que je parle. Il fallait que je comprenne. Mais je ne pouvais que réciter ce qu'on m'avait appris par la force. Avec ce sentiment désagréable que tout ce que je disais était faux.

"La vraie valeur? La valeur se voit non pas simplement par le physique mais aussi par le mental... Si t'arrives pas à donner une misérable baffe... t'es qu'un déchet."

Une seule baffe... Un seul coup... Les souvenirs remontaient. Notamment ce combat avec cette femelle des marais. Mon coeur se serra.
Je me levai brusquement, comme pour chasser ces pensées. Ce simple mouvement m'arracha une grimace. Certaines de mes cicatrices commençaient vraiment à s'infecter, et étaient douloureuses. Peu importe.

"On te nourrit que parce qu'on t'a trouvé une utilité. Moi ça. Toi, t'as l'air de venir d'ailleurs. C'est quoi ton utilité? Faire des petits pour la Lune, comme ma génitrice? Sauf qu'on va jamais te laisser les élever si tu les éduques comme tu me parles là..."

J'ignorais si je voulais la mettre en garde elle-aussi qui restait là, sans se rendre compte du danger, si je voulais la convaincre de penser comme moi. En réalité, j'étais complètement perdu. J'essayais toutefois de me montrer le plus persuasif possible.

Pauvre Enfant. (15)

Dire que j'avais peur de l'ennuyer, mais ses yeux se questionnaient tout de même le long de mon monologue. Surprise, jugement, espoir, quelques émotions passèrent dans son regard. Moi même j'eux l'espoir d'avoir une réponse plus heureuse de la part du chaton, une réponse de chaton quoi, mais il se renfrogna à la dernière minute. On l'avait trop tapé, il était trop tard. Il récita le discours qu'il avait maintes et maintes fois entendu, que tu n'étai qu'un déchet si tu ne pouvais pas taper un autre chat, que le problème soit physique ou psychique. Je gardai pour moi même que cet avis était totalement débile car un guérisseur n'avait jamais appris à se battre, et pourtant il n'était pas un moins que rien. Le contraire même ! Il était précieux et important. Mais bon, pour cela il fallait savoir ce qu'était un guérisseur. Et étonnamment, les Lunar Pods n'en avaient pas.

Et il continua en disant que j'étais nourrie sûrement car j'avais une utilité. Mes oreilles se baissèrent d'indignation. Si j'avais des petits, c'était -bon peut - être pas par choix mais au moins- pas pour la Lune. Je ne me voyais vraiment pas faire des petits à la chaîne pour qu'ils soient traités ensuite comme ce.. Déchet. Puis il étaient fruit d'un amour, enfin plus ou moins, je l'espérais quoi. Du tac au tac je lui répondis pour corriger son avis sur moi.

" Alors non mon utilité n'est pas d'être une génitrice. A la base, je chassais et péchais pour vous, vu que bien nombreux sont ceux qui savent se battre mais pas chasser, et je prodiguais des cours de natation à Cyanure, et c'est comme ça q.... que je fermai ma bouche car pas besoin de savoir plus. Et puis pour élever mes chatons je... Je calmai mon débit d'autoprotection, et m'inquiéta sur cette dernière information. Comment ça on ne me les laissera pas les élever ? "

Je ne comptais pas les élever ici de toute manière, mais peut - être devais - je savoir à quel point urgeait ma fuite.

Taupe

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Mais seule l'image de Perce-Neige me revenait. Elle et son aura si douce. Si merveilleuse. Elle avait rempli mon coeur d'allégresse. Son seul souvenir m'apaisait, me donnait... confiance. L'espoir avait naquis en moi. Mon âme s'était ouverte à de la nouveauté. Et peu à peu, malgré moi, l'évidence remontait à la surface. Il me fallait fuir d'ici. De cet environnement où je souffrais. Parce que ce n'était pas normal. Et ce que l'ancienne clanique demandait me le prouvait.

" Alors non mon utilité n'est pas d'être une génitrice. A la base, je chassais et péchais pour vous, vu que bien nombreux sont ceux qui savent se battre mais pas chasser, et je prodiguais des cours de natation à Cyanure

L'image de mon amie s'effaça aussitôt à l'annonce de ce nom. Cyanure. Le tyran, si massif, si effrayant. Mon visage se crispa, mes yeux se révulsèrent et je reculai. Comment pouvait-elle... aider ce ... Cela était normal. Il était fort. Le goût de ses herbes revinrent en bouche. Je fis la moue, dégoûté, prêt à vomir de nouveau. Cette torture avait enflammé mon estomac pendant tellement longtemps. Loin de me tuer, elle n'avait fait que tordre mes boyaux pendant une durée bien trop longue à mes yeux. Et puis... c'était lui qui m'avait forcé à attaqué le bébé clanique...

Il fallait que je me calme.
Je pris une grande inspiration.
Ses actions étaient normales.

