[LP] Tu voudrais un regard ? ~ Petit Foehn - abandon

Son sourire, sa joie me mettait de bonne humeur. La voir s’émerveiller sur tout ce qu’elle voyait était le meilleur des soins. Je la sentais s’accrocher à moi avec ses petites pattes de chatons, ses coussinets tout doux me serrant avec la force maximale d’un petit. Je me sentais bien et pour une fois, proche de mes enfants. Ce n’était qu’une des trois certes, mais c’était déjà quelque chose. Je réussissais à me libérer de cette prison d’émotion dans laquelle je me suis enfermée toute seule.

« Waaaaaaaow!!!! C'est quand maman que je commence hein??? »

Je ronronnais doucement à ses paroles, elle était, comme tout chaton, pressée de devenir apprentie, de devenir guerrière pour servir son clan. Mais ça signifiait grandir. Et malheureusement, l’âge adulte réserve son lot de surprises. C’était quelque chose. Les emmerdes commencent. J’espérais qu’elle garde une certaine part de son innocence pendant longtemps, peut-être toute sa vie. J’aimerais beaucoup.

« Patience ma grande, tu commenceras quand tu auras l’âge ! »

Paroles de moralisateurs, de mère qui voulait garder ses chatons loin des complications de la vie. Essayons de ne pas être rabat joie. J’allais lui expliquer ma joie dans ma vie de guerrière.

« Mais je suis sûre que toi et tes sœurs vous serez les meilleures ! Je vous amènerais courir avec moi un jour, c’est génial. Quand tu te lance à pleine vitesse, que tu sens le vent contre toi, que tu sens que rien ne pourra t’attraper, mais que c’est toi qui saisi l’instant, et chaque chose… Je crois que c’est la meilleure sensation. J’espère que vous aimerez ça. »

J’avais les yeux rêveurs en parlant de ça. Ça me manquait, mais je voulais qu’elles connaissent cette sensation. Quand elles seront grandes.

« Tu veux voir quoi maintenant ? »

Le ronronnement de ma maman me réchauffa le coeur. Une douce plénitude m'envahit. Je sentis mes muscles se relâcher un à un... Mon souffle devenir plus lent. Je me sentais bien, tout simplement. Mes cordes vocales vibrèrent, pour s'allier à celles de ma mère. Deux légers vrombissements flottaient dans les airs, en accord. Le fumet sucré de ma mère vint chatouiller mes moustaches. Il était si apaisant. Le contact avec son pelage était si agréable...

« Patience ma grande, tu commenceras quand tu auras l’âge ! »

Je fis semblant de grommeler, pour la forme.

« Mais je suis sûre que toi et tes sœurs vous serez les meilleures ! Je vous amènerais courir avec moi un jour, c’est génial. Quand tu te lance à pleine vitesse, que tu sens le vent contre toi, que tu sens que rien ne pourra t’attraper, mais que c’est toi qui saisi l’instant, et chaque chose… Je crois que c’est la meilleure sensation. J’espère que vous aimerez ça. »

Ses propos déposèrent des étoiles dans mes yeux. Rêveuse, j'imaginais cette sensation. Mes poils qui voleraient tout seul... Le contact de la terre meuble, foulée par mes pattes en action. Cette sensation de liberté... Cela devait être incroyable.

« Tu veux voir quoi maintenant ? »

Je sortis immédiatement de mon état de zénitude à ces paroles. L'excitation me gagna... Une idée m'avait traversé l'esprit mais... je ne savais pas si elle était réalisable... Je laissai passer alors une seconde, deux secondes, trois secondes, hésitant à la proposer ou non.

Puis je lâchai :

"Et... si tu me montrais ce que euh ça faisait en courant autour du camp? Promis je m'accrocherai de toutes mes forces!!"

Mes yeux pétillaient de joie. Faites qu'elle dise oui! Faites qu'elle accepte!!

L’air rêveuse, je l’avais amené dans ce que j’aimais le plus faire. Et sa demande ne m’étonna pas, étrangement.

« Et... si tu me montrais ce que euh ça faisait en courant autour du camp? Promis je m'accrocherai de toutes mes forces!! »

En la regardant dans les yeux, je voyais que c’est ce qu’elle désirait vraiment en cet instant. Je pesais le pour et le contre. J’avais peur qu’elle lâche si j’allais à pleine vitesse. Il fallait que j’adopte une course assez lente avec des mouvements fluides, sinon elle ne tiendrait pas. Bien sûr, je n’allais pas lui dire que je n’irais pas au plus vite, sinon elle serait déçue. Quand elle sera plus grande, je lui apprendrais à être aussi rapide.

« Alors, accroche-toi bien à moi, de toutes tes forces pour pas que tu tombes. »

Le regard malicieux, je me préparais doucement. Une fois que je sentais la poigne de Petit Foehn se raffermir, je commençais doucement. Une marche rapide au début, histoire de voir si elle tenait, puis j’allais de plus de plus vite. Pas trop non plus, il ne fallait pas qu’elle se fasse mal si elle tombait. J’allais à présent un peu plus vite qu’un trottinement. J’espérais sincèrement que ça lui plaisait. Cependant, j’étais quand même angoissée à l’idée de la voir tombée. Alors que je ralentissais légèrement l’allure je lui demandais le souffle court :

« Tout va bien à haut ? Tu t’accroche bien hein ! Tu veux que je m’arrête là où encore un peu ? »

Tout pour entendre sa joie de vivre, sa bonne humeur et pour voir ses yeux pétillant de bonheur.

Après d'interminables secondes passées à attendre en trépignant d'impatience, la sentence tomba, irrévocable. C'était un oui! J'explosai de joie en lançant un cri victorieux. Je ne tenais plus en place, mon coeur battait si fort dans ma poitrine, si vite! J'avais l'impression que des fourmis envahissaient toutes mes pattes, me provocant des picotements bien étranges. J'écoutai avec une attention soutenue les directives de ma maman.

Je plantai mes petites griffes dans son pelage afin de me tenir de toutes mes forces. Je sentais tous ses muscles se mouvoir. C'était une sensation grandiose. Patte Venteuse et Petit Alizé allaient être vertes en apprenant ce que j'avais fait aujourd'hui! L'allure s'accéléra de plus en plus. Je sentais maintenant toute l'adrénaline de la course, la peur de tomber, la joie de découvrir ces nouvelles sensations, le vent sur mon pelage.. Un large sourire de bonheur pur se dessinait sur mon visage.

« Tout va bien à haut ? Tu t’accroche bien hein ! Tu veux que je m’arrête là où encore un peu ? »

Je m'exclamai

"Oh oui!!! c'est trop bieeeeen!! Encooooore!!!"

Cela dura encore quelques longues minutes de joie indescriptible, où mère et fille était unie dans le bonheur.

Cette expérience m'avait exténué... sitôt redescendue, je m'écroulai au sol en baillant largement... il était temps de dormir...

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