Enfin, la question de la femelle arriva jusqu'à mon petit cerveau

"Comment ça on ne me les laissera pas les élever ? "

Je la regardai toujours aussi intrigué par son manque de connaissance de nos manières de vivre. Car oui, ce n'était qu'une façon de vivre, je le comprenais maintenant.

"Bah, si tu ne les éduques par pour la Lune, les jumelles te tueront et une génitrice élèvera tes gosses pour la Lune. Pourquoi as-tu des enfants si ce n'est pour la Lune ?"

Pourquoi? J'étais sincère. Je ne comprenais pas l'intérêt.

Pauvre Enfant. (15)

La respiration du petit s'affola à l'entente du nom de Cyanure. Même ses yeux traduisirent la peur qu'il éprouva rien qu'avec ce nom. Je le regardai les oreilles en arrière. Je savais que Cyanure était un guerrier très grand, très fort, et sans doute un peu barbare à cause de l'éducation barbare des Lunar Pods. Mais pourquoi un chaton aurait peur de lui ? Il ne se battait pas contre des chatons, si ? Je réfléchis à pourquoi il avait peur. A cause de son physique qui même pour moi, -quasi- adulte était énorme ? Mais avoir si peur rien qu'avec le physique ? Replongée dans mes questions et mes réflexions, l'inspiration de Déchet lui redonna toute mon attention.

Et ce qu'il me dit m'effraya.

Les terribles jumelles me tueront si je donnais mon opinion à mes petits ? Mon poil s'hérissa d'indignation. C'était mes chatons, c'était moi qui les ai porté pendant deux lunes, d'où elles avaient le droit de me les retirer en me tuant pour en faire de bêtes petits soldats. Un courant électrique parcouru mon corps, l'adrénaline qui me hurla de partir. Non. Cyanure. Je ne pouvais pas partir avant de le lui dire. Enfin, oserais - je lui dire ? Ce chaton le craignait déjà, et moi aussi, un peu.. Puis Déchet me posa une question dont la réponse me paraissait logique.

" Pourquoi faire des chatons ? Et bien... quand deux chats s'aiment, ils veulent fonder une famille, et faire perdurer cet amour. Voir cet amour à travers leurs petits qui s'épanouissent et deviennent de bons chats.. Pas pour les offrir au combat, ça non. "

Je le regardai aussi interrogative que lui. Était - ce dans ce monde qu'il vivait ? Un monde où les enfants étaient juste les futurs griffes qui se battront pour la Lune, qui leur "promet" une résurrection mais que leur arrivaient - ils vraiment ? Je n'étais pas du tout tentée de le savoir. Partir. Dès que j'en aurais le courage, je partirais. Je repensais à ce que je venais de lui dire. Par amour hein ? Dans mon cas, c'était plutôt par accident, mais je les aimais déjà. Je voulais qu'ils grandissent bien.. Avec ce que je n'ai pas eu aussi longtemps que voulu, une maman et ..

un papa.

Je devais le dire à Cyanure. Mais pour me préparer, une dernière question me taraudait l'esprit.

" ... Pourquoi tu as peur de Cyanure ? Il .. fait du mal aux chatons ? "

J'avais lâché cette phrase en espérant de tout coeur qu'elle soit fausse. Comment pourrais - je oser lui parler s'il détestait les chatons au point de les blesser ?

Taupe

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Ses muscles se tendirent, sa pelisse colorée s'hérissa et sa queue fouetta violemment l'air d'indignation. Je sentis une espèce de colère gronder en elle. Cette réaction me toucha plus que je ne me l'avouerais. Comme si la femelle avait lancé une aiguille en avant pour que cette dernière atterrisse là, droit dans mon cœur. Pourquoi cette douleur qui se faufilait dans mon poitrail et enserrait mon cœur tel un python étouffant sa proie? La réponse était pourtant évidente pour un esprit clair, elle l'était bien moins pour le jeune novice que j'étais. Les fondements de mon éducation étaient simplement en train de s'écrouler. La peur que la femelle ressentait pour ses chatons détaignait sur moi. Je commençais sincèrement à avoir peur. Une toute nouvelle peur... la peur d'être coincé ici à jamais, alors qu'une autre vie pourrait m'atteindre. Et les affirmations de la femelle ne firent qu'appuyer cette pensée qui doucement germait...

" Pourquoi faire des chatons ? Et bien... quand deux chats s'aiment, ils veulent fonder une famille, et faire perdurer cet amour. Voir cet amour à travers leurs petits qui s'épanouissent et deviennent de bons chats.. Pas pour les offrir au combat, ça non. "

J'ignorai ce que signifiait le terme épanouir. Et l'amour... ce concept était complètement absent de mon vocabulaire. Ainsi, je ne compris rien à ce que disais la femelle... Plus tard ces paroles me reviendraient...

" ... Pourquoi tu as peur de Cyanure ? Il .. fait du mal aux chatons ? "

De nouveau tremblement. Je levai un regard inquiet vers la dame. Je jetai des coups d'oeil furtifs sur les côtés. Pris une inspiration.

"Il les tue."

Je frissonnai. Ce n'était pas tout.


"Et utilise ses plantes pour faire mal."